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Armes: Lancement d'une nouvelle campagne pour interdire les « robots tueurs »

Il faut agir rapidement pour empêcher l'avènement de nouvelles armes complètement autonomes

(Londres, le 23 avril 2013) – La société civile sera à la tête des efforts pour convaincre les gouvernements de renoncer aux armes complètement autonomes, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui, à l'occasion du lancement d'une campagne mondiale pour interdire les robots tueurs. Ces engins qui pourraient devenir les armes de l'avenir, parfois appelés « robots tueurs», auraient la capacité de choisir et de tirer sur des cibles sans aucune intervention humaine.

« Des robots équipés d'armes mortelles et capables de cibler et de tuer sans aucune intervention humaine ne devraient jamais être construits », a déclaré Steve Goose, directeur de la division Armes à Human Rights Watch. « Il devrait toujours y avoir un être humain ‘dans la boucle’ quand des décisions sont prises sur un champ de bataille. Le recours à des robots tueurs transgresserait toute frontière morale et juridiqus, et devrait être rejeté comme étant inacceptable pour la conscience publique.»

Human Rights Watch est le coordinateur originel de la Campagne pour l'interdiction des robots tueurs (Campaign to Stop Killer Robots), une nouvelle coalition internationale d'organisations non gouvernementales qui appelle à une interdiction préventive et totale des armes complètement autonomes. Cette interdiction devrait être concrétisée par un traité international, ainsi que par des lois nationales et d'autres mesures.

Au cours de la dernière décennie, l'utilisation croissante de véhicules armés sans équipage ou de drones a changé radicalement la conduite de la guerre, faisant apparaître de nouveaux défis sur les plans humanitaire et juridique. Aujourd'hui, de rapides progrès technologiques permettent aux  États-Unis et à d'autres pays dotés d'armées de haut niveau techniques, dont la Chine, Israël, le Royaume-Uni et la Russie, de se doter de systèmes qui donneraient une plus grande autonomie de combat à des machines. Si un ou plusieurs pays choisissaient de déployer des armes entièrement autonomes, d'autres pourraient se sentir obligés d'abandonner leur politique de retenue, ce qui conduirait à une course aux armes robotisées.

« De nombreuses armées sont à la recherche d'armes de plus en plus autonomes, mais une ligne rouge doit être tracée dès maintenant devant des armes qui seraient complètement autonomes », a souligné Steve Goose. « Mettre au point ces armes reviendrait à aller trop loin dans le recours à la technologie et une interdiction est nécessaire dès maintenant, avant que les investissements, la dynamique technologique et de nouvelles doctrines militaires ne les rendent inéluctables.»

Le Rapporteur spécial de l'ONU sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires et arbitraires, Christof Heyns, qui dépend du Haut-Commissariat aux droits de l'homme, doit rendre son rapport sur les robots autonomes munis d'armes létales lors de la deuxième session du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies à Genève, qui commence le 27 mai 2013. Ce rapport est censé contenir des recommandations à l'adresse des gouvernements pour qu'ils agissent à l'égard des robots complètement autonomes.

Le 19 novembre 2012, Human Rights Watch et la Clinique des droits humains internationaux de la faculté de droit de l'Université de Harvard(Harvard Law School International Human Rights Clinic) ont publié « Losing Humanity: The Case Against Killer Robots »  (« Une arme inhumaine: Les arguments contre les robots tueurs »), un rapport de 50 pages qui donne un aperçu des nombreuses préoccupations suscitées par les armes complètement autonomes, notamment sur les plans juridique, éthique et politique. Ce rapport établissait que les armes totalement autonomes ne pourraient probablement pas satisfaire les principaux critères imposés par le droit international humanitaire, dans les situations rencontrées le plus communément sur un champ de bataille contemporain, et que leur utilisation créerait un vide juridique en matière de responsabilité car il serait très difficile d'établir clairement qui serait légalement responsable des actes d'un robot.

Ce rapport faisait également ressortir que ces robots autonomes et capables de tuer auraient aussi pour effet d'affaiblir les contrôles non juridiques sur les meurtres de civils. Par exemple, des armes pleinement autonomes ne pourraient pas montrer de compassion humaine pour leurs victimes et des autocrates pourraient en abuser en s'en servant contre leur propre peuple.

Reconnaissant les défis que de telles armes poseraient, le Département américain de la Défense a émis le 21 novembre une directive qui, pour l'instant, exige qu'un être humain soit « dans le circuit » de consultation quand il s'agit de décider de l'utilisation de la force létale. Pour une période allant jusqu'à 10 ans, la Directive nº 3000.09 autorise d'une manière générale le Département de la Défense à mettre au point et à utiliser uniquement des systèmes pleinement autonomes munis d'une force non létale, à moins que les responsables du Département au plus haut niveau ne décident d'une dérogation à cette politique. Concrètement, la directive constitue le premier moratoire sur les armes pleinement autonomes dans le monde. Mais bien qu'étant un élément positif, la directive ne peut être considérée comme une solution globale ou permanente aux problèmes potentiels posés par les systèmes d'armes entièrement autonomes.

La Campagne pour interdire les robots tueurs rassemble plusieurs organisations non gouvernementales qui s'étaient engagées principalement dans les efforts couronnés de succès pour interdire les mines anti-personnel, les armes à sous-munitions et les lasers aveuglants. Collectivement, ses membres ont accumulé un large éventail de compétences dans les domaines de la robotique et de la science, de l'aide et du développement, des droits humains, du désarmement humanitaire, du droit international et de la diplomatie, ainsi que de l'autonomisation des femmes, des jeunes et des personnes handicapées. La campagne a entrepris de constituer un réseau de contacts dans la société civile dans des pays divers comme l'Allemagne, le Canada, la Colombie, l'Égypte, les États-Unis, le Japon, la Nouvelle-Zélande, le Pakistan, les Pays-Bas et le Royaume-Uni.

 

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