Skip to main content

Myanmar : La junte bloque l'aide vitale aux communautés touchées par le cyclone

Les restrictions à l'aide humanitaire, aux approvisionnements et aux déplacements menacent des millions de personnes

Un homme marchait parmi des débris de foyers détruits la veille par le cyclone Mocha dans le canton de Sittwe (État de Rakhine) au Myanmar, le 16 mai 2023. © 2023 AP Images

(Bangkok, le 20 juin 2023) – L'obstruction croissante de l'aide humanitaire par la junte du Myanmar au cours du mois qui a suivi le cyclone Mocha a mis des milliers de vies en danger immédiat et a accru les risques pour des millions de personnes, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. Depuis que le cyclone a touché terre le 14 mai 2023, les autorités de la junte ont refusé d’octroyer des permis de voyage et visas aux travailleurs humanitaires, de permettre la distribution de fournitures urgentes bloquées dans des bureaux de douane et entrepôts, ou d'assouplir les restrictions onéreuses et inutiles entravant l'assistance vitale.

La persistance des dommages causés par le cyclone Mocha, ainsi que les décès et maladies qui en ont résulté, reflètent les précédentes et nouvelles restrictions de la junte sur l'aide humanitaire. Les donateurs, les organismes régionaux et les Nations Unies devraient faire pression sur la junte pour qu'elle lève toutes les restrictions sur l'acheminement de l'aide, sans toutefois abandonner la nécessité d’exiger que les membres de la junte qui sont responsables de violations passées et actuelles des droits humains soient tenus de rendre des comptes.

« Les mesures prises par la junte pour bloquer l'aide ont transformé un événement climatique extrême en une catastrophe d'origine humaine », a déclaré Shayna Bauchner, chercheuse auprès de la division Asie à Human Rights Watch. « Les donateurs devraient faire pression sur la junte pour qu'elle abandonne leur obstruction politiquement motivée, et permette que l’aide désespérément requise puisse atteindre tous les survivants du cyclone. »

Le cyclone Mocha a été l'un des cyclones les plus puissants à avoir jamais frappé la région, avec des vents maximums soutenus de 250 kilomètres par heure laissant une traînée de destruction. L'ONU estime que 7,9 millions de personnes ont été touchées, dont 1,6 million ont besoin d'une aide urgente dans cinq États et régions du Myanmar : Rakhine, Chin, Sagaing, Magway et Kachin. Des centaines de personnes ont été tuées et des centaines de milliers de bâtiments endommagés. Les pannes de télécommunication ont retardé la possibilité de contacter les habitants et d’évaluer les besoins, isolant davantage les communautés.

Human Rights Watch a mené des entretiens avec des travailleurs humanitaires et des personnes dans les communautés touchées, qui ont décrit comment l'insuffisance de la stratégie de secours de la junte était délibérée. Les travailleurs humanitaires, qui ont demandé que leurs noms ne soient pas divulgués par crainte de représailles de la part de la junte, ont indiqué à Human Rights Watch que depuis le passage du cyclone, les restrictions d'accès imposées par la junte ont entravé la capacité de leurs agences à mener des évaluations des besoins, à distribuer des fournitures de secours et à apporter des soins médicaux d'urgence. De nombreux travailleurs humanitaires, militants locaux et villageois ont exprimé leur avis que la junte cherchait à utiliser la réponse au cyclone pour légitimer et renforcer son contrôle.

L'ingérence de la junte dans les opérations de secours bafoue plusieurs précédents appels internationaux en faveur d’aide humanitaire, notamment le consensus en cinq points de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE) et la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU de décembre 2022, qui exhortait la junte à « garantir un accès humanitaire complet, sûr et sans entrave » aux personnes dans le besoin. Les graves violations par la junte du droit international des droits humains et du droit international humanitaire se sont multipliées depuis la résolution de l’ONU de décembre.

Le Conseil de sécurité de l’ONU devrait adopter d’urgence une nouvelle résolution instituant un embargo mondial sur la vente d’armes à la junte, saisissant la Cour pénale internationale de la situation au Myanmar, et imposant des sanctions aux dirigeants de la junte ainsi qu’aux entreprises appartenant à l'armée.

Communiqué complet en anglais : en ligne ici.

………

Your tax deductible gift can help stop human rights violations and save lives around the world.

Région/Pays