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Israël et Palestine

Événements de 2021

Des habitants de Gaza contemplaient les décombres dans une rue, peu après l’effondrement de la « Tour al-Shorouk », qui abritait plusieurs bureaux, à la suite d’une frappe aérienne israélienne menée le 12 mai 2021. L’effondrement d’une partie de la tour sur l’immeuble « al-Sousi », à proximité, a détruit d’autres commerces et forcé le déplacement de plusieurs familles.  

© 2021 Mohammed Talatene/AP Images

Sous deux gouvernements successifs, chacun étant au pouvoir pendant environ une moitié de l’année 2021, les autorités israéliennes ont renforcé leurs politiques répressives à l’égard des Palestiniens et privilégiant les Israéliens juifs. La politique du gouvernement consistant à perpétuer la domination des Israéliens juifs sur les Palestiniens sur tout le territoire d’Israël et dans le Territoire palestinien occupé (TPO), combinée à la répression particulièrement sévère exercée à l’encontre des Palestiniens vivant dans le TPO, équivaut aux crimes contre l’humanité d’apartheid et de persécution.

En mai, alors que les autorités multipliaient les efforts discriminatoires en vue de forcer des Palestiniens à abandonner leurs maisons dans la partie Est, occupée, de Jérusalem, des hostilités qui devaient durer 11 jours ont éclaté entre le gouvernement israélien et des groupes armés palestiniens dans la bande de Gaza. L’armée israélienne a affirmé avoir frappé environ 1 500 objectifs à Gaza à l’aide de projectiles lancés du sol ou par avion qui, selon des chiffres communiqués par l’ONU, ont causé la mort d’au moins 120 civils palestiniens. Les groupes armés palestiniens, dont le Hamas, ont tiré plus de 4 000 roquettes et obus de mortier vers Israël, causant la mort de 12 civils en Israël et d’au moins 7 Palestiniens à Gaza.

Human Rights Watch a documenté de graves violations des lois de la guerre et d’apparents crimes de guerre lors de ces hostilités, notamment des frappes israéliennes à Gaza qui ont tué de nombreux civils et détruit quatre grands immeubles d’habitation abritant des appartements et des entreprises, alors qu’aucune cible militaire évidente ne se trouvait à proximité, ainsi que des attaques à la roquette effectuées sans discernement par le Hamas et par d’autres groupes armés palestiniens contre des villes israéliennes.

Ces attaques se sont produites alors qu’Israël imposait de strictes restrictions aux mouvements des personnes et des biens vers et à partir de Gaza. À de rares exceptions près, la politique de blocus d’Israël, qui ne se fonde pas sur une estimation individualisée des risques sécuritaires et est exacerbée par les restrictions imposées par l’Égypte à sa propre frontière avec Gaza, prive les plus de deux millions de Palestiniens de Gaza de leur droit à la liberté de déplacement, limite sévèrement leur accès à l’électricité, aux soins médicaux et à l’eau, et a dévasté l’économie. Plus de 80% de la population de Gaza dépend de l’aide humanitaire.

En juin, des partis politiques représentant un large éventail de tendances ont formé un nouveau gouvernement de coalition en Israël, avec Naftali Bennett comme Premier ministre. Ce gouvernement a continué de faciliter l’installation de citoyens israéliens dans des colonies de peuplement aménagées en Cisjordanie occupée, ce qui constitue un crime de guerre. En octobre, il a fait avancer des plans et émis des appels d’offre pour plus de 4 000 nouvelles unités d’habitation dans ces colonies.

Lors des huit premiers mois de 2021, les autorités israéliennes ont fait démolir 666 maisons et autres structures palestiniennes en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, déplaçant 958 personnes, soit une hausse de 38 % par rapport à la même période de 2020, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA). La plupart de ces immeubles ont été démolis faute d’être dotés de permis de construire, alors que les autorités rendent l’obtention de tels permis presque impossible pour les Palestiniens dans ces secteurs. En juillet, les autorités israéliennes ont fait raser, pour la sixième fois en moins d’un an, les maisons de la plupart des habitants de la communauté palestinienne de Khirbet Humsah, dans la vallée du Jourdain, au motif qu’elles se trouvaient dans un secteur désigné comme « zone de tir », déplaçant 70 personnes, dont 35 enfants.

Fin 2021, les autorités israéliennes ont désigné six importantes organisations de la société civile palestinienne comme des organisations « terroristes » et « illégales », ce qui leur permet de fermer leurs bureaux, de saisir leurs biens et d'emprisonner leurs personnels et leurs sympathisants.

L’Autorité palestinienne (AP) exerce le pouvoir dans certaines parties de la Cisjordanie, où elle se livre systématiquement à des arrestations arbitraires et à des tortures de dissidents. En avril, l’AP a reporté les élections législatives et présidentielle qui étaient prévues et qui auraient été les premières depuis 15 ans. En juin, un détracteur de l’AP, Nizar al-Banat, est mort lors de sa garde à vue, peu après avoir été arrêté et battu devant la maison d’un membre de sa famille par les forces de l’AP. L’AP a violemment dispersé des manifestations populaires et a arrêté de nombreux Palestiniens qui réclamaient justice pour la mort d’al-Banat.

Bande de Gaza

Lors des hostilités de mai, 260 Palestiniens ont été tués, dont 66 enfants, et 2 200 ont été blessés, « certains d’entre eux étant susceptibles de souffrir de handicap à long terme nécessitant une rééducation », selon l’OCHA. Les autorités de Gaza ont affirmé que 2 400 logements avaient été rendus inhabitables et plus de 50 000 endommagés. 8 250 personnes demeuraient déplacées à l’intérieur des frontières à la date du 14 octobre, a indiqué l’OCHA. Les affrontements ont également endommagé 331 établissements scolaires, 10 hôpitaux et 23 cliniques de soins courants. La Banque mondiale a estimé à 380 millions de dollars les dommages physiques et à 190 millions les pertes économiques subies par le territoire.

Le blocus israélien

Pour la 14ème année consécutive, les autorités israéliennes ont empêché la plupart de la population de Gaza de traverser au Poste de contrôle d’Erez, seul point de passage entre Gaza et Israël par lequel les Palestiniens peuvent se rendre en Cisjordanie et à l’étranger. Une interdiction de voyager générale s’applique à tous, sauf à ceux que les autorités israéliennes considèrent comme présentant « des circonstances humanitaires exceptionnelles », essentiellement des personnes nécessitant des soins médicaux vitaux et leurs compagnons, ainsi que des hommes ou femmes d’affaires importants. Même les membres de cette catégorie restreinte qui cherchent à voyager grâce à ces strictes exceptions, y compris les personnes nécessitant des soins médicaux urgents hors de Gaza, se heurtent souvent à des refus ou à des lenteurs administratives dans les réponses à leurs demandes.

Les autorités israéliennes ont renforcé le blocus lors de la pandémie de Covid-19. Lors des neuf premiers mois de 2021, 86 Palestiniens de Gaza en moyenne sortaient du territoire chaque jour par le passage d’Erez, soit 17 % seulement de la moyenne journalière de 500 enregistrée en 2019 et moins de 1 % de la moyenne quotidienne de plus de 24 000 enregistrée avant le déclenchement de la seconde Intifada - ou soulèvement palestinien - en septembre 2000, selon Gisha, une organisation israélienne de défense des droits humains.

Les exportations de Gaza lors de cette période, essentiellement des produits frais destinés à la consommation en Cisjordanie et en Israël, ont représenté en moyenne 300 camions par mois, contre une moyenne mensuelle de 1 064 camions avant le resserrement du blocus en juin 2007, selon Gisha. Lors des hostilités de mai et jusqu’à août, les autorités israéliennes ont interdit l’entrée de matériaux de construction et d’autres denrées vitales et ont limité l’accès des pêcheurs palestiniens aux eaux territoriales de Gaza, autant de mesures ciblant la population civile ordinaire de Gaza qui équivalent à une punition collective illégale. Les autorités continuent de restreindre sévèrement l’entrée de matériaux de construction et d’autres biens qu’elles considèrent comme étant à « double usage », c’est-à-dire pouvant aussi être utilisés à des fins militaires. La liste de ces biens comprend les équipements pour les examens aux rayons X et les matériels de communications, ainsi que leurs pièces détachées.

Le blocus limite l’accès à des services de base. Lors des neuf premiers mois de 2021, les familles vivant à Gaza ont dû se passer d’électricité produite par le réseau central pendant plus de 11 heures par jour en moyenne, selon l’OCHA. Les coupures prolongées et chroniques d’électricité compliquent de nombreux aspects de la vie quotidienne, du chauffage et de la climatisation et du traitement des eaux usées aux soins médicaux et aux affaires, en particulier pour les personnes handicapées qui dépendent de la lumière pour communiquer par le langage des signes ou d’équipements fonctionnant à l’électricité, comme les ascenseurs ou les fauteuils roulants électriques, pour se déplacer. L’OCHA a affirmé que l’eau des nappes phréatiques de Gaza, qui sont la seule source d’eau naturelle du territoire, est « presque entièrement impropre à la consommation humaine ». Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les réserves de 42 % des médicaments « essentiels » étaient, en juin, à un niveau inférieur aux besoins pour un seul mois.

L’Égypte restreint également les allées et venues des personnes et des biens par son point de passage de Rafah vers Gaza, et parfois ferme complètement celui-ci. Lors des neuf premiers mois de 2021, 13 678 Palestiniens en moyenne ont franchi ce passage chaque mois dans les deux sens, soit beaucoup moins que la moyenne mensuelle de plus de 40 000 atteinte avant le coup d’État militaire de 2013 en Égypte, toujours selon Gisha.

Le Hamas et les autres groupes armés palestiniens

Les attaques à la roquette par les groupes armés palestiniens ont causé la mort de 13 personnes en Israël, lors des hostilités de mai.

Les autorités du Hamas n’ont fourni aucune information sur deux civils israéliens ayant un handicap psychosocial, Avera Mangistu et Hisham al-Sayed, qu’elles ont apparemment détenues en violation du droit international pendant plus de six ans après qu’ils eurent pénétré dans la bande de Gaza.

Les autorités du Hamas ont arrêté des opposants et des détracteurs pour l’expression pacifique de leurs opinions et en ont torturé certains lors de leur détention. L’organe statutaire de surveillance palestinien, la Commission indépendante des droits de l’homme (ICHR), a reçu 75 plaintes contre les autorités du Hamas concernant des arrestations arbitraires et 72 concernant des actes de torture et des mauvais traitements, entre janvier et septembre 2020.

Depuis leur prise de contrôle de Gaza en juin 2007, les autorités du Hamas ont procédé à 28 exécutions à la suite de procès entachés de violations des procédures régulières, mais aucune lors des neuf premiers mois de 2021. Les tribunaux de Gaza avaient, à la date du 24 octobre, condamné à mort 19 personnes cette année et 161 depuis juin 2007, selon le Centre palestinien pour les droits de l’homme, basé à Gaza.

En février, les autorités du Hamas ont émis de nouvelles restrictions qui permettent à des tuteurs de sexe masculin de demander aux autorités locales d’empêcher des femmes mariées de quitter Gaza lorsqu’un tel déplacement est susceptible de causer « un préjudice absolu », expression vague qui permet aux hommes de restreindre à volonté les déplacements des femmes.

Cisjordanie

Le recours à la force et aux détentions par Israël

En Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, les forces de sécurité israéliennes avaient, à la date du 14 octobre, tué 67 Palestiniens — soit près du triple du nombre enregistré pour toute l’année 2020 et incluant 14 enfants — et en avaient blessé plus de 1 000 par des tirs à balles réelles, selon l’OCHA. Ce total inclut des manifestants non violents et des passants, ainsi que des personnes réputées comme ayant attaqué des Israéliens.

Le 28 juillet, des officiers israéliens ont ouvert le feu et tué un enfant de 11 ans, Mohammad Abu Sarah, qui était assis à l’arrière de la voiture de son père à l’entrée de leur village de Beit Ummar, près d’Hébron, dans des circonstances où aucun des deux ne posait de menace apparente pour les militaires israéliens, comme cela a été documenté dans une vidéo publiée par l’organisation israélienne de défense des droits B’Tselem.

Des colons israéliens avaient tué cinq Palestiniens, en avaient blessé 137 et avaient causé des dommages matériels lors de 287 incidents, à la date du 22 octobre, selon l’OCHA. Le nombre d’incidents violents impliquant des colons israéliens contre des Palestiniens lors de la première moitié de 2021 était de plus du double de celui de la première moitié de 2020 et supérieur au nombre total de ces incidents enregistré pour toute l’année 2019, selon des données du gouvernement. À la date du 16 octobre, les Palestiniens avaient tué un colon israélien et blessé 37 militaires israéliens et 72 colons en Cisjordanie.

Les autorités israéliennes ont rarement fait rendre des comptes aux membres de leurs forces de sécurité qui avaient eu recours à une force excessive ou aux colons qui avaient attaqué des Palestiniens.

Les autorités israéliennes surveillent de près le discours en ligne des Palestiniens, s’appuyant en partie sur des algorithmes prévisionnels pour déterminer qui cibler, et elles ont arrêté certains d’entre eux pour des affichages sur les réseaux sociaux et pour d’autres activités d’expression.

Tout en appliquant le droit civil israélien aux colons, les autorités israéliennes gouvernent les Palestiniens de Cisjordanie, à l’exception des habitants de Jérusalem, en les soumettant aux règlements militaires qui sont plus durs. Ce faisant, elles leur dénient le droit fondamental à la régularité des procédures et les font juger par des tribunaux militaires où le taux des verdicts de culpabilité approche les 100 %.

À la date du 1er octobre, Israël maintenait 4 460 Palestiniens en détention pour des infractions liées à la « sécurité », dont 200 enfants, souvent pour avoir lancé des pierres, selon des chiffres communiqués par HaMoked, une organisation israélienne de défense des droits humains, et par Adameer, une association palestinienne de défense des droits des prisonniers. En outre, 492 Palestiniens se trouvaient en détention administrative sans inculpation formelle ni procès et sur la base d’éléments de preuve tenus secrets, selon ces deux organisations. Israël incarcère de nombreux Palestiniens du TPO à l’intérieur de ses frontières, compliquant les visites familiales et violant l’interdiction, contenue dans le droit international humanitaire, de leur transfert hors du territoire occupé.

En septembre, six prisonniers palestiniens du TPO se sont évadés d’une prison israélienne dans le nord d’Israël. En réponse, les autorités israéliennes ont annulé temporairement les visites familiales de tous les détenus. Les avocats de plusieurs de ces hommes ont affirmé que les prisonniers évadés ont été torturés après avoir été repris.

Plus de 1 300 plaintes relatives à des tortures, notamment à des mises en chaînes douloureuses, des privations de sommeil et des expositions à des températures extrêmes, ont été déposées auprès du ministère israélien de la Justice depuis 2001, et n’ont abouti qu’à deux enquêtes criminelles et aucune inculpation, selon une organisation israélienne de défense des droits, le Comité public contre la torture.

En août, la Cour suprême israélienne a approuvé la politique du gouvernement israélien consistant à conserver les corps de Palestiniens tués dans ce qu’il considère comme des incidents relatifs à la sécurité, comme moyen de pression pour obtenir la remise par le Hamas des dépouilles de deux militaires israéliens présumés tués lors des hostilités de 2014, comme l’ont reconnu les autorités. Jusqu’à août, les autorités détenaient les cadavres de 81 Palestiniens tués depuis 2015, selon Adalah, une organisation de défense des droits humains basée à Haïfa.

Colonies de peuplement et démolitions

Les autorités israéliennes fournissent sécurité, infrastructures et services à plus de 667 000 colons israéliens en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est.

La difficulté d’obtenir des permis de construire israéliens à Jérusalem-Est et dans les 60 % de la Cisjordanie sous le contrôle exclusif d’Israël (Zone C) a poussé les Palestiniens à construire des structures non autorisées et, par conséquent, constamment exposées au risque de démolition ou de confiscation. L’OCHA considère 46 communautés palestiniennes de Cisjordanie comme étant exposées à « un risque élevé de déplacement forcé en raison d’un plan de ‘réinstallation’ élaboré par les autorités israéliennes », et plus de 100 000 Palestiniens de Jérusalem-Est comme risquant d’être déplacés. L’organisation Save the Children a considéré qu’en février, plus de 50 écoles maternelles et primaires, fréquentées par plus de 5 000 enfants palestiniens en Cisjordanie, risquaient d’être démolies. 

Le droit international interdit à une puissance occupante de détruire des biens, sauf dans les cas où c’est « absolument nécessaire » pour mener des « opérations militaires ».

Dans les quartiers de Jérusalem-Est de Sheikh Jarrah et Silwan, les organisations de colons israéliens ont fait progresser des efforts pour prendre possession de maisons palestiniennes et en expulser les habitants, installés de longue date. Elles l’ont fait en vertu d’une loi discriminatoire, approuvée par les tribunaux israéliens, qui permet à ces organisations de revendiquer des terres dont elles affirment qu’elles appartenaient à des juifs à Jérusalem-Est avant 1948. Les Palestiniens, dont les habitants de Sheikh Jarrah qui doivent être déplacés, sont dans l’impossibilité, aux termes de la loi israélienne, de récupérer la propriété de terres qu’ils possédaient sur le territoire qui est devenu celui d’Israël et dont ils se sont enfuis en 1948. On est toujours en attente d’un jugement définitif sur de nombreuses affaires de ce type.

Liberté de circulation

Les autorités israéliennes ont continué d’exiger que les détenteurs de pièces d’identité palestiniennes, à de rares exceptions, soient munis de permis difficiles à obtenir et à durée limitée pour pouvoir entrer en Israël et dans de vastes parties de Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est. B’Tselem décrit cette pratique comme reflétant « un système bureaucratique arbitraire et totalement opaque » par lequel « de nombreuses demandes sont rejetées sans explication, ni véritable voie d’appel ». Jusqu’à juin 2020 au moins, les autorités israéliennes ont maintenu opérationnels près de 600 postes de contrôle et autres obstacles permanents en Cisjordanie, en plus des près de 1 500 points de contrôle « volants » qu’elles avaient installés entre avril 2019 et mars 2020, selon l’OCHA. Les forces israéliennes éconduisent régulièrement ou retardent et humilient des Palestiniens à ces postes de contrôle sans explication, alors qu’elles autorisent des mouvements quasi-illimités aux colons israéliens.

La barrière de séparation, qu’Israël a affirmé avoir érigée pour des raisons de sécurité mais dont 85 % se trouvent en Cisjordanie plutôt que sur la Ligne verte séparant Israël du territoire palestinien, sépare des milliers de Palestiniens de leurs terres agricoles. Elle isole également 11 000 Palestiniens qui vivent du côté ouest de la barrière mais ne sont pas autorisés à se rendre en Israël et dont la capacité de traverser la barrière pour accéder à leur propriété et à des services de base est très restreinte.

L’Autorité palestinienne

À la suite du décès en garde à vue de l’activiste Nizar al-Banat en juin, l’AP a emprisonné des activistes pour des motifs manifestement politiques, comme pour avoir insulté « les hautes autorités » et fomenté un « conflit sectaire », ce qui a pour effet de pénaliser la dissidence pacifique. Entre janvier et septembre 2021, l’ICHR a reçu 87 plaintes contre l’AP relatives à des arrestations arbitraires, 15 autres relatives à des détentions sans procès ou sans inculpation sur ordre d’un gouverneur régional, et 76 concernant des tortures et des mauvais traitements.

Les lois de l’AP sur le statut personnel permettent des discriminations à l’encontre des femmes, notamment en matière de mariage, de divorce, de garde des enfants et d’héritage. Les organisations de défense des droits des femmes ont documenté un accroissement des cas signalés de violences conjugales depuis le début de la pandémie de Covid-19, avec cinq femmes tuées dans le TPO en 2021. La Palestine n’est pas dotée d’une loi exhaustive sur la violence conjugale. L’AP envisage actuellement un projet de loi de protection de la famille, mais les organisations de défense des femmes ont exprimé leur préoccupation, arguant qu’il ne va pas assez loin pour empêcher les abus et protéger les victimes survivantes.

Le code pénal en vigueur en Cisjordanie et à Gaza autorise les châtiments corporels des enfants par leurs parents, qui demeurent une pratique généralisée.

Israël

Lors des hostilités de mai, des violences intercommunautaires ont éclaté dans des villes où vivaient des citoyens palestiniens et juifs d’Israël, faisant trois morts et des centaines de blessés, dont des Palestiniens et des juifs. Selon le Centre Mossawa basé à Haïfa, plus de 2 000 personnes ont été arrêtées à la suite de ces violences, dont plus de 90 % étaient des Palestiniens. Les organisations de défense des droits humains ont accusé le gouvernement israélien de s’être abstenues de protéger suffisamment les Palestiniens contre des attaques par des groupes armés juifs.

En juillet, la Cour suprême israélienne a validé la Loi sur l’État-nation (Nation State Law), une loi de statut constitutionnel qui affirme qu’Israël est « l’État-nation du peuple juif », déclare que sur son territoire, le droit à l’auto-détermination « est réservé au peuple juif » et établit la « colonie juive » comme une valeur nationale. 

En juillet, la Knesset (parlement israélien) n’a pas prorogé une ordonnance temporaire qui était en place depuis 2003 et interdisait, à part quelques exceptions, l’octroi d’un statut juridique de longue durée en Israël aux Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza qui épousent des citoyens ou des résidents permanents d’Israël. Le ministre de l’Intérieur, Ayelet Shaked, a donné instruction aux autorités de continuer de se comporter comme si la loi était encore en vigueur tandis que le ministère examine les implications de son expiration, prolongeant ainsi la séparation de nombreuses familles. Une telle restriction n’existe pas pour les époux ou épouses de pratiquement toutes les autres nationalités.

Les autorités israéliennes ont continué de rejeter systématiquement les requêtes d’environ 31 000 demandeurs d’asile érythréens et soudanais. Au fil des années, le gouvernement leur a imposé des restrictions en matière de possibilités de déplacement, de permis de travail et d’accès aux soins médicaux et à l’éducation, afin de les pousser à partir.

Covid-19

La pandémie de Covid-19 a continué d’affecter des communautés en Israël et dans le TPO.

Au mois d’octobre, le gouvernement israélien avait vacciné plus des deux tiers de ses citoyens et résidents permanents et avait commencé à offrir des troisièmes doses de rappel. Les autorités israéliennes ont fourni des vaccins aux citoyens palestiniens d’Israël et aux résidents permanents palestiniens de Jérusalem-Est occupé, ainsi qu’aux colons israéliens en Cisjordanie, mais pas à la plupart des plus de 4,7 millions de Palestiniens vivant sous contrôle israélien en Cisjordanie occupée et à Gaza.

Les autorités israéliennes affirment que cette responsabilité incombe à l’Autorité palestinienne, mais la quatrième Convention de Genève oblige les puissances occupantes à assurer des fournitures médicales, y compris pour lutter contre la propagation de pandémies, aux populations vivant sous occupation. Plus d’un million de Palestiniens de Cisjordanie, à l’exclusion des résidents de Jérusalem, et 466 000 Palestiniens de Gaza étaient vaccinés à la date du 21 octobre, selon l’OMS, pour une large part grâce à des vaccins obtenus de sources extérieures et gérés par les autorités palestiniennes.

Principaux acteurs internationaux

Lors des affrontements de mai, l’administration Biden a critiqué les attaques à la roquette menées par les groupes armés palestiniens, mais pas le comportement d’Israël, et elle a maintenu la vente à ce pays de 735 millions de dollars d’armements, y compris du type de munitions à guidage de précision utilisées dans des attaques illégales à Gaza. Ce financement est venu en supplément des 3,7 milliards de dollars d’assistance en matière de sécurité que les États-Unis fournissent à Israël et d’une enveloppe d’un milliard de dollars additionnels autorisée en octobre.

En mai, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a créé une Commission d’enquête spéciale pour examiner les abus ayant résulté des hostilités de mai, ainsi que leurs causes profondes, notamment la discrimination et la répression systématiques basées sur l’identité de groupe en Israël et dans le TPO, et pour promouvoir la redevabilité des personnes qui en sont responsables. Tous les pays occidentaux siégeant au Conseil se sont abstenus ou ont voté contre la création de cette commission.

L’Union européenne a condamné la politique de colonies de peuplement d’Israël et les abus commis par les Israéliens et les Palestiniens, mais des divisions entre États membres de l’UE ont fait échouer des tentatives d’adoption de mesures plus fermes.

Lors des hostilités de mai, Facebook a, de manière injustifiée, retiré et supprimé du contenu placé par des Palestiniens et par leurs partisans, y compris des affichages concernant des violations des droits humains.

En février, la Cour pénale internationale (CPI) a affirmé qu’elle avait compétence pour examiner de graves crimes commis dans le TPO. En mars, le bureau du procureur de la CPI a annoncé l’ouverture d’une enquête en bonne et due forme sur la situation en Palestine.

La compagnie américaine Ben & Jerry’s a annoncé en juin qu’elle cesserait de vendre ses crèmes glacées dans les colonies de peuplement israéliennes, expliquant : « Il n’est pas conforme à nos valeurs que nos produits soient présents sur les lieux d’une occupation illégale internationalement reconnue comme telle. »

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N.B. Rectificatif : la précédente version de ce chapitre en français contenait une erreur dans le paragraphe concernant la désignation par les autorités israéliennes d’organisations de la société civile comme « terroristes » et « illégales ». La formulation « leur a permis » a été remplacée par « leur permet », conformément au texte original en anglais.