L'annonce en octobre 2010 de l'attribution du prix Nobel de la Paix au dissident emprisonné Liu Xiaobo a été un moment déterminant pour le mouvement des droits humains en Chine. Ce choix a également attiré l'attention du monde entier sur l'importance de la violation des droits humains en Chine, et sur son régime politique autoritaire non réformé à l'heure où ce pays émerge en tant que puissance mondiale.
Le gouvernement chinois a tout fait pour censurer l'annonce du prix dans le pays, en plaçant aussitôt en résidence surveillée Liu Xia, la femme de Liu, et en bâillonnant les militants en faveur des droits humains ainsi que les partisans de Liu. Le gouvernement a ensuite tenté de présenter le prix comme faisant partie d'une conspiration de la part des pays occidentaux, en affirmant que les citoyens chinois ne sont pas attachés aux libertés civiles et politiques.
Cet argument a été largement contesté par une lettre publique diffusée la semaine suivante : rédigée par plusieurs anciens hauts fonctionnaires du Parti Communiste chinois (PCC), cette lettre appelait à des réformes politiques pour défendre le droit de s'exprimer librement et la liberté de la presse, ainsi que le garantit la Constitution chinoise. La lettre faisait mention de la censure nationale à l'égard des propos tenus par le Premier Ministre chinois Wen Jiabao à New York au mois d'octobre - propos dans lesquels il reconnaissait que « les souhaits, et les besoins, du peuple, en matière de démocratie et de liberté sont irrépressibles ». Dans un mouvement sans précédent à ce jour, plusieurs journaux ont imprimé les propos de Wen dès le lendemain, bravant ouvertement les ordres de censure.
Le prix Nobel attribuée à Liu et la lettre des anciens fonctionnaires du PCC ont mis en lumière l'importance croissante du débat qui agite la société traditionnelle, le parti et le gouvernement pour ce qui est de la place des « valeurs universelles ». Ces idées étaient également prônées par la Charte 08, document de référence réclamant un remaniement complet du système politique. La participation de Liu à la rédaction de [la] cette charte a déclenché son arrestation en décembre 2008 et sa condamnation à 11 ans de prison un an plus tard.
Liberté d'expression
Le gouvernement a continué de restreindre les droits et les libertés des journalistes, des blogueurs et des quelques 384 millions d'internautes chinois, en totale violation des garanties nationales légales de liberté de la presse et de liberté d'expression. Le gouvernement exige des médias sous contrôle de l'État et des sociétés propriétaires de moteurs de recherche sur Internet qu'elles censurent toutes allusions à des questions allant du massacre de la place Tiananmen de juin 1989 aux informations relatives au prix Nobel de la Paix de 2010.
Le 12 janvier 2010, la société américaine Google, propriétaire du moteur de recherche du même nom, annonçait qu'elle allait tenter de parvenir à un accord avec le gouvernement chinois pour mettre fin à l'autocensure de la société concernant les résultats de recherches des internautes chinois - autocensure à laquelle elle s'était engagée suite aux exigences formulées par le gouvernement. Le gouvernement a refusé de conclure cet accord. Le 22 mars 2010, Google a arrêté d'exercer une censure sur les recherches faites sur son site http://www.google.cn et a commencé à les rediriger vers son site basé à Hong Kong.
Le 22 avril 2010 le gouvernement a approuvé un amendement à la révision du projet de loi relative à la Préservation des Secrets d'État. La loi révisée exige des sociétés Internet et de télécommunications qu'elles « coopèrent avec les organes de sécurité publique, les agences de sécurité d'État [et] les procureurs de la République » sur toutes affaires de suspicion de transmission de secrets d'État.
Au moins 24 journalistes chinois sont emprisonnés pour des chefs d'accusation ambigus, allant de l' « incitation à la subversion » à la « divulgation de secrets d'État ». Parmi ceux-ci se trouvent Gheyret Niyaz, journaliste ouïghour et rédacteur de site web, condamné à 15 ans au mois dejuin pour « mise en danger de la sécurité de l'État » dans le cadre d'une interview accordée à un média étranger, après les mouvements de protestation de juillet 2009 à Xinjiang. Cette même semaine un tribunal de Xinjiang a déclaré coupables du même chef d'accusation trois bloggeurs ouïghours ; Dilshat Perhat, webmaster de Diyarim, le webmaster de Salkinm connu sous le nom de Nureli, et Nijat Azat, webmaster de Shabnam, ont été condamnés à cinq, trois et dix ans de prison respectivement.
Les journalistes qui ont outrepassé les directives en matière de censure sont toujours menacés de représailles officielles. Zhang Hong, rédacteur adjoint du journal the Economic Observer, a été licencié après avoir co-écrit un éditorial le 1er mars 2010, qui a entraîné 13 journaux chinois à prôner l'abolition du système discriminatoire chinois dénommé hukou (système d'enregistrement des ménages). Le rédacteur du China Economic Times, Bao Yuehang, a été licencié en mai 2010, de toutes évidences en représailles pour un article du 17 mars 2010, qui présentait les défauts de qualité de vaccins dans la province du Shanxi, après que quatre enfants sont morts et au moins 74 autres sont tombés malades.
Les journalistes chinois sont également toujours confrontés à la violence physique du fait de reportages sur des sujets « sensibles ». Le 20 avril 2010, 10 assaillants non identifiés ont attaqué Yang Jie, le reporter du Beijing News, alors que ce dernier prenait des photos sur le lieu d'une expulsion forcée. Sur le lieu de l'incident, les agents de police ont brièvement retenu les assaillants avant de les relâcher, qualifiant leurs actions de « malentendu ». Le 8 septembre 2010 des agents de la sécurité ont battu trois reporters des stations de télévision de Jilin et Changchun, qui tentaient de couvrir un incendie dans l'École Supérieure d'Architecture et de Génie Civil de Jilin.
Les correspondants étrangers en Chine continuent de faire face à des restrictions en matière de reportages, en dépit de la décision prise par le gouvernement en octobre 2008, qui était de supprimer les restrictions pour l'obtention de permis officiels permettant de voyager dans le pays afin de pouvoir interroger les citoyens chinois. Ces restrictions comprennent une interdiction pour les correspondants étrangers de pouvoir visiter librement le Tibet.
Réformes légales
Une sensibilisation aux questions légales continue de se développer parmi les citoyens, et les réformes légales progressent lentement, bien que l'hostilité manifeste du gouvernement à l'égard d'une véritable indépendance judiciaire freine les améliorations législatives. Cette hostilité fait échouer les efforts visant à réduire progressivement l'autorité du Parti Communiste chinois sur toutes les institutions et sur tous les rouages judiciaires.
Deux réformes potentiellement significatives ont progressé en théorie mais pas en pratique. Au mois de mai la Cour Populaire Suprême, Le Ministère Public et les Ministères de Sécurité Publique, de Sécurité de l'État et de la Justice ont émis deux directives relatives à l'arrêt de l'extorsion de preuves par la torture. Ceci comprend les aveux des prévenus et les témoignages de témoins à charge, qui sont à la base de la plupart des condamnations criminelles en Chine.
Cependant ces nouvelles règlementations n'ont pas été appliquées dans le cas de Fan Qihang qui, dans une vidéo rendue publique par son avocat, décrivait les tortures quotidiennes subies pendant six mois et ses tentatives avortées pendant son procès de pouvoir revenir sur les aveux qui lui avaient été extorqués. La Cour Populaire Suprême a refusé d'enquêter sur ces allégations de tortures et a maintenu la peine de mort.
En août le gouvernement a annoncé un projet d'amendement à la loi criminelle applicable en Chine, qui supprimerait la peine de mort pour 13 « délits non liés à la violence mais relatifs à des questions d'ordre économique ». Mais, en septembre, un membre dirigeant du Comité des Affaires Juridiques de la Législature a fait savoir que le gouvernement ne poursuivrait pas cette initiative. La Chine détient le record mondial en matière d'exécutions : cinq à huit mille d'entre elles ont lieu chaque année.
Défenseurs des droits humains
La plupart des défenseurs, partisans et organisations qui œuvrent pour la défense des droits humains subissent différents niveaux de surveillance, de harcèlement ou de répression de la part des forces de police et des agences de sécurité de l'État. Plusieurs figures emblématiques ont été emprisonnées au cours des trois dernières années, et plusieurs ONG ont été fermées, ou ont vu leurs activités restreintes. Cependant le « mouvement de défense des droits » à l'échelon national - mouvement non officiel regroupant des avocats, des activistes, des dissidents, des journalistes, des citoyens ordinaires, et des défenseurs de la cause des paysans et des travailleurs -continue de s'étendre car les demandes sont toujours plus grandes pour obtenir le respect par l'État de ses propres lois.
En dépit d'une censure omniprésente de l'État, les défenseurs des droits ont permis de susciter des débats dans le public et dans les médias sur des questions comme les centres de détention illégale pour les demandeurs qui se rendent dans la capitale pour formuler leurs griefs (connus sous le nom de « prisons noires »), les décès suspects lors de gardes à vue, les tortures généralisées pour extorquer des aveux, l'utilisation d'hôpitaux psychiatriques pour placer les dissidents en détention, la discrimination socio-économique envers les minorités ethniques à Xinjiang, et les abus endémiques liés aux démolitions par la force et aux expulsions.
Néanmoins les activistes ont payé le prix fort pour ces avancées. En plus du harcèlement quotidien, ils subissent également une surveillance agressive de la part des forces de police, l'assignation à résidence illégale, l'interception de leurs communications, les avertissements et menaces, les convocations répétées pour des « entretiens » avec des officiers de police, et la détention de courte durée.
Gao Zhisheng, un avocat spécialisé dans les droits humains, est porté disparu depuis deux ans. Il a réapparu à Pékin au début d'avril 2010 après une année de faux-fuyants de la part des autorités au sujet de sa situation, et a déclaré aux journalistes et à ses partisans que des agents de la sécurité l'avaient torturé à plusieurs reprises et l'avaient maintenu en détention. Il disparut à nouveau quelques jours plus tard. En octobre la police a rejeté toutes tentatives de la part de son frère de le déclarer comme étant disparu.
Chen Guangcheng, un militant des droits humains aveugle, a été libéré de prison en septembre, pour être ensuite assigné à résidence avec toute sa famille dans son village natal et se voir refuser un traitement médical pour des affections qu'il avait développées en prison. Des hommes non identifiés travaillant sous les ordres des responsables de la police locale ont menacé, et ont malmené des journalistes ainsi que des activistes qui avaient tenté de lui rendre visite.
Le 10 novembre, Zhao Lianhai, père d'un enfant atteint de calculs rénaux suite au scandale du lait contaminé, a été condamné à deux ans et demi de prison pour avoir « causé des troubles sérieux » en participant à la formation d'une association de victimes aux fins d'engager une action collective.
Droits des migrants et des travailleurs
La Fédération des syndicats chinois (All-China Federation of Trade Unions, ACFTU) reste le seul représentant légal des travailleurs en Chine ; les organisations syndicales indépendantes sont interdites. Les militants ouvriers - principalement des travailleurs migrants - dans plusieurs usines à capitaux étrangers de la province sud de Guangdong au cours de l'été 2010 ont contesté cette interdiction, ce qui a eu pour conséquence une hausse des salaires et des avantages plus importants pour les grévistes sur les sites de production de la société japonaise Honda et de la Société Denso. En août l'ACFTU a annoncé des réformes visant à développer un processus de choix plus démocratique des représentants syndicaux. Cependant le fait qu'ils déclarent de façon insistante que les réformes « n'iront pas à l'encontre de la ligne directrice du Parti Communiste » montre que les restrictions relatives à l'activité syndicale indépendante resteront inchangées.
Le gouvernement doit encore se prononcer sur les promesses faites de longue date d'abolir le système « hukou ». L'accès aux prestations publiques comme l'éducation et la santé est lié au lieu de naissance ; les 230 millions de travailleurs migrants n'ont donc pas accès à ces services lorsqu'ils se partent vivre ailleurs dans le pays.
En juin 2010 le Cabinet, Conseil d'État chinois, a fait part de la proposition de remplacer le système « hukou » par un permis de séjour qui étendrait les prestations de santé publique aux migrants dans les villes chinoises. Cependant la proposition n'est pas assortie du calendrier ni des dispositions financières qui rendraient possible cette suppression du système « hukou ».
Orientation sexuelle et identité sexuelle
Le gouvernement a dépénalisé l'homosexualité en 1997 et l'a retiré de la liste officielle des troubles mentaux en 2001 mais n'autorise pas le mariage unisexe. En mars 2010 l'ancien Ministre Délégué de la Santé, Wang Longde, a déclaré aux médias de l'État que le gouvernement devait mettre fin à la discrimination contre les homosexuels afin de permettre de lutter de façon plus efficace contre l'épidémie du sida.
En dépit de ces signes de progrès, les discriminations sociale et gouvernementale affichées de manière inflexible à l'encontre des lesbiennes, des homosexuels, des bisexuels et des transsexuels en Chine les empêchent de pouvoir exercer leurs droits d'expression et d'association. Les forces de police de Pékin ont imposé l'annulation de la première manifestation « Gay Pride » prévue en Chine en janvier 2010, sans aucune explication. En septembre 2010 la police de Pékin a arrêté des centaines d'homosexuels qui s'étaient rassemblés dans un parc du district de Haidian, dans l'intention manifeste de harceler et d'intimider les homosexuels. Ces hommes n'auraient été relâchés qu'après avoir présenté des documents d'identité et des tests sanguins.
Droits des femmes
Les femmes chinoises continuent de subir une discrimination sexuelle bien enracinée ainsi que des actes de violence. L'inégalité entre les sexes est particulièrement marquée dans les régions agricoles, où la discrimination sexuelle, l'inégalité face à l'accès aux services et à aux emplois, les trafics de prostitution forcée, et les actes de violence sont plus fréquents que dans les villes. En juin 2001 le réseau non gouvernemental de lutte contre les violences domestiques (Anti-Domestic Violence Network of China Law Society , ADVN) a demandé que des révisions soient apportées aux dispositions en matière de violence domestique de la loi sur le mariage. L'ADVN a critiqué la loi sur le mariage actuellement en vigueur qui exige des victimes de violence domestique qu'elles fournissent des preuves de maltraitances physiques subies sur une longue durée, ce que l'organisation considère comme une exigence d'un niveau tout à fait exagéré.
Les agents de police soumettent de façon tout à fait révélatrice les femmes soupçonnées d'être des travailleuses du sexe à des « parades de la honte », en violation totale de leurs droits en matière de protection de la vie privée et d'application régulière de la loi. Les critiques publiques de ces pratiques ont été plus virulentes que jamais suite à un incident largement diffusé en juin 2010, au cours duquel la police avait contraint deux femmes suspectées d'être des travailleuses du sexe à marcher attachées et pieds nus dans les rues de Dongguan. Le 27 juillet 2010, les médias de l'État ont annoncé une interdiction officielle de cette pratique, bien que l'on ne sache pas quand elle sera mise en application.
Santé
Le gouvernement chinois a fait une pas en 2010 dans le sens de protéger les droits des personnes pour ce qui concerne le sida. Le 27 avril 2010 il a levé l'interdiction vieille de 20 ans concernant l'entrée des visiteurs séropositifs étrangers. En outre, le 30 août 2010, un tribunal de la province d'Anhui a accepté d'être le lieu du tout premier procès ayant lieu en Chine en matière de discrimination pour un emploi, au motif de séropositivité. En novembre, le tribunal de province a statué à l'encontre du défendeur.
Cependant les activistes du sida et les organisations non gouvernementales qui se battent pour cette cause étaient toujours en butte au harcèlement de la part du gouvernement. En mai 2010 Wan Yanhai, le principal activiste du sida en Chine s'est enfui aux États-Unis, en indiquant que son ONG, l'Institut d'Aizhixin, avait été l'objet de harcèlements officiels. Le 16 août2010 la police de la province de Henan a emprisonné Tian Xi, un vétéran du combat pour les droits des personnes atteintes du sida qui se battait pour obtenir des indemnités de la part de l'État pour les victimes du scandale de la contamination du sang, au motif d'avoir « intentionnellement endommagé des biens », suite à une altercation mineure dans un hôpital. Tian risque jusqu'à trois ans de prison.
Les représentants du gouvernement et les agents de la sécurité continuent d'incarcérer des personnes soupçonnées d'usage de drogue illicites sans procès préalable ni surveillance judiciaire dans les centres pour détention de drogue, pour des durées pouvant aller jusqu'à six années, en vertu de la Loi chinoise de 2008 en matière de lutte contre la Drogue. Les détenus dans les centres pour détention de drogue subissent des actes largement répandus attestant du non respect des droits humains, comme la détention arbitraire, les travaux forcés, des actes de violence physique, et le refus de soins médicaux, parmi lesquels le traitement contre la dépendance justifiée aux drogues et le traitement contre le sida.
La croissance économique rapide de la Chine a entraîné une pollution industrielle très importante. Le gouvernement ne s'attaque pas aux répercussions sur la santé publique provenant de cette dégradation majeure de l'environnement. Le plomb a empoisonné des dizaines de milliers d'enfants chinois, dont beaucoup souffrent de ce fait d'incapacités physiques et mentales permanentes. En dépit de lois chinoises et internationales qui sont censées protéger les gens contre les environnements pollués et dangereux, un rapport de Human Rights Watch qui doit être publié l'année prochaine montre que les gouvernements locaux à travers la Chine ont préféré masquer le problème, en refusant l'entrée des hôpitaux aux enfants, en refusant de leur faire passer des examens de détection du plomb, et en retenant ou en falsifiant les résultats des examens.
Liberté de religion
En dépit de la garantie constitutionnelle en matière de liberté de religion, le gouvernement chinois restreint l'expression spirituelle aux seuls églises, mosquées, monastères et temples officiellement déclarés. Les nominations de personnels religieux nécessitent l'approbation du gouvernement. Les publications religieuses et les demandes de séminaires subissent l'examen du gouvernement. Le gouvernement soumet les employés, les registres financiers des membres et les activités des institutions religieuses à des contrôles périodiques. Il considère comme illégales les organisations religieuses non déclarées, comme les « temples » protestants, dont les membres risquent des amendes et l'engagement d'une poursuite pénale. Certains groupes, comme le Falun Gong, sont considérés comme des « cultes du diable » et leurs disciples sont soumis à des actes de harcèlement et d'intimidation officiels.
Des responsables de la police et du gouvernement ont organisé une descente lors d'une session de formation sur le droit et la théologie, organisée par une église chrétienne dans le comté de Fangcheng, province de Henan, le 11mars 2010, et ont provisoirement emprisonné trois des participants à la session. Le 9 mai 2010, des agents de police de Guangzhou ont fait irruption en plein milieu d'un service religieux organisé à l'extérieur de l'église, dans un parc local, et ensuite ont provisoirement emprisonné le responsable de l'église pour l'interroger. Le 10 octobre 2010, les responsables du service de l'immigration de l'aéroport international de Pékin ont empêché cinq responsables du temple protestant d'embarquer sur des avions à destination d'une conférence évangélique internationale en Afrique du Sud.
Tibet
La Région Autonome du Tibet et les régions autonomes de Qinghai, Sichuan, Gansu, et de la province de Yunnan, voisines du Tibet, continuent de connaître des tensions. Le gouvernement chinois n'a montré aucun signe allant dans le sens de répondre aux aspirations du peuple tibétain, qui sont de pouvoir accéder à une plus grande autonomie, même dans les moindres limites de la loi nationale en matière d'autonomie appliquée dans les régions où vivent des minorités ethniques. Il n'y a pas eu d'arrestations massives en 2010 du type de celles qui ont suivi les manifestations du printemps 2008, mais le gouvernement continue d'exercer une forte présence sécuritaire sur tout le plateau tibétain, et de restreindre de façon sévère l'accès depuis l'extérieur vers la plupart des régions tibétaines.
Les tibétains soupçonnés d'une attitude critique envers les mesures politiques, religieuses, culturelles ou économiques de l'État font l'objet de persécutions. En juin la condamnation à 15 années de prison de Karma Sandrup, négociant d'art éminent et philanthrope en matière environnementale, accusé sans preuve de « vols de tombeau », a été une entorse au souhait précédemment affiché par le gouvernement d'accueillir les élites tibétaines couronnées de succès sur le plan économique qui s'abstenaient de tous travaux politiques. De multiples violations à l'application régulière de la loi ont été la cause de l'échec du procès, comprenant la suppression des preuves attestant des tortures que le suspect et les témoins avaient subis.
En juillet 2010 le gouvernement a rejeté les conclusions d'un rapport détaillé de Human Rights Watch, qui faisait état du fait que la Chine n'avait pas respecté les lois internationales dans sa manière de traiter les manifestations de 2008. Le rapport, basé sur des témoignages de témoins oculaires, présentait de façon détaillée les maltraitances de la part des agents de sécurité pendant et après les manifestations, comme l'usage disproportionné de la force pour tenter de casser ces manifestations, des tirs sur des manifestants non armés, des arrestations arbitraires à grande échelle, des brutalités subies par les détenus et des tortures infligées aux suspects lors de la détention. Le gouvernement a accusé Human Rights Watch d'avoir « créé de toutes pièces des preuves visant à exciter les forces anti-chinoises, à tromper les gens et à diffamer le gouvernement chinois », mais n'a pas répondu aux graves allégations du rapport.
Xinjiang
Les émeutes d'Urumqi de juillet 2009 - l'épisode le plus meurtrier des troubles ethniques dans l'histoire récente de la Chine - a continué à jeter le discrédit sur les avancées faites par la Région Autonome Ouïghour de Xinjiang. Le gouvernement n'a pas donné d'explications pour les centaines de personnes détenues après les émeutes, ni enquêté au sujet des graves allégations de tortures et les mauvais traitements subis par les détenus, qui sont apparues dans les témoignages de réfugiés et de parents vivant à l'extérieur de la Chine. Les quelques procès rendus publics faits à des personnes soupçonnées d'être des émeutiers ont été gâchés par les restrictions en matière de représentation juridique, par une politisation manifeste du pouvoir judiciaire, par la non notification au public des procès et par la non tenue de véritables procès publics, ainsi que le prévoit la législation.
L'année 2010 a été marquée par la persistance d'une discrimination ethnique omniprésente à l'encontre des Ouïghours et d'autres minorités ethniques, ainsi que de fortes restrictions appliquées à leur expression religieuse et culturelle et des arrestations motivées par l'appartenance politique, sous couvert de lutte en matière de contre-terrorisme et de lutte contre le séparatisme.
En avril Pékin a mis en place un nouveau chef pour la région autonome de Zhang Chunxian, afin que ce dernier engage un remaniement économique ambitieux. En mai la première Conférence Nationale sur le Travail à Xinjiang a révélé de nombreuses mesures susceptibles de transformer rapidement la région et d'en faire un pôle économique mais risquant également d'aggraver la marginalisation des minorités ethniques et d'accélérer la migration du groupe ethnique chinois Han dans cette région.
D'ici la fin de 2011, 80 pour cent des quartiers traditionnels de la vieille ville ouïghour de Kashgar auront été rasés. De nombreux habitants ouïghours ont été expulsés par la force et relogés, pour laisser la place à une nouvelle ville susceptible d'être dominée par la population Han.
Acteurs internationaux clés
En 2010 le gouvernement chinois a continué de bafouer diverses normes internationales en se souciant peu des réactions de la communauté mondiale. À la fin décembre 2009 le gouvernement a exercé une forte pression sur le Cambodge afin que ce pays renvoie par la force 20 demandeurs d'asile ouïghours en Chine, en dépit du fait avéré que de nombreux Ouïghours détenus en Chine avaient été torturés dans le passé, et en dépit d'une vive opposition de la part des États-Unis et de bien d'autres pays. Quelques mois plus tard, lorsque les États-Unis ont suspendu une livraison de camions pour punir le Cambodge pour avoir violé la Convention de 1951 pour la Protection des Réfugiés, la Chine a assuré à ce pays une livraison du même ordre dans les semaines qui ont suivi.
Le gouvernement chinois a continué également de faire obstruction aux efforts internationaux de défense des droits humains en prenant des mesures pour faire avorter l'élan international croissant visant à obtenir une commission d'enquête sur les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité en Birmanie. La délégation chinoise des Nations Unies s'est également opposée à la publication d'un rapport des Nations Unies apportant des preuves sur l'utilisation d'armes chinoises au Darfour, en violation de l'embargo sur les armes dans cette région. Le gouvernement chinois n'a pas encore délivré d'invitations au Haut Commissaire des Nations Unies ni à une demi-douzaine d'autres rapporteurs spéciaux qui sollicitaient ces autorisations suite aux manifestations violemment réprimées au Tibet et au Xinjiang.
Bien que plus d'une dizaine de pays continuent de poursuivre le dialogue avec le gouvernement chinois au sujet des droits humains, ces discussions ne se déroulent pas dans la transparence et ont produit peu de résultats significatifs en 2010. Alors que la plupart de ces gouvernements ont offert un soutien très marqué au choix de Liu Xiaobo en tant que lauréat du prix Nobel de la Paix, par le Comité du prix Nobel, beaucoup d'entre eux n'ont pas saisi d'autres occasions, comme des visites faites par des personnalités marquantes en Chine ou la rencontre de hauts responsables chinois dans le but de parler diverses inquiétudes en matière de protection des droits humains.