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Les ministres des affaires étrangères de l’Union africaine qui doivent se réunir à Addis-Abeba vendredi prochain devraient se prononcer en faveur de la transformation de la mission actuelle de l’Union africaine au Darfour en une force de protection des Nations Unies, dotée de plus de ressources, et ce afin de protéger les civils des attaques croissantes, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui.

Le 12 janvier, l’Union africaine s’est ralliée, en principe, à l’idée de voir sa mission de 7000 soldats présente au Darfour se transformer en une force mandatée par les Nations Unies. Mais le gouvernement soudanais, dont l’armée et les milices janjawid sont responsables de violations massives des droits de l’homme dans la région, continue de s’opposer à cette proposition d’une force onusienne.

« Khartoum résiste systématiquement à chaque initiative lancée afin de protéger les populations du Darfour, cette campagne anti-ONU n’est donc pas une surprise », affirme Paul Simo, directeur stratégique pour l’Afrique à Human Rights Watch. « Les Etats africains doivent regarder au-delà de cette diplomatie de discorde que met en œuvre Khartoum, et se prononcer en faveur de la présence d’une force de l’ONU pour protéger les populations civiles du Darfour. »

Depuis janvier, la pression internationale se fait de plus en plus forte pour transformer la force de l’Union africaine, qui a fait face à plusieurs problèmes logistiques et à d’autres contraintes, en une force onusienne, se fait de plus en plus forte. D’après le processus transitionnel proposé, l’Union africaine garderait son rôle de médiateur pour un accord de paix au Darfour, et les troupes africaines troqueraient leur casques verts contre un casque bleu, ou bien seraient absorbées au sein d’une force onusienne plus grande, mieux équipée et disposant de plus de ressources.

Alors que la proposition des Nations Unies gagnait en crédibilité, le Président soudanais Omar el-Bashir a prévenu que le Darfour serait un « cimetière » pour les troupes étrangères et a avancé la menace que la force onusienne serait alors prise pour cible par Al-Qaida et d’autres groupes extrémistes. Le personnel africain de plus de 7000 – venant principalement du Nigeria, du Rwanda, d’Afrique du Sud, et du Sénégal – sont déjà déployés au Darfour. En outre, les Nations Unies sont en train d’envoyer 10 000 soldats essentiellement africains et asiatiques au sud du Soudan, où sa mission est de surveiller et d’aider à la mise en œuvre les accords de paix de janvier 2005 qui a mis un terme aux 21 années de guerre civile entre Khartoum et les rebelles du sud du pays.

« Une force internationale de protection pourrait permettre de bénéficier de fonds internationaux, de personnel et d’expérience », affirme Simo. « Les forces de l’Union africaine ont fait du très bon travail malgré d’énormes obstacles, mais elles ont besoin du soutien des Nations Unies. Ce sont les civils soudanais qui vont souffrir si ce processus de transition est retardé. »

Durant les trois derniers mois, des responsables de haut-niveau de l’Union africaine ont fait état de deux principales pour transférer la mission de maintien de la paix au Darfour aux Nations unies : la complexité croissante de la mission alors que la sécurité se détériore, et la nécessité d’un budget stable. Dans les derniers mois, la sécurité au Darfour s’est gravement détériorée à cause de la prolifération de groupes armés opérant dans la région, d’attaques continuelles de la part des milices janjawid soutenues par Khartoum, d’attaques menées au-delà de la frontière avec le Tchad par les rebelles tchadiens et des milices janjawid, et des actes de pillage et de brigandage perpétrés contre les civils et les agences humanitaires.

Bien que Khartoum essaie activement de mobiliser les Etats africains afin qu’ils maintiennent la force de l’Union africaine au lieu d’une force onusienne au Darfour, le Soudan s’est employée à semer des embûche sur le parcours des soldats de la force de l’Union africaine, ce que des responsables haut-gradés de l’Union africaine ont publiquement dénoncé. Le gouvernement soudanais à ainsi retardé la livraison de 105 transporteurs blindés, refuse le réapprovisionnement en carburant aux avions de l’Union africaine, et peint les véhicules gouvernementaux en blanc afin de les faire passer pour des véhicules de l’Union africaine, mettant ainsi en danger les soldats de l’Union africaine.

En février, le Conseil de Sécurité des Nations Unies a demandé au Secrétaire général Kofi Annan de commencer à élaborer des propositions pour une force onusienne au Darfour. Le Conseil de Sécurité pourrait alors autoriser une opération des Nations Unies dans la région, mais le calendrier des Nations Unies n’avancera que lorsque les ministres des affaires étrangères de l’Union africaine demanderont cette transformation.

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