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Les attaques turques aggravent la crise de l'eau dans le nord-est de la Syrie

Le Brief du Jour du 26 octobre 2023

Des habitants de la ville d'Al-Hasakeh, dans le nord-est de la Syrie, se rassemblaient autour d'un réservoir d'eau communal pour remplir des bidons et des seaux, le 8 mai 2023. Cette ville est affectée par une pénurie d’eau due essentiellement au conflit entre les autorités locales kurdes et les forces turques. © 2023 Human Rights Watch

L'eau du camion « était jaune et semblait sale » a expliqué un habitant de la ville d'al-Hasakeh, en Syrie.  

Mais quel autre choix avaient-ils ? Les populations ont besoin d'eau pour boire, cuisiner, s'occuper de l'hygiène et de l'assainissement. 

La station d'eau qui approvisionnait la région est tombée sous le contrôle de la Turquie à la suite de l'incursion militaire de 2019 dans le nord-est de la Syrie. Depuis, les habitants des zones tenues par les Kurdes ont connu de longues périodes d’interruptions de l'approvisionnement en eau.  

Les habitants d'al-Hasakeh et d'autres villes et villages sont contraints de s'approvisionner en eau auprès de camions privés non réglementés, ce qui est coûteux, en plus d’être souvent de mauvaise qualité et non testé. La dégradation des normes sanitaires a entraîné des épidémies de maladies d'origine hydrique, dont le choléra l'année dernière. 

Le conflit est au cœur du problème de l'eau. La Turquie, qui contrôle la station d'épuration, ne l'a pas fait fonctionner à pleine capacité et l'Administration autonome du Nord et de l'Est de la Syrie, dirigée par les Kurdes, a refusé de fournir l'électricité nécessaire à l'alimentation de la station. 

La situation s'est considérablement détériorée ce mois-ci après des frappes de drones menées par les forces armées turques dans les zones contrôlées par les Kurdes. Celles-ci ont endommagé des infrastructures essentielles et entraîné de nouvelles coupures d'eau et d'électricité pour des millions de personnes. 

Les frappes ont touché plus de 150 positions dans le nord et l'est de la Syrie, dans les gouvernorats d'al-Hasakeh, de Raqqa et d'Alep. Elles ont tué des dizaines de personnes, dont des civils, et auraient également endommagé des structures civiles.  

L'Administration autonome dirigée par les Kurdes a confirmé que les attaques visant les stations d'eau et d'électricité avaient entraîné une « coupure totale de l'approvisionnement en eau et en électricité » dans le gouvernorat d'al-Hasakeh. Des installations pétrolières essentielles et la seule usine de gaz à usage domestique opérationnelle dans le nord-est de la Syrie ont également été endommagées par les attaques de la Turquie.  

Tout cela ne fait qu'aggraver la crise de l'eau pour les habitants d'al-Hasakeh.  

Ce n’est pas la première fois que la Turquie semble cibler intentionnellement des infrastructures civiles et aggraver la crise humanitaire dans la région par des frappes de drone. 

Et encore une fois, ce sont les habitants des villes comme al-Hasakeh, contraint d’acheter de l’eau jaune sale à un camion non réglementé, qui subissent de plein fouet les bombardements et les destructions de la Turquie. 

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