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Même si la violence en République centrafricaine ne semble plus intéresser les grands médias, cela ne signifie pas que les meurtres brutaux ont pris fin. Ces derniers jours, les violences sectaires entre combattants musulmans de la Séléka et les miliciens anti-balaka qui vouent une haine aux musulmans ont fait au moins 12 morts parmi les civils à Bambari et dans les environs de cette ville, située dans la province de Ouaka, dans le centre du pays. Il s’agit du dernier incident en date d’un cycle de représailles meurtrières.

Cet incident a commencé comme tant d'autres. Un jeune chauffeur de mototaxi musulman serait tombé dans une embuscade tendue par des combattants anti-balaka, à environ 20 kilomètres de Bambari. D’après les résidents de Bambari avec qui j’ai pu parler hier au téléphone, les musulmans, dont certains seraient des combattants de la Séléka, s’en sont délibérément pris à des chrétiens en représailles, les tuant, ainsi que d'autres personnes accusées de soutenir les anti-balaka.

Jean Baptiste Nguondija, un habitant de Ngbada, en République centrafricaine, accroupi près par la tombe de sa fille Nathana Poura, devenue victime des violences sectaires à l’âge de 10 ans. Nguondija a perdu cinq enfants depuis le début du conflit en 2013. ©2015 Lewis Mudge/Human Rights Watch

Au cours de trois missions d’investigation que j’ai menées cette année dans la province de Ouaka, j’ai documenté des centaines de meurtres semblables perpétrés dans le cadre d’un cycle de représailles. Lors d'un incident remontant à novembre 2014, des combattants anti-balaka ont tué 28 personnes dans le village de Ngbima, près de Kouango, dans le sud du pays. Les victimes étaient des éleveurs de bétails peuls musulmans, mais aussi des non-musulmans accusés par  les anti-balaka de ne pas leur prêter allégeance. La plupart ont été assassinés pendant leur sommeil. Le mois suivant, des combattants de la Séléka se sont vengés, tuant sept personnes dans le village de Ngbada, également près de Kouango. Les survivants ont fui dans la brousse, où une vingtaine d’autres – principalement des enfants – ont succombé ultérieurement au paludisme et à des diarrhées, selon des proches avec qui je me suis entretenu.

Les élections nationales prévues pour octobre 2015 sont à l’origine de luttes intestines et de clivages à la fois au sein de la Séléka et des groupes armés anti-balaka, ajoutant une dimension supplémentaire à la complexité des violences en cours. Mais une chose n'a pas changé : ce sont bien les civils qui paient le prix des violences meurtrières.

Les Casques bleus de l’ONU qui se trouvent en République centrafricaine, notamment ceux stationnés à Bambari, doivent faire davantage pour empêcher l’escalade de la violence déclenchée par des incidents isolés. Plus important encore, tous les groupes armés doivent renoncer recourir aux violences sectaires en tant que moyen de résoudre leurs griefs.

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