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Pour lutter contre la haine envers les juifs et les musulmans, les gouvernements de l'UE ont besoin de meilleures statistiques

Une réponse globale à l'antisémitisme et à la haine antimusulmane est nécessaire dans le contexte des hostilités israélo-palestiniennes

Une affiche sur laquelle on peut lire "Antisémitisme, islamophobie, racisme, pas en notre nom" lors d'un rassemblement dénonçant l'antisémitisme place de la République à Paris, le 18 février 2019. © 2023 Francois Mori/AP Photo

Un parlementaire musulman de Berlin a reçu des tracts haineux accompagnés de morceaux de verre et d'excréments. Une femme juive a été poignardée à Lyon, en France. D'autres incidents de ce type ont été signalés dans toute l'Europe.

 

La montée de l'antisémitisme et de la haine antimusulmane en Europe, dans le contexte des récentes hostilités en Israël-Palestine, suscite de vives inquiétudes. Pourtant, la réponse des gouvernements de l'UE a été partielle et inefficace, en partie parce qu'ils ne disposent pas de données adéquates en matière de discrimination ni de stratégies de protection qui tiennent compte des expériences quotidiennes de discrimination auxquelles sont confrontées les personnes juives et musulmanes.

Les principaux États membres de l'UE, tels que la France et l'Allemagne, compte tenu de leur taille, de leur histoire et des importantes populations musulmanes et juives qui y vivent, collectent des données fournies par la police sur les crimes de haine, y compris les délits antisémites et antimusulmans. Toutefois, ces données dépendent de la confiance des victimes et de leur capacité à savoir où et comment les signaler. Par conséquent, de nombreux crimes de haine ne sont pas signalés. En outre, les autorités doivent reconnaître et enregistrer ces actes comme antisémites ou antimusulmans.

Des données correctes sur les crimes de haine permettent d'informer les gouvernements de la nécessité de protéger les victimes confrontées à des discriminations. La prévention de tels crimes nécessite toutefois de se concentrer sur le contexte dans lequel ils sont commis, car les infractions antisémites et antimusulmanes ne se produisent pas hors de tout contexte. Les gouvernements devraient mettre en place des politiques visant à prévenir ces crimes odieux et à améliorer l'accès à la justice pour protéger les personnes musulmanes et juives.

Le plan d'action de l’UE contre le racisme (2020-2025), conçu pour lutter de manière structurelle contre le racisme au sein de l'Union européenne, et la stratégie européenne de lutte contre l'antisémitisme et pour la promotion de la vie juive invitent les États membres de l'UE à collecter des données ventilées sur l'égalité en fonction de la race, de l'origine nationale ou ethnique, du genre, de l'âge, du statut migratoire et d'autres facteurs nécessaires pour rendre visibles les expériences vécues par les victimes du racisme, y compris les personnes musulmanes, et de l'antisémitisme. Ces données aideraient les gouvernements à élaborer des politiques d'égalité et de non-discrimination fondées sur des données probantes et à contrôler leur mise en œuvre.

Pourtant, ni la France ni l'Allemagne ne collectent de données sur l'égalité au-delà des données relatives aux antécédents migratoires des individus. Si les enquêtes exhaustives, le suivi et les rapports menés par les instituts nationaux et les organismes régionaux de défense des droits sont indispensables, ils ne peuvent se substituer à l'incapacité des gouvernements à adopter des stratégies solides pour lutter contre les préjudices subis par les personnes musulmanes et juives, y compris la collecte de données relatives à l'égalité.

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