La guerre qui éclata en octobre 1996 fut la suite logique des violences de plus en plus sérieuses qui affectèrent l'est du pays et eurent pour cible principale les populations Tutsi du Zaïre. Les Banyarwanda--Tutsi et Hutu zaïrois--forment une des communautés les plus puissantes et riches du Nord et du Sud-Kivu. Dans certaines régions du Nord-Kivu, on estime qu'ils représentent près de 80% de la population. Les lois relatives à la nationalité votées en 1972 et 1981 accordèrent et ensuite retirèrent la nationalité zaïroise à tous les individus d'origine ruandaise vivant au Zaïre. (26) Cette discrimination ethnique empêcha les zaïrois d'origine ruandaise de voter lors des élections locales des années 1980 et d'être représentés au sein de la Conférence Nationale Souveraine. En mars 1993, des zaïrois de diverses origines ethniques attaquèrent les Banyarwanda du Nord-Kivu. En quelques semaines, les violences provoquèrent la mort de près de 7.000 d'entre eux et l'on estime à 300.000 le nombre de personnes ayant été forcées de fuir. (27) Dans le Sud-Kivu, les officiels lancèrent une campagne d'intimidation à l'encontre des Banyamulenge--les Tutsi du Zaire--qui fut soutenue par le Parlement de Transition depuis Kinshasa. Le 28 avril 1995, le parlement adoptait une série de résolutions grandiloquentes destinées à assimiler tous les zaïrois d'origine ruandaise, y compris les Banyamulenge, à des réfugiés et, par conséquent, à leur réserver le même traitement. Les résolutions suggéraient que les Banyamulenge avaient acquis la nationalité zaïroise de manière frauduleuse et appelaient à leur expulsion, à l'annulation des contrats de propriété et à l'interdiction de leurs associations. Peu de temps après, le commissaire de zone d'Uvira ordonna que soient inventoriés l'ensemble des terrains appartenant aux Banyamulenge. (28) Il semble aujourd'hui que les Banyamulenge s'étaient mis à réunir des armes depuis le début des violences en 1993, et qu'ils prirent l'initiative lorsque la mise en oeuvre de ces mesures fut imminente. Pour sa part, le gouvernement zaïrois affirma sans relâche que la guerre était une guerre d'agression lancée à partir de l'Ouganda et du Ruanda. Il lui arriva également d'accuser le Burundi. La France et les Etats-Unis accusèrent publiquement les pays voisins du Zaïre de soutenir les rebelles, sans jamais cependant aller jusqu'à parler de guerre d'agression. Les rebelles se rendirent maître d'Uvira, ville d'importance moyenne, le 24 octobre 1996. Une semaine plus tard, ils réservaient le même sort à Bukavu, la capitale de la région du Sud-Kivu. Goma, la principale ville de l'est, tomba entre leurs mains le premier novembre. Le 14 novembre, ils bombardaient Mugunga, le plus grand camp de réfugiés de l'est du pays. Environ 600.000 réfugiés terrorisés quittèrent le camp et repartirent vers le Ruanda, alors que 300.000 autres personnes s'enfonçaient elles dans l'intérieur du pays. Parmi celles-ci se trouvaient des milliers d'anciens membres de l'armée ruandaise, à forte majorité Hutu, et des milices responsables du génocide Tutsi de 1994. Face à la succession de succès militaires des troupes rebelles et à leur avancée rapide tout au long du dernier trimestre 1996 et pendant les premiers mois de 1997, les forces armées zaïroises préférèrent la fuite au combat. Cependant, ils n'hésitèrent pas à reporter leur colère sur les populations locales, avant de fuir--souvent dans des véhicules volés aux organisations humanitaires--en emportant le résultat de leurs pillages. A la fin du mois de mars 1997, moins de six mois après le début de la confrontation, les rebelles avaient capturé environ un tiers du pays et, notamment, Kisangani, la troisième ville du pays. Au fur et à mesure de leur avancée, ils gagnèrent à leur cause environ 20.000 soldats supplémentaires. Dans le reste du pays, la guerre donna lieu à des vagues de manifestations xénophobes, notamment à la fin de l'année 1996 et au début de 1997. Des attaques furent menées à l'encontre de toute personne suspectée d'être d'origine ruandaise et le nombre d'arrestations arbitraires et d'actes de répression augmenta dans l'ensemble du pays. Un nombre significatif de personnes d'origine ruandaise fut forcé, par le gouvernement et la pression populaire, de s'enfuir. A Kinshasa, plusieurs figures de l'opposition furent arrêtées en partie à cause de leur origine ethnique. Trois militants des droits de l'homme furent eux aussi arrêtés parce qu'ils cherchaient à vérifier les conditions de détention des prisonniers de guerre. (29) Des arrestations du même type, ainsi que des attaques menées par des foules en colère, eurent lieu également au Shaba, juste au sud de la zone des combats. En quelques mois, la guerre força à fuir des centaines de milliers de réfugiés zaïrois et ruandais, les plaçant hors d'atteinte des organisations humanitaires. Elle marqua également la fin de la non-violence qui avait jusqu'alors caractérisé le processus de transition et menaça d'accélérer la désintégration du pays en une multitude de petits fiefs contrôlés par des chefs de guerre et des milices. Il est à noter que malgré l'absence de structures gouvernementales efficaces et l'impact négatif des déprédations systématiques dues à l'armée, sans parler des actes de pure violence commis à l'aveuglette par les soldats, le pays avait dans le passé été relativement épargné par la violence armée organisée. (30) Ce fait est d'autant plus
surprenant que se procurer des armes dans cette région du monde n'a jamais posé de difficultés insurmontables et également
lorsque l'on sait que des mouvements de guérilla ont existé dans au moins cinq des neuf voisins immédiats du Zaïre. On sait
aujourd'hui que des informations faisant état de l'armement des Banyamulenge n'avaient pas été prises au sérieux, entre
autres raisons à cause de ce phénomène. (31)
Le gouvernement zaïrois et les forces rebelles utilisèrent tous deux des milices ethniques pour se faire la guerre. Le gouvernement recruta des ruandais, presque exclusivement d'origine Hutu et provenant dans leur majorité des anciennes Forces Armées Ruandaise (FAR), ainsi que des milices Hutu formées dans les camps de réfugiés de la frontière. Il mobilisa également des Bembe du Sud-Kivu, connus sous le nom de Combattants, qui avaient au départ rejoint les troupes du chef des rebelles Laurent Kabila. Certains membres d'organisations humanitaires qui se rendirent dans la ville portuaire de Kalemie (Nord Shaba), avant sa prise par les rebelles au début du mois de février, racontèrent que des bateaux appartenant au gouvernement étaient utilisés de manière systématique pour fournir des armes aux Combattants. Les rebelles, eux, se basèrent sur une coalition de milices ethniques comprenant les Banyamulenge (Tutsi zaïrois), les Mai-Mai (principalement Nande) et les Ngalima (Hunde et Nyanga), qui se greffèrent sur un corps de combattants A.F.D.L. d'origines ethniques diverses. Les flux d'armes d'importance croissante et la poursuite de la guerre donnèrent ensuite lieu à la création de nouvelles milices. Parmi les nombreux traits particuliers de ce conflit, notons également le rôle spécifique joué par les forces étrangères. La présence étrangère la plus visible a été celles des mercenaires recrutés par le gouvernement zaïrois. Parmi ceux-ci, le contingent le plus important et le plus remarqué, celui des combattants serbes, est également celui qui a professé le moins d'intérêt pour les droits de l'homme et les normes humanitaires. La presse occidentale et des groupes locaux de défense des droits de l'homme ont détaillé dans divers rapports les atrocités commises par ces forces, en conjonction avec les troupes zaïroises, et qui incluent la torture et l'exécution sommaire de civils suspectés de soutenir les rebelles. De plus, le Général Mahele Lieko Bokungo, chef des forces armées zaïroises à l'époque, déclara en janvier que des mercenaires d'Europe de l'Est pilotaient les hélicoptères de combat Mi24 soviétiques récemment acquis par le Zaïre. (32) Divers témoins affirmèrent
également que des mercenaires étaient aux commandes des avions de chasse de fabrication yougoslave qui bombardèrent, à
la mi-février, les villes de Bukavu, Shabunda et Walikale. (33)
Les raids visaient les marchés et les quartiers résidentiels, et firent de nombreuses victimes civiles. Le ministère de la
défense affirma opérer par frappes « chirurgicales » (34)
et n'avoir que des objectifs militaires, mais on sait que dans la seule
ville de Bukavu dix-neuf civils furent tués et plus de cinquante autres, y compris des femmes et des enfants, blessés lorsque
trois avions militaires bombardèrent la ville le 17 février. Un porte-parole du Programme Alimentaire Mondial de l'O.N.U.
raconte que l'attaque eu lieu à quatre heures de l'après-midi; l'agence humanitaire Médecins Sans Frontières précise elle
que plusieurs bombes touchèrent le marché. (35)
Une déclaration conjointe émise le 20 février à Bukavu par les organisations
locales de défense des droits de l'homme affirmait que des bombes étaient également tombées sur les quartiers résidentiels
très peuplés du centre de la ville. (36)
Des milliers de résidents paniqués quittèrent la ville après le raid aérien Celui-ci sembla
donc avoir atteint son objectif, qui consistait à démoraliser les civils dans les zones rebelles, à un moment où le soutien de
la population aux insurgés ne cessait d'augmenter. Une déclaration du ministère de la défense avait demandé aux civils de
quitter les centres contrôlés par les rebelles. L'attaque de Shabunda provoqua la mort de huit personnes et blessa de
nombreux autres civils. (37)
Des enquêtes réalisées par Human Rights Watch/Afrique, ainsi que divers rapports indépendants provenant de groupes locaux et internationaux de défense des droits de l'homme, d'agences de presse internationales et d'organisations d'aide dénoncent tous les nombreuses violations des règles à respecter en temps de guerre commises tant par les forces gouvernementales, ses milices et ses mercenaires que par les forces d'opposition armée. Human Rights Watch/Afrique et la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l'Homme (F.I.D.H.), dans un rapport conjoint publié en mars 1997, exposaient certaines de ces violations et demandaient au gouvernement zaïrois et à l'A.F.D.L. d'enquêter et de poursuivre en justice les individus s'étant rendus coupables d'attaques délibérées à l'encontre de civils, d'assassinats de prisonniers et d'autres actes de nature similaire. (43) Le rapport demandait également à la communauté internationale d'insister pour qu'une enquête indépendante et détaillée soit réalisée, afin d'examiner les assassinats délibérés de civils et d'autres cas de violation du droit humanitaire international. Entre autres éléments abordés dans ce document, citons les attaques organisées de manière systématique contre les Banyamulenge, avant que le conflit n'éclate, les abus répétés commis par les forces gouvernementales zaïroises, en collaboration avec les Interahamwe et les anciennes forces gouvernementales ruandaises, le peu de cas fait de la protection des civils dans le chef de l'A.F.D.L., ses attaques contre des camps de réfugiés situés près de la frontière et, enfin, le refus de toutes les parties d'accorder aux initiatives humanitaires tout accès aux populations. Ces points font l'objet d'une présentation plus complète dans les pages qui suivent. Attaques des Forces Armées Zaïroises (F.A.Z.) et des milices contre les Banyamulenge Au début du mois de septembre 1996, les autorités locales zaïroises de la province du Sud-Kivu donnèrent aux Banyamulenge sept jours pour quitter le pays. (44) Des milices Bembe, soutenues par des soldats de l'armée zaïroise, commencèrent à attaquer, tuer et piller les villages Banyamulenge, et forcèrent les survivants à fuir. Une femme chassée de la zone d'Uvira témoigne: Mon mari est resté à Uvira. Je ne sais pas s'il est encore en vie. Les soldats zaïrois sont venus à la maison pour le prendre,
et ils l'ont emmené avec eux. Quand les soldats zaïrois sont venus, ils nous ont violées, même une fillette de dix ans. Les
autres filles étaient ligotées, même les enfants d'un an ou de moins d'un an étaient ligotés. Beaucoup de femmes étaient
menacées et certaines d'entre elles étaient presque mortes. (45)
Nous sommes arrivés à Mbogo, il était à peu près 4 heures de l'après-midi. Sous leurs ordres, nous avons descendu la pente.
Nous avons passé la nuit au bord de la rivière [Ruzizi]. Il était minuit, et ils sont venus prendre tous les hommes, et les
femmes étaient mises à part avec deux jeunes garçons. [. . .] Ils ont amené les hommes sur la rivière et ils ont rempli une
pirogue, et loin du bord ils les ont poussés dans l'eau. Ils ont pris tous les jeunes garçons, rempli à nouveau la pirogue, et
sont allés les noyer. (46)
Avant de nous jeter dans l'eau, ils liaient nos bras sur nos dos, nos jambes liées aussi, nos bouches et nos yeux couverts.
Pour nous tuer, nous tous, ils nous mirent dans un camion. Ils ont alors conduit le camion dans l'eau à un endroit plat [. . .]
et le camion nous a déchargé comme du sable. Nous fûmes versés directement dans l'eau. Nous étions trente-sept. (47)
Les soldats zaïrois, lors de leurs attaques contre les Banyamulenge, coopéraient avec l'ancienne milice Hutu du gouvernement ruandais, l'Interahamwe, qui permit à des troupes de l'ancienne armée ruandaise de semer la terreur dans les camps de réfugiés du Zaïre, avant leur démantèlement. Nyirantore faisait partie d'un groupe de femmes de la zone de Fizi qui assistèrent à la noyade de leurs maris dans le lac Tanganyka. Les femmes furent mises dans un bateau et conduites au Ruanda. Après avoir parcouru une certaine distance, elles furent débarquées sur le rivage et emprisonnées dans une maison où, peu après, elles furent attaquées par les milices Interahamwe. Selon Nyirantore: J'ai vu de mes propres yeux comment quarante-quatre femmes furent tuées. Les Interahamwe sont venus avec leurs armes.
Ils sont entrés dans la maison et ont commencé à tirer sur nous. Celles qui étaient gravement blessées ont été jetées dans la
rivière. Dans mon cas, j'imagine que Dieu n'avait pas encore décidé que je devais mourir ce jour là. Même si j'étais avec
les autres femmes quand ils sont venus tirer sur nous, trois femmes ont survécu. [. . .] Ils ont tiré sur nous pendant la nuit, et
ils sont partis, et nous avons quitté la maison le matin. (48)
Attaques de l'A.F.D.L. et de ses Alliés Contre les Camps de Réfugiés Dès le début de leur campagne, l'un des premiers objectifs de l'A.F.D.L. et de ses alliés fut de dsiperser les réfugiés, ainsi que les ex-FAR et les membres de milices cachés parmi eux. Etant donné que certains camps de réfugiés étaient gardés par les F.A.Z., l'A.F.D.L. échangea quelques coups de feu avec ces militaires, réussissant souvent à les mettre en déroute. Ils se mirent également à chasser les Interahamwe et les ex-FAR, qui en contrôlant les camps empêchaient les réfugiés de rentrer chez eux. Ceux-ci, une fois « libérés », pouvaient alors rentrer au Ruanda s'ils le souhaitaient. Cependant, les rebelles ne se contentèrent pas d'ouvrir la voie aux Ruandais. Ils se mirent également à utiliser leurs armes pour les contraindre à quitter le Zaïre et à retourner au Ruanda. De telles attaques contre des civils, décrites par des témoins des camps de Mpanzi, Inera, Kahindo, Katale, Mugunga et Sake, sont en totale contradiction avec le Droit Humanitaire International. Beaucoup de témoins affirmèrent avoir vu des personnes se faire tuer ou blesser lors de fusillades gratuites et injustifiées de ce type. Selon d'autres informations, des réfugiés furent également kidnappés par les forces de l'A.F.D.L., alors qu'ils retournaient au Ruanda ou se trouvaient dans des camps de transit ou des colonnes, et envoyés vers des destinations inconnues. On sait aujourd'hui qu'au début de sa campagne au Sud-Kivu, l'A.F.D.L. s'est servi d'armes à feu et même de mortiers, dans certains cas, pour attaquer des camps de réfugiés sans défense. Le sort de Françoise, une jeune ruandaise qui fut séparée de sa mère durant une attaque des rebelles, est représentatif de ce qu'ont subi plusieurs réfugiés. Françoise a raconté comment au mois de novembre elle avait quitté un camp pour, en longeant la rive occidentale du Lac Kivu, en atteindre un autre, alors que les troupes rebelles progressaient: Très tôt le matin, nous avons entendu beaucoup de coups de feu. Nous nous sommes réveillés. Nous avons suivi les autres.
Nous sommes allés à Kamanyola. Quand nous sommes arrivés là, un homme a dit: « Si vous restez ici, les Inkotanyi [c'est-à-dire les soldats ruandais] viendront et vous trouveront ici ». Les autres sont partis et nous avons suivi. Nous avons marché
jusqu'à Inera. A Inera, très tôt le matin, ils ont commencé à lancer les bombes là aussi. C'est là que j'ai perdu ma mère. (52)
Dimanche, ils sont venus nous encourager à rentrer chez nous, à aller à Nkamira. Ils sont venus nous dire qu'il n'y avait
aucun danger ni sur le chemin du retour ni au Ruanda, et qu'il n'y avait rien à manger au camp. . . . Ils nous ont dit que
c'était mieux de retourner, et qu'il ne serait pas nécessaire pour eux de verser le sang. . . . Si nous ne rentrions pas, ils
prendraient cela comme une provocation. (55)
Selon plusieurs témoins, les troupes de l'A.F.D.L. et les milices alliées ont effectivement attaqué des réfugiés qui essayaient de se diriger vers l'intérieur du Zaïre. Narcisse, un réfugié ruandais originaire de Kigali, se trouvait au camp de Katale quand ce dernier fut attaqué à l'arme légère et touché par des tirs de mortier, le samedi 26 octobre. Les soldats zaïrois et les réfugiés résistèrent à l'attaque jusqu'au mardi 29 octobre, jour où ils épuisèrent leurs munitions. Le lendemain, Narcisse dut fuir avec sa famille, se dirigeant, à travers la forêt, vers la ville de Tongo. Le groupe avec lequel il voyageait s'arrêta cependant avant d'arriver à Tongo, lorsqu'il vit les milices alliées de l'A.F.D.L. attaquer les réfugiés qui les précédaient. Il y avait un petit camp de 50 familles. . . . Ils l'ont détruit le jour où je suis arrivé là. J'étais à peu près à dix kilomètres,
mais je pouvais bien le voir, parce que j'étais sur une haute montagne. Ils ont tiré [sur les réfugiés], et donc nous nous
sommes arrêtés là où nous étions. Nous avons assisté à la scène de destruction. C'était le seul groupe qui avait quitté la forêt
pour aller à Tongo. . . Quand ils [les milices] remarquèrent que nous n'allions pas continuer d'avancer, ils sont venus nous
chasser de la forêt. C'est ainsi qu'ils envoyaient des soldats pour détruire les tentes partout où ils les voyaient. (56)
C'était dans la journée, vers 3 heures de l'après-midi. Nous avons entendu des coups de feu, deux tirs loin de nous, et nous
avions peur que ça soit le début d'une opération. Nous avons pris les biens que nous pouvions emporter avec nous, et nous
avons fui. . . . Nous avons laissé un groupe de femmes dans le petit bois, et nous sommes allés récupérer le reste de nos
biens. Nous ne savions pas que les soldats savaient que les femmes étaient restées seules. Quand nous sommes arrivés au
camp où nous étions avant, ils ont commencé à tirer sur nous sérieusement. Un grand nombre de personnes fut blessé au
cours de cette attaque. J'ai couru vers une petite forêt qui était tout près et j'ai essayé de me cacher. Les autres coururent
dans l'autre direction et furent exécutés. Mais entre temps, les soldats ont encerclé le groupe qui était resté dans la forêt
avec les enfants, les ont amenés pour les massacrer, même les bébés. Nous sommes allés à l'endroit où le massacre est
arrivé. Nous avons même trouvé un bébé qui était encore en vie. (57)
Chaque fois que les réfugiés créaient des camps, les autres venaient les détruire. Il y avait un petit camp tout près de
Kibumba où j'ai trouvé beaucoup de cadavres. Les Banyamulenge détruisaient tous les camps pour disperser les réfugiés.
Tous les gens qui sont morts [à Kibumba] avaient été tués par balles. (58)
Le traitement réservé aux réfugiés par l'A.F.D.L., après la dispersion des camps et pendant leur retour au Ruanda, a été
décrit par de nombreux témoins rencontrés près de la frontière. Il semble que beaucoup d'hommes jeunes qui s'étaient
enfoncés à l'intérieur du Zaïre avec le gros de l'Interahamwe et les ex-FAR furent séparés des autres réfugiés par les forces
rebelles ou par des troupes ruandaises opérant avec ces dernières. Le sort de ceux qui furent kidnappés dans les camps ou
les colonnes reste inconnu à ce jour. L'A.F.D.L. a été accusée d'avoir massacré des réfugiés à la fois dans les camps et au
cours de la longue marche qui devait les ramener chez eux. Le New York Times du 12 février 1997 cite des « témoins dignes
de foi » qui affirment qu'à Shabunda, les rebelles séparèrent les hommes d'origine hutu du reste des réfugiés qu'ils étaient
parvenus à encercler et les exécutèrent à la mitrailleuse. (59)
Un porte-parole de l'A.F.D.L. à Genève nia la responsabilité de l'A.F.D.L. dans les massacres. Il déclara que les victimes
des charniers incriminés avaient été tuées par d'autres réfugiés voulant les empêcher de retourner au Ruanda. L'A.F.D.L.,
ajouta-t-il, « coopérera avec l'O.N.U. dans toutes les enquêtes relatives à ces massacres, si tant est que l'amélioration des
conditions de sécurité le permette. » (63)
Même après le début du mouvement de retour en masse des réfugiés vers le Ruanda, les milices Interahamwe et les ex-F.A.R., ainsi que d'anciens officiels du gouvernement continuèrent à user de force, d'intimidation et à diffuser de fausses informations pour décourager les réfugiés de retourner au Ruanda, politique dont l'existence a déjà été démontrée par Human Rights Watch et la F.I.D.H. Cette pratique a déjà été traitée dans un rapport conjoint Human Rights Watch/F.I.D.H. (65) Même après que l'A.F.D.L. et ses alliés aient chassé des milliers de réfugiés vers le Ruanda, des milliers d'autres sont restés sous le contrôle des autorités responsables du génocide. Nubaha, une femme qui se trouvait au camp de Kibumba, dit que les Interahamwe tirèrent sur les réfugiés pour les effrayer et les forcer à fuir avec eux: Vers trois heures de l'après-midi, il allait pleuvoir, et nous avons entendu des coups de feux. Les Interahamwe étaient en
train de s'organiser, disant aux soldats du camp de Kibumba et d'autres camps « Rassemblez vos affaires et venez. »
Ensuite nous les avons vus grimper sur les montagnes et ils ont tiré sur nous. Ce sont eux qui ont tiré sur nous les premiers.
Ils criaient: « Regardez! Les Inkotanyi, ils arrivent! Regardez! » Ils faisaient de nous tout ce qu'ils voulaient. Nous étions
très traumatisés. Les gens les ont cru, et ils ont dit: « Oui, ce sont eux, ce sont eux! » Un jeune Interahamwe m'a dit:
« Rassemble tes affaires! Prends ta marmite et mets tous tes biens ensemble. Ca devient sérieux, on va se battre .» Ils nous
ont dit que ceux qui resteraient allaient être tués. Les Inkotanyi allaient les tuer. (66)
Ils nous ont terrorisés, les anciennes autorités et les milices. Ils venaient dans des bus remplis pour nous effrayer, et nous
disaient que dans ce pays [le Ruanda], on ne faisait rien d'autre que tuer les gens. . . vous savez comment le discours peut
être très très dangereux. . . [Si tu mentionnais que tu voulais rentrer] les milices venaient vers toi précipitamment et
disaient: « Ah! si tu retournes, qu'est-ce que tu vas faire? » Quelques fois les gens étaient battus. (67)
Ils trompent les gens, parce qu'il n'y a personne d'autre pour donner des informations et montrer autre chose. Chaque fois
que quelqu'un leur dit quelque chose de différent, les Interahamwe disent que la personne qui tient ces propos est
dangereuse et veut leur nuire. De cette façon, ce n'était pas facile de connaître la vérité dans les camps. [Cependant] après la
longue marche dans les volcans, tout le monde est devenu lucide. Nous avons découvert que les Interahamwe nous
utilisaient. C'est une honte pour une personne qui est née avec l'intelligence humaine. Ils nous prennent pour des vaches
qu'ils peuvent conduire où ils veulent et comme ils veulent [. . .] et maintenant ils veulent prendre la population comme
prisonnier, comme otage! (68)
Selon le H.C.R. et d'autres organisations d'aide humanitaire, les soldats zaïrois réquisitionnèrent à maintes reprises les avions et camions utilisés pour le transport des vivres, de l'eau et des médicaments destinés aux réfugiés de Tingi-Tingi, Amisi et d'autres camps. Les militaires zaïrois limitèrent la quantité de carburant mise à la disposition du H.C.R. et d'autres organismes, limitant aussi l'usage des véhicules. En outre, les militaires zaïrois bloquèrent périodiquement l'accès à Amisi, Tingi-Tingi et d'autres localités où les réfugiés étaient concentrés. (70) Quand les forces de l'A.F.D.L. prirent le contrôle de l'est du Zaïre, ils stoppèrent les activités des agences humanitaires pendant plusieurs semaines, rendant pratiquement impossible toute aide aux réfugiés qui fuyaient les camps. Attaques à l'Encontre de Civils Zairois Les informations disponibles en matière d'abus envers des civils zaïrois autres que les Banyamulenge, notamment ceux forcés de fuir à cause du conflit, sont relativement limitées mais permettent cependant d'affirmer que des citoyens zaïrois autres que ceux de langue Kinyarwanda ont subi des violences de la part des deux parties au conflit. Un témoin, présent à Bukavu lors de la capture de la ville, raconte avoir vu beaucoup de corps dans les rues de la ville, sans savoir pour autant qui était responsable des tueries. Le 20 octobre, à Goma, les soldats des F.A.Z. tuèrent un certain nombre de civils dans l'enceinte du marché. Après la fin des combats, une organisation non-gouvernementale locale procéda à l'enterrement de plus de 2.700 personnes, en majorité des civils. On ne connaît pas le nombre de personnes délibérément tuées par les rebelles et les milices lors de leur entrée en ville, pas plus d'ailleurs que celui des victimes tombées sous les balles des F.A.Z. et de leurs milices au moment où celles-ci la quittèrent. Selon un rapport de l'AZADHO, le 17 novembre 1996, des ex-FAR et des miliciens de l'Interahamwe attaquèrent un convoi de civils non-armés qui fuyait Goma et ses combats à destination de Kitshanga, et tuèrent plusieurs centaines de personnes. Le 17 février 1997, l'aviation zaïroise bombardait des civils à Goma, tuant au moins six personnes et en blessant vingt autres. Depuis la publication en mars du rapport conjoint Human Rights Watch/Afrique - F.I.D.H. sur le conflit dans l'est, de
nombreux autres témoignages ont confirmé l'existence de multiples abus, commis par les deux parties, à l'encontre de
civils. Un journaliste de Newsweek International rapporta qu'il avait vu les charniers que laissèrent derrière eux notamment
des mercenaires serbes lorsqu'ils durent fuir Kisangani. Des témoins oculaires racontèrent au journaliste et à plusieurs de
ses collègues que les mercenaires, dont le leader se faisait appeler Dominic Yugo, emprisonnaient les hommes suspectés de
sympathie envers les rebelles et exécutaient sans autre forme de procès les personnes ne possédant pas de documents
d'identité. Ils affirmèrent également que Yugo se chargea personnellement de torturer des suspects et tua de sang-froid deux
pasteurs évangéliques, alors qu'ils tenaient leur Bible en main et le suppliaient de les épargner. D'autres personnes dirent
qu'elles l'avaient vu emmener quinze hommes jeunes dans un immeuble, avant que n'éclatent des cris et des bruits de
fusillade. (71)
Début 1997, le ministère zaïrois de la défense organisa une campagne
de conscription destinée à enrôler des jeunes âgés de quinze à dix-huit ans, le but étant de renforcer et d'étoffer les troupes
déjà engagées dans les combats. (73)
En avril, des témoins oculaires affirmèrent avoir vu à Lubumbashi des enfants soldats
angolais--certains âgés de 12 ans seulement--enrôlés de force, être évacués de la ville et placés dans un hôtel local, après
qu'ils eurent déserté la ligne de front. (74)
Des correspondants envoyés dans les zones sous contrôle de l'A.F.D.L.
photographièrent diverses cérémonies militaires d'intronisation de nouvelles recrues, auxquelles on invitait de force de
jeunes garçons. Un des témoins, présent lors d'une des premières cérémonies de ce type, organisée à Goma le six février
1997, parlait de recrues « relativement jeunes » et ajoutait que certaines d'entre elles avaient « moins de quinze ans .» (75)
La rapide succession de succès militaires rebelles, qui s'enchaînèrent dès le premier jour de la rébellion, modifia de manière spectaculaire la configuration du paysage politique zaïrois et altéra sensiblement le calendrier et l'ordre du jour politiques. La capture par l'A.F.D.L., le 15 mars 1997, de Kisangani, troisième ville du pays et point de départ de la contre-offensive militaire du gouvernement, marqua pour de nombreux observateurs le point de non-retour et la fin du programme de transition devant mener à une démocratie pluripartite, après la tenue d'un référendum constitutionnel et d'élections parlementaires et présidentielles. De leur côté, les rebelles, tout au long de leurs six mois de conquête militaire et politique de l'est du pays, ne s'exprimèrent à aucun moment quant au type de système politique qu'ils comptaient mettre en place au Zaïre. Le mouvement rebelle gagna en popularité au fur et à mesure de sa conquête et fut accueilli à bras ouverts par des populations qui, lasses des extorsions et des actes de violences commis par les soldats fuyant l'avancée de l'A.F.D.L., voyait en lui une possibilité de changement. Cependant, lorsqu'on leur demanda de quoi se composait leur agenda politique national et quel type de système politique ils envisageaient pour le Zaïre, les leaders rebelles répondirent par diverses déclarations vagues et parfois contradictoires. Lors de sa première apparition à Kisangani, juste après la capture de la ville, Laurent Kabila prit la parole devant une foule énorme et annonça la suspension de tous les partis politiques jusqu'à la fin de la guerre: « [nous] sommes en train de nous libérer. Si nous acceptons des partis politiques, ils mentiront pour stopper l'avancée de l'Alliance. » (78) Il ajouta que serait formé un gouvernement provisoire, composé uniquement de membres de l'A.F.D.L. Cette position différait de celle qu'il rendait publique, peu de temps après, lors d'une conférence de presse à l'occasion de laquelle il présentait le projet de gouvernement de transition de l'A.F.D.L. A cette occasion, il déclarait à la presse que le processus de transition ne durerait pas plus d'un an. Le gouvernement A.F.D.L. de transition, ajoutait-il, ne serait composé, en dehors des membres de l'A.F.D.L., « que d'individus opposés à Mobutu et à son régime, n'ayant jamais ni été au pouvoir ni partagé le pouvoir. » (79) Si ce critère était appliqué de manière stricte, il empêcherait une partie considérable de la classe politique zaïroise--et notamment un leader de l'importance d'Etienne Tshisekedi--de participer aux nouvelles institutions de transition. L'opportunisme politique et les circonstances ont, en effet, souvent rendu assez floue la frontière pouvant exister entre les partisans et les opposants à Mobutu. Dans les zones sous leur contrôle, les rebelles permirent à la population de participer, jusqu'à un certain point, à la sélection
d'administrateurs locaux et municipaux. La mise en place d'administrations civiles, dans les villes occupées par l'Alliance,
a elle démontré une prise de conscience assez subtile de l'importance potentielle des sensibilités et de la politique locale et,
par conséquent, de l'attention qu'il fallait y porter. L'alliance militaire se créa rapidement une base « civile », composée de
citoyens soutenant le mouvement, et organisa pour eux des séminaires de courte durée consacrés au programme politique de
l'A.F.D.L. Un discours axé sur la nécessité d'organiser des élections libres, les droits et libertés fondamentales, la réduction
des impôts, un mode de gouvernement honnête et une armée contrôlée par le bras civil de la rébellion permit à l'A.F.D.L.
de convertir à sa cause un nombre important de zaïrois qui, sous le régime mobutiste, n'avaient jamais connu que l'exact
opposé de ce qu'on leur proposait. Après la prise de Kisangani, l'A.F.D.L. affréta un avion pour y amener 117 de ces
convertis, qui se chargèrent de faire passer le message politique de l'alliance vers la population. (80)
Kabila, interviewé par la
presse, affirma que le peuple zaïrois avait besoin de ce type de formation politique parce que les zaïrois « n'ont aucune
éducation politique et en ont été privés depuis tellement longtemps qu'ils sont devenus incapables de choisir par eux-mêmes. » (81)
Les partis d'opposition, à Kinshasa, exprimèrent leur inquiétude face à la menace de Kabila d'exclure de tout gouvernement
provisoire les personnalités politiques ayant partagé le pouvoir avec Mobutu. Le président du Parti Démocrate Chrétien, qui
soutient le leader de l'opposition Etienne Tshisekedi, affirma, en parlant de l'opposition en général: « [nous] sommes ceux
qui ont fait tomber Mobutu, l'homme qui se considérait l'égale des dieux. Nous l'avons combattu par la plume. Est-il juste
qu'aujourd'hui certains arrivent les armes à la main et disent qu'ils excluent ceux qui ont lutté pour la démocratie? » (85)
26. La Loi de 1981 relative à la Nationalité (Loi n° 81-002 du 29 juin 1981 sur la nationalité zaïroise), qui remplaça la loi de 1972, créa une norme de reconnaissance de la citoyenneté particulièrement ambigüe puisqu'elle stipulait que la nationalité zaïroise serait accordée à « toute personne dont les ancêtres sont ou ont été membres d'une des tribus établies sur le territoire de la République du Zaïre, compte tenu des frontières ayant cours en date du 1er août 1885 ». Les autorités gouvernementales zaïroises et notamment l'ancien ministre des affaires étrangères Kamanda wa Kamanda, partisan d'une interprétation restrictive de la loi, considérèrent que celle-ci excluait d'office tous les individus d'origine ruandaise, dont la plupart descendent de populations ayant émigré par vagues à partir de l'époque coloniale. Un certain nombre de zaïrois d'origine ruandaise, notamment les Banyamulenge, sont eux les descendants de populations ayant migré vers la fin du 18ème siècle - début du 19ème ou de groupes installés dans diverses régions des royaumes ruandais précoloniaux qui font aujourd'hui partie de l'est du Zaïre. 27. Pour plus de détails, cf.: Human Rights Watch/Afrique et F.I.D.H., « Zaïre: violences à l'encontre des Tutsi, forcés de fuir » (« Zaire, forced to flee, violence against the Tutsis in Zaire » Watch/Africa short report, vol. 8, n°2 (A), juillet 1996. 28. « Inventaires des parcelles et terrains sis à Uvira appartenant aux ressortissants rwandais et burundais », lettre de Shweka Mutabazi, bureau du Commissaire de Zone, adressée au Chef de Service de l'Urbanisme et Habitat/Zone d'Uvira. 29. Cf. ci-après, section « Les libertés bafouées », pour plus de détails. 30. A l'exception des événements ayant eu lieu dans la région de Masisi, au Nord-Kivu. Voir Human Rights Watch/Afrique et F.I.D.H., « Zaïre: violences à l'encontre. . . » (« Zaire, forced to flee,. . . ») et Amnesty International, « Zaïre: illégalité et insécurité dans le Nord et Sud-Kivu » (Zaire: lawlessness ans insecurity in North and South Kivu »), INDEX AI: AFR62/14/96, novembre 1996. Même l'expulsion massive des Kasaïens du Shaba ne donna pas lieu aux actes de violence armée auxquels on aurait pu s'attendre. Cf.: Africa Watch (maintenant devenu Human Rights Watch/Afrique), « Zaire: incitations à la haine et la violence envers les Kasaïens du Shaba » (« Zaire: Inciting hatred, violence agaisnt Kasaiens in Shaba »), A Human Rights Watch Report, vol.5, n°10, juin 1993. 31. Lors de conversations avec des organisations de défense des droits de l'homme occidentales et le rapporteur spécial de l'O.N.U, Roberto Garretón, des leaders Banyamulenge admirent ouvertement que les familles étaient en train de s'armer et qu'elles avaient commencé à le faire depuis octobre 1995. 32. Cf. Sam Kiley, « Guerre civile au Zaïre: les hélicoptères de combat peuvent-ils donner l'avantage aux mercenaires ?» (« Gunships may give mercenaries edge in Zaire Civil War »), The Times, 28 janvier 1997. 33. James C. McKinley Jr., « L'aviation militaire zaïroise bombarde les civils des villes capturées par les rebelles » (« Zairian military jets bomb civilians in rebel-held towns »), The New York Times, 18 février 1997. 34. Vois du Zaïre, Kinshasa, Foreign Broadcast Information Service (F.B.I.S.), « Zaïre: le minsitère de la défense ordonne à son aviation d'intensifier les bombardements » (« Zaire: defense ministry says air force to intensify bombing raids »), 18 février 1997. 35. Agence France Presse (A.F.P.), F.B.I.S., « Zaïre. Une organisation d'aide témoigne: Bukavu bombardée par l'aviation militaire, plusieurs blessés » (« Zaire: aid agency says army planes bomb Bukavu, several wounded ») 36. AZADHO, « Nouvelles du Zaïre », Kinshasa, vol.1, n°2, 17 au 22 février 1997. 37. « Des milliers de personnes fuient les bombardements dans l'est du Zaïre, 21 morts » (« Thousands flee East Zaire Air Raids, twenty-one dead »), Reuter, Goma, 18 février 1997. 38. Jonathan C. Randal, « Des soldats serbes payés pour se battre au Zaïre » (« Serb troops paid to go to war in Zaïre »), The Washington Post, 18 mars 1997. 39. « La douane bloque des véhicules militaires pour le Zaïre », Le Soir, 31 décembre 1997. 40. Stephen Buckley, « Des informations font état d'un soutien possible de l'Ouganda aux rebelles. Selon nos sources, des armes, des fonds et un soutien théorique auraient été fournies » (« Uganda reportedly aids rebels in Zairian war, source says arms, money and advice provided »), The Washington post, 4 mars 1997. 41. Stephen Buckley, « Des informations font état d'un soutien possible de l'Ouganda aux rebelles. Selon nos sources, des armes, des fonds et un soutien théorique auraient été fournies » (« Uganda reportedly aids rebels in Zairian war, source says arms, money and advice provided »), The Washington post, 4 mars 1997. 42. James Rupert et Lynne Duke, « Conflit au Zaïre: l'Angola contribue à placer la barre un peu plus haut. Le conflit pourrait déborder vers d'autres pays, affirment des diplomates » (« Angolan role raises ante in Zairian strife, conflict could cross borders, diplomats say »), The Washington Post, 16 mars 1997. 43. Human Rights Watch/Afrique et la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l'Homme (F.I.D.H.), « Zaïre: 'attaqués de toutes parts', les civils et la guerre dans l'est du Zaïre » (« Zaire: 'Attacked by all sides', civilians and the war in Eastern Zaire »), A Human Rights Watch/Africa and FIDF short report, vol.9, N°1, mars 1997. 44. Sam Ngoza, « Les Zaïrois d'origine Tutsi affirment;'Trop, c'est trop' », (« Zaire's people of Tutsi origin say 'enough is enough' »), All Afrcica Press Service, 12 novembre 1996. 45. Interview réalisée par Human Rights Watch et la F.I.D.H. au camp de transit de Bugarama, Cyangugu, 4 novembre 1996. 46. Interview réalisée par Human Rights Watch et la F.I.D.H. à l'hôpital de Cyangugu, Cyangugu, 6 novembre 1996. 47. Interview réalisée par Human Rights Watch et la F.I.D.H. au camp de transit de Bugarama, Cyangugu, 4 novembre 1996. 48. Interview réalisée par Human Rights Watch et la F.I.D.H. au camp de transit de Bugarama, Cyangugu, 4 novembre 1996. 49. Interview réalisée par Human Rights Watch et la F.I.D.H., Gisenyi, 17 décembre 1996. 50. Interview réalisée par Human Rights Watch et la F.I.D.H. au camp de transit de Nkamira, Gisenyi, 17 décembre 1996. 51. Howard W. French, « Le gouvernement zaïrois armes les Hutu et fait des réfugiés des boucliers humains », (« Zaire government is arming Hutu, making human shields of refugees »), The New York Times, 19 février 1997. 52. Interview réalisée par Human Rights Watch et la F.I.D.H. au Village S.O.S Enfants de Gikongoro, 6 décembre 1996. 53. Interview réalisée par Human Rights Watch et la F.I.D.H. au Village S.O.S Enfants de Gikongoro, 6 décembre 1996. 54. Département des Affaires Humanitaires de l'O.N.U., « Mise à jour des situations d'urgence n° 80, Région des Grands Lacs », (« Emergency update No. 80 on the Great Lakes »); Lynne Duke, « Des villageois racontent: des ruandais repoussés vers l'intérieur du Zaïre », (« Rwandans driven deep into Zaire, Villagers report »), The Washington Post, 22 novembre 1996. 55. Interview réalisée par Human Rights Watch et la F.I.D.H. au camp de transit de Nkamira, Gisenyi, 13 novembre 1996. 56. Interview réalisée par Human Rights Watch et la F.I.D.H. à Kigali, le 26 novembre 1996, et à Butare, le 3 décembre 1996. 57. Interview réalisée par Human Rights Watch et la F.I.D.H. à Kigali, le 26 novembre 1996, et à Butare, le 3 décembre 1996. 58. Interview réalisée par Human Rights Watch et la F.I.D.H. à Kigali, le 26 novembre 1996, et à Butare, le 3 décembre 1996. 59. Howard W. French, « Dans le conflit non-conventionnel du Zaïre, des serbes forment des réfugiés aux techniques militaires », (« In Zaire's unconventional war, Serbs train refugees for combat »), The New York Times, 12 février 1997. 60. Karin Davies, « Possible assassinat de réfugiés au Zaïre » (« Refugees in Zaire said slain »), Associated Press, Musenge (Zaire), AP, 14 mars 1997. Cf. également Scott Stearns « Troubles au Zaïre » (« Zaire unrest »), sur le charnier de Musenge, Voice of America, 14 mars 1997. 61. Cf. « Zaire: un témoignage anonyme fournit des détails sur les massacres de réfugiés » (« Zaire: anonymous report provides details of refugee massacres »), Le Soir, Bruxelles, 25 février 1997, (dans F.B.I.S.-AFR-97-037). Cf. également « Les Nations Unies face à leurs responsabilités, Zaïre: un témoin raconte les massacres », L'Evénement, Paris, 10 mars 1997. 62. Lynne Duke, « Les ennemis de Mobutu luttent pour s'assurer la meilleure place » (« Mobutu's foes jockeying for position »), The Washington Post, 3 avril 1997. 63. Douglas Roberts, « O.N.U./Zaïre/Massacres » (« U.N./Zaire/Massacres »), The Voice of America, Genève, 3 avril 1997, 7h23 AM Eastern Standard Time. 64. Cf., par exemple, Howard W. French, « Dans le conflit non-conventionnel du Zaïre, des serbes forment des réfugiés aux techniques militaires », (« In Zaire's unconventional war, Serbs train refugees for combat »), The New York Times, 12 février 1997. 65. Cf. Human Rights Watch et la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l'Homme (F.I.D.H.), Communiqué de Presse du 25 novembre 1996; Human Rights Watch Arms Project, « Ruanda/Zaïre: le réarmement en toute impunité, soutien international aux auteurs du génocide ruandais » (« Rwanda/Zaire: rearming with impunity, international support for the perpetrators of the Rwandan genocide »), Mai 1995. 66. Interview réalisée par Human Rights Watch et la F.I.D.H. à la Petite Barrière, Gisenyi, 15 novembre 1996. 67. Interview réalisée par Human Rights Watch et la F.I.D.H. au camp de transit de Nkamira, Gisenyi, 13 novembre 1996. 68. Interview réalisée par Human Rights Watch et la F.I.D.H. à la Petite Barrière, Gisenyi, 15 novembre 1996. 69. Département des Affaires Humanitaires de l'O.N.U., « Mise à jour des situations d'urgence n° 80, Région des Grands Lacs », (« Emergency update No. 80 on the Great Lakes »), 20 janvier 1997. 70. Département des Affaires Humanitaires de l'O.N.U., « Mise à jour des situations d'urgence n° 85, Région des Grands Lacs », (« Emergency update No. 80 on the Great Lakes »), 23 janvier 1997; UNHCR, « Le HCR inquiet de la situation des réfugiés dans l'est du Zaïre » (« UNHCR worried about refugees in Eastern Zaire »), Médecins Sans Frontières, « Situation des réfugiés ruandais à Tingi-Tingi » (« Situation of the Rwandan refugees in Tingi-Tingi »), 16 janvier 1997; Département des Affaires Humanitaires de l'O.N.U., « Mise à jour des situations d'urgence n° 91, Région des Grands Lacs », (« Emergency update No. 91 on the Great Lakes »), 31 janvier 1997. 71. « Zaïre: des mercenaires serbes laissent derrière eux des charniers » (« Serb mercenaries leave mass graves in Zaire - report »), Reuter, New York, 23 mars 1997. Cf. également: « Des mercenaires serbes terrorisaient les résidents zaïrois » (« Serb mercenaries terrorized Zairian residents »), Reuter, Kisangani, 18 mars 1997. 72. Le droit humanitaire international--notamment les Conventions de Genève de 1949 et les deux protocoles additionnels de 1977--accordent une protection et un traitement spécial aux enfants impliqués dans des conflits armés. Le deuxième protocole additionnel aux Conventions de Genève du 12 août 1949 relatif à la protection des victimes des conflits armés non internationaux interdit que des enfants de moins de quinze ans soient utilisés dans des conflits armés internes: Les enfants de moins de quinze ans ne devront pas être recrutés dans les forces ou groupes armés, ni autorisés à prendre part aux hostilités (Article 4, paragraphe 3, alinéa c). Le droit international relatif aux droits de l'homme comprend diverses dispositons relatives aux enfats soldats. L'article 38 de la Convention relative aux droits de l'enfant stipule que: 2. Les Etats parties prennent toutes les mesures possibles dans la pratique pour veiller à ce que les personnes n'ayant pas atteint l'âge de quinze ans ne participent pas directement aux hostilités. 3. Les Etats parties s'abstiennent d'enrôler dans leurs forces armées toute personne n'ayant pas atteint l'âge de quinze ans. Lorsqu'ils incorporent des personnes de plus de quinze ans mais de moins de dix-huit ans, les Etats parties s'efforcent d'enrôler en priorité les plus âgées. Human Rights Watch estime qu'aucun individu âgé de moins de dix-huit ans ne devrait participer à un conflit armé. 73. « L'armée zaïroise crée de nouvelles brigades » (« Zairian army sets up new brigades »), Panafrican News Agency, Kinshasa, 4 février 1997. 74. «Des zaïrois font le siège d'un hôtel pour apercevoir les enfants sodats angolais » («Zairians mob hotel to see 'Angolan' boy soldiers »), Reuter, Lubumbashi, 2 avril 1997. 75. A.F.P., F.B.I.S., « Zaïre: le chef rebelle passe en revue 'plusieurs milliers' de nouvelles recrues » (« Zaire: rebel leader reviews 'several thousands' of new recruits»), paris, 12 février 1997. 76. La Voix des Sans Voix, « Les atrocités au S.A.R.M. en rapport avec l'état de guerre à l'est du Zaïre », Kinshasa, 5 novembre 1996. 77. C.I.C.R., « Mise à jour n°4, activités du C.I.C.R. relatives au conflit zaïrois » (« Update No. 4 on ICRC activities related to the Zairian conflict »), 29 mars 1997. 78. « Le chef des rebelles opposé à tout cessez-le-feu » (« Rebel leader vows no cease fire »), the Associated Press, Kisangani, 22 mars 1997. 79. « Kabila affirme ne pas vouloir s'emparer de la présidence du Zaïre » (« Kabila says he has no designs on Zaire presidency »), Reuter, Kisangani, 22 mars 1997. 80. James C. McKinley Jr., « Les rebelles zaïrois se lancent à l'assaut du coeur des zaïrois et cherchent à gagner la confiance des fonctionnaires » (« Zaire rebels try to find way to people's hearts, they seek to win trust of civil servants »), The New York Times, 21 mars 1997, p. A14. 81. Lynne Duke, « Zaïre: les échos violents du passé » (« Violent echoes of Zaire's past »), The Washington Post, 13 mars 1997, p. A01. 82. Lynne Duke, « Zaïre: les échos violents du passé » (« Violent echoes of Zaire's past »), The Washington Post, 13 mars 1997, p. A01. 83. Lynne Duke, « Zaïre: les échos violents du passé » (« Violent echoes of Zaire's past »), The Washington Post, 13 mars 1997, p. A01. 84. James C. McKinley Jr., « Zaïre: les rebelles confrontés à la reconstruction du pays » (« Zaire's rebels now face rebuilding of their country »), The New York Times, 18 mars 1997. 85. Gary Pierre-Pierre, « Mobutu, sorti de sa retraite, affirme vouloir unifier le Zaïre mais ne dit pas comment il compte y parvenir » (« Mobutu, emerging, vows to unite Zaire but doesn't say how »), The New York Times, 24 mars 1997, p. A9. 86. «Le gouvernement zaïrois prêt à partager le pouvoir avant les élections » («Zaire government ready to share power before polls »), Reuter, Kinshasa, 25 mars 1997. 87. Radio La Une, Bruxelles, Foreign Broadcast Information Service (F.B.I.S.), « Au Zaïre, Mukalay, le vice-président du M.P.R déclare 'Kabila peut se présenter aux élections libres' » («Zaire: MPR's Mukalay: Kabila can stand in free elections »), FBIS-AFR-97-085, 26 mars 1997. 88. « Zaïre: les rebelles refusent de partager le pouvoir avec Mobutu » («Zaire rebels reject power-sharing with Mobutu »), Reuter, Lomé, 26 mars 1997. 89. Colette Braeckman, « Interview de Raphael Ghenda, responsable chargé de l'information générale de Laurent Kabila » («Interview with Raphael Ghenda, General Information Officer of Laurent Kabila »), Le Soir, Bruxelles, 25 février 1997. 90. Colette Braeckman, « Interview de Raphael Ghenda, responsable chargé de l'information générale de Laurent Kabila » («Interview with Raphael Ghenda, General Information Officer of Laurent Kabila »), Le Soir, Bruxelles, 25 février 1997. 91. Cf., par exemple, James C. McKinley Jr., « Le 'successeur' de Mobutu garde le secret quand à ses projets d'avenir », (« Mobutu's Nemesis keeps his plans to himself »), The New York Times, 1er avril 1997, p. A01. |