Les émissions de gaz polluants par les avions et les voitures ont diminué depuis le début de la pandémie. Peut-on dire que le Covid-19 a eu ainsi un effet bénéfique sur l'environnement ?
Nous avons certainement donné un peu de répit à la Terre, car le taux d'émission de gaz à effet de serre a baissé, bien que moins que prévu si l’on considère le ralentissement de l'activité industrielle. La pollution de l'air a chuté de façon spectaculaire à plusieurs endroits, ce qui est une excellente nouvelle, et sauvera des vies. Mais nous devons nous rappeler que les niveaux de gaz à effet de serre dans notre atmosphère n’ont jamais été aussi élevés. Nous nous trouvons toujours dans une situation très dangereuse.
Selon vous, que se passera-t-il lorsque les mesures de confinement seront suspendues ?
Cela dépendra des autres mesures prises par les gouvernements. D'énormes sommes d'argent sont investies dans des programmes de relance pour faire démarrer les économies, et certains pays tentent de privilégier des solutions plus écologiques et durables. La plupart des décideurs politiques et des experts scientifiques estiment que pour ralentir l'impact de la crise climatique, nous aurons besoin d'une transition rapide nous permettant de réduire l’usage de combustibles fossiles polluants comme le charbon, le pétrole et le gaz, afin de nous orienter vers des sources d'énergie plus propres, telles que l'énergie éolienne et solaire. Ces plans de relance sont donc l'occasion de faire face à la crise climatique. Mais malheureusement, les premiers signes sont que certains gouvernements vont continuer comment avant, selon la formule « business as usual ».
De quelle manière la crise du Covid-19 affecte-t-elle les protections environnementales ?
C'est l'une de nos principales préoccupations: la pandémie de Covid-19 donne à certains gouvernements une raison ou un prétexte pour faire reculer ou assouplir les protections environnementales. De nombreux lobbyistes représentant les secteurs de l’automobile, de l’aviation, des produits plastiques et des combustibles fossiles profitent du Covid-19 pour presser les gouvernements d’assouplir leur imposition de normes environnementales.
L'administration Trump a annoncé une suspension provisoire de nombreuses exigences en matière de surveillance et de rapports environnementaux, si les entreprises peuvent démontrer qu’elles ne sont pas en mesure d’y répondre, en raison du Covid-19. L’administration Trump a également affaibli les normes d'émission et de pollution atmosphérique des voitures. Au Canada, dans la province de l'Alberta qui est riche en pétrole, les autorités ont annoncé une suspension similaire de l'application des réglementations environnementales. Des gouvernements européens, comme en Pologne et en République tchèque, cherchent aussi à assouplir certaines normes environnementales, et c’est également le cas au Brésil. Or, la plupart de ces normes contribuent à protéger la santé humaine, et il est donc contre-productif de les suspendre au milieu d'une crise de santé publique.
Quelle est la situation actuelle pour les activistes des droits liés au climat ?
Les marches pour le climat ont été très efficaces pour sensibiliser les gens à ce sujet, et avec tant de jeunes, pour créer les leaders de demain. Mais le mouvement « Fridays For Future » (« Vendredis pour l’avenir »), lancé par Greta Thunberg, ne se poursuit actuellement qu’en ligne, et il est plus difficile pour les gens de se mobiliser et de se faire entendre.
En outre, de nombreux activistes se trouvent dans des zones rurales assez isolées, avec des moyens financiers limités. Avec l'effondrement des marchés financiers, il leur est donc difficile de poursuivre leurs activités. Et dans des endroits où des activistes risquent leur vie pour protéger leurs communautés, comme en Amazonie au Brésil, c'est la visibilité qui aide à les protéger. Mais avec moins d'attention [médiatique] portée actuellement sur ces activistes, ils risquent de se retrouver dans une situation plus dangereuse.
Entretien complet en anglais : en ligne ici.
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Tweets
La crise du #Covid19 pourrait aboutir à des réformes à l’égard de la #criseclimatique et de l’#environnement, selon @FelixHorne1 @hrw dans un entretien avec @hancock_steph. Mais le défi sera dans des endroits comme l'#Amazonie au Brésil, et ailleurs. https://t.co/0tovw7ZmcV
— HRW en français (@hrw_fr) May 25, 2020