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Gaza/Israël: Les tirs de roquettes par le Hamas contre la population civile israélienne sont illégaux

Human Rights Watch a publié un rapport sur les attaques menées depuis novembre 2008

(Jerusalem, le 6 août 2009) - Dans un rapport paru aujourd'hui, Human Rights Watch appelle le Hamas à rejeter les attaques illégales de roquettes visant des foyers de population israélienne et à condamner les responsables de ces actes. Ces dernières années, le Hamas et d'autres groupes armés ont lancé des milliers de roquettes en direction des villes et villages israéliens. Des centaines de roquettes ont notamment été lancées durant les trois semaines de l'offensive israélienne à Gaza entre décembre 2008 et janvier 2009. La commission des Nations unies qui a enquêté, sous la direction du juge Richard Goldstone, sur les graves violations du droit de la guerre  commises par les deux parties au conflit, devrait rendre son rapport au Conseil des droits de l'Homme des Nations unies en septembre.

Le rapport de 31 pages, « Rockets from Gaza: Harm to Civilians from Palestinian Armed Groups' Rocket Attacks » (« Les roquettes de Gaza : Tirs de roquettes par les groupes armés palestiniens contre la population civile israélienne ») décrit les attaques par le Hamas et d'autres groupes armés palestiniens ayant tué trois civils israéliens et blessé des dizaines d'autres depuis novembre 2008.

« Les attaques de roquettes qui visent des civils israéliens sont illégales et injustifiables, et équivalent à des crimes de guerre », a déclaré Iain Levine, directeur des programmes à Human Rights Watch. « En tant qu'autorité de gouvernement à Gaza, le Hamas doit publiquement renoncer au lancement de roquettes sur des centres civils israéliens et punir les coupables, y compris les membres de sa propre branche armée. »

Le rapport « Les roquettes de Gaza » se concentre sur les évènements postérieurs au 4 novembre 2008, lorsque des groupes armés palestiniens ont recommencé leurs tirs de roquettes après une incursion militaire israélienne dans la bande de Gaza. Basé sur des entretiens avec des témoins d'attaques et de tirs de roquettes, des enquêtes de terrain sur les lieux touchés par les roquettes en Israël et à Gaza, ainsi que des reportages réalisés par les médias ou d'autres organisations, ce rapport détaille les cas dans lesquels des civils israéliens et palestiniens ont été tués ou blessés par des roquettes en décembre 2008 et janvier 2009. Bien que Human Rights Watch n'ait trouvé aucune preuve d'un recours systématique par les groupes armés palestiniens à des « boucliers humains » civils lors des tirs de roquettes afin de décourager toute contre-attaque israélienne, les recherches montrent que ces groupes ont fréquemment enfreint le devoir selon les lois de la guerre, de prendre toutes les précautions nécessaires pour éviter que des civils ne soient mis en danger lorsque des roquettes sont lancées depuis des zones densément peuplées.

« Les forces du Hamas ont violé les lois de la guerre à la fois en lançant des roquettes de façon délibérée et indiscriminée sur des villes israéliennes et en les lançant depuis des zones peuplées, mettant ainsi en danger les civils gazaouis », a déclaré Iain Levine.

Le Hamas a réduit de manière significative le nombre de tirs de roquettes dans les derniers mois, mais n'a pas renoncé à des attaques qui ciblent de manière délibérée et indiscriminée les civils - ce qui représente des violations graves des lois de la guerre - et n'a pas porté devant la justice ceux responsables de ces attaques et de la mise en danger des civils palestiniens par le lancement de roquettes depuis des zones densément peuplées de la bande de Gaza. La branche armée du Hamas a revendiqué les attaques ayant causé la morts de trois civils israéliens documentée dans le rapport. Lors de l'offensive israélienne de décembre et janvier, les branches armées du Hamas et du Jihad Islamique ont revendiqué le lancement de 820 roquettes sur Israël.

Les roquettes Qassam, produites localement, et les roquettes Grad, de conception soviétique, utilisées par le Hamas et d'autres groupes armés, sont dirigées sans aucune fiabilité. Selon les lois de la guerre, de telles armes sont indiscriminés lorsqu'ils ciblent des zones densément peuplées. L'absence de forces militaires israéliennes dans les zones touchées par les roquettes, ainsi que des déclarations de dirigeants des groupes armés palestiniens, indiquent que ces derniers avaient l'intention de frapper délibérément des civils et des structures civils israéliens. Par exemple, Abou Obeida, un porte-parole des Brigades Qassam du Hamas, a déclaré dans une vidéo rendue publique le 5 janvier 2009 que « poursuivre l'incursion ne fera que nous faire augmenter la portée de nos roquettes [...]. Nous doublerons le nombre d'Israéliens sous notre feu. »

Selon les lois de la guerre, les individus qui autorisent délibérément ou procèdent a des attaques délibérées et indiscriminées contre des civils commettent des crimes de guerre.

Un système israélien d'alerte par sirène, qui donne aux civils de 10 à 45 secondes pour trouver refuge dans l'un des abris préparés, en fonction de leur distance du site de lancement à Gaza, a de façon indubitable limité le nombre de victimes en Israël. Cependant, les attaques répétées ont, depuis des mois et même des années, marqué leur empreinte psychologique sur la population des zones proches de Gaza. Les lois de la guerre interdisent les attaques dont le but premier est de répandre la terreur parmi la population civile. A cause des attaques de roquettes, des milliers de personnes ont dû déménager loin de zones fréquemment ciblées comme la municipalité de Sderot.

Les groupes armés palestiniens soutiennent que les attaques de roquettes constituent des représailles appropriées contre les opérations militaires israéliennes et le blocus économique de la bande de Gaza, et sont des réponses légales au contrôle d'Israël sur Gaza. Human Rights Watch a également documenté de nombreuses violations des lois de la guerre par les forces israéliennes à Gaza, mais les violations par une partie au conflit ne justifient jamais les violations par l'autre. Les attaques ciblant des civils ne sont jamais permises par les lois de la guerre, qui exigent que les forces armées ne visent que des objectifs militaires, et qu'elles prennent toutes les précautions nécessaires pour épargner les civils, quelles que soient les raisons pour avoir recours à un conflit armé.

De même, bien que les opérations militaires israéliennes aient causé bien plus de dommages à la population civile - tuant des centaines de civils avec des frappes aériennes, de l'artillerie, des tirs d'obus, et d'autres attaques - et aux propriétés  que les opérations menées par des groupes armés palestiniens, les violations des lois de la guerre ne sont pas déterminées par le nombre de victimes civiles, mais plutôt par le fait de savoir si chaque partie s'abstient de conduire des attaques délibérées et indiscriminées contre des civils et prend toutes les précautions nécessaires pour minimiser les pertes civiles.

« Human Rights Watch se consacre à la documentation des pires violations des lois de la guerre commises par toutes les parties engagées dans des conflits armés dans le monde entier », a précisé M. Levine. « Nous avons publié ce rapport parce que les civils ne doivent jamais être la cible d'attaques, quelle que soit la force relative de l'attaquant. »

L'utilisation d'armes peu sophistiquées ne justifie pas l'échec à respecter les lois de la guerre, de la même façon que l'utilisation d'armes sophistiquées par l'adversaire n'autorise pas ses opposants à ignorer ces lois, a déclaré Human Rights Watch. De telles disparités existent dans de nombreuses guerres, et si elles offraient une justification pour la violation des lois de la guerre, le nombre de victimes civiles dans les conflits armés augmenteraient de manière significative. Les pertes en vies civiles dans les conflits armés ne peuvent être minimisées que si chaque partie reconnait ses obligations légales au regard des lois de la guerre, sans tenir compte de l'armement à sa disposition.

« Les roquettes de Gaza » est le cinquième d'une série de rapports publiés par Human Rights Watch sur l'offensive israélienne lancée sur Gaza le 27 décembre 2008. Deux autres rapports seront publiés prochainement.

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