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Le Burundi doit respecter le droit des demandeurs d’asile à un examen équitable de leurs demandes de protection, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui.

Environ 2000 à 2500 Rwandais ont fui au Burundi au cours des dernières semaines, beaucoup d’entre eux pour la deuxième fois après avoir été forcés à rentrer chez eux par les autorités du Burundi.

« C’est une violation du droit international de repousser de l’autre côté de la frontière les personnes qui demandent asile sans avoir examiné leurs demandes de protection, » a déclaré Alison Des Forges, conseiller senior à la division Afrique de Human Rights Watch. « Les demandeurs d’asile ont le droit de voir leurs cas dûment examinés par les autorités compétentes. »

Un haut fonctionnaire burundais a affirmé la semaine dernière à Human Rights Watch que le gouvernement burundais traiterait les demandeurs d’asile actuels selon le droit international. Mais il a aussi déclaré qu’il n’était pas informé que certains Rwandais avaient été récemment rapatriés par la force depuis le Burundi, le 12 juillet. Selon des observateurs locaux, le 12 juillet des soldats de l’armée burundaise ont encerclé des demandeurs d’asile qui s’étaient rassemblés pour recevoir une distribution de nourriture annoncée dans la zone de Gatsinda, dans la commune de Mwumba et la province de Ngozi, et ont ensuite forcé 57 d’entre eux à retourner au Rwanda.

Au cours d’incidents similaires les 12 et 13 juin, les autorités du Rwanda et du Burundi avaient obligé plus de 5000 demandeurs d’asile rwandais à retourner au Rwanda. Certains des 2000 à 2500 demandeurs actuellement signalés dans le nord du Burundi avaient échappé à la précédente expulsion. D’autres ont depuis fui le Rwanda pour la seconde fois, tandis que d’autres encore sont de nouveaux arrivants.

La majorité des demandeurs d’asile se sont réfugiés dans des familles burundaises parce qu’ils ont peur d’être renvoyés au Rwanda s’ils signalent leur présence en cherchant une aide officielle. Environ 800 demandeurs d’asile, cependant, se sont réfugiés à Vumbi, dans la province de Kirundo. Le 22 juillet, plusieurs fonctionnaires rwandais et burundais ont visité le site et ont utilisé la persuasion et l’intimidation pour essayer d’amener les Rwandais à revenir dans leur pays natal. Au cours d’un autre incident, un administrateur local de Mparamirundi, dans la province de Ngozi, aurait menacé des demandeurs d’asile afin de les faire repartir pour le Rwanda.

« Les promesses faites par les fonctionnaires au niveau national ne veulent pas dire grand choses si les autorités locales continuent à repousser les demandeurs d’asile de l’autre côté de la frontière, » a déclaré Alison Des Forges. « Les fonctionnaires locaux, tout autant que les fonctionnaires nationaux, doivent respecter les obligations du Burundi dans le cadre du droit international. »

Les demandeurs d’asile rwandais ont commencé à entrer au Burundi en mars et avril, certains affirmant qu’ils craignaient de ne pas être jugés équitablement par les tribunaux populaires, appelés « gacaca », qui ont récemment commencé à juger des personnes accusées d’avoir participé au génocide de 1994 contre les Tutsis rwandais. D’autres ont invoqué des menaces de la part de fonctionnaires ou de survivants, ou du harcèlement du fait de leurs opinions politiques, pour expliquer leur fuite.

A la fin du mois de mai, des fonctionnaires burundais et du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés ont convenu de transférer les demandeurs d’asile depuis les zones frontalières vers le site de transit de Songore où ils pourraient recevoir une assistance humanitaire. Mais après la rencontre du 11 juin à Kayanza, au Burundi, entre les autorités burundaises et rwandaises, les fonctionnaires burundais ont annoncé que les demandeurs d’asile étaient des « immigrants illégaux » et devaient être rapatriés. Dans les 48 heures, les autorités du Burundi avaient refusé au Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés l’accès aux camps et forcé environ 5000 demandeurs d’asile à retourner au Rwanda.

Human Rights Watch a déclaré que les traités internationaux sur les réfugiés, en particulier la Convention sur le statut des réfugiés de 1951 et la Convention africaine sur les réfugiés de 1969, dont le Burundi est un Etat partie, prévoient de ne pas renvoyer des personnes par la force vers des pays où elles risquent d’être victimes de graves atteintes aux droits humains. Le droit de demander asile est stipulé à l’Article 14 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, qui établit que « devant la persécution, toute personne a le droit de chercher asile et de bénéficier de l’asile en d’autres pays. »

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