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Mali : Il faut mettre en œuvre le nouveau plan visant à juguler le travail des enfants

La moitié des enfants dans ce pays travaillent dans des conditions dangereuses

(Nairobi, le 16 juin 2011) – Le nouveau plan d’action du Mali visant à lutter contre le travail des enfants constitue une énorme opportunité d’améliorer la vie de plus de deux millions d’enfants maliens qui travaillent dans des conditions néfastes, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Le gouvernement malien a adopté le Plan d’action national pour l’élimination du travail des enfants au Mali, la veille de la Journée mondiale contre le travail des enfants célébrée le 12 juin.

« Des milliers et des milliers de jeunes enfants forcés de travailler dans des conditions terribles et dangereuses devraient bénéficier du plan ambitieux élaboré par le Mali », a déclaré Juliane Kippenberg, chercheuse senior à la division Droits des enfants de Human Rights Watch. « Pour le gouvernement, le défi consiste maintenant à faire en sorte que ce plan soit mis en œuvre. »

Selon le gouvernement, près de la moitié des enfants du Mali effectuent un travail dangereux – à savoir un travail susceptible de nuire à leur santé, à leur sécurité ou à leur moralité. D’après l’Organisation internationale du Travail (OIT), nombreux sont les enfants qui commencent à travailler dès l’âge de 5 ans. Les principaux secteurs recourant au travail des enfants sont l’agriculture, le travail domestique, les mines d’or artisanales, le commerce et la pêche. Leur dur labeur empêche les enfants d’avoir accès à l’éducation. Certains enfants, provenant du Mali même ou de la sous-région, sont victimes de la traite des enfants et travaillent dans des conditions d’exploitation.

Le plan d’action vise à éliminer les pires formes de travail des enfants d’ici à 2015, et toute forme de travail des enfants à l’horizon 2020. Au cours de la première phase, il propose d’identifier les enfants qui réalisent les travaux les plus dangereux ou sont soumis à la traite des êtres humains, et à les soustraire à ces conditions d’exploitation. Le plan vise également à fournir à ces enfants un accès à l’éducation et à la formation professionnelle ainsi qu’une prise en charge, et à proposer des activités génératrices de revenus aux familles concernées.

Par ailleurs, le plan d’action envisage aussi l’adoption d’une loi sur la traite des enfants, l’engagement de poursuites judiciaires à l’encontre des trafiquants, ainsi que le recul de l’âge minimum d’admission au travail, le faisant passer de 14 à 15 ans afin de se conformer aux engagements internationaux du Mali. Le gouvernement prévoit de dépenser près de 100 millions de dollars américains sur une période de dix ans pour mettre en œuvre ce plan.

Human Rights Watch s’inquiète du fait que le plan ne remédie pas suffisamment aux effets désastreux provoqués par le travail des enfants au niveau de leur santé, notamment lors de l’utilisation de mercure dans les mines d’or artisanales. Au cours de recherches effectuées récemment, Human Rights Watch a constaté que de nombreux enfants pratiquaient l’amalgamation du mercure et de l’or à la main, sans aucune protection. Le mercure est une substance extrêmement toxique qui s’attaque au système nerveux central et se révèle particulièrement nocive pour les enfants. Un traité international visant à réduire l’utilisation du mercure à travers le monde devrait être adopté en 2013.

« Permettre à des enfants d’utiliser des substances toxiques telles que le mercure est un scandale », a souligné Juliane Kippenberg. « Mettre un terme à cette pratique devrait constituer une priorité au moment où le gouvernement malien cherche à abolir les pires formes de travail des enfants. »

Human Rights Watch s’inquiète également du fait que le plan d’action n’oblige pas les entreprises à éviter de tirer parti du travail des enfants directement ou à travers leurs chaînes d’approvisionnement. Human Rights Watch a appelé les chefs d’entreprise, le gouvernement et les bailleurs de fonds à s’assurer que les entreprises ne profitent pas du travail des enfants.

« La lutte contre le travail des enfants devrait figurer parmi les priorités des bailleurs de fonds internationaux », a conclu Juliane Kippenberg. « Quelques belles paroles pour saluer le plan ne suffiront pas. Les bailleurs de fonds devraient aider le gouvernement malien à faire de ce plan une réalité. »

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