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Algérie: Le gouvernement doit cesser de réprimer les manifestations

La police a interdit un rassemblement et arrêté les organisateurs qui avaient qualifié la télévision d'État de « machine de propagande »

(New York, le 3 mai 2010) - L'Algérie devrait mettre fin à sa politique répressive interdisant toute manifestation dans la capitale, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui après que la police a empêché un petit rassemblement organisé devant les locaux de la télévision d'État pour réclamer la liberté de la presse. La police a arrêté quatre organisateurs de la manifestation dans la matinée alors qu'ils s'approchaient du site, sous prétexte d'incitation à un attroupement qui « peut  troubler la tranquillité publique », une infraction selon le code pénal. Les quatre hommes ont été interrogés, puis relâchés en début d'après-midi.

Une loi adoptée en 2001 interdit pour une période illimitée toute manifestation à Alger. L'état d'urgence en vigueur depuis 1992 autorise les fonctionnaires du ministère de l'Intérieur à interdire toute manifestation qu'ils jugent « susceptible de troubler l'ordre et la tranquillité publics ».

«  Empêcher même ce petit rassemblement qui plaidait pour davantage de pluralisme dans les programmes télévisés montre le triste état des libertés civiles en Algérie », a déclaré Sarah Leah Whitson, directrice de la Division Moyen Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch.

Les organisateurs de la manifestation  ont utilisé Facebook pour appeler à un rassemblement à partir de 11 heures aujourd'hui afin de protester contre « le recul effrayant accusé dans notre pays sur le plan des libertés en général et de la liberté de la presse en particulier », et pour exiger que « le contrôle sur les médias publics soit levé...de façon à ce qu'elle puisse remplir une vraie mission de service public ». Ils ont aussi demandé qu'il soit permis « aux Algériens de créer des chaînes alternatives qui sauront mieux les représenter et refléter la réalité politique et sociale de notre pays ».

L'appel lancé sur Facebook la semaine dernière décrivait la télévision algérienne comme « une effroyable machine de propagande au service du [Président Abdelaziz] Bouteflika, qui s'est érigé en rédacteur en chef ». Le rassemblement était programmé pour coïncider avec la Journée internationale de la liberté de la presse.

Les organisateurs de la manifestation, Adlène Meddi, Hakim Addad, Moustapha Ben Fodhil et Saïd Khatibi, se sont approchés du siège de l'Entreprise nationale de la télévision algérienne (ENTV) dans le centre d'Alger. Ils se sont retrouvés face à un important dispositif policier près des rues menant à l'ENTV, qui étaient barrées. Aussitôt que les quatre hommes ont commencé à déployer des banderoles, la police les a arrêtés et emmenés au commissariat de police du Boulevard des Martyrs. Les policiers les ont interrogés puis les ont relâchés. Les quatre hommes ont indiqué qu'ils n'avaient pas été maltraités.

Meddi et Ben Fodhil sont journalistes du quotidien privé el-Watan en langue française. Khatibi est journaliste du quotidien privé el-Khabar en langue arabe. Addad est le président de Rassemblement - Actions  - Jeunesse (RAJ), mouvement de jeunesse non gouvernemental préconisant la défense  des droits humains et la démocratisation, et membre élu de l'Assemblée populaire de wilaya (APW) appartenant au parti du Front des forces socialistes.Le nombre de personnes qui avaient l'intention de participer à la manifestation d'aujourd'hui demeure inconnu du fait que les rues menant au siège de l'ENTV étaient barrées, empêchant même des manifestants potentiels de s'approcher des bâtiments.

Selon la loi algérienne, les manifestations exigent une autorisation préalable de la Wilaya (gouvernorat). En pratique, les organisateurs de manifestations agissent souvent sans demander  d'autorisations, étant donné qu'elles ne sont presque jamais accordées pour des manifestations pouvant être considérées comme critiques envers le gouvernement. Même lorsque les organisateurs déposent une demande, comme ils l'ont fait pour un rassemblement le 24 avril 2010 pour les droits des Kabyles  dans la ville d'Aïn Benian, la réponse est la répression. Human Rights Watch a écrit une lettre aujourd'hui au ministre de l'Intérieur Noureddine Yazid Zerhouni pour protester contre l'interdiction de ce rassemblement et l'arrestation des participants.

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