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Émirats arabes unis : Arrestation de militants des droits humains accusés d’« opposition au gouvernement »

Les cinq activistes incarcérés sont également accusés d’avoir « insulté » le président émirati et le Prince héritier

Mise à jour 15.6.11 : HRW a dénoncé le procès qui s'est ouvert à Abu Dhabi (www.hrw.org/node/99842, en anglais).

(New York, le 25 avril 2011) - L'enquête criminelle visant cinq activistes accusés de « s'opposer au gouvernement » et d'« avoir insulté » de hauts représentants de l'État constitue un sérieux revers pour les droits humains aux Émirats arabes unis, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. Human Rights Watch a appelé le gouvernement émirati à libérer immédiatement Ahmed Mansoor ainsi que les quatre autres militants actuellement incarcérés, et à cesser de réprimer toute forme de dissidence pacifique.

« Les Émirats Arabes Unis sont en train de punir des gens qui ne font qu'exprimer des critiques de manière pacifique, les accusant d'opposition au gouvernement », a déclaré Sarah Leah Whitson, directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. « Cela montre que ce pays a encore un long chemin à parcourir avant de pouvoir être qualifié d'État respectueux des droits. Toute personne actuellement détenue simplement pour avoir dénoncé des abus devrait être immédiatement libérée. »


Le procureur général, Salim Saeed Kubaish, a annoncé le 25 avril que les cinq détenus ont été placés en « détention préventive » pour  « infraction à certaines lois, participation à des actes menaçant la sécurité de l'État, incitation à de tels actes, trouble à l'ordre public, opposition au système de gouvernement, et insultes à l'encontre du président et du vice-président émiratis ainsi que du prince héritier d'Abou Dhabi ».


Le 8 avril, les autorités ont arrêté Mansoor, qui est actuellement incarcéré dans la prison d'Al Wathba à Abu Dhabi. Mansoor avait ouvertement soutenu une pétition présentée en mars aux autorités du pays exigeant des réformes démocratiques. Avant son arrestation, il avait donné plusieurs interviews à des chaînes de télévision et à d'autres médias à ce sujet. Mansoor est un membre du comité consultatif de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord de Human Rights Watch.


Le 10 avril, les forces de sécurité ont en outre arrêté Nasser bin Ghaith, un professeur d'économie à la succursale de l'université Paris-Sorbonne à Abou Dhabi, qui avait critiqué les autorités émiraties pour ne pas avoir entrepris d'importantes réformes politiques. Les autorités ont également arrêté trois blogueurs défenseurs des droits humains: Fahad Salim Dalk, Hassan Ali al-Khamis, et Ahmed Abdul Khaleq.


Ces arrestations font partie d'une vague de répression de toute forme de dissidence pacifique par le gouvernement des Émirats arabes unis, dont les actions visent également la société civile. Le 21 avril, la ministre des affaires sociales, Mariam Mohammed Khalfan Al-Roumi, a signé un décret ordonnant la dissolution du conseil d'administration de l'Association des juristes - conseil dont les membres avaient été élus - et instituant un nouveau conseil d'administration composé de membres nommés par l'État. Cette mesure a été prise deux semaines après que l'Association des juristes et trois autres organisations non gouvernementales eurent signé, le 6 avril, une pétition en faveur de réformes politiques.

La Déclaration des Nations Unies sur le droit et la responsabilité des individus, groupes et organes de la société de promouvoir et protéger les droits de l'homme dispose (article 12) que chaque État doit prendre « toutes les mesures nécessaires pour assurer que les autorités compétentes protègent toute personne, individuellement ou en association avec d'autres, de toute violence, menace, représailles, discrimination de facto ou de jure, pression ou autre action arbitraire dans le cadre de l'exercice légitime des droits visés dans la présente Déclaration ».

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