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Selon divers articles publiés ce mois-ci par les médias russes, un chef de police quinquagénaire a l’intention d’épouser une mineure qui vit dans un petit village de sa région, en Tchétchénie.

Nazhud Guchigov, qui est considéré comme un proche collaborateur du chef de la république russe de Tchétchénie, Ramzan Kadyrov, est déjà marié et a des enfants. Pourtant il compte prendre comme seconde épouse Kheda Goylabieva, qui vient d’avoir 17 ans. Bien que la législation russe n’autorise ni la polygamie ni le mariage avant l’âge de 18 ans, il semble que Guchigov compte prendre Kheda comme seconde épouse dans le cadre d’un mariage islamique. Or un tel mariage n’étant pas officiellement reconnu par la loi russe, Kheda serait privée de droits de propriété ou d’autres droits matrimoniaux. En outre, l'islam et l'adat – le droit coutumier tchétchène – autorisent la polygamie, mais interdisent le mariage forcé.

Contacté en fin avril par le journal indépendant russe Novaya Gazeta, Nazhud Guchigov a nié avoir l’intention de prendre une deuxième épouse, et a même affirmé qu'il ne connaissait pas Kheda. Pourtant, le 5 mai, Ramzan Kadyrov a déclaré à la télévision tchétchène qu'il avait demandé à un homme de confiance de se rendre dans le village de la jeune fille, et qu’à son retour celui-ci avait assuré que Kheda et sa famille étaient tout à fait d’accord avec ce mariage et s’attendaient à ce qu’il ait bientôt lieu.

Au cours des dernières années Kadyrov a imposé aux femmes tchétchènes un strict code islamique, en violation du droit russe. Il s’est publiquement et fréquemment exprimé en faveur de la polygamie, et a même encouragé des fonctionnaires tchétchènes à adopter cette pratique. Et bien qu’il se soit à plusieurs reprises engagé à mettre fin aux mariages précoces en Tchétchénie, Kadyrov semble vouloir faire une exception pour son chef de police, un proche collaborateur.

Cette semaine, une chaîne de télévision pro-Kremlin a diffusé une soi-disant « interview » de Kheda. L’adolescente au visage pâle, la tête couverte d’un foulard à motif fleuri, était assise à côté de sa mère lors de « l’interview ». Baissant les yeux, elle a marmonné de brèves réponses aux questions posées. « Depuis quand le connaissez-vous ? » « Depuis un an.» « Vos contacts avec lui sont intéressants ? » « Oui, intéressants. »

L’« interview »  :


 

On ne peut qu’imaginer la pression subie par Kheda et sa famille, face au désir du tout-puissant chef de police de la région et de l’approbation personnelle du redoutable dirigeant de la Tchétchénie. Le manque de tolérance de Kadyrov à l’égard de toute voix discordante étant notoire, il est à supposer que la jeune fille et ses parents ne voient pas d'autre alternative que d’exprimer leur consentement.

Les autorités russes permettront-elles à un chef de police d’épouser une jeune fille qui a un tiers de son âge, sous une forme de contrainte et avec la pleine approbation de l’homme que le Kremlin a placé à la tête de la Tchétchénie ?

Texte intégral en anglais :

https://www.hrw.org/news/2015/05/13/dispatches-will-russia-protect-child-bride

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