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Thaïlande : Atteintes à la liberté d'expression dans la réponse au COVID-19

Le risque de censure est accru suite à la déclaration de l'état d'urgence

Le Premier ministre thaïlandais, le général Prayut Chan-Ocha, photographié à Bangkok le 24 mars 2020 lors d’une allocution à la nation transmise par télévision. Dans son discours, il a annoncé l’instauration de l’état d’urgence, décrété face à la pandémie de coronavirus et devant entrer en vigueur le surlendemain. © 2020 Gouvernement royal thaïlandais

(Bangkok, le 25 mars 2020) - Les autorités thaïlandaises devraient immédiatement cesser de se servir de lois punissant la diffusion de « fausses informations » (« fake news ») pour poursuivre en justice les personnes qui critiquent la réponse gouvernementale à la pandémie de COVID-19, a déclaré aujourd'hui Human Rights Watch. L’instauration de l’état d'urgence, entré en vigueur le 26 mars, accentue les craintes d'une répression accrue de la liberté d'expression.

« Les autorités thaïlandaises semblent déterminées à empêcher les médias et les citoyens d’exprimer des opinions critiques sur leur réponse à la crise du COVID-19 », a déclaré Brad Adams, directeur de la division Asie à Human Rights Watch. « Le décret instaurant l’état d'urgence donne au gouvernement une main libre pour censurer la liberté d'expression. »

Le 23 mars, la police a arrêté Danai Ussama dans sa galerie d'art à Phuket et l'a conduit à la Division de répression du crime à Bangkok. Il a été accusé d'avoir violé le paragraphe 14 (2) de la loi sur les délits informatiques, en ayant diffusé par voie informatique de « fausses informations d'une manière susceptible de provoquer la panique parmi le public ». S'il est reconnu coupable, il encourt jusqu'à cinq ans de prison et une amende pouvant aller jusqu'à 100 000 THB (3 050 $ US).

L'accusation est basée sur une plainte déposée par Airports of Thailand PCL, la compagnie nationale qui gère les aéroports thaïlandais, suite à un post Facebook publié le 16 mars par Danai Ussama. Utilisant le pseudonyme « Zen Wide », il avait écrit qu'à son retour de Barcelone, les passagers de son vol n'avaient pas subi de contrôle relatif au COVID-19 à l'aéroport Suvarnabhumi de Bangkok. La compagnie Airports of Thailand PCL a affirmé que son message n'était pas factuel et avait provoqué la panique du public.

Dans son récent rapport au sujet des aspects liés aux droits humains dans le contexte des réponses gouvernementales au COVID-19, Human Rights Watch avait déjà exprimé ses inquiétudes sur les atteintes à la liberté d’expression dans le cas de la Thaïlande. Des professionnels du secteur de la santé publique et des journalistes ont été visés par des poursuites judiciaires ou d’autres mesures d'intimidation de la part des autorités, après avoir critiqué la réponse du gouvernement à la pandémie. Certains avaient évoqué des allégations de corruption liées à la vente de masques chirurgicaux et d'autres fournitures médicales sur le marché noir. Les autorités thaïlandaises ont également menacé des membres du personnel médical de mesures disciplinaires, notamment la résiliation de leur contrat de travail ou la révocation de leur licence, pour avoir évoqué la pénurie de fournitures essentielles dans les hôpitaux du pays.

Les inquiétudes concernant les restrictions gouvernementales à la liberté d'expression se sont considérablement accrues le 24 mars, quand le Premier ministre, le général Prayut Chan-ocha, a déclaré l'état d'urgence. Lors d'une conférence de presse, il a lancé cet avertissement : « Chacun doit faire attention et éviter la désinformation sur les médias sociaux ... Les médias et tous ceux qui utilisent les médias sociaux pour déformer l'information seront examinés de près. »

Communiqué complet en anglais :

www.hrw.org/news/2020/03/25/thailand-covid-19-clampdown-free-speech

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