Africa - West

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LA GUERRE


La guerre qui éclata en octobre 1996 fut la suite logique des violences de plus en plus sérieuses qui affectèrent l'est du pays et eurent pour cible principale les populations Tutsi du Zaïre. Les Banyarwanda--Tutsi et Hutu zaïrois--forment une des communautés les plus puissantes et riches du Nord et du Sud-Kivu. Dans certaines régions du Nord-Kivu, on estime qu'ils représentent près de 80% de la population. Les lois relatives à la nationalité votées en 1972 et 1981 accordèrent et ensuite retirèrent la nationalité zaïroise à tous les individus d'origine ruandaise vivant au Zaïre. (26)

Cette discrimination ethnique empêcha les zaïrois d'origine ruandaise de voter lors des élections locales des années 1980 et d'être représentés au sein de la Conférence Nationale Souveraine.


En mars 1993, des zaïrois de diverses origines ethniques attaquèrent les Banyarwanda du Nord-Kivu. En quelques semaines, les violences provoquèrent la mort de près de 7.000 d'entre eux et l'on estime à 300.000 le nombre de personnes ayant été forcées de fuir. (27)

Dans le Sud-Kivu, les officiels lancèrent une campagne d'intimidation à l'encontre des Banyamulenge--les Tutsi du Zaire--qui fut soutenue par le Parlement de Transition depuis Kinshasa. Le 28 avril 1995, le parlement adoptait une série de résolutions grandiloquentes destinées à assimiler tous les zaïrois d'origine ruandaise, y compris les Banyamulenge, à des réfugiés et, par conséquent, à leur réserver le même traitement. Les résolutions suggéraient que les Banyamulenge avaient acquis la nationalité zaïroise de manière frauduleuse et appelaient à leur expulsion, à l'annulation des contrats de propriété et à l'interdiction de leurs associations. Peu de temps après, le commissaire de zone d'Uvira ordonna que soient inventoriés l'ensemble des terrains appartenant aux Banyamulenge. (28)

Il semble aujourd'hui que les Banyamulenge s'étaient mis à réunir des armes depuis le début des violences en 1993, et qu'ils prirent l'initiative lorsque la mise en oeuvre de ces mesures fut imminente. Pour sa part, le gouvernement zaïrois affirma sans relâche que la guerre était une guerre d'agression lancée à partir de l'Ouganda et du Ruanda. Il lui arriva également d'accuser le Burundi. La France et les Etats-Unis accusèrent publiquement les pays voisins du Zaïre de soutenir les rebelles, sans jamais cependant aller jusqu'à parler de guerre d'agression.


Les rebelles se rendirent maître d'Uvira, ville d'importance moyenne, le 24 octobre 1996. Une semaine plus tard, ils réservaient le même sort à Bukavu, la capitale de la région du Sud-Kivu. Goma, la principale ville de l'est, tomba entre leurs mains le premier novembre. Le 14 novembre, ils bombardaient Mugunga, le plus grand camp de réfugiés de l'est du pays. Environ 600.000 réfugiés terrorisés quittèrent le camp et repartirent vers le Ruanda, alors que 300.000 autres personnes s'enfonçaient elles dans l'intérieur du pays. Parmi celles-ci se trouvaient des milliers d'anciens membres de l'armée ruandaise, à forte majorité Hutu, et des milices responsables du génocide Tutsi de 1994.


Face à la succession de succès militaires des troupes rebelles et à leur avancée rapide tout au long du dernier trimestre 1996 et pendant les premiers mois de 1997, les forces armées zaïroises préférèrent la fuite au combat. Cependant, ils n'hésitèrent pas à reporter leur colère sur les populations locales, avant de fuir--souvent dans des véhicules volés aux organisations humanitaires--en emportant le résultat de leurs pillages. A la fin du mois de mars 1997, moins de six mois après le début de la confrontation, les rebelles avaient capturé environ un tiers du pays et, notamment, Kisangani, la troisième ville du pays. Au fur et à mesure de leur avancée, ils gagnèrent à leur cause environ 20.000 soldats supplémentaires.


La Violence S'Etend

Dans le reste du pays, la guerre donna lieu à des vagues de manifestations xénophobes, notamment à la fin de l'année 1996 et au début de 1997. Des attaques furent menées à l'encontre de toute personne suspectée d'être d'origine ruandaise et le nombre d'arrestations arbitraires et d'actes de répression augmenta dans l'ensemble du pays. Un nombre significatif de personnes d'origine ruandaise fut forcé, par le gouvernement et la pression populaire, de s'enfuir. A Kinshasa, plusieurs figures de l'opposition furent arrêtées en partie à cause de leur origine ethnique. Trois militants des droits de l'homme furent eux aussi arrêtés parce qu'ils cherchaient à vérifier les conditions de détention des prisonniers de guerre. (29)

Des arrestations du même type, ainsi que des attaques menées par des foules en colère, eurent lieu également au Shaba, juste au sud de la zone des combats.


En quelques mois, la guerre força à fuir des centaines de milliers de réfugiés zaïrois et ruandais, les plaçant hors d'atteinte des organisations humanitaires. Elle marqua également la fin de la non-violence qui avait jusqu'alors caractérisé le processus de transition et menaça d'accélérer la désintégration du pays en une multitude de petits fiefs contrôlés par des chefs de guerre et des milices. Il est à noter que malgré l'absence de structures gouvernementales efficaces et l'impact négatif des déprédations systématiques dues à l'armée, sans parler des actes de pure violence commis à l'aveuglette par les soldats, le pays avait dans le passé été relativement épargné par la violence armée organisée. (30)

Ce fait est d'autant plus surprenant que se procurer des armes dans cette région du monde n'a jamais posé de difficultés insurmontables et également lorsque l'on sait que des mouvements de guérilla ont existé dans au moins cinq des neuf voisins immédiats du Zaïre. On sait aujourd'hui que des informations faisant état de l'armement des Banyamulenge n'avaient pas été prises au sérieux, entre autres raisons à cause de ce phénomène. (31)

Le gouvernement zaïrois et les forces rebelles utilisèrent tous deux des milices ethniques pour se faire la guerre. Le gouvernement recruta des ruandais, presque exclusivement d'origine Hutu et provenant dans leur majorité des anciennes Forces Armées Ruandaise (FAR), ainsi que des milices Hutu formées dans les camps de réfugiés de la frontière. Il mobilisa également des Bembe du Sud-Kivu, connus sous le nom de Combattants, qui avaient au départ rejoint les troupes du chef des rebelles Laurent Kabila. Certains membres d'organisations humanitaires qui se rendirent dans la ville portuaire de Kalemie (Nord Shaba), avant sa prise par les rebelles au début du mois de février, racontèrent que des bateaux appartenant au gouvernement étaient utilisés de manière systématique pour fournir des armes aux Combattants.


Les rebelles, eux, se basèrent sur une coalition de milices ethniques comprenant les Banyamulenge (Tutsi zaïrois), les Mai-Mai (principalement Nande) et les Ngalima (Hunde et Nyanga), qui se greffèrent sur un corps de combattants A.F.D.L. d'origines ethniques diverses. Les flux d'armes d'importance croissante et la poursuite de la guerre donnèrent ensuite lieu à la création de nouvelles milices.


Le Rôle des Forces Etrangères

Parmi les nombreux traits particuliers de ce conflit, notons également le rôle spécifique joué par les forces étrangères. La présence étrangère la plus visible a été celles des mercenaires recrutés par le gouvernement zaïrois. Parmi ceux-ci, le contingent le plus important et le plus remarqué, celui des combattants serbes, est également celui qui a professé le moins d'intérêt pour les droits de l'homme et les normes humanitaires. La presse occidentale et des groupes locaux de défense des droits de l'homme ont détaillé dans divers rapports les atrocités commises par ces forces, en conjonction avec les troupes zaïroises, et qui incluent la torture et l'exécution sommaire de civils suspectés de soutenir les rebelles. De plus, le Général Mahele Lieko Bokungo, chef des forces armées zaïroises à l'époque, déclara en janvier que des mercenaires d'Europe de l'Est pilotaient les hélicoptères de combat Mi24 soviétiques récemment acquis par le Zaïre. (32)

Divers témoins affirmèrent également que des mercenaires étaient aux commandes des avions de chasse de fabrication yougoslave qui bombardèrent, à la mi-février, les villes de Bukavu, Shabunda et Walikale. (33)

Les raids visaient les marchés et les quartiers résidentiels, et firent de nombreuses victimes civiles. Le ministère de la défense affirma opérer par frappes « chirurgicales » (34) et n'avoir que des objectifs militaires, mais on sait que dans la seule ville de Bukavu dix-neuf civils furent tués et plus de cinquante autres, y compris des femmes et des enfants, blessés lorsque trois avions militaires bombardèrent la ville le 17 février. Un porte-parole du Programme Alimentaire Mondial de l'O.N.U. raconte que l'attaque eu lieu à quatre heures de l'après-midi; l'agence humanitaire Médecins Sans Frontières précise elle que plusieurs bombes touchèrent le marché. (35) Une déclaration conjointe émise le 20 février à Bukavu par les organisations locales de défense des droits de l'homme affirmait que des bombes étaient également tombées sur les quartiers résidentiels très peuplés du centre de la ville. (36) Des milliers de résidents paniqués quittèrent la ville après le raid aérien Celui-ci sembla donc avoir atteint son objectif, qui consistait à démoraliser les civils dans les zones rebelles, à un moment où le soutien de la population aux insurgés ne cessait d'augmenter. Une déclaration du ministère de la défense avait demandé aux civils de quitter les centres contrôlés par les rebelles. L'attaque de Shabunda provoqua la mort de huit personnes et blessa de nombreux autres civils. (37)

Alors que pendant les premiers mois de 1997 les atrocités commises par les mercenaires attiraient toute l'attention des médias internationaux, des armes continuaient à arriver de l'étranger, à destination des forces gouvernementales zaïroises et de ses milices. L'existence d'un soutien militaire étranger aux forces gouvernementales semble être bien réel, même s'il n'a pas pu encore être confirmé. La République de Serbie, ainsi que d'autres républiques de l'ex-Yougoslavie, semblent être parmi les premiers pourvoyeurs d'armes du gouvernement zaïrois. Des accords portant sur l'envoi d'armes et de mercenaires ont sans aucun doute été négociés par diverses sociétés servant de couverture, avec l'appui d'officiels de haut rang. Maintenir ces accords secrets fut quasiment impossible, d'autant plus que la télévision zaïroise montra a plusieurs reprises des images de chasseurs tactiques Galeb, de fabrication yougoslave et portant encore des inscriptions en serbo-croate sur leur fuselage, (38) volant dans le ciel zaïrois. En Belgique, des agents des douanes bloquèrent à la fin du mois de décembre un chargement de camions militaires usagés qui, parti de France, devait être exporté à Kisangani. Le directeur de l'office des douanes de l'aéroport d'Ostende, où cet incident eut lieu, déclara qu'une enquête internationale avait démontré que les camions n'étaient pas destinés à des organisations humanitaires, comme l'affirmaient les documents officiels fournis par les exportateurs français, mais devaient en réalité être livrés aux force gouvernementales de Kisangani, à l'époque où cette ville servait de quartier général aux forces militaires zaïroises. (39)

La participation de forces ruandaises au conflit, notamment au cours des premiers mois pendant lesquels les forces Banyamulenge dispersèrent les réfugiés et les campements militarisés de la frontière, a été établie. Les autorités de ce pays n'ont cependant à aucun moment confirmé ce fait, ni officiellement ni officieusement. De même, aucun confirmation publique ou preuve n'a été apportée de la formation militaire et des armes qu'aurait fournies le Ruanda aux réfugiés Banyamulenge, bien qu'il semble évident que ceux-ci en aient bénéficié. Le gouvernement zaïrois a également parlé d'une participation de l'Ouganda au conflit, bien que peu d'éléments soient disponibles qui permettraient de confirmer cette affirmation. Le 4 mars 1997, le Washington Post publiait un article basé sur des informations fournies par des diplomates et des analystes politiques, dont l'identité n'a pas été révélée, selon lesquelles l'Ouganda avait fourni de l'argent, des armes, de l'équipement ainsi que du matériel tactique et de communication à l'A.F.D.L. Des « photographies aériennes » montraient apparemment des colonnes de camions militaires ougandais traverser la frontière et pénétrer au Zaïre. (40) Il semble également que l'Ouganda ait permis à l'A.F.D.L. de recruter en tant que mercenaires des vétérans de ses forces armées. (41)

La guerre s'intensifiant, on nota la présence de combattants originaires de l'Angola, un autre des voisins du Zaïre, tant dans le camp des forces gouvernementales qu'au sein des troupes rebelles. Il semble que le gouvernement angolais ait « fourni » des zaïrois exilés en Angola aux troupes de l'A.F.D.L., ainsi d'ailleurs que de possibles soldats angolais. D'autre part, il apparaît que l'Union Nationale pour l'Indépendance Totale de l'Angola (Uniao Nacional para a Independência Total de Angola, U.N.I.T.A.), qui dans le passé avait toujours pu compter sur le soutien de Mobutu, ait envoyé des renforts aux forces gouvernementales zaïroises. (42)

Violations par Toutes les Parties au Conflit des Règles Applicables en Temps de Guerre

Des enquêtes réalisées par Human Rights Watch/Afrique, ainsi que divers rapports indépendants provenant de groupes locaux et internationaux de défense des droits de l'homme, d'agences de presse internationales et d'organisations d'aide dénoncent tous les nombreuses violations des règles à respecter en temps de guerre commises tant par les forces gouvernementales, ses milices et ses mercenaires que par les forces d'opposition armée. Human Rights Watch/Afrique et la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l'Homme (F.I.D.H.), dans un rapport conjoint publié en mars 1997, exposaient certaines de ces violations et demandaient au gouvernement zaïrois et à l'A.F.D.L. d'enquêter et de poursuivre en justice les individus s'étant rendus coupables d'attaques délibérées à l'encontre de civils, d'assassinats de prisonniers et d'autres actes de nature similaire. (43) Le rapport demandait également à la communauté internationale d'insister pour qu'une enquête indépendante et détaillée soit réalisée, afin d'examiner les assassinats délibérés de civils et d'autres cas de violation du droit humanitaire international. Entre autres éléments abordés dans ce document, citons les attaques organisées de manière systématique contre les Banyamulenge, avant que le conflit n'éclate, les abus répétés commis par les forces gouvernementales zaïroises, en collaboration avec les Interahamwe et les anciennes forces gouvernementales ruandaises, le peu de cas fait de la protection des civils dans le chef de l'A.F.D.L., ses attaques contre des camps de réfugiés situés près de la frontière et, enfin, le refus de toutes les parties d'accorder aux initiatives humanitaires tout accès aux populations. Ces points font l'objet d'une présentation plus complète dans les pages qui suivent.


Attaques des Forces Armées Zaïroises (F.A.Z.) et des milices contre les Banyamulenge

Au début du mois de septembre 1996, les autorités locales zaïroises de la province du Sud-Kivu donnèrent aux Banyamulenge sept jours pour quitter le pays. (44) Des milices Bembe, soutenues par des soldats de l'armée zaïroise, commencèrent à attaquer, tuer et piller les villages Banyamulenge, et forcèrent les survivants à fuir. Une femme chassée de la zone d'Uvira témoigne:


Mon mari est resté à Uvira. Je ne sais pas s'il est encore en vie. Les soldats zaïrois sont venus à la maison pour le prendre, et ils l'ont emmené avec eux. Quand les soldats zaïrois sont venus, ils nous ont violées, même une fillette de dix ans. Les autres filles étaient ligotées, même les enfants d'un an ou de moins d'un an étaient ligotés. Beaucoup de femmes étaient menacées et certaines d'entre elles étaient presque mortes. (45)

Une autre survivante affirme que le quinze septembre, les milices Bembe et les soldats des F.A.Z. rassemblèrent les habitants de son village, Bibogobogo, et de plusieurs autres villages dans la zone de Fizi, et les forcèrent à quitter leurs collines pour aller au Ruanda.


Nous sommes arrivés à Mbogo, il était à peu près 4 heures de l'après-midi. Sous leurs ordres, nous avons descendu la pente. Nous avons passé la nuit au bord de la rivière [Ruzizi]. Il était minuit, et ils sont venus prendre tous les hommes, et les femmes étaient mises à part avec deux jeunes garçons. [. . .] Ils ont amené les hommes sur la rivière et ils ont rempli une pirogue, et loin du bord ils les ont poussés dans l'eau. Ils ont pris tous les jeunes garçons, rempli à nouveau la pirogue, et sont allés les noyer. (46)

Un témoin du nom de Jean-de-Dieu, de la zone d'Uvira, échappa de justesse à la mort dans un cas similaire. Le neuf septembre 1996, un groupe de miliciens Bembe emmena Jean-de-Dieu et environ 180 Banyamulenge (hommes, femmes, enfants) de leurs villages et les emprisonna dans l'hôtel Shabani tout proche. Les hommes et les garçons âgés d'au moins quinze ans furent mis à part et chargés dans un camion qui les amena à Uvira où ils furent présentés à la Garde Civile, à la police et à l'armée. Ensuite, les prisonniers furent amenés à Bugera, tout près de Kamanyola, sur la frontière entre le Ruanda, le Burundi et le Zaïre Ils furent emprisonnés dans un hangar pendant six jours sans nourriture et presque sans eau. Selon Jean-de-Dieu, les hommes étaient obligés de manger les excréments de chauves-souris pour ne pas mourir de faim. Le quinze septembre, les miliciens revinrent pour les noyer dans la rivière Ruzizi.


Avant de nous jeter dans l'eau, ils liaient nos bras sur nos dos, nos jambes liées aussi, nos bouches et nos yeux couverts. Pour nous tuer, nous tous, ils nous mirent dans un camion. Ils ont alors conduit le camion dans l'eau à un endroit plat [. . .] et le camion nous a déchargé comme du sable. Nous fûmes versés directement dans l'eau. Nous étions trente-sept. (47)

Après avoir été jeté dans l'eau, Jean-de-Dieu put briser les cordes entravant ses jambes et atteindre la rive. Il frappa à deux portes sans qu'on lui ouvre. A la troisième maison, une famille l'aida à se libérer des liens entourant ses poignets. Il fit demi-tour immédiatement, traversa la rivière à la nage et se rendit au Burundi avant d'aller au Ruanda. Selon Jean-de-Dieu, les miliciens prirent également trois familles Tutsi de Kamanyola, jetèrent les hommes et les garçons dans la rivière et chassèrent les femmes vers le Ruanda.


Les soldats zaïrois, lors de leurs attaques contre les Banyamulenge, coopéraient avec l'ancienne milice Hutu du gouvernement ruandais, l'Interahamwe, qui permit à des troupes de l'ancienne armée ruandaise de semer la terreur dans les camps de réfugiés du Zaïre, avant leur démantèlement. Nyirantore faisait partie d'un groupe de femmes de la zone de Fizi qui assistèrent à la noyade de leurs maris dans le lac Tanganyka. Les femmes furent mises dans un bateau et conduites au Ruanda. Après avoir parcouru une certaine distance, elles furent débarquées sur le rivage et emprisonnées dans une maison où, peu après, elles furent attaquées par les milices Interahamwe. Selon Nyirantore:


J'ai vu de mes propres yeux comment quarante-quatre femmes furent tuées. Les Interahamwe sont venus avec leurs armes. Ils sont entrés dans la maison et ont commencé à tirer sur nous. Celles qui étaient gravement blessées ont été jetées dans la rivière. Dans mon cas, j'imagine que Dieu n'avait pas encore décidé que je devais mourir ce jour là. Même si j'étais avec les autres femmes quand ils sont venus tirer sur nous, trois femmes ont survécu. [. . .] Ils ont tiré sur nous pendant la nuit, et ils sont partis, et nous avons quitté la maison le matin. (48)

Un autre témoin rapporte que les soldats zaïrois et les Interahamwe attaquèrent l'endroit où il se trouvait le 11 septembre. « Ils ont aligné les gens et les ont tués. C'est alors que j'ai fui. » (49)

Selon de nombreux réfugiés Banyamulenge rencontrés à l'occasion de cette enquête, les soldats zaïrois et les gardes-frontières les dépossédaient de leur argent et de tous leurs biens avant de les expulser vers le Ruanda. Selon un témoin, « lorsque l'on rencontrait la police, ils nous volaient tout ce qu'on possédait, sous prétexte que nous n'avions pas le droit de quitter [le camp]. Parfois, on pouvait s'échapper. Avec les soldats zaïrois, par contre, c'était difficile. Ils nous prenaient tout, jusqu'à nos pantalons. » (50)

L'armée zaïroise perdant du terrain face aux forces de l'A.F.D.L., elle se mit à compter de plus en plus sur les ex-FAR et les Interahamwe pour essayer d'arrêter l'avancée des rebelles. De grandes quantités d'armes furent ainsi livrées au camp de réfugiés de Tingi-Tingi en février 1997, les militaires n'hésitant pas, si nécessaire, à réquisitionner la seule piste d'atterrissage disponible et à interrompre le pont humanitaire. Cette pratique mit en danger la vie de nombreux civils du camp, en retardant l'arrivée de nourriture et de médicaments indispensables et en augmentant la probabilité que le camp soit considéré comme une cible militaire. (51) Ajoutons que l'origine de ces livraisons d'armes mérite de faire l'objet d'une enquête. Ce matériel provenait-il des stocks zaïrois ou était-il envoyé directement de l'étranger?


Attaques de l'A.F.D.L. et de ses Alliés Contre les Camps de Réfugiés

Dès le début de leur campagne, l'un des premiers objectifs de l'A.F.D.L. et de ses alliés fut de dsiperser les réfugiés, ainsi que les ex-FAR et les membres de milices cachés parmi eux. Etant donné que certains camps de réfugiés étaient gardés par les F.A.Z., l'A.F.D.L. échangea quelques coups de feu avec ces militaires, réussissant souvent à les mettre en déroute. Ils se mirent également à chasser les Interahamwe et les ex-FAR, qui en contrôlant les camps empêchaient les réfugiés de rentrer chez eux. Ceux-ci, une fois « libérés », pouvaient alors rentrer au Ruanda s'ils le souhaitaient. Cependant, les rebelles ne se contentèrent pas d'ouvrir la voie aux Ruandais. Ils se mirent également à utiliser leurs armes pour les contraindre à quitter le Zaïre et à retourner au Ruanda. De telles attaques contre des civils, décrites par des témoins des camps de Mpanzi, Inera, Kahindo, Katale, Mugunga et Sake, sont en totale contradiction avec le Droit Humanitaire International. Beaucoup de témoins affirmèrent avoir vu des personnes se faire tuer ou blesser lors de fusillades gratuites et injustifiées de ce type. Selon d'autres informations, des réfugiés furent également kidnappés par les forces de l'A.F.D.L., alors qu'ils retournaient au Ruanda ou se trouvaient dans des camps de transit ou des colonnes, et envoyés vers des destinations inconnues.


On sait aujourd'hui qu'au début de sa campagne au Sud-Kivu, l'A.F.D.L. s'est servi d'armes à feu et même de mortiers, dans certains cas, pour attaquer des camps de réfugiés sans défense. Le sort de Françoise, une jeune ruandaise qui fut séparée de sa mère durant une attaque des rebelles, est représentatif de ce qu'ont subi plusieurs réfugiés. Françoise a raconté comment au mois de novembre elle avait quitté un camp pour, en longeant la rive occidentale du Lac Kivu, en atteindre un autre, alors que les troupes rebelles progressaient:


Très tôt le matin, nous avons entendu beaucoup de coups de feu. Nous nous sommes réveillés. Nous avons suivi les autres. Nous sommes allés à Kamanyola. Quand nous sommes arrivés là, un homme a dit: « Si vous restez ici, les Inkotanyi [c'est-à-dire les soldats ruandais] viendront et vous trouveront ici ». Les autres sont partis et nous avons suivi. Nous avons marché jusqu'à Inera. A Inera, très tôt le matin, ils ont commencé à lancer les bombes là aussi. C'est là que j'ai perdu ma mère. (52)

Un autre témoin a corroboré ces propos, affirmant: « A Inera, ils ont lancé beaucoup de bombes sur nous et tué plusieurs personnes. » (53) Selon l'O.N.U., l'A.F.D.L. a poursuivi les réfugiés des camps du Sud-Kivu et les a obligés à pénétrer très avant dans la forêt. (54)

Evacuant les camps du Nord-Kivu, les soldats de l'A.F.D.L. et les milices alliées commencèrent à forcer les réfugiés à retourner au Ruanda. Contrairement à ce qu'ils avaient fait au Sud, ils terrorisèrent et même attaquèrent ceux qui essayaient de s'enfoncer vers l'intérieur du Zaïre. Ndabahweje faisait partie du groupe de réfugiés qui restèrent dans le camp de Gahindo après qu'il fut tombé aux mains de l'A.F.D.L. Selon lui, les soldats de l'A.F.D.L. se rendirent au camp le 11 novembre afin de persuader les réfugiés de retourner au Ruanda:


Dimanche, ils sont venus nous encourager à rentrer chez nous, à aller à Nkamira. Ils sont venus nous dire qu'il n'y avait aucun danger ni sur le chemin du retour ni au Ruanda, et qu'il n'y avait rien à manger au camp. . . . Ils nous ont dit que c'était mieux de retourner, et qu'il ne serait pas nécessaire pour eux de verser le sang. . . . Si nous ne rentrions pas, ils prendraient cela comme une provocation. (55)

D'autres réfugiés qui sont retournés au Ruanda en octobre et novembre ont confirmé qu'ils avaient été menacés d'être attaqués s'ils refusaient de rentrer chez eux.


Selon plusieurs témoins, les troupes de l'A.F.D.L. et les milices alliées ont effectivement attaqué des réfugiés qui essayaient de se diriger vers l'intérieur du Zaïre. Narcisse, un réfugié ruandais originaire de Kigali, se trouvait au camp de Katale quand ce dernier fut attaqué à l'arme légère et touché par des tirs de mortier, le samedi 26 octobre. Les soldats zaïrois et les réfugiés résistèrent à l'attaque jusqu'au mardi 29 octobre, jour où ils épuisèrent leurs munitions. Le lendemain, Narcisse dut fuir avec sa famille, se dirigeant, à travers la forêt, vers la ville de Tongo. Le groupe avec lequel il voyageait s'arrêta cependant avant d'arriver à Tongo, lorsqu'il vit les milices alliées de l'A.F.D.L. attaquer les réfugiés qui les précédaient.


Il y avait un petit camp de 50 familles. . . . Ils l'ont détruit le jour où je suis arrivé là. J'étais à peu près à dix kilomètres, mais je pouvais bien le voir, parce que j'étais sur une haute montagne. Ils ont tiré [sur les réfugiés], et donc nous nous sommes arrêtés là où nous étions. Nous avons assisté à la scène de destruction. C'était le seul groupe qui avait quitté la forêt pour aller à Tongo. . . Quand ils [les milices] remarquèrent que nous n'allions pas continuer d'avancer, ils sont venus nous chasser de la forêt. C'est ainsi qu'ils envoyaient des soldats pour détruire les tentes partout où ils les voyaient. (56)

Selon Narcisse, si les soldats de l'A.F.D.L. ou les milices voyaient des réfugiés essayer d'approcher Tongo ou d'autres communautés zaïroises pour chercher de la nourriture ou de l'eau, ils les attaquaient avec des fusils et des couteaux. Quelques jours après, la femme de Narcisse fut tuée dans une attaque de ce type.


C'était dans la journée, vers 3 heures de l'après-midi. Nous avons entendu des coups de feu, deux tirs loin de nous, et nous avions peur que ça soit le début d'une opération. Nous avons pris les biens que nous pouvions emporter avec nous, et nous avons fui. . . . Nous avons laissé un groupe de femmes dans le petit bois, et nous sommes allés récupérer le reste de nos biens. Nous ne savions pas que les soldats savaient que les femmes étaient restées seules. Quand nous sommes arrivés au camp où nous étions avant, ils ont commencé à tirer sur nous sérieusement. Un grand nombre de personnes fut blessé au cours de cette attaque. J'ai couru vers une petite forêt qui était tout près et j'ai essayé de me cacher. Les autres coururent dans l'autre direction et furent exécutés. Mais entre temps, les soldats ont encerclé le groupe qui était resté dans la forêt avec les enfants, les ont amenés pour les massacrer, même les bébés. Nous sommes allés à l'endroit où le massacre est arrivé. Nous avons même trouvé un bébé qui était encore en vie. (57)

Narcisse conclut:


Chaque fois que les réfugiés créaient des camps, les autres venaient les détruire. Il y avait un petit camp tout près de Kibumba où j'ai trouvé beaucoup de cadavres. Les Banyamulenge détruisaient tous les camps pour disperser les réfugiés. Tous les gens qui sont morts [à Kibumba] avaient été tués par balles. (58)

En forçant les réfugiés à retourner au Ruanda alors qu'ils avaient de bonnes raisons de craindre d'y être persécutés, les forces de l'A.F.D.L. violainet la convention internationale relative au statut des réfugiés. Human Rights Watch et la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l'Homme (F.I.D.H.) soulignent qu'il est urgent de distinguer les authentiques réfugiés de ceux qui sont suspectés d'avoir une responsabilité dans le génocide et ceux impliqués dans des activités militaires, de manière à accorder aux véritables réfugiés l'entière protection des conventions internationales.


Le traitement réservé aux réfugiés par l'A.F.D.L., après la dispersion des camps et pendant leur retour au Ruanda, a été décrit par de nombreux témoins rencontrés près de la frontière. Il semble que beaucoup d'hommes jeunes qui s'étaient enfoncés à l'intérieur du Zaïre avec le gros de l'Interahamwe et les ex-FAR furent séparés des autres réfugiés par les forces rebelles ou par des troupes ruandaises opérant avec ces dernières. Le sort de ceux qui furent kidnappés dans les camps ou les colonnes reste inconnu à ce jour. L'A.F.D.L. a été accusée d'avoir massacré des réfugiés à la fois dans les camps et au cours de la longue marche qui devait les ramener chez eux. Le New York Times du 12 février 1997 cite des « témoins dignes de foi » qui affirment qu'à Shabunda, les rebelles séparèrent les hommes d'origine hutu du reste des réfugiés qu'ils étaient parvenus à encercler et les exécutèrent à la mitrailleuse. (59)

A la mi-mars, un correspondant de l'Associated Press décrivit, dans tous ses détails les plus horribles, un charnier trouvé près du village de Musenge, à environ 120 kilomètres au nord-ouest de Bukavu, qui contenait les corps d'environ cent réfugiés ruandais, principalement des femmes et des enfants. Un représentant de la Croix-Rouge zaïroise affirmait que la mort devait remonter à décembre ou janvier. Il semble que les rebelles, avançant vers le front en direction de l'ouest, rencontrèrent cette troupe de réfugiés se déplaçant elle vers l'est et le Ruanda, et les tuèrent tous. Laurent Karumuna, un médecin travaillant pour les rebelles, raconta au correspondant que le massacre de Musenge eut lieu entre deux batailles opposant rebelles et Hutu. « Les combattants s'étaient mêlés aux femmes et aux enfants, » affirma-t-il, ce qui fut corroboré par un autre membre de la Croix-Rouge zaïroise. Le chef traditionnel d'un village, sous couvert de l'anonymat, donna lui une autre version des faits. Selon lui, les rebelles donnèrent l'ordre aux réfugiés de se rassembler à l'extérieur du village, leur promettant que des camions viendraient les chercher pour les ramener au Ruanda. Lorsqu'ils arrivèrent au lieu de rendez-vous, ils furent tous assassinés. (60)

Le premier mars 1997, AZADHO, connu pour ses critiques virulentes du comportement du gouvernement en matière de droits de l'homme, rendait public un rapport affirmant que les rebelles de l'A.F.D.L. avaient perpétré des massacres de réfugiés dans l'est du Zaïre. L'AZADHO parlait de l'existence de charniers près des camps de Mugunga, Kibumba et Katale, avec dates et témoignages à l'appui. La presse européenne, citant un témoin anonyme, se fit elle aussi l'écho de massacres systématiques perpétrés par l'A.F.D.L. (61)

Le fait que des atrocités aient été commises lors de la dispersion des camps fut confirmé, notamment, lors d'une visite sur place que réalisa à la fin mars Roberto Garretón, rapporteur spécial de l'O.N.U, précisément dans le but de vérifier des allégations relatives au possible massacre de réfugiés ruandais par l'A.F.D.L. Lors d'une conférence de presse à Genève, le deux avril, il demanda à l'O.N.U. l'ouverture d'une enquête, affirmant qu'il disposait de « preuves indubitables de l'existence de charniers et de massacres. » Il déclara être incapable de chiffrer le nombre de victimes, mais ajouta que « ce qui est certain, c'est qu'il y a eu massacre. Personne ne peut le nier. » (62) M. Garretón s'etait rendu sur les lieux de trois massacres, près de camps de réfugiés aujourd'hui désertés. L'A.F.D.L. lui interdit cependant de visiter d'autres charniers, affirmant que sa sécurité ne pouvait être garantie. Il déclara à la presse que, compte tenu de ce qu'il avait personnellement vu et des témoignages recueillis auprès de témoins oculaires, il tenait l'A.F.D.L. pour responsable des massacres. Au moment où nous rédigeons ce rapport, l'O.N.U. n'a pas encore réagi à ses recommandations.


Un porte-parole de l'A.F.D.L. à Genève nia la responsabilité de l'A.F.D.L. dans les massacres. Il déclara que les victimes des charniers incriminés avaient été tuées par d'autres réfugiés voulant les empêcher de retourner au Ruanda. L'A.F.D.L., ajouta-t-il, « coopérera avec l'O.N.U. dans toutes les enquêtes relatives à ces massacres, si tant est que l'amélioration des conditions de sécurité le permette. » (63)

Les enquêtes susceptibles d'être menées aujourd'hui doivent porter à la fois sur les assassinats commis au hasard pendant les attaques de camps et sur les allégations selon lesquelles l'A.F.D.L. séparait systématiquement les hommes adultes des autres réfugiés lorsque les troupes rebelles rencontraient une colonne de réfugiés en route pour le Ruanda. Les organisations humanitaires ont rapporté qu'un nombre important et disproportionné de femmes, d'enfants et de personnes âgées composait les groupes de réfugiés forcés de repartir au Ruanda. On ne peut écarter le fait que certains hommes aient pu décider de rester au Zaïre pour participer aux combats, mais il n'en reste pas moins que de nombreux témoignages font état de possibles assassinats et qu'il paraît nécessaire de vérifier ce qu'il est advenu des hommes qui ne sont jamais retournés au Ruanda. (64)

Violations des Droits de l'Homme par l'Interahamwe et les Ex-FAR

Même après le début du mouvement de retour en masse des réfugiés vers le Ruanda, les milices Interahamwe et les ex-F.A.R., ainsi que d'anciens officiels du gouvernement continuèrent à user de force, d'intimidation et à diffuser de fausses informations pour décourager les réfugiés de retourner au Ruanda, politique dont l'existence a déjà été démontrée par Human Rights Watch et la F.I.D.H. Cette pratique a déjà été traitée dans un rapport conjoint Human Rights Watch/F.I.D.H. (65) Même après que l'A.F.D.L. et ses alliés aient chassé des milliers de réfugiés vers le Ruanda, des milliers d'autres sont restés sous le contrôle des autorités responsables du génocide.


Nubaha, une femme qui se trouvait au camp de Kibumba, dit que les Interahamwe tirèrent sur les réfugiés pour les effrayer et les forcer à fuir avec eux:


Vers trois heures de l'après-midi, il allait pleuvoir, et nous avons entendu des coups de feux. Les Interahamwe étaient en train de s'organiser, disant aux soldats du camp de Kibumba et d'autres camps « Rassemblez vos affaires et venez. » Ensuite nous les avons vus grimper sur les montagnes et ils ont tiré sur nous. Ce sont eux qui ont tiré sur nous les premiers. Ils criaient: « Regardez! Les Inkotanyi, ils arrivent! Regardez! » Ils faisaient de nous tout ce qu'ils voulaient. Nous étions très traumatisés. Les gens les ont cru, et ils ont dit: « Oui, ce sont eux, ce sont eux! » Un jeune Interahamwe m'a dit: « Rassemble tes affaires! Prends ta marmite et mets tous tes biens ensemble. Ca devient sérieux, on va se battre .» Ils nous ont dit que ceux qui resteraient allaient être tués. Les Inkotanyi allaient les tuer. (66)

Un témoin a vu un soldat des ex-FAR traverser le camp de Mugunga avec une mitrailleuse installée sur une brouette, terrorisant les réfugiés qui ne voulaient pas partir. Selon un réfugié de Kahindo:


Ils nous ont terrorisés, les anciennes autorités et les milices. Ils venaient dans des bus remplis pour nous effrayer, et nous disaient que dans ce pays [le Ruanda], on ne faisait rien d'autre que tuer les gens. . . vous savez comment le discours peut être très très dangereux. . . [Si tu mentionnais que tu voulais rentrer] les milices venaient vers toi précipitamment et disaient: « Ah! si tu retournes, qu'est-ce que tu vas faire? » Quelques fois les gens étaient battus. (67)

Une autre femme, lasse des mensonges des Interahamwe, témoigne:


Ils trompent les gens, parce qu'il n'y a personne d'autre pour donner des informations et montrer autre chose. Chaque fois que quelqu'un leur dit quelque chose de différent, les Interahamwe disent que la personne qui tient ces propos est dangereuse et veut leur nuire. De cette façon, ce n'était pas facile de connaître la vérité dans les camps. [Cependant] après la longue marche dans les volcans, tout le monde est devenu lucide. Nous avons découvert que les Interahamwe nous utilisaient. C'est une honte pour une personne qui est née avec l'intelligence humaine. Ils nous prennent pour des vaches qu'ils peuvent conduire où ils veulent et comme ils veulent [. . .] et maintenant ils veulent prendre la population comme prisonnier, comme otage! (68)

Dans un rapport du 20 janvier, le département des affaires humanitaires de l'O.N.U. nota qu'un grand groupe de réfugiés s'était rendu à Kingulube, à 170 km à l'est de Shabunda, demandant à être rapatriés, après qu'un groupe de 1.500 Interahamwe et ex-FAR aient quitté leurs camps pour se diriger vers l'intérieur du pays. Selon le rapport, « les réfugiés disaient qu'ils avaient été contrôlés et empêchés de rentrer par les ex-FAR. Libres du contrôle des ex-FAR, ils demandaient assistance pour être rapatriés au Ruanda. » (69)

Ingérence dans l'Aide Humanitaire

Selon le H.C.R. et d'autres organisations d'aide humanitaire, les soldats zaïrois réquisitionnèrent à maintes reprises les avions et camions utilisés pour le transport des vivres, de l'eau et des médicaments destinés aux réfugiés de Tingi-Tingi, Amisi et d'autres camps. Les militaires zaïrois limitèrent la quantité de carburant mise à la disposition du H.C.R. et d'autres organismes, limitant aussi l'usage des véhicules. En outre, les militaires zaïrois bloquèrent périodiquement l'accès à Amisi, Tingi-Tingi et d'autres localités où les réfugiés étaient concentrés. (70) Quand les forces de l'A.F.D.L. prirent le contrôle de l'est du Zaïre, ils stoppèrent les activités des agences humanitaires pendant plusieurs semaines, rendant pratiquement impossible toute aide aux réfugiés qui fuyaient les camps.


Attaques à l'Encontre de Civils Zairois

Les informations disponibles en matière d'abus envers des civils zaïrois autres que les Banyamulenge, notamment ceux forcés de fuir à cause du conflit, sont relativement limitées mais permettent cependant d'affirmer que des citoyens zaïrois autres que ceux de langue Kinyarwanda ont subi des violences de la part des deux parties au conflit. Un témoin, présent à Bukavu lors de la capture de la ville, raconte avoir vu beaucoup de corps dans les rues de la ville, sans savoir pour autant qui était responsable des tueries. Le 20 octobre, à Goma, les soldats des F.A.Z. tuèrent un certain nombre de civils dans l'enceinte du marché. Après la fin des combats, une organisation non-gouvernementale locale procéda à l'enterrement de plus de 2.700 personnes, en majorité des civils. On ne connaît pas le nombre de personnes délibérément tuées par les rebelles et les milices lors de leur entrée en ville, pas plus d'ailleurs que celui des victimes tombées sous les balles des F.A.Z. et de leurs milices au moment où celles-ci la quittèrent. Selon un rapport de l'AZADHO, le 17 novembre 1996, des ex-FAR et des miliciens de l'Interahamwe attaquèrent un convoi de civils non-armés qui fuyait Goma et ses combats à destination de Kitshanga, et tuèrent plusieurs centaines de personnes. Le 17 février 1997, l'aviation zaïroise bombardait des civils à Goma, tuant au moins six personnes et en blessant vingt autres.


Depuis la publication en mars du rapport conjoint Human Rights Watch/Afrique - F.I.D.H. sur le conflit dans l'est, de nombreux autres témoignages ont confirmé l'existence de multiples abus, commis par les deux parties, à l'encontre de civils. Un journaliste de Newsweek International rapporta qu'il avait vu les charniers que laissèrent derrière eux notamment des mercenaires serbes lorsqu'ils durent fuir Kisangani. Des témoins oculaires racontèrent au journaliste et à plusieurs de ses collègues que les mercenaires, dont le leader se faisait appeler Dominic Yugo, emprisonnaient les hommes suspectés de sympathie envers les rebelles et exécutaient sans autre forme de procès les personnes ne possédant pas de documents d'identité. Ils affirmèrent également que Yugo se chargea personnellement de torturer des suspects et tua de sang-froid deux pasteurs évangéliques, alors qu'ils tenaient leur Bible en main et le suppliaient de les épargner. D'autres personnes dirent qu'elles l'avaient vu emmener quinze hommes jeunes dans un immeuble, avant que n'éclatent des cris et des bruits de fusillade. (71)

Tant le gouvernement que les forces rebelles recrutèrent des enfants pour en faire des soldats, contrevenant ainsi totalement aux dispositions du droit humanitaire international. (72)

Début 1997, le ministère zaïrois de la défense organisa une campagne de conscription destinée à enrôler des jeunes âgés de quinze à dix-huit ans, le but étant de renforcer et d'étoffer les troupes déjà engagées dans les combats. (73) En avril, des témoins oculaires affirmèrent avoir vu à Lubumbashi des enfants soldats angolais--certains âgés de 12 ans seulement--enrôlés de force, être évacués de la ville et placés dans un hôtel local, après qu'ils eurent déserté la ligne de front. (74) Des correspondants envoyés dans les zones sous contrôle de l'A.F.D.L. photographièrent diverses cérémonies militaires d'intronisation de nouvelles recrues, auxquelles on invitait de force de jeunes garçons. Un des témoins, présent lors d'une des premières cérémonies de ce type, organisée à Goma le six février 1997, parlait de recrues « relativement jeunes » et ajoutait que certaines d'entre elles avaient « moins de quinze ans .» (75)

Le traitement accordé aux personnes détenues dans le cadre du conflit, tant du côté des forces gouvernementales que chez les rebelles, est source de vives inquiétudes. La Voix des Sans Voix, dans une communication relative à l'arrestation et la détention de trois de ses responsables par le S.A.R.M., affirma que la vie et la dignité des prisonniers était menacée. En effet, le S.A.R.M. les maltraite de manières systématique, leur refuse toute nourriture et ne leur accorde aucun des soins médicaux que leur état rend nécessaires. Les responsables du V.S.V., qui au départ s'était rendus au quartier général du S.A.R.M. pour s'enquérir du sort réservé aux personnes détenues dans le cadre du conflit, furent à leur tour emprisonnés et racontèrent, par la suite, que ces personnes étaient entassées, toutes ensemble, dans une petite cellule. Elles faisaient l'objet de constantes intimidations et étaient laissés sans soins médicaux. L'un de ces individus, alors qu'il se trouvait au centre de détention du S.A.R.M., fut frappé au bras avec une barre métallique et abandonné à ses souffrances pendant plusieurs jours. Un de ses compagnons, atteint de malaria et souffrant des tremblements qui accompagnent cette affection, ne reçut pas le moindre soin. Selon la V.S.V., ces personnes passaient souvent plusieurs jours sans manger et ceux qui n'avaient pas de vêtements devaient rester nus. (76) Du côté des rebelles, le Comité International de la Croix Rouge se plaignit, à la fin du mois de mars, de n'avoir toujours pas pu rendre visite aux individus détenus dans les zones sous contrôle de l'A.F.D.L., alors qu'une autorisation de principe de le faire lui avait été donnée l'an dernier. Le C.I.C.R. faisait référence à « un grand nombre » de personnes qui furent arrêtées après la chute de Kisangani, le 15 mars 1997, et qu'il lui fut impossible de rencontrer faute d'autorisation. (77)

La Transition Vue par l'A.F.D.L.: Calendrier et Ordre du Jour

La rapide succession de succès militaires rebelles, qui s'enchaînèrent dès le premier jour de la rébellion, modifia de manière spectaculaire la configuration du paysage politique zaïrois et altéra sensiblement le calendrier et l'ordre du jour politiques. La capture par l'A.F.D.L., le 15 mars 1997, de Kisangani, troisième ville du pays et point de départ de la contre-offensive militaire du gouvernement, marqua pour de nombreux observateurs le point de non-retour et la fin du programme de transition devant mener à une démocratie pluripartite, après la tenue d'un référendum constitutionnel et d'élections parlementaires et présidentielles.


De leur côté, les rebelles, tout au long de leurs six mois de conquête militaire et politique de l'est du pays, ne s'exprimèrent à aucun moment quant au type de système politique qu'ils comptaient mettre en place au Zaïre. Le mouvement rebelle gagna en popularité au fur et à mesure de sa conquête et fut accueilli à bras ouverts par des populations qui, lasses des extorsions et des actes de violences commis par les soldats fuyant l'avancée de l'A.F.D.L., voyait en lui une possibilité de changement.


Cependant, lorsqu'on leur demanda de quoi se composait leur agenda politique national et quel type de système politique ils envisageaient pour le Zaïre, les leaders rebelles répondirent par diverses déclarations vagues et parfois contradictoires. Lors de sa première apparition à Kisangani, juste après la capture de la ville, Laurent Kabila prit la parole devant une foule énorme et annonça la suspension de tous les partis politiques jusqu'à la fin de la guerre: « [nous] sommes en train de nous libérer. Si nous acceptons des partis politiques, ils mentiront pour stopper l'avancée de l'Alliance. » (78) Il ajouta que serait formé un gouvernement provisoire, composé uniquement de membres de l'A.F.D.L.


Cette position différait de celle qu'il rendait publique, peu de temps après, lors d'une conférence de presse à l'occasion de laquelle il présentait le projet de gouvernement de transition de l'A.F.D.L. A cette occasion, il déclarait à la presse que le processus de transition ne durerait pas plus d'un an. Le gouvernement A.F.D.L. de transition, ajoutait-il, ne serait composé, en dehors des membres de l'A.F.D.L., « que d'individus opposés à Mobutu et à son régime, n'ayant jamais ni été au pouvoir ni partagé le pouvoir. » (79) Si ce critère était appliqué de manière stricte, il empêcherait une partie considérable de la classe politique zaïroise--et notamment un leader de l'importance d'Etienne Tshisekedi--de participer aux nouvelles institutions de transition. L'opportunisme politique et les circonstances ont, en effet, souvent rendu assez floue la frontière pouvant exister entre les partisans et les opposants à Mobutu.


Dans les zones sous leur contrôle, les rebelles permirent à la population de participer, jusqu'à un certain point, à la sélection d'administrateurs locaux et municipaux. La mise en place d'administrations civiles, dans les villes occupées par l'Alliance, a elle démontré une prise de conscience assez subtile de l'importance potentielle des sensibilités et de la politique locale et, par conséquent, de l'attention qu'il fallait y porter. L'alliance militaire se créa rapidement une base « civile », composée de citoyens soutenant le mouvement, et organisa pour eux des séminaires de courte durée consacrés au programme politique de l'A.F.D.L. Un discours axé sur la nécessité d'organiser des élections libres, les droits et libertés fondamentales, la réduction des impôts, un mode de gouvernement honnête et une armée contrôlée par le bras civil de la rébellion permit à l'A.F.D.L. de convertir à sa cause un nombre important de zaïrois qui, sous le régime mobutiste, n'avaient jamais connu que l'exact opposé de ce qu'on leur proposait. Après la prise de Kisangani, l'A.F.D.L. affréta un avion pour y amener 117 de ces convertis, qui se chargèrent de faire passer le message politique de l'alliance vers la population. (80) Kabila, interviewé par la presse, affirma que le peuple zaïrois avait besoin de ce type de formation politique parce que les zaïrois « n'ont aucune éducation politique et en ont été privés depuis tellement longtemps qu'ils sont devenus incapables de choisir par eux-mêmes. » (81)

Afin de prouver leur sincérité et leur volonté de faire du Zaïre une véritable démocratie, les responsables civils de l'alliance organisèrent à Kisangani des élections locales, quelques jours seulement après la capture de la ville. On demanda aux leaders politiques et des communautés de nommer des délégués originaires des différents quartiers, ainsi que des candidats aux postes de chef de commune, maire et gouverneur. Un groupe de délégués choisis au hasard se chargea ensuite d'élire les candidats, qui savaient que le gouvernement local dont ils allaient faire partie ne resteraient en place que jusqu'à la fin de la guerre.
(82) Un porte-parole de l'U.D.P.S. à Kisangani, réagissant à l'exclusion de la scène politique de tous ceux n'étant pas membres de l'A.F.D.L., se contenta d'un lapidaire « maintenant, nous sommes tous membres de l'alliance. » Son parti remporta les élections dans les six communes où elles avaient lieu. (83) Dans d'autres villes capturées par les rebelles, l'A.F.D.L. mit en place des gouverneurs et des responsables locaux élus par des délégués de l'élite locale: clergé, hommes d'affaires, fonctionnaires et membres de l'intelligentsia. (84) Les membres du parti du président, le Mouvement Populaire de la Révolution (M.P.R.), furent cependant exclus des élections.


Les partis d'opposition, à Kinshasa, exprimèrent leur inquiétude face à la menace de Kabila d'exclure de tout gouvernement provisoire les personnalités politiques ayant partagé le pouvoir avec Mobutu. Le président du Parti Démocrate Chrétien, qui soutient le leader de l'opposition Etienne Tshisekedi, affirma, en parlant de l'opposition en général: « [nous] sommes ceux qui ont fait tomber Mobutu, l'homme qui se considérait l'égale des dieux. Nous l'avons combattu par la plume. Est-il juste qu'aujourd'hui certains arrivent les armes à la main et disent qu'ils excluent ceux qui ont lutté pour la démocratie? » (85)

Certains leaders du parti présidentiel espéraient eux aussi pouvoir participer au gouvernement provisoire qui pourrait être créé si une solution politique au conflit est trouvée. Banza Mukalay, vice-président du M.P.R. et ancien vice-premier ministre, proposa aux rebelles de partager le pouvoir avec eux: « Nous allons nous rencontrer et après avoir dialogué nous partagerons le pouvoir. D'abord, nous allons discuter pour arriver à un cessez-le-feu et ensuite nous partagerons le pouvoir, avant d'organiser des élections. »
(86) Il expliqua par la suite que la proposition consistait à former un gouvernement d'unité nationale, afin d'arriver un consensus et d'ensuite organiser des élections démocratiques. Selon le vice-président du M.P.R., le chef des rebelles aurait ainsi l'occasion de faire campagne et d'être élu président, au lieu d'atteindre ce but par le biais du « chemin révolutionnaire. » (87) Un porte-parole, s'exprimant au nom des rebelles, rejeta catégoriquement cette offre, ajoutant que l'A.F.D.L. ne s'était pas battue pour partager le pouvoir. (88)

Raphael Ghenda, commissaire à l'information, la communication et la propagande de l'A.F.D.L., leva une partie du voile lors d'une rencontre avec la presse tenue le 25 février 1997, et laissa transparaître une partie des exigences et objectifs politiques de l'A.F.D.L. Lorsqu'on lui demanda si l'A.F.D.L. accepterait la constitution adoptée par la Commission Nationale Souveraine, Ghenda fit remarquer qu'il existait plusieurs textes constitutionnels différents et promit que des groupes spécialisés seraient chargés de les étudier, afin de déterminer lequel d'entre eux s'adaptait le mieux à la nouvelle situation. Parlant des relations entre l'A.F.D.L. et les organisations de la société civile, il affirma qu'elles étaient excellentes et que, avec l'aide de ces groupes, « nous [avons] déjà pu créer des cellules de base qui nous permettent de contrôler l'infiltration d'individus de l'autre bord. Chaque responsable de cellule connaît les noms des gens qui vivent dans sa rue, ce qui facilitera beaucoup le recensement [de la population]. »
(89) Il rejeta la suggestion selon laquelle la création de ces cellules de quartier pourrait être le premier pas vers la constitution d'un état policier. L'A.F.D.L., ajouta-t-il, « cherche à mettre en place des structures plus souples, pour augmenter le nombre de contrôles ponctuels et non pour accroître la surveillance. » (90)

Human Rights Watch/Afrique n'a pas réalisé sa propre enquête dans les zones contrôlées par les rebelles et n'a donc pu étudier la manière dont l'A.F.D.L. respecte les droits de l'homme et les droits politiques. Divers éléments ne laissent cependant pas d'être inquiétants, notamment l'interdiction de toute activité politique--dont se sont fait l'écho divers journalistes
(91) présents sur place--ainsi que les déclarations des porte-parole officiels de l'A.F.D.L., qui semblent indiquer la possible exclusion de la transition, au profit de l'Alliance, de toute une partie de la population. Le processus de transition basé sur la Conférence Nationale Souveraine, malgré ses nombreux défauts, a malgré tout permis de fixer des repères intéressants devant permettre, notamment, d'évaluer l'action du gouvernement dans différents domaines: mise en place d'un système démocratique, respect des droits de l'homme et prise en compte de l'autorité de la loi. La liste de conditions à réunir pour que soient organisées des élections libres et les principes relatifs au respect des libertés fondamentales déjà identifiés par la Conférence Nationale Souveraine n'ont rien perdu de leur validité. L'A.F.D.L., qui poursuivra certainement son avancée victorieuse, agira sous le regard du peuple zaïrois et des observateurs internationaux qui, n'en doutons pas, lui appliqueront les mêmes critères que ceux utilisés depuis 1991 pour juger des progrès démocratiques du Zaïre de Mobutu Sese Seko.




26. La Loi de 1981 relative à la Nationalité (Loi n° 81-002 du 29 juin 1981 sur la nationalité zaïroise), qui remplaça la loi de 1972, créa une norme de reconnaissance de la citoyenneté particulièrement ambigüe puisqu'elle stipulait que la nationalité zaïroise serait accordée à « toute personne dont les ancêtres sont ou ont été membres d'une des tribus établies sur le territoire de la République du Zaïre, compte tenu des frontières ayant cours en date du 1er août 1885 ». Les autorités gouvernementales zaïroises et notamment l'ancien ministre des affaires étrangères Kamanda wa Kamanda, partisan d'une interprétation restrictive de la loi, considérèrent que celle-ci excluait d'office tous les individus d'origine ruandaise, dont la plupart descendent de populations ayant émigré par vagues à partir de l'époque coloniale. Un certain nombre de zaïrois d'origine ruandaise, notamment les Banyamulenge, sont eux les descendants de populations ayant migré vers la fin du 18ème siècle - début du 19ème ou de groupes installés dans diverses régions des royaumes ruandais précoloniaux qui font aujourd'hui partie de l'est du Zaïre.

27. Pour plus de détails, cf.: Human Rights Watch/Afrique et F.I.D.H., « Zaïre: violences à l'encontre des Tutsi, forcés de fuir » (« Zaire, forced to flee, violence against the Tutsis in Zaire »

Watch/Africa short report, vol. 8, n°2 (A), juillet 1996.

28. « Inventaires des parcelles et terrains sis à Uvira appartenant aux ressortissants rwandais et burundais », lettre de Shweka Mutabazi, bureau du Commissaire de Zone, adressée au Chef de Service de l'Urbanisme et Habitat/Zone d'Uvira.

29. Cf. ci-après, section « Les libertés bafouées », pour plus de détails.

30. A l'exception des événements ayant eu lieu dans la région de Masisi, au Nord-Kivu. Voir Human Rights Watch/Afrique et F.I.D.H., « Zaïre: violences à l'encontre. . . » (« Zaire, forced to flee,. . . ») et Amnesty International, « Zaïre: illégalité et insécurité dans le Nord et Sud-Kivu » (Zaire: lawlessness ans insecurity in North and South Kivu »), INDEX AI: AFR62/14/96, novembre 1996. Même l'expulsion massive des Kasaïens du Shaba ne donna pas lieu aux actes de violence armée auxquels on aurait pu s'attendre. Cf.: Africa Watch (maintenant devenu Human Rights Watch/Afrique), « Zaire: incitations à la haine et la violence envers les Kasaïens du Shaba » (« Zaire: Inciting hatred, violence agaisnt Kasaiens in Shaba »), A Human Rights Watch Report, vol.5, n°10, juin 1993.

31. Lors de conversations avec des organisations de défense des droits de l'homme occidentales et le rapporteur spécial de l'O.N.U, Roberto Garretón, des leaders Banyamulenge admirent ouvertement que les familles étaient en train de s'armer et qu'elles avaient commencé à le faire depuis octobre 1995.

32. Cf. Sam Kiley, « Guerre civile au Zaïre: les hélicoptères de combat peuvent-ils donner l'avantage aux mercenaires ?» (« Gunships may give mercenaries edge in Zaire Civil War »), The Times, 28 janvier 1997.

33. James C. McKinley Jr., « L'aviation militaire zaïroise bombarde les civils des villes capturées par les rebelles » (« Zairian military jets bomb civilians in rebel-held towns »), The New York Times, 18 février 1997.

34. Vois du Zaïre, Kinshasa, Foreign Broadcast Information Service (F.B.I.S.), « Zaïre: le minsitère de la défense ordonne à son aviation d'intensifier les bombardements » (« Zaire: defense ministry says air force to intensify bombing raids »), 18 février 1997.

35. Agence France Presse (A.F.P.), F.B.I.S., « Zaïre. Une organisation d'aide témoigne: Bukavu bombardée par l'aviation militaire, plusieurs blessés » (« Zaire: aid agency says army planes bomb Bukavu, several wounded »)

36. AZADHO, « Nouvelles du Zaïre », Kinshasa, vol.1, n°2, 17 au 22 février 1997.

37. « Des milliers de personnes fuient les bombardements dans l'est du Zaïre, 21 morts » (« Thousands flee East Zaire Air Raids, twenty-one dead »), Reuter, Goma, 18 février 1997.

38. Jonathan C. Randal, « Des soldats serbes payés pour se battre au Zaïre » (« Serb troops paid to go to war in Zaïre »), The Washington Post, 18 mars 1997.

39. « La douane bloque des véhicules militaires pour le Zaïre », Le Soir, 31 décembre 1997.

40. Stephen Buckley, « Des informations font état d'un soutien possible de l'Ouganda aux rebelles. Selon nos sources, des armes, des fonds et un soutien théorique auraient été fournies » (« Uganda reportedly aids rebels in Zairian war, source says arms, money and advice provided »), The Washington post, 4 mars 1997.

41. Stephen Buckley, « Des informations font état d'un soutien possible de l'Ouganda aux rebelles. Selon nos sources, des armes, des fonds et un soutien théorique auraient été fournies » (« Uganda reportedly aids rebels in Zairian war, source says arms, money and advice provided »), The Washington post, 4 mars 1997.

42. James Rupert et Lynne Duke, « Conflit au Zaïre: l'Angola contribue à placer la barre un peu plus haut. Le conflit pourrait déborder vers d'autres pays, affirment des diplomates » (« Angolan role raises ante in Zairian strife, conflict could cross borders, diplomats say »), The Washington Post, 16 mars 1997.

43. Human Rights Watch/Afrique et la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l'Homme (F.I.D.H.), « Zaïre: 'attaqués de toutes parts', les civils et la guerre dans l'est du Zaïre » (« Zaire: 'Attacked by all sides', civilians and the war in Eastern Zaire »), A Human Rights Watch/Africa and FIDF short report, vol.9, N°1, mars 1997.

44. Sam Ngoza, « Les Zaïrois d'origine Tutsi affirment;'Trop, c'est trop' », (« Zaire's people of Tutsi origin say 'enough is enough' »), All Afrcica Press Service, 12 novembre 1996.

45. Interview réalisée par Human Rights Watch et la F.I.D.H. au camp de transit de Bugarama, Cyangugu, 4 novembre 1996.

46. Interview réalisée par Human Rights Watch et la F.I.D.H. à l'hôpital de Cyangugu, Cyangugu, 6 novembre 1996.

47. Interview réalisée par Human Rights Watch et la F.I.D.H. au camp de transit de Bugarama, Cyangugu, 4 novembre 1996.

48. Interview réalisée par Human Rights Watch et la F.I.D.H. au camp de transit de Bugarama, Cyangugu, 4 novembre 1996.

49. Interview réalisée par Human Rights Watch et la F.I.D.H., Gisenyi, 17 décembre 1996.

50. Interview réalisée par Human Rights Watch et la F.I.D.H. au camp de transit de Nkamira, Gisenyi, 17 décembre 1996.

51. Howard W. French, « Le gouvernement zaïrois armes les Hutu et fait des réfugiés des boucliers humains », (« Zaire government is arming Hutu, making human shields of refugees »), The New York Times, 19 février 1997.

52. Interview réalisée par Human Rights Watch et la F.I.D.H. au Village S.O.S Enfants de Gikongoro, 6 décembre 1996.

53. Interview réalisée par Human Rights Watch et la F.I.D.H. au Village S.O.S Enfants de Gikongoro, 6 décembre 1996.

54. Département des Affaires Humanitaires de l'O.N.U., « Mise à jour des situations d'urgence n° 80, Région des Grands Lacs », (« Emergency update No. 80 on the Great Lakes »); Lynne Duke, « Des villageois racontent: des ruandais repoussés vers l'intérieur du Zaïre », (« Rwandans driven deep into Zaire, Villagers report »), The Washington Post, 22 novembre 1996.

55. Interview réalisée par Human Rights Watch et la F.I.D.H. au camp de transit de Nkamira, Gisenyi, 13 novembre 1996.

56. Interview réalisée par Human Rights Watch et la F.I.D.H. à Kigali, le 26 novembre 1996, et à Butare, le 3 décembre 1996.

57. Interview réalisée par Human Rights Watch et la F.I.D.H. à Kigali, le 26 novembre 1996, et à Butare, le 3 décembre 1996.

58. Interview réalisée par Human Rights Watch et la F.I.D.H. à Kigali, le 26 novembre 1996, et à Butare, le 3 décembre 1996.

59. Howard W. French, « Dans le conflit non-conventionnel du Zaïre, des serbes forment des réfugiés aux techniques militaires », (« In Zaire's unconventional war, Serbs train refugees for combat »), The New York Times, 12 février 1997.

60. Karin Davies, « Possible assassinat de réfugiés au Zaïre » (« Refugees in Zaire said slain »), Associated Press, Musenge (Zaire), AP, 14 mars 1997. Cf. également Scott Stearns « Troubles au Zaïre » (« Zaire unrest »), sur le charnier de Musenge, Voice of America, 14 mars 1997.

61. Cf. « Zaire: un témoignage anonyme fournit des détails sur les massacres de réfugiés » (« Zaire: anonymous report provides details of refugee massacres »), Le Soir, Bruxelles, 25 février 1997, (dans F.B.I.S.-AFR-97-037). Cf. également « Les Nations Unies face à leurs responsabilités, Zaïre: un témoin raconte les massacres », L'Evénement, Paris, 10 mars 1997.

62. Lynne Duke, « Les ennemis de Mobutu luttent pour s'assurer la meilleure place » (« Mobutu's foes jockeying for position »), The Washington Post, 3 avril 1997.

63. Douglas Roberts, « O.N.U./Zaïre/Massacres » (« U.N./Zaire/Massacres »), The Voice of America, Genève, 3 avril 1997, 7h23 AM Eastern Standard Time.

64. Cf., par exemple, Howard W. French, « Dans le conflit non-conventionnel du Zaïre, des serbes forment des réfugiés aux techniques militaires », (« In Zaire's unconventional war, Serbs train refugees for combat »), The New York Times, 12 février 1997.

65. Cf. Human Rights Watch et la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l'Homme (F.I.D.H.), Communiqué de Presse du 25 novembre 1996; Human Rights Watch Arms Project, « Ruanda/Zaïre: le réarmement en toute impunité, soutien international aux auteurs du génocide ruandais » (« Rwanda/Zaire: rearming with impunity, international support for the perpetrators of the Rwandan genocide »), Mai 1995.

66. Interview réalisée par Human Rights Watch et la F.I.D.H. à la Petite Barrière, Gisenyi, 15 novembre 1996.

67. Interview réalisée par Human Rights Watch et la F.I.D.H. au camp de transit de Nkamira, Gisenyi, 13 novembre 1996.

68. Interview réalisée par Human Rights Watch et la F.I.D.H. à la Petite Barrière, Gisenyi, 15 novembre 1996.

69. Département des Affaires Humanitaires de l'O.N.U., « Mise à jour des situations d'urgence n° 80, Région des Grands Lacs », (« Emergency update No. 80 on the Great Lakes »), 20 janvier 1997.

70. Département des Affaires Humanitaires de l'O.N.U., « Mise à jour des situations d'urgence n° 85, Région des Grands Lacs », (« Emergency update No. 80 on the Great Lakes »), 23 janvier 1997; UNHCR, « Le HCR inquiet de la situation des réfugiés dans l'est du Zaïre » (« UNHCR worried about refugees in Eastern Zaire »), Médecins Sans Frontières, « Situation des réfugiés ruandais à Tingi-Tingi » (« Situation of the Rwandan refugees in Tingi-Tingi »), 16 janvier 1997; Département des Affaires Humanitaires de l'O.N.U., « Mise à jour des situations d'urgence n° 91, Région des Grands Lacs », (« Emergency update No. 91 on the Great Lakes »), 31 janvier 1997.

71. « Zaïre: des mercenaires serbes laissent derrière eux des charniers » (« Serb mercenaries leave mass graves in Zaire - report »), Reuter, New York, 23 mars 1997. Cf. également: « Des mercenaires serbes terrorisaient les résidents zaïrois » (« Serb mercenaries terrorized Zairian residents »), Reuter, Kisangani, 18 mars 1997.

72. Le droit humanitaire international--notamment les Conventions de Genève de 1949 et les deux protocoles additionnels de 1977--accordent une protection et un traitement spécial aux enfants impliqués dans des conflits armés. Le deuxième protocole additionnel aux Conventions de Genève du 12 août 1949 relatif à la protection des victimes des conflits armés non internationaux interdit que des enfants de moins de quinze ans soient utilisés dans des conflits armés internes:


Les enfants de moins de quinze ans ne devront pas être recrutés dans les forces ou groupes armés, ni autorisés à prendre part aux hostilités (Article 4, paragraphe 3, alinéa c).


Le droit international relatif aux droits de l'homme comprend diverses dispositons relatives aux enfats soldats. L'article 38 de la Convention relative aux droits de l'enfant stipule que:


2. Les Etats parties prennent toutes les mesures possibles dans la pratique pour veiller à ce que les personnes n'ayant pas atteint l'âge de quinze ans ne participent pas directement aux hostilités.

3. Les Etats parties s'abstiennent d'enrôler dans leurs forces armées toute personne n'ayant pas atteint l'âge de quinze ans. Lorsqu'ils incorporent des personnes de plus de quinze ans mais de moins de dix-huit ans, les Etats parties s'efforcent d'enrôler en priorité les plus âgées.


Human Rights Watch estime qu'aucun individu âgé de moins de dix-huit ans ne devrait participer à un

conflit armé.

73. « L'armée zaïroise crée de nouvelles brigades » (« Zairian army sets up new brigades »), Panafrican News Agency, Kinshasa, 4 février 1997.

74. «Des zaïrois font le siège d'un hôtel pour apercevoir les enfants sodats angolais » («Zairians mob hotel to see 'Angolan' boy soldiers »), Reuter, Lubumbashi, 2 avril 1997.

75. A.F.P., F.B.I.S., « Zaïre: le chef rebelle passe en revue 'plusieurs milliers' de nouvelles recrues » (« Zaire: rebel leader reviews 'several thousands' of new recruits»), paris, 12 février 1997.

76. La Voix des Sans Voix, « Les atrocités au S.A.R.M. en rapport avec l'état de guerre à l'est du Zaïre », Kinshasa, 5 novembre 1996.

77. C.I.C.R., « Mise à jour n°4, activités du C.I.C.R. relatives au conflit zaïrois » (« Update No. 4 on ICRC activities related to the Zairian conflict »), 29 mars 1997.

78. « Le chef des rebelles opposé à tout cessez-le-feu » (« Rebel leader vows no cease fire »), the Associated Press, Kisangani, 22 mars 1997.

79. « Kabila affirme ne pas vouloir s'emparer de la présidence du Zaïre » (« Kabila says he has no designs on Zaire presidency »), Reuter, Kisangani, 22 mars 1997.

80. James C. McKinley Jr., « Les rebelles zaïrois se lancent à l'assaut du coeur des zaïrois et cherchent à gagner la confiance des fonctionnaires » (« Zaire rebels try to find way to people's hearts, they seek to win trust of civil servants »), The New York Times, 21 mars 1997, p. A14.

81. Lynne Duke, « Zaïre: les échos violents du passé » (« Violent echoes of Zaire's past »), The Washington Post, 13 mars 1997, p. A01.

82. Lynne Duke, « Zaïre: les échos violents du passé » (« Violent echoes of Zaire's past »), The Washington Post, 13 mars 1997, p. A01.

83. Lynne Duke, « Zaïre: les échos violents du passé » (« Violent echoes of Zaire's past »), The Washington Post, 13 mars 1997, p. A01.

84. James C. McKinley Jr., « Zaïre: les rebelles confrontés à la reconstruction du pays » (« Zaire's rebels now face rebuilding of their country »), The New York Times, 18 mars 1997.

85. Gary Pierre-Pierre, « Mobutu, sorti de sa retraite, affirme vouloir unifier le Zaïre mais ne dit pas comment il compte y parvenir » (« Mobutu, emerging, vows to unite Zaire but doesn't say how »), The New York Times, 24 mars 1997, p. A9.

86. «Le gouvernement zaïrois prêt à partager le pouvoir avant les élections » («Zaire government ready to share power before polls »), Reuter, Kinshasa, 25 mars 1997.

87. Radio La Une, Bruxelles, Foreign Broadcast Information Service (F.B.I.S.), « Au Zaïre, Mukalay, le vice-président du M.P.R déclare 'Kabila peut se présenter aux élections libres' » («Zaire: MPR's Mukalay: Kabila can stand in free elections »), FBIS-AFR-97-085, 26 mars 1997.

88. « Zaïre: les rebelles refusent de partager le pouvoir avec Mobutu » («Zaire rebels reject power-sharing with Mobutu »), Reuter, Lomé, 26 mars 1997.

89. Colette Braeckman, « Interview de Raphael Ghenda, responsable chargé de l'information générale de Laurent Kabila » («Interview with Raphael Ghenda, General Information Officer of Laurent Kabila »), Le Soir, Bruxelles, 25 février 1997.

90. Colette Braeckman, « Interview de Raphael Ghenda, responsable chargé de l'information générale de Laurent Kabila » («Interview with Raphael Ghenda, General Information Officer of Laurent Kabila »), Le Soir, Bruxelles, 25 février 1997.

91. Cf., par exemple, James C. McKinley Jr., « Le 'successeur' de Mobutu garde le secret quand à ses projets d'avenir », (« Mobutu's Nemesis keeps his plans to himself »), The New York Times, 1er avril 1997, p. A01.



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