Skip to main content

Le courage belge de vouloir justice pour les victimes de Habré

 

La Belgique avait déçu les défenseurs des droits humains à travers le monde lorsqu'elle avait, en 2003, raboté sa loi de compétence universelle qui lui permettait jusque-là de juger les tyrans du monde entier pour des crimes contre l'humanité. Or, malgré les nouvelles restrictions, la plainte de victimes d'origine tchadienne de l'ex-dictateur Hissène Habré a pu être prise en compte par la justice de notre pays qui, depuis cinq ans, est prête à juger ce bourreau.

La demande d'extradition lancée en 2005 par la Belgique a choqué les pays africains qui ont dénoncé une justice colonialiste. Or, si la Belgique a instruit les plaintes des rescapés, c'est parce que le Tchad s'était déclaré dans l'incapacité de juger son ancien président.

Et lorsqu'elle a saisi la CIJ en février dernier, la Belgique demandait à la Cour d'ordonner au Sénégal de juger Habré, comme le lui avait demandé l'Union Africaine ou, à défaut, de le faire extrader vers la Belgique.

Notre pays n'a aucun intérêt, ni territorial ni financier, à défendre dans cette affaire, mais simplement un grand principe : le droit pour les victimes d'obtenir justice.

Un effort rare, qui mérite d'être souligné.

Grâce à cette procédure, le Sénégal est au pied du mur : il a maintenant l'occasion de montrer que l'Afrique a la capacité de juger un criminel africain qui a fait massacrer et torturer des dizaines de milliers de ses concitoyens. C'est tout un continent qui sortirait grandi de cette lutte contre l'impunité.

Mais il ne doit pas traîner : chaque semaine, des victimes survivantes du régime criminel de Habré meurent, épuisées, sans avoir vu leur tortionnaire condamné. Ce sont ces personnes qui comptent, pas une susceptibilité post-coloniale.

Your tax deductible gift can help stop human rights violations and save lives around the world.

Région/Pays