(Beyrouth, le 4 mai 2016) - Les participants aux pourparlers de paix concernant le Yémen devraient s’assurer que tout accord intègre en tant qu’éléments clés l’ouverture d’enquêtes internationales sur les violations des lois de la guerre, la mise en place d’un système de justice transitionnelle ainsi que l'indemnisation des victimes, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. Les négociations de paix tenues sous l’égide des Nations Unies ont débuté au Koweït le 21 avril.
Le conflit armé au Yémen a été marqué par de nombreuses violations du droit de la guerre commises par toutes les parties, mais qui n’ont toutefois toujours pas fait l’objet d’enquêtes internationales indépendantes ni de réparations attribuées aux victimes d'attaques illégales. La coalition dirigée par l’Arabie Saoudite et constituée de neuf pays arabes a mené des frappes aériennes indiscriminées contre des quartiers résidentiels, des marchés, et d'autres structures civiles, tuant plusieurs centaines de civils. En outre, les rebelles houthistes du groupe Ansar Allah (« Partisans d’Allah ») ainsi que d'autres groupes armés dans les deux camps ont commis de nombreux abus lors d’opérations terrestres. Malgré l’annonce d’un accord de cessez-le-feu le 10 avril, les combats se sont poursuivis à travers le Yémen.
« Les pourparlers de paix au sujet du Yémen doivent aborder non seulement les questions liées au futur système politique mais aussi celles qui concernent les atrocités commises à ce jour », a déclaré Joe Stork, directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. « Il faudra mettre en place un mécanisme permettant d’enquêter sur les abus, de poursuivre en justice les responsables, et de porter assistance aux victimes. »
Human Rights Watch a documenté de nouvelles frappes aériennes menées par la coalition, qui semblent avoir été illégales. Six attaques menées en janvier et en février contre des quartiers de la capitale, Sanaa, et aux alentours ont tué 28 civils, dont 12 enfants, et blessé au moins 13 autres. Ces attaques font suite à celles déjà documentées en 2015 par Human Rights Watch, notamment 43 frappes aériennes ayant tué plus de 670 civils et dont certaines sont susceptibles de constituer des crimes de guerre, et 15 attaques menées avec des armes à sous-munitions interdites par un traité international. Par ailleurs, Human Rights Watch a recueilli des preuves de graves violations des lois de la guerre commises par les insurgés houthistes et par d'autres groupes armés, y compris des bombardements aveugles de zones urbaines, le recours à des disparitions forcées, et l'utilisation de mines antipersonnel malgré leur interdiction par un traité international.
Le 19 août 2015, Human Rights Watch ainsi que 22 autres organisations de défense des droits humains et organisations humanitaires ont appelé le Conseil des droits de l’homme de l'ONU à créer une commission internationale chargée de mener des enquêtes indépendantes sur les violations présumées des lois de la guerre au Yémen. Le Haut-Commissaire aux droits de l'homme des Nations Unies a de même appelé à la mise en place d'un « mécanisme impartial pour enquêter sur les violations présumées du droit international ».
Communiqué intégral en anglais :
www.hrw.org/news/2016/05/04/yemen-war-crimes-not-addressed
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