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En Guinée, le procès du massacre du stade avance après une évasion

Des témoins de l’attaque de 2009 au stade de Conakry ont été appelés à la barre

Des membres des forces de sécurité guinéennes surveillaient les environs à Conakry, en Guinée, le 28 septembre 2022, avant l’ouverture du procès de 11 hommes accusés d'être responsables du massacre de manifestants pro-démocratie et de viols dans un stade de cette ville en 2009. © 2022 Souleymane Camara/Reuters

Au cours du dernier mois en Guinée, le procès historique dans l’affaire de l’horrible massacre de 2009 dans un stade est entré dans une nouvelle phase alors que sept témoins, dont d’anciens responsables gouvernementaux de haut rang, étaient appelés à la barre. Les juges ont déjà entendu les dépositions de chacun des 11 accusés, dont l’ancien président guinéen Moussa Dadis Camara, et de plus de 100 victimes, y compris des victimes de violences sexuelles.

Ce massacre a été l’un des incidents les plus sanglants dans l’histoire de la Guinée. Les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des manifestants pacifiques dans un stade de la capitale, Conakry, le 28 septembre 2009. Plus de 150 personnes ont été tuées et des dizaines de femmes ont subi des violences sexuelles particulièrement brutales. Par la suite, les forces de sécurité se sont livrées à une tentative organisée d’étouffement de l’affaire et ont transféré les corps des victimes pour les enterrer dans des fosses communes.

L’ancien chef d’état-major général des armées, le chef d’état-major de la gendarmerie, le directeur général de la police et l’ancien ministre conseiller à la présidence sont parmi les témoins. Certains ont évoqué des ordres reçus par des responsables la veille du massacre ou ont offert des informations selon lesquelles des responsables ont envoyé des véhicules militaires après l’attaque afin de transporter hors du stade les corps des manifestants tués. Au total, plus de 40 témoins doivent déposer.

Ce récent progrès du procès fait suite à un incident sans précédent. Le 4 novembre, quatre des accusés de très haut rang, dont l’ancien président Dadis Camara, ont quitté leur centre de détention sous escorte de forces armées. Il y a des informations contradictoires sur le point de savoir s’il s’est agi d’une évasion ou d’un enlèvement. Trois des quatre accusés ont été repris le même jour. Le quatrième, Claude Pivi, ministre du gouvernement lors du massacre, demeure en fuite.

Des victimes, qui avaient témoigné à la barre lors du procès, ont exprimé publiquement leur inquiétude pour leur sécurité pendant que les accusés étaient en liberté et la sécurité à la prison constitue évidemment un important défi. Selon le suivi du procès organisé par Human Rights Watch et les médias, les avocats qui sont impliqués dans les procédures ont également fait état de menaces pour leur sécurité.

Les partenaires internationaux de la Guinée, dont l’Union européenne, les États-Unis, le Haut-commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme et l’équipe d’experts de l’ONU sur les violences sexuelles lors des conflits armés, tout comme le Bureau du Procureur de la Cour pénale internationale, devraient dialoguer avec les autorités guinéennes pour s’assurer que les récents défis, en particulier ceux qui concernent la sécurité des victimes, des avocats et des accusés, soient surmontés. La justice est vitale pour les victimes et leurs familles, qui méritent de voir les auteurs du massacre rendre des comptes. En outre, un procès efficace peut contribuer à inspirer la tenue en interne d’autres procès pour des atrocités, où que ces crimes aient été commis.

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