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EVENEMENTS EN PAYS OGONI DEPUIS LES EXECUTIONS



Réactions suite à l'Exécution de Ken Saro-Wiwa


"Nous, les Ogoni, sommes prêts à mourir: comme ils ont tués notre chef, nous allons le suivre dans la mort."

- Un ancien de l'ethnie ogoni, le 19 juin 1996.


L'exécution de Ken Saro-Wiwa et de ses huits co-accusés a semé la désolation et a créé un état de choc parmi les communautés minoritaires du sud-est du Nigéria, en particulier en pays ogoni. Bien qu'elles s'attendaient aux condamnations à mort, elles avaient cru que celles-ci seraient commuées en peines d'emprisonnement à vie, ce qui fait que les exécutions soudaines ont créé une surprise totale. A Port Harcourt comme partout ailleurs, la foule abasourdie s'est rassemblée les jours suivant les exécutions, à mesure que les gens saisissaient l'ampleur des nouvelles. A diverses occasions, des affrontements ont éclaté avec les forces de sécurité.


Pius Waritimi, un artiste dont la maison et le studio se trouvent sur la grand-route en face du cimetière où les neuf Ogoni ont été enterrés dans une tombe ne portant aucune inscription, a décrit à Human Rights Watch/Africa ce qui s'est passé le jour de leur exécution, le 10 novembre 1995. Il a vu quelques breaks de marque Peugeot 504 et 505, comme ceux qu'utilise la police, qui descendaient la grand-route, accompagnés d'une voiture blindée et d'un camion à benne basculante recouverte d'une bâche. Bien qu'il était au courant des condamnations à mort au procès Saro-Wiwa, comme la plupart des gens, M. Waritimi ne s'attendait pas à ce que les exécutions aient lieu aussi vite, et il a tout d'abord pensé qu'il s'agissait de l'enterrement de "bandits" qui avaient été exécutés. Alors que des hommes armés formaient un cordon devant l'entrée du cimetière, la foule a commencé à se masser et la nouvelle s'est répandue que c'était Saro-Wiwa qu'on enterrait. M. Waritimi est sorti de son studio et a commencé à crier sur les soldats pour protester contre les exécutions. Lorsque deux soldats armés ont essayé de l'attraper, il s'est réfugié dans la maison mais les soldats l'ont suivi et ils l'ont battu et frappé sur l'oreille gauche. Lorsque le père de M. Waritimi, un commissaire-adjoint de police en retraite, a protesté, il a été agressé à son tour. M. Waritimi a finalement été emmené dans la voiture blindée, qui a roulé pendant un certain temps alors que M. Waritimi était battu par intermittence avant d'être déposé au siège de la Police Mobile à Port Harcourt où il a passé la nuit. Il a finalement été remis en liberté le lendemain après avoir promis de bien se conduire. (85)


Au cours des mois qui ont suivi les exécutions et les enterrements, et jusqu'à la fin mars 1996, une voiture blindée est restée de garde en permanence devant le cimetière. Sur la grand-route, devant les grilles du cimetière et même dans le cimetière, la Police Mobile harcelait et parfois même agressait les personnes qui passaient à pied et en voiture, allant même jusqu'à extorquer de l'argent aux personnes qui se rendaient au cimetière pour enterrer leurs morts. Les cortèges funéraires ou autres rassemblements ont été dispersés au moyen de gaz lacrymogènes à plusieurs reprises.


Le journal Sunray, une publication indépendante opérant à Port Harcourt, avait couvert le procès des Ogoni en long et en large, avec un correspondant dans la salle du tribunal et des articles dans le journal chaque jour. Le quotidien n'a pourtant pas publié d'article sur les exécutions. Des journalistes travaillant pour le quotidien ont raconté à Human Rights Watch que cette décision avait été prise après que le directeur du journal et le président du Groupe Sunray aient été convoqués par le SSS qui leur a vraisemblablement fait comprendre qu'il était de leur intérêt de ne pas couvrir les exécutions. (86) Les protestations du personnel n'ont pas suffi à infléchir la décision de la direction. Selon les journalistes, le tirage du journal, qui s'élevait à 30.000 exemplaires dans la région, est immédiatement tombé à 5.000 exemplaires. Il a fallu attendre janvier 1996 avant que le journal ne publie à nouveau des articles sur le pays ogoni. Les journalistes continuent d'être harcelés individuellement lorsqu'ils assurent la couverture de nouvelles sensibles.


Le 10 décembre, Journée internationale des Droits de l'Homme, et un mois exactement après l'exécution des neuf Ogoni, la Coalition de l'Etat de Rivers, un nouvel organisme chapeautant des groupes de personnes militant pour les droits de l'homme et l'environnement, s'est associée à l'union nationale des étudiants de l'Etat de Rivers (NURSS - National Union of Rivers State Students) pour organiser une action de protestation à l'Université de Science et Technologie (UST) de l'Etat de Rivers à Port Harcourt. Les dirigeants des étudiants de la NURSS et la Coalition ont condamné les exécutions lors d'une marche aux flambeaux. Deux cercueils vides, l'un pour l'administrateur militaire de l'Etat de Rivers, le Lt. Col. Dauda Komo, l'autre pour le chef de l'Etat, le Gén. Sani Abacha, étaient exposés. Le 11 décembre, un des dirigeants étudiants qui avaient organisé la manifestation, Felix Tuodolor, était arrêté par le SSS chez lui, violemment battu et emprisonné pendant deux jours. Le 5 janvier 1996, Kemedi von Dimieari, président de la section UST de la NURSS - qui, le 10 novembre, jour des exécutions, avait écrit à l'administrateur militaire de l'Etat de Rivers et au président du Conseil des Chefs de l'Etat de Rivers pour leur demander d'intercéder en faveur des condamnés - a également été arrêté par le SSS sur le campus de l'UST, le jour suivant une réunion des présidents des universités de la NURSS de tout le pays au cours de laquelle ils avaient discuté des possibles actions de protestation à mener à l'avenir. Dimieari a été maintenu en détention pendant treize jours au centre de détention du SSS à Port Harcourt. Il n'a reçu ni à boire ni à manger pendant le premier jour et la plus grande partie du deuxième jour. Il a été interrogé à plusieurs reprises et on lui a demandé de faire une déposition écrite à propos de ses activités. Avant sa remise en liberté le 18 janvier, Dimieari a été emmené, avec le directeur des affaires estudiantines et le président du conseil de l'UST, chez l'administrateur militaire de l'Etat de Rivers, le Lt. col. Dauda Komo, qui lui a fait toute une leçon sur ses activités avant qu'il ne soit ramené sur le campus et libéré. (87)


Les Célébrations de la Journée Ogoni

Le 4 janvier 1996, journée célébrée en pays ogoni depuis 1993 comme la Journée des Ogoni, et année désignée par l'ONU comme étant l'Année Internationale des Peuples Indigènes du Monde, les Ogoni ont montré la force des sentiments qui les animaient concernant les exécutions. (88) Un grand nombre d'Ogoni ordinaires et de partisans du MOSOP sont descendus dans la rue pour protester, en grande partie spontanément, tandis que l'Union Nationale des Etudiants Ogoni (NUOS - National Union of Ogoni Students) mettait sur pied une manifestation plus organisée à Bori, la ville principale du pays ogoni. Les forces de sécurité avaient pourtant essayé d'empêcher toute manifestation. Ledum Mitee, vice-président du MOSOP du temps de Ken Saro-Wiwa et co-accusé dans le procès jugé par le tribunal chargé des troubles sociaux au cours duquel il a été acquitté, a été arrêté chez lui à Kegbara-Dere (appelé par les gens du pays K-Dere) le 3 janvier. Après avoir fouillé sa maison et l'avoir interrogé sur le programme prévu pour la Journée Ogoni, la police mobile et des membres du détachement de sécurité interne lui ont dit qu'il était assigné à résidence. Il leur a répondu que la Journée Ogoni serait célébrée, comme la Noël, que lui ou le MOSOP y participe ou pas.


Lors de la Journée Ogoni, les étudiants de la NUOS ont pris l'initiative d'organiser une action de protestation en marge des célébrations générales. La nuit du 3 janvier, ceux qui ont pu éviter les barrages des forces de sécurité ont convergé vers Kani, une communauté de Khana près de Bori, la principale ville du pays ogoni. A minuit, ils ont organisé une marche aux flambeaux, et tôt le matin du 4 janvier, ils se sont rassemblés pour se diriger vers Bori, vêtus de noir, chantant des chansons et portant des pancartes. Quelques membres de la NUOS ont prononcé des discours à Kani et à Bori, condamnant les exécutions et réclamant une indemnisation et la libération des Ogoni encore emprisonnés. Une foule énorme d'Ogoni ordinaires venus de tout le pays ogoni s'était rassemblée à Bori pour participer aux chants, aux danses et autres activités culturelles, comme les années précédentes. Un témoin a décrit l'événement à Human Rights Watch en le comparant au jour de la Pentecôte, le peuple ogoni étant possédé par l'esprit de Ken Saro-Wiwa au moment où il chantait à sa mémoire.


Des soldats et des membres de la police mobile étaient postés sur les routes menant à Bori pour obliger les gens à rebrousser chemin ainsi que dans la ville de Bori elle-même. Au milieu de la matinée, les forces de sécurité de Bori, à la fois de l'armée et de la police, qui selon les témoins étaient au nombre de cinquante ou soixante, ont commencé à jeter des gaz lacrymogènes sur la foule, et vers midi, ils ont commencé à tirer en l'air de vraies balles. Ailleurs, sur les routes menant à Bori, les soldats ont tiré sur les manifestants non armés avec des armes automatiques, continuant à tirer même lorsque la foule s'enfuyait dans la brousse. Des témoins avec qui Human Rights Watch a parlé auraient vu le corps de trois personnes qui auraient été abattues ce jour-là à Bori, et un grand nombre de blessés sur qui l'armée ou la police mobile aurait tiré ou qui auraient été battus. Le MOSOP a cité le nom de trois tués: Lucky Gbarabe, un garçon de douze ans originaire de Uegwere Bo-Ue abattu d'une balle tirée à l'arrière de la tête et tué sur le coup; Barisi Deemua, quatorze ans, abattu d'une balle dans la nuque et tué sur le coup; et Kpannen Nicodimus, douze ans, décédé à l'hôpital universitaire de Port Harcourt le 6 janvier, des suites de blessures par balles à l'abdomen. Le MOSOP a signalé que huit autres personnes avaient survécu à des blessures par balles, dont six âgées de moins de quinze ans: étant donné les difficultés pour recueillir des informations, cette liste n'est probablement pas complète. (89)


Ledum Mitee se trouvait à portée de voix de l'un des meurtres. Le 4 janvier, tôt le matin, il a entendu des coups de feu près de chez lui. Il est sorti pour constater qu'un jeune garçon handicapé (Kpannen Nicodimus, décédé plus tard) avait été blessé par balles et que le plus jeune frère de Ledum, Batom Mitee, avait été arrêté à un barrage militaire près de K-Dere et avait été violemment battu par les soldats. Ledum a aussi été arrêté. Les deux frères ont été emmenés par le Maj. Obi Abel Umahi, commandant du Détachement de sécurité interne de l'Etat de Rivers, (90) à l'hôpital où le jeune garçon blessé avait été conduit. Sur ordre d'Umahi, le personnel de l'hôpital a été brutalement battu par les membres du Détachement au moyen de fouets fabriqués à partir de cables électriques. Ledum et Batom Mitee ont été obligés de marcher dans le centre de K-Dere, Umahi les suivant dans un véhicule blindé. A leur approche, les gens qui chantaient et dansaient pour fêter la Journée Ogoni s'enfuyaient de peur. Les deux frères ont ensuite été emmenés au centre de détention du Détachement à Kpor, où la foule s'est rassemblée à l'extérieur pour chanter des chants de protestation, jusqu'à ce qu'un message de Ledum Mitee sorti clandestinement de la caserne lui demande de se disperser. Tard dans la nuit, ils ont été ramenés à K-Dere. Pendant tout le trajet, le Maj. Umahi a menacé Ledum Mitee et a ordonné que toute personne rencontrée le long de la route soit battue, quel que soit son âge et quoi qu'elle fasse. (91)


Dans la soirée du 4 janvier, après la fin des activités, et au cours des jours suivants, un certain nombre de personnes ayant participé aux manifestations ont été arrêtées à des barrages routiers ou chez elles. Beaucoup d'entre elles ont été violemment battues et emmenées à la base du Détachement de sécurité interne à Kpor. Certaines ont été détenues pendant quelques heures ou quelques jours, d'autres plus longtemps: parmi celles qui ont été libérées, beaucoup ont dû payer des sommes importantes de plusieurs milliers de naira pour recouvrer la liberté. Le MOSOP a signalé les noms de quarante-neuf personnes, dont deux fillettes de dix ans, qui ont été dans ce cas. Human Rights Watch a parlé avec un certain nombre d'autres personnes non reprises dans la liste du MOSOP qui avaient été arrêtées et brutalisées, notamment un membre de la NUOS de l'Université de Port Harcourt qui a été arrêté le 6 janvier dans sa maison à Bodo et violemment battu par environ sept membres du Détachement. Ils lui ont démis le bras et l'ont aussi blessé à la tête, à tel point qu'il a dû se faire soigner à l'hôpital de Port Harcourt. Les cicatrices laissées par les coups étaient encore visibles six mois plus tard. Vingt-deux personnes ont été accusées de réunion illégale ou de délits similaires après avoir été arrêtées et elles ont été remises en liberté sous caution après une semaine. Quatre autres ont été arrêtées plus tard séparément, toujours en lien avec les manifestations de la Journée Ogoni. Trois ont été libérées après avoir payé des pots-de-vin. La quatrième, Sunday Nyorben, a refusé de payer et est toujours maintenue en détention dans la prison de Port Harcourt.


Paul Adams, le correspondant au Nigéria du journal londonien Financial Times, a également été arrêté lors de la Journée Ogoni. Adams s'était rendu à Port Harcourt pour interviewer Ledum Mitee. Il n'avait pas conscience de l'ampleur de la participation du public lors des célébrations de la Journée Ogoni et il ne savait pas non plus que Mitee avait été arrêté le jour précédent. D'où sa surprise face aux mesures de sécurité mises en oeuvre. Il s'est rendu en voiture en pays ogoni jusqu'à K-Dere, où il devait rencontrer Mitee, mais il a appris qu'il avait été arrêté. Au village, il a vu un certain nombre de personnes qui avaient été battues par des membres du Détachement de sécurité interne, dont une infirmière de la clinique où le jeune garçon handicapé, décédé depuis lors, avait été emmené. Adams s'est alors remis en route pour Kpor et il a été arrêté à un barrage routier où sa voiture a été fouillée et une déclaration du MOSOP qu'on lui avait remise à K-Dere a été confisquée. Le Maj. Umahi a maintenu Adams en garde à vue pendant une nuit au camp de Bori, près de Port Harcourt, après quoi il a été remis aux mains du SSS et emmené ensuite au quartier général de la police. Adams a finalement été accusé de s'être trouvé sans excuse valable en possession d'un document séditieux - c'est-à-dire la déclaration du MOSOP à l'occasion de la Journée Ogoni - et il a été libéré sous caution le 11 janvier. Après plusieurs comparutions devant les tribunaux, les poursuites ont finalement été abandonnées le 18 avril. (92)


Le 5 janvier, les militaires sont revenus chez Ledum Mitee; ils ont fouillé sa maison pendant deux heures, apparemment à la recherche d'un film vidéo ou de photos des manifestations, prétendant que Paul Adams devait avoir laissé des notes ou des photos chez lui. Le 6 janvier, le Maj. Umahi est revenu, a à nouveau fouillé la maison et a dit à Ledum Mitee qu'il devait retourner à Port Harcourt. Alors qu'ils se rendaient à Port Harcourt, Batom Mitee a également été intercepté sur la route et interpellé. Les deux frères ont été libérés à Port Harcourt et informés qu'il leur était interdit de se rendre en pays ogoni. Le Maj. Umahi a levé cette interdiction à la mi-février, au moment où l'American Center for International Leadership avait organisé une visite au Nigéria et ses membres avaient spécifiquement demandé de rencontrer Ledum Mitee. (93)

Le 6 février 1996, le dirigeant américain de Nation of Islam, Louis Farrakhan, s'est rendu en visite en pays ogoni. Plusieurs Ogoni vivant près de Giokoo, lieu où les quatre chefs ogoni avaient été assassinés le 21 mai 1994, ont été arrêtés au hasard et battus par les forces de sécurité au moment de sa visite. (94)


La Visite de l'ONU à Port Harcourt et en Pays Ogoni

Les autorités ont fait des efforts acharnés pour s'assurer que les militants des droits de l'homme et de la cause démocratique ou des droits des minorités opérant à Port Harcourt, la capitale de l'Etat de Rivers où l'équipe de l'ONU devait séjourner quelques jours, ne puissent pas rencontrer la mission d'enquête envoyée par le secrétaire général de l'ONU ou ne puissent pas lui remettre de documents concernant les violations des droits. (95)

Par exemple, Anyakwee Nsirimovu, directeur de l'Institut pour les Droits de l'Homme et le Droit Humanitaire à Port Harcourt, a éprouvé d'énormes difficultés pour remettre ses conclusions à l'équipe d'enquêteurs. Le 27 mars, avant la visite de l'ONU, onze ou douze membres du SSS s'étaient présentés dans les bureaux de l'Institut et avaient confisqué une quantité de documents sur les droits de l'homme, entre autres des manuels de formation, des ouvrages de référence, des disquettes informatiques et des fichiers de correspondance. Nsirimovu avait ensuite été emmené au quartier général du SSS situé Forces Avenue, à Port Harcourt, pour un interrogatoire sur son implication dans le MOSOP et ses liens avec des organisations étrangères. Il était resté en détention pendant quatre jours.


Pendant la visite de l'équipe de l'ONU, du 8 au 10 avril 1996, toute personne essayant d'appeler l'Hotel Presidential, où logeait l'équipe, s'entendait répondre par les standardistes qu'ils avaient reçu l'ordre de ne laisser passer aucun appel. Les militants des droits de l'homme qui souhaitaient parler aux enquêteurs ont réussi à leur faire remettre en cachette une note expliquant qu'ils n'avaient pas pu se mettre en contact avec eux autrement et ils sont allés attendre un soir dans le hall de l'hotel - qui était rempli de membres du SSS - et ont pu rencontrer l'équipe qui rentrait tard d'une réception à la maison du gouverneur. Accord était alors pris que les militants, entre autres Nsirimovu, rencontreraient l'équipe le lendemain matin à 9 heures, c'est-à-dire le 10 avril. Cependant, alors qu'ils quittaient le parking de l'hotel en plusieurs voitures, celle où se trouvait Nsirimovu était arrêtée par la police mobile. Après avoir été désignées par un membre du SSS, les cinq personnes se trouvant à bord (Nsirimovu, Stanley Worgu, Robert Azibaola, Nelson Azibolanari et Felix Tuodolor) étaient emmenés à la caserne de la police mobile près de l'hotel, où ils allaient passer la nuit. Stanley Worgu réussissait à s'échapper le matin suivant très tôt et à alerter les organisations des droits de l'homme et l'ONU elle-même. A environ 10 heures, le commandant arrivait, prétendant qu'il n'était pas au courant des détentions et qu'il s'agissait d'une erreur. Nsirimovu était emmené chez le commandant du Détachement de sécurité interne de l'Etat de Rivers, le Maj. Umahi, avant qu'ils ne soient libérés tous les quatre. En arrivant à l'Hotel Presidential, Nsirimovu s'est entendu dire à l'entrée que c'était trop tard pour rencontrer les enquêteurs et que ceux-ci ne l'attendaient plus. Mais à ce moment, l'un des enquêteurs est sorti et Nsirimovu a pu parler avec l'équipe dans l'hotel et lui remettre une copie d'un rapport sur la situation en pays ogoni. Le matin suivant, le SSS débarquait dans les bureaux de l'institut à la recherche de Nsirimovu (qui n'était pas là). Depuis avril, les agents du SSS ont continué de harceler le personnel de l'institut à maintes reprises.


Le 9 avril, l'équipe de l'ONU s'est rendue en pays ogoni. Des soldats étaient postés tout au long des routes principales du pays ogoni. Des crieurs publics avaient avisé les villageois de ne pas sortir de chez eux sous peine d'être arrêtés. Malgré l'importante présence des forces de sécurité, une foule nombreuse d'Ogoni vêtus de noir et portant des pancartes faisait la haie le long de la route empruntée par la mission pour se rendre sur le lieu où les quatre dirigeants ogoni avaient été tués en mai 1994. Mais en dépit des assurances données à la mission de l'ONU que les personnes souhaitant leur parler ne seraient victimes d'aucune représaille, un certain nombre d'arrestations ont eu lieu avant et pendant la visite de l'ONU, dans le but évident d'empêcher les militants ogoni de parler aux membres de la mission. Le MOSOP estime à quarante-trois le nombre de personnes arrêtées pendant les quelques jours précédant la visite de l'ONU, presque toutes ayant été détenues pendant plusieurs semaines avant d'être libérées, après avoir signé des documents dénonçant le MOSOP et payé des pots-de-vin considérables (de l'ordre de 10.000 ). (96) Le MOSOP affirme que deux personnes ont perdu la vie suite aux tortures qui leur ont été infligées. Cinq personnes ont seulement été libérées le 13 août 1996. Sunny Kobo, étudiant à l'UST et président de la NUOS qui avait été arrêté dans la ville de Bori (et violemment battu) le 7 avril, deux jours avant la visite de la mission de l'ONU, a été le dernier à être libéré, le 26 août.


La Situation Actuelle en Pays Ogoni

Le pays ogoni connaît encore une présence importante des forces de sécurité. Bien que Human Rights Watch/Africa n'ait pu se rendre en pays ogoni, dans un souci de sécurité pour notre représentant et pour ceux avec qui nous pourrions parler, nous avons néanmoins recueilli les témoignages d'un certain nombre d'Ogoni qui se sont rendus à Port Harcourt pour nous parler. Ils nous ont décrit les harcèlements continuels infligés par l'armée et la police mobile à quiconque est perçu comme un sympathisant du MOSOP. Les militants étudiants et les dirigeants des associations qui n'ont pas peur de dire ce qu'ils pensent font fréquemment de courts séjours en prison. Les réunions de groupes perçus comme étant critiques vis-à-vis du gouvernement ne sont pas autorisées. Le Maj. Umahi aurait également mis en garde les responsables de l'Eglise en pays ogoni contre "les prédications politiques". (97)


Pendant ce temps, certaines organisations de jeunesse ont été créées avec les encouragements des autorités militaires. Elles portent des noms tels que "Mouvement de Pacification du Pays Ogoni" ou "Jeunesse Patriotique Ogoni". Ces groupes organisent des réunions sans être victimes d'aucune tracasserie, ils appellent la population à appuyer le gouvernement, à éviter le conflit et à oublier le MOSOP. Deux militants étudiants à qui Human Rights Watch avait parlé avaient été contactés par l'"Organisaton de Jeunesse des Communautés productrices de pétrole" qui leur avait dit que des jeunes gens aussi dynamiques qu'eux ne devraient pas participer à des activités non rentables alors qu'ils pourraient être bien payés. On leur a fait comprendre qu'ils pourraient recevoir un salaire de base et d'autres primes - jusqu'à 10.000 comme paiement exceptionnel de départ - s'ils adhéraient au groupe pro-gouvernemental. (98) Le Conseil Ogoni des Ministres du Culte, partisan du MOSOP, a dénoncé les activités d'une association d'église portant un nom ogoni signifiant Conseil Indigène pour la Paix, la Réconciliation et le Redressement, avançant que son dirgeant, le Dr. Friday Nwator, avait été payé par le gouvernement pour entreprendre ses activités, y compris des voyages en Europe pour promouvoir la politique du gouvernement. (99) Au début juillet 1996, le National Reconciliation Committee (Comité National de Réconciliation), l'un des organes créés en vertu du programme de transition, s'est rendu en pays ogoni et a tenu une audience publique à Port Harcourt. D'après les reportages, le président du comité, l'ancien ministre de l'information et de la culture Alex Akinyele, a déclaré que le problème ogoni avait été gonflé et que le peuple ogoni avait été trompé par ce qu'il a appelé un groupe de mécréants: "C'est une chose terrible pour un dirigeant que de tromper ses partisans. Ces personnes mériteraient qu'on leur attache de lourdes pierres autour du cou et qu'on les jette dans l'océan, comme il est stipulé dans la Bible." (100)


Le MOSOP a signalé que quinze personnes avaient été arrêtées le 13 août, notamment la présidente de la Fédération des Femmes Ogoni (Federation of Ogoni Women) pour avoir organisé, paraît-il, des réunions en vue d'une visite au Nigéria prévue prochainement par le Groupe d'Action Ministériel du Commonwealth (GAMC) et annoncée par le gouvernement nigérian. Une autre rafle du Détachement de Sécurité interne aurait eu lieu le 16 août à K-Dere et dans une communauté voisine, Baranyonwa Dere. Six personnes auraient été interpellées à Kpor, avant d'être libérées en échange du paiement de pots-de-vin. Plusieurs personnes ont été violemment battues et un certain nombre d'habitations ont été pillées. Le 31 juillet, le MOSOP a signalé qu'un producteur de la radio locale (Radio Rivers) avait été arrêté par le Détachement de sécurité interne pour avoir passé une chanson ogoni à la radio. De même, Clement Yerekina, un employé du service d'immigration, aurait été arrêté le 6 mai et serait toujours en détention. Les autorités prétendent qu'il aurait délivré sans autorisation des documents de voyage aux dirigeants du MOSOP. (101) Selon la presse, une femme de l'Etat de Kogi vivant à Abuja serait détenue par la police depuis le 13 novembre 1995, pour avoir écrit une lettre plaidant la clémence dans l'affaire Saro-Wiwa. Elle a lancé un appel à l'aide à la National Human Rights Commission (Commission Nationale des Droits de l'Homme). (102)


Les Réfugiés Ogoni en République du Bénin

En mars 1996, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) a publié une déclaration selon laquelle, depuis la célébration de la Journée Ogoni le 4 janvier, environ 1.000 Ogoni avaient franchi la frontière nigériane pour aller chercher refuge dans le pays voisin, le Bénin. Bien que ces chiffres soient relativement peu élevés, "le taux d'augmentation est inquiétant". Beaucoup de ceux qui cherchent assistance sont des membres des professions libérales, notamment des médecins, des prêtres et des juristes, et tous soutiennent qu'ils sont membres du MOSOP et sont persécutés depuis l'exécution de Saro-Wiwa. Le Ministre fédéral nigérian de l'Information, Walter Ofonagoro, a démenti ces déclarations, affirmant "qu'aucune situation d'agitations ou de troubles sociaux en pays ogoni aujourd'hui ne justifie cette prétendue vague de réfugiés... les prétendus réfugiés ogoni en République du Bénin sont des migrants économiques." (103)


Selon le HCR, il y a actuellement environ 800 Ogoni vivant dans un camp au Bénin, parmi lesquels 400 ont été interrogés et reconnus comme réfugiés. Les 400 autres n'ont pas encore été interrogés. 200 autres avaient déjà reçu le statut de réfugiés mais ont quitté le pays depuis, vingt-cinq d'entre eux pour les Etats-Unis. Environ quatre-vingt Ogoni se sont vu refuser le statut de réfugiés. (Par contraste, des deux ou trois demandes parvenant chaque jour au HCR d'autres Nigérians, seuls six ont reçu le statut de réfugiés l'année dernière.) Les réfugiés sont surtout arrivés au Bénin entre décembre 1995 et mars 1996, la majorité en février et mars 1996. Les forces de sécurité nigérianes ont proféré des menaces à l'encontre de certains réfugiés. (104)


Procès en Instance pour le Meurtre des Quatre Dirigeants Ogoni le 21 Mai 1994

Dix-neuf Ogoni doivent encore être jugés pour meurtre en lien avec les mêmes faits et devant le même Tribunal Spécial des Troubles Sociaux qui avait condamné Saro-Wiwa et ses huit co-accusés en 1995. (105) Dix-huit Ogoni, dont la plupart sont détenus sans procès depuis la mi 94, ont fait l'objet d'une inculpation tardive (106) pour meurtre en mai 1995 devant un tribunal d'instance à Port Harcourt, en attendant la constitution du Tribunal Spécial. Parmi ces dix-huit personnes, une est décédée en détention, et deux autres ont été remises en liberté. Quinze restent donc en prison. Quatre autres ont aussi été accusées de meurtre devant le tribunal d'instance le 27 octobre 1995. (107) L'un d'eux avait été détenu au camp militaire de Bori depuis mars 1995 pour d'autres raisons mais il aurait été transféré dans la même cellule que les autres et, chose étonnante, il aurait alors été "identifié" par le frère d'une des personnes tuées le 21 mai 1994. (108)


Le dossier d'accusation indiquait que quatorze des accusés auraient été identifiés par un seul témoin oculaire; il semble que cinq d'entre eux se seraient uniquement trouvés "parmi la foule" sur le lieu des meurtres. (109) En décembre 1995, la Haute Cour Fédérale siégeant à Lagos a adressé une injonction provisoire en faveur des détenus, empêchant le tribunal spécial de traiter la cause jusqu'à ce que soit examinée la requête affirmant que ce type de tribunal est inconstitutionnel. Le 30 janvier 1996, le Chef Gani Fawehinmi, avocat agissant au nom des détenus et responsable de l'équipe de défenseurs de Ken Saro-wiwa avant de se retirer de son procès, qui avait présenté la requête constitutionnelle, a été arrêté en vertu du Décret No. 2; le 14 février, Femi Falana, aussi membre de l'équipe de défenseurs, a également été arrêté. La requête concernant la constitutionnalité du tribunal est encore en instance devant la Haute Cour.


Le 17 juillet 1996, quinze des personnes accusées ont été traduites devant un tribunal d'instance à Port Harcout - c'était la première fois depuis que l'inculpation avait été retenue contre eux en mai 1995 que les accusés comparaissaient devant un tribunal, bien que plusieurs autres audiences avaient eu lieu où l'affaire avait été reportée; c'était aussi la première fois depuis lors qu'ils avaient été vus par leurs avocats, famille ou amis. Malgré cela, le conseil des accusés a été forcé de discuter pendant un moment avec la police avant qu'elle n'accepte d'amener les Ogoni au tribunal. Robert Azibaola, avocat auprès de la Niger Delta Human and Environmental Rescue Organization (ND-HERO), une association pour les droits de l'homme et l'environnement formée après les exécutions du 10 novembre, a représenté les accusés avec Uche Ukwukwu et a affirmé que le procureur général (qui est chargé des poursuites judiciaires) n'avait montré aucun intérêt à poursuivre les accusés pour meurtre devant les tribunaux ordinaires. (110) Le magistrat a renvoyé l'affaire au 5 août. Les quatre autres inculpés n'ont pas comparu devant le tribunal mais leur affaire a été renvoyée au 6 août. (111) Les 5 et 6 août, les affaires ont une nouvelle fois été renvoyées au 3 octobre (pour les quinze premiers) et au 3 septembre (pour les quatre derniers), sans que les détenus ne comparaissent devant le tribunal. Après les audiences, Azibaola et Ukwukwu ont été arrêtés par le bureau des services secrets de l'Etat (SIIB - State Intelligence and Investigation Bureau) et ils ont dû passer la nuit dans les bureaux du SIIB à Port Harcourt. Chris Ikwunze, photographe au journal The Vanguard, a été agressé et son appareil photo confisqué alors qu'il essayait de photographier les détenus, qui sont tous en mauvaise condition physique. Le matin suivant, Azibaola et Ukwukwu ont été accusés devant un tribunal d'avoir obstrué le cours de la justice, en tentant soi-disant d'empêcher l'arrestation du photographe, mais ils ont été libérés sous caution.


Les conditions de détention des Ogoni emprisonnés dans le cadre de ces accusations, comme pour les autres prisonniers nigérians, sont effroyables. Un Ogoni faisant partie du groupe détenu depuis la mi 94, Clement Tusima, est mort le 14 août 1995, des suites d'une longue maladie qui n'aurait pas été soignée. Des lettres sorties clandestinement de la prison de Port Harcourt affirment que l'un des accusés, Babiina Vizor de Giokoo, a perdu en partie la vue en raison des conditions de détention; les autres souffrent de problèmes liés à la malnutrition ainsi que de maladies de peau et de problèmes respiratoires. Suite à une lettre remise au Times de Londres en mai 1996 décrivant les conditions et lançant un appel à l'aide, les détenus ont été mis au secret. (112) Une autre lettre datée du 13 juillet 1996 indique que presque tous les détenus souffrent d'une grave perte de poids, de plaques rouges sur le corps et les organes génitaux et d'accès de fièvre. D'autres souffrent d'une perte partielle de l'ouie et de troubles de la vue.


Harcèlements à l'Encontre d'Autres Minorités du Delta

Les restrictions à la liberté d'association, d'expression et de réunion ne se limitent pas aux membres de la communauté ogoni, bien qu'elles soient plus sévères en pays ogoni. D'autres communautés du Delta du Niger ont également été mises en garde contre les dangers de protester contre la politique gouvernementale, dans des déclarations gouvernementales qui sont, semble-t-il, dues à l'inquiétude suscitée par la réaction en chaîne provoquée par la mobilisation des jeunes par le MOSOP. Le président d'une communauté du territoire d'Ijaw dans l'Etat de Rivers - à des kilomètres du pays ogoni - a expliqué à Human Rights Watch/Africa qu'il avait été convoqué à une "réunion de sécurité" au siège du gouvernement local le 19 juin 1996; le président du conseil local, élu lors des récentes élections, a averti tous ceux qui étaient présents que s'ils n'obéissaient pas au gouvernement Abacha, ils seraient mis sous les verroux, et qu'ils devaient veiller à ce que les jeunes de leur région obéissent aussi au gouvernement, sinon l'armée serait envoyée sur place pour imposer l'ordre. Le président du conseil local a déclaré que si un chef de communauté venait à apprendre qu'il y avait des problèmes dans son village, il devait les signaler ou il aurait des problèmes si les autorités venaient à les découvrir plus tard. Lorsqu'une personne présente à la réunion a demandé ce qu'il fallait faire en cas de problèmes avec les compagnies pétrolières, le président du conseil local a dit qu'il fallait aussi les signaler. Lorsqu'il a été mis au défi de dire s'il soutiendrait le gouvernement fédéral dans ce genre de différends, il a répondu que oui, qu'il était le représentant et porte-parole du gouvernement fédéral au niveau local, que c'était le gouvernement fédéral qui l'avait placé là où il était et qu'il devait par conséquent parler en faveur du gouvernement fédéral. (113)



85. Témoignage recueilli par Human Rights Watch, le 17 juin 1996.

86. Témoignages recueillis par Human Rights Watch, Port Harcourt, 19 et 21 juin 1996. Le 21 mai 1996, le jour des meurtres qui ont conduit aux procès des Ogoni, les directeurs des éditions quotidiennes et du week-end du Sunray, ainsi que le rédacteur de l'édition du week end, ont été arrêtés pendant plusieurs heures au camp militaire de Bori par le Lt. Col. Okuntimo, commandant d'un Détachement de Sécurité Interne, après avoir suivi les reportages sur les meurtres avec l'armée. On leur a ordonné de ne pas publier d'article sur les meurtres, et les exemplaires de la dernière édition mise à jour pour couvrir l'événement ont été saisis.

87. Témoignages recueillis par Human Rights Watch, Kemedi von Dimieari et Robert Azibaola, 16 et 18 juin 1996.

88. Ce qui suit est basé sur des témoignages recueillis par Human Rights Watch/Africa à Port Harcourt du 16 au 20 juin 1996.

89. "Victims of the Ogoni Day Celebration 4-1-96," document fourni par le MOSOP.

90. Le Maj. Umahi a succédé à la tête du Détachement au Lt. Col. Paul Okuntimo, dont le nom apparaît très souvent dans le rapport de Human Rights Watch/Africa intitulé "The Ogoni Crisis."

91. Témoignage recueilli par Human Rights Watch, Ledum Mitee, Londres, le 19 août 1996.

92. Témoignage recueilli par Human Rights Watch auprès de Paul Adams, Lagos, le 11 juin 1996.

93. Témoignage recueilli par Human Rights Watch auprès de Ledum Mitee, Londres, le 19 août 1996.

94. Enregistrement vidéo du MOSOP montrant plusieurs des personnes battues.

95. Tous ceux qui ont tenté de rencontrer la mission de l'ONU ailleurs dans le pays ont aussi été victimes de harcèlements. A Lagos, les enquêteurs logeaient à l'hotel Sheraton, près de l'aéroport, qui était encerclé par la police mobile et par des soldats et des membres du SSS pour essayer d'intimider les militants de la cause démocratique et des droits de l'homme qui voulaient les voir. Deux représentants de la NADECO, le Chef Bola Ige et le Dr. Frederick Fasehun, ont été arrêtés par la police à leur arrivée à l'hotel et ils n'ont été relâchés que grâce à l'intervention d'un membre du personnel accompagnateur de la mission, M. Amer Ar'raim, qui les a accompagnés au bureau de police. A Kano, l'hotel Prince était aussi sous surveillance. Deux membres de Democratic Alternative - Eni Ahibe, président national, et Labaran Maku, originaire de Lagos - ont été emmenés au siège de la législature de l'Etat, la résidence du gouverneur ou administrateur militaire à Kano, et détenus pendant quatre jours dans le cas du premier et une nuit dans le cas du second.

96. Témoignage recueilli par Human Rights Watch/Africa à Port Harcourt, du 16 au 18 juin 1995; autres informations fournies par MOSOP-UK.

97. Chris McGreal, "19 more Ogonis face hanging as Nigerian major shows who's boss," The Guardian (Londres), 11 novembre 1995.

98. Témoignage recueili par Human Rights Watch, Port Harcourt, 18 juin 1996.

99. Ogoni Council of Church Ministers, Communiqué de Presse, 29 juillet 1996; MOSOP, Communiqué de presse, 2 août 1996.

100. Udenna Orji, "Akinyele's team disagrees with reports on Ogoni," The Guardian (Lagos), le 5 juillet 1996.

101. Communiqué de Presse du MOSOP, 19 août 1996; liste des détenus actuels fournie par le MOSOP.

102. Joel Gure, "Lady detained over Saro-Wiwa," The Sunday Punch (Lagos), le 28 juillet 1996.

103. "Ogoni Activists Flee Nigeria, Says U.N.," Reuters, le 29 mars 1996; "Ogonis Not Fleeing, Says Nigerian Minister," Reuters, le 31 mars 1996.

104. Témoignage recueilli au téléphone par Human Rights Watch/Africa auprès d'un représentant du HCR au Bénin, le 27 août 1996; Fernand Azonnanon, "Des rapports difficiles à gérer," Le Matin (Cotonou), le 17 mai 1996.

105. Leurs noms sont: Sampson Ntignee; Nyieda Nasikpo, Benjamin Kabari, Friday Gburuma, Popgbara Zorzor, Samuel Asigha, John Banatu, Baritule Lebe, Adam Kaa, Kagbara Basseeh, Blessing Israel, Paul Deekor, Godwin Gbodor, Nwinbari Abere Papah, Babiina Vizor, Taaghalobari Monsi, Ngbaa Baovi, Baribuma Kumanwee et Michael Dogala.

106. L'inculpation tardive un tribunal d'instance, même lorsque ces tribunaux ne sont pas compétents pour juger l'affaire (comme dans le cas d'un meurtre) est une pratique courante de la police nigériane, malgré les critiques des organisations des droits de l'homme et les arrêts de la Cour d'Appel selon lesquels une telle procédure n'est pas prévue dans la législation nigériane. Il s'agit de la procédure dite de "holding charges", d'après laquelle l'inculpation sert à obtenir un jugement ordonnant que l'accusé reste en détention préventive pendant la préparation du dossier devant le tribunal qui traitera la cause. Eze Onyekpere, Justice for Sale (Lagos:Civil Liberties Organisation, juin 1996), p.125-136.

107. Copies des actes d'accusation datés du 19 mai et du 27 octobre 1995.

108. "19 More ogonis for the Justice Auta Special Military Tribunal", Communiqué de Presse du MOSOP, 23 novembre 1995.

109. Chris McGrea, "Flawed case against Ogonis," The Guardian (Londres), 1 décembre 1995.

110. Le 12 novembre 1995, Azibaola, ancien étudiant en droit et militant de Port Harcourt qui venait de terminer son service national à Abuja, a symboliquement brûlé sa perruque et sa toge en public dans le principal terminus de bus de Port Harcourt, en signe de protestation contre l'exécution de Ken Saro-Wiwa et des huit autres militants ogoni. Une foule s'est rapidement formée autour de lui, attirant l'attention de la police. Azibaola s'est échappé en motocyclette. Témoignage recueilli par Human Rights Watch en juin 1996.

111. "Report of the Ogoni 20 trial before the Magistrate Court 2, Port Harcourt, on Wednesday 17th July, 1996," document fourni par le MOSOP; "14 of Ken Saro-Wiwa's Ogoni people indicted for murder" AFP, 18 juillet 1996; "The Trial of the Ogoni 19", Communiqué de Presse du MOSOP, 2 août 1996.

112. Michael Dynes, "Ogoni activists in plea to West over Nigeria 'frame-up,'" The Times (Londres), le 15 mai 1996; "Cry Nigeria," The Times, le 16 mai 1996; Michael Dynes, "Prison puts Ogoni 19 in solitary," The Times, le 20 mai 1996.

113. Témoignage recueilli par Human Rights Watch le 20 juin 1996.

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