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Guinée équatoriale : Il faut mettre un terme aux arrestations basées sur des motifs politiques

Des personnalités de l'opposition et leurs avocats sont victimes de harcèlement avant les élections de 2013

(Washington, le 6 décembre 2012) – La récente détention arbitraire d'un haut responsable politique de l'opposition en Guinée équatoriale, le 4 décembre 2012, suscite des préoccupations quant au respect des droits humains dans la période précédant les élections législatives qui se tiendront au premier semestre 2013, ont déclaré aujourd'hui EG Justice et Human Rights Watch. Depuis novembre 2011, le gouvernement a procédé à la détention d'au moins quatre personnalités en vue de l'opposition politique déjà mal en point du pays.

Le 4 décembre 2012 à 9 heures, Daniel Darío Martínez Ayécaba, le chef du parti de l'opposition Unión Popular (Union populaire) a été arrêté sans mandat à l'aéroport de Malabo tandis qu'il se préparait à prendre un vol pour Madrid, où il devait participer à une conférence organisée par un groupe d'opposition basé en Espagne. Daniel Darío Martínez Ayécaba a déclaré à EG Justice, une organisation de défense des droits humains qui milite pour l'État de droit en Guinée équatoriale, qu'il a été emmené à la prison centrale de Malabo connue sous le nom de « Guantánamo » pour y être interrogé. Il a été placé en liberté conditionnelle à 15 heures, après s'être vu confisquer son passeport par les autorités qui l'ont sommé de se présenter quotidiennement aux responsables de la sécurité avec interdiction de quitter la ville.

« Le harcèlement de personnalités de l'opposition est loin d'inspirer confiance quant au climat d'équité qui entourera les élections à venir », a déclaré Daniel Bekele, directeur de la division Afrique à Human Rights Watch. « Le moment choisi pour cette mise en détention fait craindre une tentative gouvernementale d'affaiblir plus encore l'opposition peu avant les élections législatives. »

Bien que la date des élections législatives reste à annoncer, le gouvernement a indiqué qu'elles devraient se tenir début 2013. Elles devraient en tout cas avoir lieu d'ici le milieu de l'année conformément aux exigences juridiques de leur tenue tous les cinq ans. Le parlement actuel a été élu en mai 2008.

L'opposition du pays ne détient qu'un seul siège sur cent au parlement, appelé Chambre des représentants. Des changements constitutionnels approuvés en novembre 2011 prévoient la création d'un parlement bicaméral complété d'un sénat composé de 75 membres, dont 15 seront nommés directement par le président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo.

La détention de Daniel Darío Martínez Ayécaba est intervenue quelques semaines à peine après la détention illégale de Fabián Nsue Nguema, avocat éminent et respecté œuvrant pour la défense des droits humains et actif au sein d'un parti de l'opposition. Fabián Nsue Nguema a précédemment été secrétaire général du parti d'Union populaire. Il a en outre fréquemment défendu des représentants politiques de l'opposition devant les tribunaux.

Plus tôt cette année, le docteur Wenceslao Mansogo Alo, médecin, défenseur des droits humains et membre éminent du parti d'opposition Convergence pour la démocratie sociale (CPDS), a été condamné lors d'un procès organisé pour des motifs d'ordre politique. Il a été libéré en juin à la faveur d'une grâce présidentielle. Il continue toutefois d'être l'objet de sanctions, notamment d'une suspension de cinq ans du droit d'exercer la médecine et de lourdes amendes, sanctions contre lesquelles il a fait appel.

L'un des avocats de Wenceslao Mansogo Alo s'est vu interdire l'exercice de la pratique juridique en avril, et ce pour une durée de deux ans pour avoir avancé que l'affaire de son client était politiquement motivée. À l'instar de Fabián Nsue Nguema, Ponciano Mbomio Nvó a souvent défendu des opposants politiques incarcérés, ce qu'il ne peut plus faire à présent en raison de la suspension dont il est l'objet. Ponciano Mbomio Nvó a déposé plainte auprès de l'Union Internationale des Avocats (UIA) dans le but de faire révoquer l'ordonnance de suspension décrétée par l'Association des avocats de Guinée équatoriale.

Les représentants politiques de l'opposition en Guinée équatoriale ont déjà été confrontés au harcèlement préalable à la tenue d'évènements politiques importants. Marcial Abaga Barril, représentant CPDS de l'organisme électoral national en 2011, avait été détenu sans mandat devant son domicile en novembre 2011 en raison de son lien présumé dans le cadre d'une enquête pour assassinat. Il avait été libéré sans inculpation trois jours plus tard.

L'arrestation et la détention de Marcial Abaga Barril avaient eu lieu peu après le début de campagne en faveur du référendum du 13 novembre 2011 visant à approuver les changements constitutionnels proposés par le gouvernement du président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo auxquels le parti de Marcial Abaga Barril s'était fortement opposé.

« Les engagements pris par le gouvernement du président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo de respecter les droits humains sonnent creux face aux violations récurrentes », a affirmé Tutu Alicante, directeur d'EG Justice. « Cette dernière arrestation en date remet en question l'engagement du gouvernement à entreprendre de véritables réformes dont le besoin se fait cruellement sentir en Guinée équatoriale. »

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