(Beyrouth, le 6 avril 2016) – L’État islamique devrait immédiatement libérer les femmes et les filles yézidies que ce groupe armé extrémiste a enlevées en 2014 en Irak, a déclaré Human Rights Watch à la suite d’entretiens menés avec plusieurs victimes de viols qui ont réussi à s’évader. L’État islamique (EI) impose aussi des restrictions abusives aux autres femmes et filles dans les territoires qu’il contrôle, limitant strictement leur liberté de mouvement ainsi que leur accès à des soins médicaux ou à l'éducation, a ajouté Human Rights Watch.
En janvier et février 2016, Human Rights Watch a mené des entretiens avec 36 femmes ayant réussi à s’échapper de zones contrôlées par l’Etat islamique en Irak : 21 femmes musulmanes sunnites originaires de la région de Hawija, ainsi que 15 femmes et filles appartenant à la minorité ethnique yézidie. Plusieurs femmes et filles yézidies, enlevées par l’EI à la mi-2014, ont passé plus d'un an en captivité. Elles ont affirmé avoir être converties de force à l'islam, soumises à l’esclavage sexuel, achetées et vendues sur des marchés d'esclaves, et dans certains cas « partagées » simultanément par quatre combattants de l’EI. Ces révélations font suite aux viols généralisés de femmes et de filles yézidies déjà documentés par Human Rights Watch en avril 2015.
« Les femmes yézidies détenues par l’État islamique vivent quotidiennement l’horreur : elles sont achetées et vendues, brutalement violées, et séparées de force de leurs enfants », a déclaré Skye Wheeler, chercheuse sur les situations d'urgence auprès de la division Droits des femmes à Human Rights Watch. « En même temps, les restrictions imposées par l’État islamique aux femmes sunnites les isole presque entièrement en leur empêchant de mener une vie normale. »
Selon les responsables du Gouvernement régional du Kurdistan – une entité autonome dans le nord de l’Irak – l’État islamique détient toujours environ 1 800 femmes et filles yézidies enlevées, dans les zones qu’il contrôle en Irak et en Syrie. Plusieurs violations des droits humains dont est accusé l’EI – notamment la torture, l'esclavage sexuel et la détention arbitraire – sont susceptible de constituer des crimes de guerre si elles sont commises dans le cadre du conflit armé, voire de crimes contre l'humanité si elles s’inscrivent dans le cadre d’une attaque systématique et généralisée contre la population civile.
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