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Congrès olympique de Copenhague : Le CIO devrait adopter un projet de réforme relative aux droits humains dans les pays hôtes

Human Rights Watch a proposé la création d’un comité permanent du CIO pour garantir le respect par les pays hôtes des droits humains

(New York, le 1er octobre 2009) - Le Congrès olympique de Copenhague devrait aboutir à la création d'un mécanisme permanent pour garantir le respect des droits humains dans les pays hôtes avant, pendant et après les Jeux olympiques, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. Human Rights Watch, qui a soumis une proposition au Congrès, est particulièrement préoccupé par des exactions potentielles en Russie, pays hôte des Jeux d'hiver en 2014 à Sotchi.

Le Congrès de Copenhague doit se tenir du 3 au 5 octobre 2009, dans le cadre de la session du Comité international olympique (CIO) qui se déroule du 1er au 9 octobre. Human Rights Watch présentera officiellement sa proposition pour une réforme de la situation des droits humains au sein du Mouvement olympique lors de la session du 4 octobre sur « bon gouvernement et principes éthiques ».

« Le monde n'a fait qu'assister passivement quand la Chine a foulé aux pieds les droits humains - notamment en jetant des personnes en prison -lors des préparatifs pour les Jeux de Pékin », a rappelé Minky Worden, Directrice Médias à Human Rights Watch. « Cela ne devrait jamais se reproduire, et le Congrès olympique devrait agir maintenant pour s'en assurer. »

Un rapport publié par le CIO au sujet des Jeux olympiques de Pékin en 2008 a assuré que ceux-ci étaient « un succès indiscutable ».  Mais, comme Human Rights Watch en a abondamment rendu compte, les préparatifs de la Chine pour accueillir ces Jeux ont mené à une aggravation de la situation des droits humains en Chine. Des milliers d'habitants de Pékin ont été expulsés de leurs logements pour laisser place à la construction d'installations olympiques, sans procédure équitable - ils n'ont été ni consultés ni indemnisés. Les travailleurs migrants du bâtiment qui ont construit les installations ont dû travailler dans des conditions dangereuses.

Le gouvernement chinois a réduit au silence et réprimé des militants des droits humains et des personnes exprimant des opinions critiques à propos des Jeux olympiques, tels que Hu Jia et Liu Xiaobo. Beaucoup d'entre eux sont toujours en prison. Le gouvernement a aussi imposé une censure stricte sur les médias et l'Internet pendant les Jeux. La censure sur les informations au sujet du lait chinois contaminé à la mélamine a probablement contribué à ce que près de 300 000 enfants chinois soient tombés malades. Six nouveau-nés sont morts.

« Des dizaines de Chinois sont toujours en prison parce qu'ils ont pris le CIO au mot, qui avait affirmé que tenir les Jeux olympiques en Chine améliorerait les droits humains », a ajouté Minky Worden. « Le Congrès de Copenhague est donc non seulement l'occasion de fêter les accomplissements du CIO, mais aussi d'analyser son incapacité à ce jour à anticiper la façon dont les atteintes aux droits humains peuvent ternir les Jeux olympiques, et de s'assurer que cela ne se reproduise pas. »

En février et en avril, Human Rights Watch a mené une recherche préliminaire sur la situation des droits humains à Sotchi en lien avec les préparatifs pour les Jeux d'hiver de 2014. Cette recherche a identifié deux problèmes immédiats qui, s'ils sont traités maintenant, peuvent empêcher de graves violations des droits humains : le manque de transparence entourant les expropriations en vue des sites olympiques, et les conditions de travail des ouvriers qui construisent les installations olympiques. En mai, Human Rights Watch a adressé au Comité international olympique une lettre détaillant ces préoccupations.


Human Rights Watch a recommandé que dans ses échanges avec les autorités de Sotchi, le Comité international olympique insiste sur un processus transparent et efficace pour les expropriations et les indemnisations, un forum pour la participation des communautés et l'expression de leurs réclamations, ainsi que la protection des droits des ouvriers du bâtiment. En l'absence d'un mécanisme officiel du CIO pour s'assurer que ces mesures sont prises afin de contrôler le processus, le risque d'atteintes aux droits humains en relation avec les préparatifs des Jeux olympiques de Sotchi est considérable.

Human Rights Watch a également exprimé sa préoccupation au CIO à propos de l'aggravation du climat des droits humains en Russie, où plusieurs journalistes et militants de la société civile ont été assassinés depuis le début de l'année. Parmi eux Natalia Estemirova, une défenseure éminente des droits humains en Tchétchénie, près de Sotchi en Russie dans la région du Caucase. Comme Human Rights Watch l'a expliqué dans sa lettre du 28 août au CIO, de telles atteintes aux droits humains violent aussi bien la lettre que l'esprit de la Charte olympique, basée, selon ses propres termes, sur le « respect des principes éthiques fondamentaux universels ».

« Durant les Jeux olympiques de Chine, des journalistes ont été menacés et frappés, et des défenseurs des droits humains ont été emprisonnés », a indiqué Allison Gill, Directrice du bureau de la Russie à Human Rights Watch. « Mais en Russie, des journalistes et des défenseurs des droits humains sont enlevés et assassinés de sang froid. Le CIO détient à la fois une raison impérative et l'influence pour dire à la Russie qu'il ne peut y avoir de Jeux olympiques réussis quand de telles atteintes mortelles aux droits humains ont lieu. »

Pour répondre aux violations des droits humains en lien avec les Jeux olympiques dans tous les pays hôtes futurs, y compris la Russie, Human Rights Watch a proposé de créer un comité permanent du CIO pour garantir le respect par les pays hôtes des droits humains. Ce comité aiderait à définir et à appliquer des critères en matière de droits humains pour les hôtes potentiels des Jeux olympiques, en particulier en matière de liberté des médias, de droits du travail, de liberté d'expression et de libertés civiles. Ce comité serait composé d'experts et chargé de contrôler les exactions avant, pendant et après des Jeux olympiques.  Human Rights Watch a aussi demandé que les futurs Contrats des villes hôtes soient rendus publics.

« Le Congrès olympique de Copenhague représente une opportunité rare de mettre en place des critères clairs et transparents en matière de droits humains pour les Jeux futurs », a insisté Minky Worden. « Tout comme le Congrès de Paris en 1994 a conduit à des réformes vitales pour le respect de l'environnement, Congrès de Copenhague peut s'assurer une place dans l'histoire des Jeux olympiques avec des réformes pour le respect de l'environnement humain. »

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