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Jeux olympiques : Le nouveau président du CIO Thomas Bach devrait porter son attention sur les droits humains

L’incapacité de Jacques Rogge à faire respecter la Charte olympique a engendré des crises évitables liées à ces droits, à Pékin et à Sotchi

(New York, le 10 septembre 2013) – L’élection de Thomas Bach à la présidence du Comité international olympique (CIO) présente une nouvelle opportunité de faire appliquer les principes relatifs aux droits humains inscrits dans la Charte olympique, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui.

Thomas Bach succède à Jacques Rogge, dont les douze années à la tête du CIO ont été entachées par diverses violations des droits humains liées aux Jeux olympiques dans certains pays, notamment la Russie et la Chine, qui ont transgressé les principes de non-discrimination et de liberté de la presse.

« Les violations graves des droits humains lors des Jeux 2008 de Pékin, qui auraient pu être évitées, et les abus en cours en Russie où doivent se tenir les Jeux 2014 de Sotchi, font ressortir la nécessité d’un président du CIO ayant l’intention de mettre en place des réformes relatives aux droits humains et la volonté de les mettre en application », a expliqué Minky Worden, directrice des Initiatives mondiales à Human Rights Watch.

Parmi les abus signalés préalablement aux JO de Pékin et de Sotchi figurent l’exploitation de travailleurs immigrés engagés pour construire les infrastructures des Jeux, les expulsions forcées de familles sans juste indemnité, la répression contre les médias et le harcèlement des activistes de la société civile ayant critiqué le gouvernement.

La loi contre les homosexuels adoptée en juin 2013 en Russie constitue une violation flagrante du principe olympique de non-discrimination et porte atteinte aux droits des athlètes, des sponsors, des journalistes et des spectateurs, ainsi que des autres citoyens russes et des visiteurs étrangers, à la liberté d’expression et à une égalité de traitement, a précisé Human Rights Watch.

Le CIO a refusé de faire pression sur la Russie pour qu’elle abroge cette loi. Ses seules actions ont été de demander et d’obtenir l’« assurance » des autorités russes que les participants aux Jeux de Sotchi ne souffriraient pas de discrimination. Mais parallèlement, les autorités russes ont répété à de multiples reprises que cette loi discriminatoire serait appliquée à quiconque en Russie, y compris aux visiteurs présents pour les Jeux olympiques.

« Lorsque des athlètes violent le règlement lors des compétitions olympiques, ils sont sévèrement sanctionnés », a déclaré Minky Worden. « Lorsque des pays hôtes bafouent le règlement, le CIO devrait exprimer son désaccord, au lieu de se déclarer dans l’incapacité de prendre des mesures. »

Thomas Bach, en tant que nouveau président du CIO, devrait adopter une approche de principe veillant au respect de la Charte olympique, a déclaré Human Rights Watch. Pour cela, il devrait mettre en place un comité permanent du CIO chargé de s’assurer du respect des droits humains, comme celui décrit dans la proposition de 2009 de Human Rights Watch. Le CIO devrait également veiller à ce que les futurs pays hôtes se conforment aux principes des droits humains et à la Charte olympique, de la même manière qu’ils suivent déjà les critères de qualité pour les tremplins de ski ou les piscines.

« Lors des événements sportifs olympiques, comme au cours d’un simple match de football entre copains, le principe directeur est que chacun doit suivre les règles », a ajouté Minky Worden. « Lorsque la Chine et la Russie ont violé les règles sous la supervision de Jacques Rogge, aucune sanction n’a été prise, ce qui a établi à deux reprises un nouveau précédent dangereux pour les pays hôtes. Thomas Bach a la possibilité de laisser sa marque à la présidence du CIO en statuant clairement que les pays ayant gagné le droit d’accueillir les Jeux olympiques doivent satisfaire aux critères élevés associés. »

Human Rights Watch a appelé le CIO et son nouveau président Thomas Bach à défendre trois principes de base énoncés dans la Charte olympique :

  • le principe de dignité humaine, composant clé du 2èmeprincipe fondamental de l’Olympisme (« Le but de l’Olympisme est de mettre le sport au service du développement harmonieux de l’humanité en vue de promouvoir une société pacifique, soucieuse de préserver la dignité humaine »). La sélection des futurs pays hôtes devrait comprendre une évaluation complète et sérieuse de l’engagement de leurs gouvernements à respecter les droits humains conformément à ce principe et aux normes internationales en matière de droits humains, par exemple en établissant un nouveau comité au sein du CIO chargé de veiller au respect des droits humains, tel que décrit par Human Rights Watch lors du Congrès de Copenhague de 2009 ;
  • le principe de non-discrimination, tel que clairement défini dans le 6èmeprincipe fondamental de l’Olympisme (« Toute forme de discrimination à l’égard d’un pays ou d’une personne fondée sur des considérations de race, de religion, de politique, de sexe ou autres est incompatible avec l’appartenance au Mouvement olympique »). Le CIO doit garantir que tous les athlètes, y compris femmes, homosexuels, lesbiennes, bisexuels et transsexuels (LGBT), de toutes les nations participantes puissent concourir aux Jeux olympiques. Dans cet esprit, le CIO, sous la présidence de Thomas Bach, doit pousser la Russie à abroger sa loi contre les personnes LGBT et à éviter l’adoption de toutes autres lois et politiques discriminatoires violant la Charte olympique et les normes internationales en matière de droits humains ; et
  • le principe de liberté de la presse, tel que défini dans la règle 48 de la Charte olympique (« Le CIO prend toutes les mesures nécessaires afin d’assurer aux Jeux Olympiques la couverture la plus complète par les différents moyens de communication et d’information ainsi que l’audience la plus large possible dans le monde »). Le CIO doit exiger de tous les pays hôtes actuels et futurs qu’ils autorisent les journalistes locaux et étrangers à établir leurs rapports en toute liberté, y compris au sujet des abus de droits ayant lieu dans le cadre des Jeux olympiques, avant, pendant et après les Jeux.

« Jacques Rogge a affirmé à maintes reprises lors de sa présidence du CIO que les Jeux olympiques sont une "force pour le bien" », a conclu Minky Worden. « Son successeur, Thomas Bach, a l’opportunité de transformer ces belles paroles en réalité, en portant son attention sur les répercussions en matière de droits humains des Jeux d’hiver et d’été. »
 

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