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Libye : Les récents assassinats pourraient constituer des crimes contre l'humanité

Une enquête internationale et des poursuites judiciaires sont urgemment requises

(Beyrouth, le 24 septembre 2014) – Au moins 14 personnes ont été tuées lors d’une vague d'assassinats commis pendant une période particulièrement violente de trois jours (18-20 septembre) à Benghazi, dans l’est de la Libye, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. Parmi les victimes figurent deux jeunes activistes, des membres des forces de sécurité, un dignitaire religieux et cinq autres civils.

Ceci signifie qu’au moins 250 assassinats ont été perpétrés apparemment pour des motifs politiques à Benghazi et dans le ville voisine de Derna à ce jour en 2014. Personne n'a revendiqué la responsabilité de ces meurtres, et personne n’a apparemment été arrêté. Les autorités libyennes n'ont pas mené d’enquêtes approfondies ou engagé de poursuites à l’encontre des personnes responsables de la vague d’assassinats commis depuis 2011, créant ainsi un climat d’impunité qui n’a fait qu’engendrer de nouvelles violences, selon Human Rights Watch.

« Des milices et divers assassins tuent des gens de tous bords en toute impunité », a déclaré Sarah Leah Whitson, directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. « Les auteurs des récents meurtres commis dans l'est de la Libye devraient savoir que la Procureure de la Cour pénale internationale a pour mandat d'enquêter sur les crimes grave – comme ceux-ci – perpétrés dans ce pays. »

Parmi les victimes des nombreux assassinats qui ont été commis depuis 2012, sans être revendiqués ni suivis de poursuites judiciaires, figurent des journalistes, des militants des droits humains, des juges, des procureurs et des membres des forces de sécurité. Les douze victimes des meurtres commis le vendredi 19 septembre 2014 à Benghazi – une journée que les habitants de cette ville ont surnommée « vendredi noir » - étaient des personnes avec des vues politiques divergentes, y compris des anciens membres des forces de sécurité de Mouammar Kadhafi ainsi que deux jeunes activistes, Tawfik Bensaud et Sami Elkawafi, âgés respectivement de 18 et 19 ans.

Ces meurtres de civils constituent des crimes de guerre s'ils ont été commis par des parties au conflit armé à Benghazi. Les meurtres commis de manière systématique ou généralisée en tant que politique d’État ou par un groupe organisé constituent un crime contre l'humanité.

Une commission d'enquête internationale ou une instance similaire devrait être chargée d’enquêter sur les violations graves des lois de la guerre et du droit international relatif aux droits humains commises par toutes les parties au conflit en Libye, afin de permettre la traduction en justice des responsables, selon Human Rights Watch.

Dans une déclaration émise le 25 juillet 2014 (ang fra), la Procureure de la Cour pénale internationale (CPI) a souligné que « nous n’hésiterons pas à enquêter sur les crimes commis en Libye relevant de la compétence de la Cour et à en poursuivre les auteurs quel que soit leur statut officiel ou leur affiliation ». La CPI a compétence à l’égard des crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis en Libye depuis le 15 février 2011, en ​​vertu de la résolution 1970 (ang fra) du Conseil de sécurité de l'ONU.

Le Bureau du Procureur de la CPI a ouvert en mars 2011 une enquête contre de hauts responsables de l'ancien gouvernement de Mouammar Kadhafi. Toutefois, aucune nouvelle enquête n'a été menée depuis lors en Libye, malgré l’aggravation des violations des droits humains en Libye. Il s’agit notamment de déplacements forcés, d’arrestations arbitraires, d’actes de torture et d’attaques contre des civils qui pourraient constituer des crimes relevant de la compétence de la CPI et sur lesquels les autorités libyennes n'ont pas voulu ou pas pu enquêter.

Version intégrale de ce communiqué en anglais : https://www.hrw.org/node/129370

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Noms des treize personnes qui auraient été tuées à Benghazi et dans les environs, durant trois jours en septembre 2014 :

Jeudi 18 septembre 2014

1. Ahmed Habib Abuazayza al-Mismari, ancien chef de l'armée de l'air libyenne, tué à Benghazi
2. Sheikh Nabil Sati, directeur du Département des affaires culturelles et de plaidoyer, Ministère des Affaires religieuses, à Benghazi

Vendredi 19 septembre 2014

3. Tawfiq al-Agori, officier du renseignement militaire, tué dans al-Thamma, Benghazi
4. Col. Fathi el-Misallati, tué à al-Gwarsha, Benghazi
5. Col. Fathi Abdul Salam, tué à al-Kish, Benghazi
6. Col. Mohamed al-Meshiti, Armée de l’air, tué à Benghazi
7. Hussam al-Orfi, agent de sécurité, tué à al-Kwifia, Benghazi
8.  Tawfik Bensaud, activiste âgé de 18 ans, tué à al-Kish, Benghazi
9.  Sami Elkawafi, activiste âgé de 19 ans, tué à al-Kish, Benghazi
10. Hussein al-Obeidi, tué à Benghazi
11. Ahmed al-Hassuni, tué à Benghazi
12. Khalifa Gassil, tué à Benghazi

Samedi 20 septembre 2014

13. Abdulrahman al-Mogherbi, 20 ans, retrouvé mort à Benghazi, deux jours après avoir été enlevé par des inconnus
14. Hussein Fadhel, fonctionnaire du Département des enquêtes criminelles, tué à Benghazi

 

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