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(New York, le 22 octobre, 2004) – La destruction récente d’une chapelle mennonite dans la région de Kontum au Viêtnam, souligne l’intensification d’une campagne contre la liberté de religion dans le pays, a dit Human Rights Watch aujourd’hui. Une nouvelle loi attendue pour novembre, interdit les activités religieuses jugées comme une menace pour la sécurité nationale, l’ordre public ou l’unité nationale.

Les récentes attaques contre les Mennonites, un groupe protestant n’étant pas reconnu par le gouvernement, ont été effectué sous un arri¬ère-plan de répression des groupes indépendants religieux, et en particulier des membres de l’Eglise Unifiée Bouddhiste du Viêtnam ainsi que de la minorité ethnique protestante dans les montagnes centrales et du nord. Durant l’année dernière, plusieurs pasteurs furent enfermés et leur lieu de culte fermés, isolés ou mis sous surveillance. Au moins deux prêtres catholiques et un laïque ont été condamnés à de longues peines en prison pour avoir donné des stages et distribué des pamphlets.

Le gouvernement vietnamien interdit les associations religieuses indépendantes et ne permet que les activités religieuses reconnues officiellement par les églises officielles et les organisations dont le comité est contrôlé et approuvé par l’état. L’Eglise Mennonite n’est pas officiellement autorisé par l’état.

« La démolition d’un chapelle mennonite n’est qu’un exemple de la répression religieuse du gouvernement vietnamien, » a dit Brad Adams, le directeur exécutif de la Division Asie de Human Rights Watch. « Que ce soit avec la législation ou la violence, le gouvernement a montré un manque de volonté grandissant à tolérer la pratique religieuse hors de son contrôle. »

Le matin du 24 septembre, plus de 200 officiers, dont des policiers paramilitaires de l’Unité 113, ont attaqué la chapelle et la maison du Pasteur Nguyen Cong Chinh dans la région de Kontum. Le Pasteur Chinh est surveillant des églises mennonites dans les montagnes centrales. C’est la deuxième fois que la chapelle a été détruite cette année. Le 16 janvier, les autorités ont démoli cette même chapelle, qui fait aussi office de demeure au Pasteur Chinh.

Durant l’attaque du 24 septembre, les officiers ont confisqué tous ses biens et animaux de ferme, brûlé la maison et la chapelle, puis ont utilisé deux bulldozers pour terminer le travail. Chinh était en visite pastorale, mais sa femme et ses enfants on été arrêté par les officiers et détenus dans le quartier général du district de Vinh Quang, de 9h30 du matin jusqu’à 16h30 du même jour. Madame Chinh, enceinte de sept mois, a reporté avoir reçu des coups dans le ventre et s’être fait marchée dessus pendant sa détention. Chinh se serait caché après être retourné brièvement peu après l’achèvement de la destruction.

«Il ne reste qu’un sol en ciment de la chapelle mennonite des montagnes du nord» a écrit Pasteur Chinh dans une lettre datée le 25 septembre. «Beaucoup de questions concernant cet acte demandent des réponses des dirigeants Vietnamiens et étrangers – cet acte viole sérieusement tant nos droits de l’Hommes et que notre liberté. »

Un nouvel arrêté sur les croyances et organisations religieuses, approuvé par l’Assemblée Nationale du Viêtnam en juin dernier, est prévu de rentrer en application en novembre. Son premier article, qui cite la constitution vietnamienne, rend des hommages peu sincères à la liberté religieuse, mais le reste de l’arrêté retreint cette liberté et étend les contrôles du gouvernement sur la religion. L’ordonnance interdit aussi des activités religieuses basées sur des standards de sécurité nationale très flous.

L’arrêté, qui s’applique à toute activité religieuse au Viêtnam, oblige tout dirigeant religieux à suivre ce principe d’unité nationale et à éduquer leurs partisans au patriotisme.

«Cet arrêté formalise les limites très strictes déjà imposées sur la pratique religieuse au Viêtnam,» a dit Adams. «Cette législation impose de façon inacceptable les buts politiques du gouvernement sur la pratique religieuse au Viêtnam.»

Fin septembre, des dirigeants d’organisations ecclésiastiques non officielles, dont certaines églises mennonites, ont déposé une pétition au chef de l’Assemblée Nationale et à d’autres officiers de haut rang, adressant leurs inquiétudes sur la nouvelle loi qui promouvra une base légale afin de criminaliser leurs organisations de façon permanente.

«Des milliers de citoyens vietnamiens sont persécutés simplement parce qu’ils veulent pratiquer leur culte hors des restrictions gouvernementales,» a dit Adams. «Le gouvernement n’a pas porté d’accusation crédible que l’église mennonite constitue une menace pour la sécurité nationale – c’est simplement une histoire de contrôle sur la vie publique.»

L’arrière-plan de répression des Mennonites au Viêtnam

Le Comité Centrale des Mennonites, qui est la branche des services sociales de l’église mennonite, était parmi un nombre réduit d’organisations caritatives à continuer de travailler au Viêtnam pendant la période suivant la victoire communiste de 1975 et la réunification du pays peu après. Cependant, des membres de l’église mennonite interdite ont subi une pression accrue du gouvernement durant les dernières années. Le 15 mai, 2004, les autorités ont arrêté le pasteur mennonite Ksor No, à la tête d’une assemblée dans le district de Ia Grai, Gia Lai. La raison de son arrêt reste inconnue; les autorités n’ont présenté à sa famille aucun mandat ni document les informant sur les raisons de son arrêt.

En juin, le Pasteur Nguyen Hong Quang, un leader franc et direct de l’église mennonite à Ho Chi Minh City, a été arrêté après avoir critiqué publiquement le gouvernement sur la détention de quatre Mennonites trois mois plus tôt. Quang, un avocat de formation, qui a défendu les cas des fermiers pour le droit à la terre, a parlé ouvertement contre les arrêts des dissidents religieux et politiques, et a fait connaître la condition des églises chrétiennes minoritaires dans les montagnes centrales. Beaucoup de ces essais critiques ont été disséminés sur Internet en anglais et en vietnamien.

En 2002 et 2003, Human Rights Watch a reçu plusieurs rapports de pillages de maisons de croyants mennonites et de confiscation de bibles à Kontum, effectués par la police. Des officiels ont retenu le permis résidentiel (ho khau en vietnamien) du Pasteur Chinh et d’autres Mennonites, ce qui leur rend difficile l’accès légal à un emploi, au déplacement, à la location ou l’achat d’un domicile. De plus, des vigiles locaux à Kontum auraient battu des ouvriers mennonites et auraient arrangé des «accidents» avec délit de fuite à motocyclette afin d’intimider des membres de l’église et accroître la pression de renoncer leur croyance.

En septembre 2004, le Département d’Etat des Etats-Unis a désigné le Viêtnam comme un «pays à préoccupation» à cause de ce qu’ils appellent «des violations particulièrement sévères contre la liberté religieuse.» L’Union Européenne et le Japon ont aussi exprimé leurs inquiétudes sur la répression des droits religieux et politiques au Viêtnam. En octobre, plus de 100 membres du Parlement Européen ont appelé l’UE et la CE à souligner la situation des droits de l’Homme au Vietnam pendant les réunions du Sommet Economique Asie Europe tenu à Hanoi. Pendants ces réunions, le ministre des affaires étrangères hollandais, au nom de l’UE, a appelé à la libération des prisonniers politiques et religieux.

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