Skip to main content

(Johannesburg) - Le délaissement par leurs gouvernements de millions d'enfants affectés par le VIH/sida incite un nombre croissant d'entre eux à abandonner l'école à travers l'Afrique de l'est et l'Afrique australe, comme l'a dénoncé Human Rights Watch dans un nouveau rapport rendu public aujourd'hui. La région est confrontée à un nombre sans précédent d'orphelins, et les gouvernements doivent prendre des mesures urgentes pour s'assurer que ces enfants puissent continuer d'aller à l'école et soient à l'abri de l'exploitation et d'autres abus.

Le rapport de 55 pages, intitulé "Indifférence à l'échec: la négligence des gouvernements et le droit à l'éducation pour les enfants affectés par le sida" ("Letting Them Fail: Government Neglect and the Right to Education for Children Affected by AIDS") est basé sur des témoignages de première main de douzaines d'enfants dans trois pays durement touchés par le VIH/sida: l'Afrique du Sud, le Kenya et l'Ouganda. Ce rapport démontre comment les gouvernements manquent à leurs devoirs envers les enfants affectés par le sida quand ceux-ci quittent l'école ou cherchent à y retourner. Les églises et les organisations communautaires apportent un soutien crucial à ces enfants, mais ces groupes fonctionnent fréquemment avec peu de soutien ou de reconnaissance de la part du gouvernement.

"Les orphelins affectés par le sida abandonnent l'école, et c'est parce qu'ils sont eux-même abandonnés par leurs gouvernements," a déclaré Jonathan Cohen, chercheur auprès du Programme VIH/sida de Human Rights Watch. "Ces enfants ont suffisamment perdu. Ils ne devraient pas être contraints à quitter l'école et à perdre également leur droit à l'éducation."

En Afrique subsaharienne, plus de 12 millions d'enfants sont devenus orphelins en conséquence du VIH/sida, sans compter les millions d'enfants dont les parents sont en phase terminale de la maladie. Alors que les taux d'inscription dans les écoles ont augmenté pour atteindre environ 66% sur le continent, les enfants affectés par le sida ont été systématiquement délaissés. De récentes études réalisées au Kenya, en Afrique du Sud et en Tanzanie montrent d'une part qu'il est plus probable que ce soit des orphelins qui quittent l'école, d'autre part qu'il est moins probable que ceux-ci soient dans une classe appropriée pour leur âge et que les ressources familiales limitées soient allouées à leur éducation.

Le rapport de Human Rights Watch démontre la façon dont les enfants subissent une discrimination de facto dans l'accès à l'éducation à partir du moment où le HIV/sida touche leur famille. Les enfants quittent l'école pour exécuter des tâches ménagères ou pour le deuil suivant le décès de leurs parents. De nombreux enfants n'ont pas les moyens de payer les frais de scolarité parce que leurs parents sont trop malades pour gagner leur vie. Alors que certains pays comme le Kenya et l'Ouganda ont aboli les frais d'inscription à l'école primaire, des écoles refusent régulièrement d'admettre les enfants affectés par le sida et n'ayant pas les moyens de payer les livres et uniformes et de régler les autres dépenses scolaires.

Des orphelins et d'autres enfants affectés par le sida ont affirmé qu'ils ont dû quitter l'école pour des raisons comme l'impossibilité de présenter un certificat de naissance, ou d'amener un pupitre à l'école. Dans de nombreux cas, ils étaient sous la garde de veuves qui avaient été dépossédées de leur propriété quand leur maris sont décédés du sida. Dans d'autres cas, des bénévoles d'organisations communautaires ont dû rassembler leurs maigres ressources pour procurer aux orphelins les fournitures essentielles. De nombreux orphelins ont vivoté dans la rue, ou ont vécu dans des foyers dirigés par d'autres enfants.

"C'est aux gouvernements qu'incombe l'ultime responsibilité de protéger les enfants quand leurs parents n'en sont plus capables," a déclaré Cohen. "Les organisations communautaires et les églises tentent désespérément de combler le vide laissé par les gouvernements."

Human Rights Watch a appelé les gouvernements en Afrique de l'est et en Afrique australe à soutenir les organisations communautaires ainsi que les systèmes de familles d'accueil, afin d'affronter la crise des enfants atteints du sida. L'Afrique du Sud dispose d'un système de familles d'accueil, mais celui-ci est loin de répondre au besoin à l'ère du VIH/sida. Le Kenya et l'Ouganda dépendent presque entièrement des associations caritatives pour venir en aide aux orphelins. Les taux élevés d'abandon de l'école constituent l'un des résultats les plus tangibles de cette négligence systématique du gouvernement, a déclaré Human Rights Watch.

L'abandon de l'école expose les orphelins à un cycle de pauvreté et d'abus à vie. Les enfants qui abandonnent l'école doivent faire face à un risque élevé d'exploitation sexuelle, de travail dangereux et d'une vie dans la rue. Des études montrent que les taux d'infection par le VIH sont plus élevés parmi les enfants avec des faibles niveaux d'éducation.

"Certains enfants sont des doubles victimes du sida-d'abord ils perdent leurs parents, et ensuite ils doivent faire face à un risque élevé d'infection par le VIH après qu'ils aient quitté l'école," a déclaré Cohen. "Les gouvernements doit faire de l'éducation une priorité afin de briser ce cercle vicieux."

Your tax deductible gift can help stop human rights violations and save lives around the world.