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Canada: Les propos de Stephen Harper ne tiennent pas compte de la crainte de représailles des victimes

Il faut faire rendre des comptes pour les mauvais comportements de la police et assurer la sécurité des femmes autochtones

(Vancouver, le 14 février 2013) –Les propos tenus le 14 février 2013 par le Premier ministre canadien, Stephen Harper, et par la Gendarmerie royale du Canada (GRC), n’ont pas tenu compte de la question fondamentale de l'absence de sécurité, qui décourage les femmes et les filles autochtones de porter plainte contre la police pour mauvais traitements, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. 

Le Premier ministre, Stephen Harper, a déclaré à la Chambre des Communes que Human Rights Watch et d'autres organisations devraient « tout simplement le faire » (« just get on and do it »)  -- c'est-à-dire fournir des informations détaillées à la police afin qu'elle puisse enquêter sur des accusations de violences policières, décrites dans un rapport de Human Rights Watch sur les mauvais traitements par la police des femmes et des filles autochtones dans le nord de la Colombie-Britannique. Toutefois ses propos ignorent le fait qu'il n'y a pas de réel mécanisme de recherche des responsabilités pour les  mauvais comportements de la police, ainsi que la peur des représailles policières qui décourage les femmes et les filles autochtones de dénoncer publiquement les exactions qu'elles subissent, a affirmé Human Rights.

« Human Rights Watch se tient aux côtés des victimes d’abus policiers qui lui ont demandé de ne pas les identifier parce qu'elles sont terrifiées à l'idée d'encourir des représailles par la police », a déclaré Meghan Rhoad, chercheuse auprès de  la division des Droits des femmes à Human Rights Watch. « Si le gouvernement souhaite réellement tenir les forces de l'ordre responsables de leurs actes, il devrait s'occuper des défaillances d'un système policier qui donne aux femmes et aux filles autochtones l'impression qu'elles n'ont personne sur qui compter pour obtenir que leurs plaintes fassent l'objet d'une enquête sûre et efficace.»

Dans ce rapport de 96 pages, intitulé « Ceux qui nous emmènent: Abus policiers et lacunes dans la protection des femmes et filles autochtones dans le nord de la Colombie-Britannique, au Canada», Human Rights Watch documente les défaillances persistantes de la police en matière de protection des femmes et des filles autochtones dans le nord contre la violence, ainsi que le comportement violent de la part de certains policiers à leur encontre. Ces défaillances et mauvais traitements aggravent les tensions existant de longue date entre la GRC et les communautés autochtones de la région, selon Human Rights Watch.

Avant la publication du rapport, le bureau du Premier ministre a refusé une demande d'entretien présentée par Human Rights Watch. Trois autres ministres compétents ont également ignoré des demandes d'entretien avec Human Rights Watch. L'organisation a pu rencontrer des représentants de la GRC avant la publication du rapport et doit s'entretenir avec des membres de la division « E » de la police le 15 février. Une vue d'ensemble des questions soulevées par les recherches effectuées par Human Rights Watch dans le nord de la Colombie-Britannique avait été communiquée à la GRC en septembre 2012.

Les chercheurs qui ont participé à l’élaborationdu rapport devaient rencontrer des membres du Bureau des enquêtes indépendantes (Independent Investigations Office, IIO) en Colombie-Britannique, le 14 février. Ce bureau, opérationnel depuis septembre, a pour mandat de fournir des enquêtes civiles indépendantes sur les accusations de mauvais comportement de la police ayant entraîné des préjudices physiques graves, voire mortels. Cependant, le viol et les sévices sexuels sont exclus de ce mandat -- ce qui constitue une omission discriminatoire inacceptable de la part de la législature provinciale qui a créé ce bureau, a affirmé Human Rights Watch.

« Nous serions heureux de partager avec l'IIO tous les détails des accusations de mauvais traitements que nous avons recueillis, mais ce bureau est handicapé par les limites de son mandat», a ajouté Meghan Rhoad. « On ne peut s'attendre à ce que des femmes et des filles autochtones osent effectuer une démarche publique, alors que certains des crimes les plus monstrueux commis à leur encontre ont été exclus du champ de compétence de la seule institution existante qui puisse offrir une possibilité de porter plainteen toute sécurité.»

 

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