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Ukraine : des migrants et des demandeurs d'asile régulièrement maltraités

L'attitude de l'Union Européenne est la clé du problème

L'Ukraine soumet régulièrement des migrants et des demandeurs d'asile à des maltraitances qui comprennent la détention prolongée dans des conditions épouvantables, l'usage de la violence, le vol, l'extorsion des détenus et, dans certains cas, le retour forcé dans le pays d'origine et le risque de torture ou de persécution, a déclaré Human Rights Watch dans un nouveau rapport paru aujourd'hui.

"L'Ukraine a tout faux lorsqu'il s'agit de protéger les droits des migrants", a déclaré Holly Cartner, directrice de la division Europe et Asie Centrale de Human Rights Watch. "Mais à moins que l'Union Européenne arrête de tout faire pour renvoyer toujours plus de migrants et commence à aider l'Ukraine à gérer ce problème, il ne lui sera pas possible de réparer ses actes."

Le rapport de 77 pages, "On the Margins - Ukraine: Rights Violations against Migrants and Asylum Seekers at the New Eastern Border of the European Union" (En marge - Ukraine : violation des droits des migrants et des chercheurs d'asile sur la nouvelle frontière Est de l'Union Européenne), témoigne du quotidien des migrants et des chercheurs d'asile détenus dans des conditions épouvantables (surpopulation, couchage et habillement souvent insuffisants, accès limité voir inexistant à l'air frais, impossibilité de faire de l'exercice ou de recevoir un traitement médical) et de l'abus physique, des agressions verbales, du vol et de l'extorsion dont souffrent les personnes en détention. Les détenus n'ont généralement pas accès à un avocat et il leur est impossible de formuler une demande de libération. Le système d'asile fonctionne à peine, ce qui conduit au retour forcé de ces personnes dans des pays où ils font face à des persécutions ou à la torture. Le rapport décrit aussi l’usage des accords de réadmission entre l’Ukraine et ses voisins européens sur le renvoi sommaire des migrants et des chercheurs d'asiles en Ukraine, sans même avoir déterminé, au préalable, leurs besoins de protection en tant que réfugiés ou sur le plan des droits de l'homme.

Les demandeurs d'asile tchétchènes sont particulièrement vulnérables, à la fois maltraités dans les mains de la police puis forcé à retourner en Russie, malgré le risque de persécution auquel ils font face dans ce pays. Bien que les citoyens Russes n'aient pas besoin de visa pour entrer en Ukraine, les Tchétchènes se voient souvent refuser l'accès à la frontière, à moins qu'ils paient un dessous-de-table. Les Tchétchènes détenus en Ukraine et qui essaient d'entrer dans l'Union Européenne se voient refuser l'accès au droit d'asile. Aucun Tchétchène ne s'est fait reconnaître comme réfugié en Ukraine. Selon les mots d'une femme Tchétchènes interrogée par Human Rights Watch, "ils ne nous voient pas comme des êtres humains".

L'élargissement de mai 2004 a amené l'Ukraine aux frontières de l'Union Européenne. Sous pression, l'Ukraine doit maintenant faire face à ses frontières de l’est et de l’ouest. Un nombre toujours plus important de migrants et de demandeurs d'asile tente d'atteindre l'Union Européenne depuis l'est. En même temps, le gouvernement à Kiev subit les pressions de l'Union Européenne qui lui demande d’accepter toujours plus de migrants et de demandeurs d'asile, ayant échoué et provenant de l'UE - un début pour accroître l’accord jadis conclu sur un mécanisme de réadmissions dans une grande Union Européenne – et les pressions pour renforcer la protection des frontières communes de l’UE et de l’Ukraine. Quand on ajoute à cela l'héritage des règles communistes et des institutions faibles, le résultat est un système de gestion des migrants et des demandeurs d'asile qui fonctionne à peine.

"L'Ukraine fait face à un choc post-élargissement" dit Cartner. "Lorsque l'on désire se rapprocher de l'Union Européenne, il est normal de coopérer sur des sujets tels que la migration. Mais cette collaboration est en train d'aggraver le problème de la migration qui était déjà très important en Ukraine, ce qui risque plutôt de conduire à un état de relation zéro entre Kiev et l'Union Européenne."

Ce rapport est basé sur les interviews de plus de 150 migrants et demandeurs d'asile en Ukraine et chez ses voisins européens : Pologne, Slovaquie et Hongrie. Ce rapport conclut que l'Ukraine ne peut être considérée comme un pays sûr étant donné la situation des ukrainiens étrangers migrants et des personnes dont la demande d'asile a échoué, qui sont forcés au retour sans que des progrès, en terme de respect des droits de l'homme et de sa capacité à protéger ses réfugiés, n'aient été observés. L'Union Européenne a un rôle crucial à jouer pour que ces changements s'opèrent. Ce rapport contient des recommandations clés à l'attention du gouvernement ukrainien et de l'Union Européenne.

Le gouvernement ukrainien devrait :


  • Ajuster ses lois concernant le traitement des migrants et des demandeurs d'asile aux standards internationaux.

  • Rendre immédiatement possible pour chaque demandeur d'asile de déposer un dossier, et ce de manière équitable, et les protéger de toute expulsion avant que leur demande ne soit traitée.

  • Concevoir et instaurer un guide de conduite ferme sur les conditions de détention et permettre aux détenus de formuler une demande de libération.


L'Union Européenne devrait :

  • Baser l’application de l'accord de réadmission UE-Ukraine sur un ensemble de conditions claires comme celle de donner accès à l'asile, d'améliorer les lois et d'effectuer des progrès dans la prise en charge et la détention en Ukraine.

  • Ne pas envoyer des demandeurs d'asile et des migrants en Ukraine avant qu'il n'y ait suffisamment de preuve que ces conditions aient été respectées.

  • S'assurer que tout initiative européenne future en relation avec l'Ukraine n'est pas utilisé pour justifier le renvoi de demandeurs d'asile ayant traversé l'Ukraine ou pour justifier leur exclusion sommaire du territoire européen sans que ne soit d'abord déterminé leurs besoins en terme de protection.

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