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(Beyrouth) – En 2014, le gouvernement de Bahreïn a violé des droits fondamentaux comme le prouve encore une fois le rôle joué par ses tribunaux dans le maintien de l’ordre répressif, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui dans son Rapport mondial 2015. Des défenseurs des droits humains et des membres de l’opposition politique ont été arrêtés et poursuivis en justice, souvent suite à des critiques pacifiques à l’encontre des autorités, et le gouvernement s’est investi de pouvoirs supplémentaires dans le but de déchoir arbitrairement les opposants de leur citoyenneté et des droits y afférents.

Le gouvernement n’a pas appliqué les recommandations principales de la Commission d’enquête indépendante de Bahreïn de 2011, qu’il avait promis d’adopter. Les tribunaux bahreïniens, qui manquent d’indépendance, ont condamné plus de 200 prévenus à de lourdes peines d'emprisonnement, dont au moins 70 à perpétuité, pour des accusations vaguement liées au terrorisme ou à des motifs de sécurité nationale. Les forces de sécurité bahreïniennes ont tué par balle au moins 3 personnes, dont un garçon de 14 ans, dans des circonstances qui font état d'une utilisation excessive de la force.

« Au regard des preuves et du nombre total d’abus, il est difficile de croire que quelqu’un puisse dire sérieusement que Bahreïn est sur la voie de la réforme », a affirmé Joe Stork, directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord. « Malheureusement, les alliés occidentaux de Bahreïn, notamment le Royaume-Uni, ont désormais pour habitude de ne voir que ce qui les arrange. »

Cette 25e édition annuelle du Rapport mondial de Human Rights Watch, dont la version anglaise comprend 656 pages (et la version abrégée en français 186 pages), examine les pratiques en matière de droits humains dans plus de 90 pays. Dans son introduction, le directeur exécutif Kenneth Roth invite les gouvernements du monde à reconnaître que les droits humains constituent un repère moral efficace lors de périodes agitées, et que les violations de ces droits risquent de déclencher ou d’aggraver de graves problèmes sécuritaires. Les avantages à court terme obtenus en portant atteinte aux valeurs fondamentales que sont la liberté et la non-discrimination compensent rarement le coût à long terme de telles violations.

Le 1er octobre 2014, les autorités de Bahreïn ont arrêté l’éminent défenseur des droits humains Nabeel Rajab pour « outrage aux institutions nationales » après qu’il a accusé les forces de sécurité d’encourager des croyances violentes proches de celles de l’État islamique (connu également sous le sigle EIIL), le groupe armé qui s’est emparé de certaines régions en Syrie et en Iraq. Rajab risque une peine d’emprisonnement de trois ans. En décembre, la militante des droits humains Zainab al-Khawaja a été condamnée à trois ans de prison pour avoir déchiré une photo du roi et fait face à quatre autres accusations liées à sa critique des autorités.

L’analyse des verdicts dans les procès de plus de 200 personnes aux motifs de terrorisme ou de sécurité nationale a révélé le rôle clé des tribunaux bahreïniens dans le maintien d’un ordre politique hautement répressif. Les tribunaux condamnent systématiquement des manifestants pacifiques à de longues peines de prison tandis que les membres des forces de sécurité sont rarement poursuivis pour les meurtres illicites commis notamment en détention.

Le gouvernement a adopté de nouvelles lois répressives pouvant viser ses détracteurs et ses opposants. En avril, le Roi Hamad a ratifié un amendement destiné à augmenter la peine de prison pour critiques contre le roi, la portant de deux à sept ans. Un amendement de la loi sur la citoyenneté permet aux autorités de déchoir de sa nationalité quiconque « nuit aux intérêts de la Royauté et agit en contradiction avec son devoir de loyauté envers elle ».

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