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Session spéciale du Conseil des droits de l’homme sur le Burundi: Déclaration de Human Rights Watch

Alors que se déroule la Session spéciale du Conseil des droits de l’homme, la situation des droits humains au Burundi s’est encore dégradée. Vendredi dernier, un grand nombre de personnes ont été tuées dans la capitale, Bujumbura, au cours de l’épisode le plus grave depuis le début de la crise en avril.  Le nombre exact de victimes n’est pas confirmé, mais il semble qu’une centaine de personnes au moins auraient été tuées en moins de 24 heures. Après des attaques armées contre des installations militaires le 11 décembre, et des affrontements entre les forces de sécurité burundaises et des jeunes armés, les forces de sécurité ont pénétré dans des quartiers de Bujumbura, ont fouillé des maisons et, selon des sources locales, ont tué de jeunes hommes soupçonnées d’être des opposants. Des photographies de certains des cadavres montrent des personnes tuées d’une balle dans la tête et d’autres  ayant les bras liés dans le dos.

Ces terribles événements ne sont que les plus récents d’une série d’exécutions extrajudiciaires, d’assassinats et d’agressions, sans compter les centaines d’arrestations arbitraires  et les cas de torture, commis depuis avril 2015.  Depuis que le Président Pierre Nkurunziza a annoncé sa tentative controversée pour briguer un troisième mandat, le gouvernement s’est déchaîné contre tous les opposants et critiques supposés, notamment les manifestants, les membres de partis politiques, les activistes de la société civile et les journalistes. Des groupes d’opposition ont également recouru de plus en plus à la violence, tuant des membres de la police et du parti au pouvoir. Les attaques en représailles se sont multipliées, avec une série de meurtres notoires depuis août. 

L’un des incidents les plus choquants est l’agression qui a failli coûter la vie à notre ami et collègue Pierre Claver Mbonimpa, président de l’organisation de défense des droits humains APRODH, et nous nous estimons très heureux qu’il soit avec nous aujourd’hui.  Il a tout juste survécu à une attaque à l’arme à feu en août, mais quelques semaines plus tard son gendre et son propre fils ont été assassinés, l’un en octobre et l’autre en novembre.  

Pendant ce temps la répression contre la société civile et les médias se poursuit.  Après avoir suspendu toutes les principales stations de radio privées en mai, le gouvernement a maintenant suspendu les activités et gelé les comptes bancaires de dix organisations de la société civile, dont l’APRODH. Il a également gelé les comptes bancaires de l’organisation de défense des droits humains la Ligue Iteka. Le mouvement de la société civile autrefois dynamique au Burundi ainsi que les médias indépendants ont été pratiquement détruits. 

La crise du Burundi est avant tout une crise des droits humains. Le Conseil des droits de l’homme devrait demeurer activement saisi de la situation et réitérer les appels à rendre des comptes pour les crimes graves commis au Burundi.  Les observateurs de l’ONU et de l’UA chargés des droits humains dans le pays devraient publier régulièrement leurs conclusions. De plus, il y a une nécessité urgente de mener des enquêtes judiciaires approfondies et indépendantes débouchant sur des poursuites. Jusqu’ici, aucune des enquêtes promises par les autorités burundaises n’a entraîné d’actions concrètes visant à traduire les criminels en justice. Au contraire, elles ont soit renforcé l’impunité, soit conduit à des arrestations arbitraires, à des accusations fabriquées de toutes pièces et à des détentions préventives prolongées. Étant donné le manque d’indépendance du système judiciaire burundais, il faudrait faire appel à l’aide d’experts extérieurs. Nous aurions souhaité voir la résolution en cours d’examen créer un Expert indépendant afin d’assurer la liaison avec des parties prenantes internationales et régionales concernées, et de faire rapport au Conseil, et nous suggérons que cela soit envisagé aux prochaines sessions du Conseil le cas échéant.

En outre, les membres du Conseil des droits de l’homme doivent correspondre aux normes les plus exigeantes  en matière de droits humains. Nous exhortons l’Assemblée générale à surveiller la situation et à se préparer à réviser l’adhésion du Burundi au Conseil si les autorités burundaises ne prennent pas des mesures concrètes et durables pour améliorer la situation des droits humains.

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