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Pas de capitulation devant la Chine !

La Belgique et l'UE doivent résister aux pressions chinoises concernant le Dalaï Lama et les droits humains des Tibétains

Au cours de ces dernières années, les Tibétains n'ont pas cessé de dénoncer la répression politique chinoise, les atteintes à la pratique de leur religion et l'effacement progressif de leur identité.

Cependant, le langage de M. Pierre n'était certainement pas le reflet du respect de la Belgique à l'égard du leadership du Dalaï Lama. Au contraire. Le Dalaï Lama n'a pas simplement changé d'avis et choisi de ne pas se rendre à Bruxelles. En fait, le gouvernement belge a tout simplement remballé le tapis rouge suite aux pressions chinoises pour refuser un visa au Dalaï Lama.

C'est un revirement particulièrement odieux pour différentes raisons, notamment parce que le Dalaï Lama a été accueilli par l'Union européenne à Bruxelles en juin dernier et que la Belgique abrite les institutions européennes, ajoutant une responsabilité particulière à l'Etat belge de promouvoir un dialogue entre les parties, et que cette annulation intervient à la veille de la rencontre UE-Chine sur les droits humains. Il est également important de souligner que cela intervient à un moment où les atteintes aux droits humains des Tibétains ont atteint un niveau des plus inquiétants depuis ces dix dernières années.

Au cours de ces dernières années, les Tibétains n'ont pas cessé de relater à Human Rights Watch des abus en tout genre, dénonçant notamment la répression politique chinoise ou les atteintes à la pratique de leur religion. Désormais, ils dénoncent l'effacement progressif de leur identité - de leurs moyens d'existence, de leur droit de choisir où ils vivent, leur droit à un enseignement dans leur langue - et les choix difficiles auxquels ils doivent faire face : rester dans les territoires tibétains et subir ces contraintes où se réfugier dans d'autres pays.

Depuis 2000, le gouvernement chinois procède à des déplacements de population, à la confiscation des terres, et à des politiques restrictives de clôture dans les zones pastorales habitées principalement par des éleveurs tibétains, réduisant dramatiquement leurs moyens d'existence. Beaucoup d'éleveurs tibétains ont été obligés d'abattre la majeure partie de leur bétail et de déménager dans des nouveaux logements construits dans, ou près des villes, les obligeant ainsi à abandonner leur mode de vie traditionnel.

Les autorités chinoises expliquent leurs actions comme la réponse indispensable à la crise environnementale; pourtant cela semble curieux dans la mesure où les projets d'infrastructure qui nuisent à l'environnement se poursuivent dans les mêmes zones.

Le programme "habitat confortable", déclenché par les autorités chinoises en 2005, a directement entraîné l'appauvrissement de villageois tibétains, particulièrement ceux qui vivent près des axes routiers. Ceux-ci sont obligés de reconstruire leur maison, suivant des critères officiels très stricts, en deux ou trois ans.

Ces reconstructions devaient être subventionnées conjointement par le gouvernement et les villageois, mais de nombreux témoignages attestent que les autorités locales détournent les fonds, contraignant les villageois à s'endetter lourdement pour financer leur déplacement forcé. En plus de cette humiliation, les autorités attendent des Tibétains qu'ils contribuent gratuitement à la construction de leur nouveau logis, et très souvent il n'y a ni eau courante, ni électricité.

Ces déménagements dans de nouvelles habitations ont été intensément filmés et diffusés à la télévision, apparemment pour faire montre des largesses de l'Etat et de la nouvelle prospérité de la région.

Malgré la promesse du gouvernement chinois en 2006 de fournir neuf ans d'éducation obligatoire à la population, les Tibétains sont confrontés à des options de scolarisation de plus en plus limitées. Les Tibétains de la Région autonome du Tibet (RAT) ainsi que les minorités tibétaines des autres provinces font état, de plus en plus fréquemment, de difficultés pour trouver des écoles qui enseignent dans leurs langues car les autorités de l'éducation nationale insistent toujours plus pour que l'enseignement soit dispensé uniquement en chinois.

De nombreuses familles doivent débourser jusqu'à 300 dollars par an pour inscrire leurs enfants à l'école publique. Cette somme dépasse souvent leur salaire annuel. Cette situation est évidemment exacerbée par les stricts contrôles effectués par les autorités pour toutes admissions d'étudiants en monastère.

Cette situation pousse, chaque année, des milliers de Tibétains à partir. Comme nous l'expliquait récemment un jeune homme : "Qu'est-ce qui pourrait m'inciter à rentrer ? Je ne pourrais pas aller à l'école ni dans un monastère. Je ne pourrais pas pratiquer le seul métier que je sais faire. Je ne pourrais plus être Tibétain". Toutefois, partir règle rarement leur problème - car bien que le Népal ait longtemps toléré un grand nombre de Tibétains, la pression continue de Beijing sur le Katmandou les laisse dans une situation très vulnérable. Et le passage du Tibet au Katmandou est très risqué : en septembre dernier, des policiers chinois ont ouvert le feu sur un groupe non-armé de Tibétains qui tentaient de rejoindre la frontière, tuant au moins une jeune de 17 ans.

La communauté internationale est en général restée silencieuse sur ces questions, cédant à la pression chinoise, quoique l'UE ait entrepris quelques efforts importants. Ce n'est pas le moment de battre en retraite - au contraire, les problèmes auxquels les Tibétains font face sont devenus plus complexes et requièrent des réponses sérieuses et régulières. Si cette récente décision de céder à la pression chinoise se confirme, ce n'est pas la souveraineté du Dalaï Lama qui sera en question - mais celle de la Belgique.

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