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Liban : les candidats doivent s'engager en matière de droits humains

Les élections parlementaires sont l'occasion d'adopter de meilleures politiques

(Beyrouth, le 13 mai 2009) - Les partis politiques et les candidats aux élections parlementaires de juin doivent exposer leur plan d'action pour améliorer la situation des droits humains au Liban et prendre des engagements en termes de mise en application des obligations prévues par la législation libanaise dans ce domaine, affirme Human Rights Watch dans un rapport paru aujourd'hui. Jusqu'à présent, les partis et leurs candidats se sont de manière générale désintéressés de la question des droits humains dans leur plate-forme électorale.

Le rapport de huit pages, intitulé « Lebanon's 2009 Parliamentary Elections: A Human Rights Agenda » (« Élections parlementaires de 2009 au Liban : Les droits humains à l'ordre du jour »), se concentre sur cinq questions prioritaires en matière de droits humains : les mauvais traitements et la torture en prison, les « disparus » de la guerre civile, la discrimination à l'égard des femmes, la maltraitance des employés de maison immigrés et la discrimination à l'égard des réfugiés palestiniens. Il propose des recommandations adaptées et réalisables et exhorte les partis politiques à inclure leur mise en œuvre dans leurs engagements électoraux.

« Les hommes politiques libanais doivent dépasser leurs slogans qui promettent « justice, réforme et égalité » et commencer à expliquer précisément ce qu'ils comptent faire pour atteindre ces objectifs », a affirmé Sarah Leah Whitson, directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. « Ils doivent au moins s'engager à mettre un terme à la torture et à modifier les lois discriminatoires envers les femmes et les réfugiés palestiniens. »

Depuis les dernières élections parlementaires de 2005, les autorités libanaises ont pris des mesures pour améliorer la situation des droits humains, mais ne sont pas allés au bout d'un grand nombre de ces initiatives. Par exemple, en février 2007, le gouvernement a permis au Comité international de la Croix-Rouge d'accéder aux centres de détention. Par ailleurs, en décembre 2008, il a ratifié le protocole facultatif se rapportant à la Convention contre la torture. Cependant, alors qu'ils doivent se conformer aux dispositions de la Convention sur la torture, signée par le Liban en 2000, les élus ne sont toujours pas disposés à enquêter et à poursuivre ceux qui sont accusés d'être responsables d'actes de torture.

Le gouvernement d'unité nationale, qui a vu le jour après l'accord de Doha en mai 2008, s'est engagé, dans une déclaration ministérielle du 4 août 2008, à prendre des mesures pour faire toute la lumière sur le sort des milliers de personnes disparues pendant la guerre civile, qui a pris fin il y a presque vingt ans. Malgré cette promesse officielle et les nombreux messages de soutien de la part des partis politiques libanais, le gouvernement n'a pris aucune mesure concrète pour découvrir ce qui est arrivé aux « disparus ».

En dressant une liste de recommandations pratiques visant à mettre à profit les initiatives existantes, le rapport appelle les candidats et les partis politiques à prendre plusieurs engagements :

  • Exhorter le ministère de l'Intérieur à publier les résultats des enquêtes entamées en août dernier suite à des allégations de corruption et de torture dans les prisons libanaises.
  • Encourager l'actuel comité libano-syrien créé afin d'enquêter sur les disparitions impliquant les forces de sécurité syriennes à rendre publiques toutes les informations qu'il a obtenues depuis mai 2005.
  • Insister pour que le ministère du Travail mette en place un service d'enquête afin de contrôler l'application de l'accord, récemment adopté, visant à protéger les employés de maison immigrés contre la maltraitance.
  • Abolir les lois qui restreignent l'emploi des Palestiniens.
  • Insister pour que le gouvernement rende au Comité des Nations Unies contre la torture le rapport qu'il devait initialement lui remettre en 2001.

Human Rights Watch a également appelé les partis politiques et les candidats libanais à s'attaquer à des problèmes plus larges et qui existent depuis plus longtemps en matière de droit humains, comme la discrimination à l'égard des Palestiniens. En effet, si le gouvernement a reconnu la gravité de la situation dans laquelle se trouvaient les Palestiniens lorsqu'il a créé le Comité de dialogue libano-palestinien en octobre 2005, il n'a rien changé aux politiques discriminatoires qui empêchent les Palestiniens de jouir du droit de propriété et restreignent le champ des professions qu'ils peuvent exercer.

« Les phases récurrentes d'instabilité, d'occupation et de guerre au Liban ont retardé la mise en place de réformes qui auraient dû être appliquées depuis longtemps », a ajouté Mme Whitson. « Les dirigeants du Liban devraient tirer profit de la période de stabilité actuelle pour montrer qu'ils souhaitent réellement bâtir un État qui protège les droits humains. »

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