CONTEXTELe VIH/SIDA représente une crise d'une amplitude sans précédent en Afrique sub-saharienne. Pratiquement 80 pour cent des vingt-deux millions de morts du SIDA, depuis le début de l'épidémie, se sont produits en Afrique.10 La plupart de ces décès se sont concentrés dans dix-huit pays qui ne représentent que 5 pour cent de la population mondiale. Dans la plupart des pays les plus touchés d'Afrique orientale et australe, le SIDA a entraîné une chute de vingt ans dans l'espérance de vie, à partir de chiffres déjà initialement bas.11 Au cours des dix dernières années, le SIDA a été un agent destructeur beaucoup plus puissant, et de loin, que tous les conflits armés en Afrique réunis.12 L'épidémie du SIDA se distingue des autres épidémies mortelles en ce sens que la plupart des vies qu'elle fauche sont celles d'adultes âgés de vingt à quarante ans. En Afrique, la grande majorité des personnes appartenant à cette tranche d'âge sont des parents ce qui explique pourquoi le SIDA est responsable de l'apparition de millions d'enfants africains orphelins. On estime à 25 millions le nombre de personnes vivant avec le VIH/SIDA en Afrique sub-saharienne parmi lesquelles 3,8 millions ont été contaminés pendant l'année 2000 seulement.13 Des millions de nouvelles infections chaque année, parmi les jeunes adultes, permettent d'affirmer sans crainte d'être démenti que le nombre d'orphelins va continuer à augmenter dans les années à venir.
D'ici 2010, dans cinq pays d'Afrique orientale et australe, plus de 30 pour cent de tous les enfants de moins de quinze ans seront orphelins, en grande partie à cause du SIDA, selon le Bureau du Recensement.16 Par comparaison, des travaux de recherche suggèrent que dans la plupart des pays en développement, environ 2 pour cent des enfants de moins de quinze ans étaient orphelins avant l'arrivée du SIDA.17 Les experts des Nations Unies et du Bureau du Recensement sont d'accord pour affirmer que "la pandémie du VIH/SIDA produit actuellement des orphelins sur une échelle jamais égalée dans l'histoire mondiale,"18 et que le nombre d'orphelins, en pourcentage de la population des enfants, va continuer à être élevé en Afrique pendant plusieurs décennies. Dans les pays gravement touchés, pour chaque enfant ayant perdu un parent des suites du SIDA, il y a un ou deux enfants en âge scolaire s'occupant d'un parent malade, jouant le rôle de soutien de famille pour toute la maisonnée ou par ailleurs incapable de suivre une scolarité à cause du SIDA.19 Les enfants qui ne sont pas orphelins sont également affectés lorsque des orphelins rejoignent leurs maisons ou bien évidemment, lorsqu'eux mêmes sont contaminés. Ainsi le nombre d'enfants affectés par le SIDA recouvre-t-il une population beaucoup plus large que les seuls orphelins. La réponse des gouvernements africains à l'épidémie du SIDA a, dans l'ensemble, été grandement inadaptée. L'Ouganda, voisin du Kenya à l'ouest, est souvent cité comme pratiquement le seul état africain dans lequel les responsables du gouvernement ont pris la mesure dès le milieu des années 80, de la menace que représentait le VIH/SIDA et ont agi pour la stopper. En 1986, encouragé par le style très franc de la présidence de Yoweri Museveni, l'Ouganda est devenu le premier pays en Afrique à collaborer avec l'Organisation Mondiale de la Santé et son Programme Mondial sur le SIDA afin de créer un programme intersectoriel national de contrôle du SIDA.20 En 1993, la première preuve solide d'une baisse des taux de transmission, en Ouganda, a été rendue publique21 - à une époque où les chefs d'état, dans le reste de l'Afrique, gardaient encore le silence sur le problème ou ne le mentionnaient que pour rendre les autres responsables d'avoir introduit le virus dans leurs pays. En dépit d'actions précoces de la part du gouvernement ougandais, l'Ouganda compte encore plus d'un million d'enfants rendus orphelins par le SIDA et l'épidémie a ravi des millions de vies, dont 110 000 en 1999 seulement.22 L'ampleur de ces pertes s'explique par plusieurs facteurs, dont probablement le niveau de pénétration de l'épidémie dans le pays dès 1986, l'échec des experts mondiaux, même les plus confirmés, pour comprendre à cette époque le potentiel meurtrier de la maladie, la pauvreté et la désintégration des structures sociales et des services de base en Ouganda à la suite de nombreuses années de conflit. Les succès en matière de réduction des taux de transmission en Ouganda sont le plus souvent attribués à la gestion, par le gouvernement, de ce problème ainsi qu'à son ouverture sur le sujet, au rôle actif des responsables de la société civile et des responsables religieux et au soutien précoce des bailleurs.23 Les violations des droits civils et politiques ont renforcé le pouvoir destructeur du VIH/SIDA en Afrique. Le statut inférieur réservé aux femmes et leur incapacité, dans de nombreuses circonstances, de négocier en faveur de relations sexuelles protégées ou de refuser des relations sexuelles imposées ne représentent qu'une catégorie d'abus. Les femmes et les filles peuvent aussi être confrontées à une réprobation plus importante que pour les hommes lorsqu'elles cherchent à bénéficier de services en matière de santé reproductive, de prévention et traitement des infections sexuellement transmissibles. Les homosexuels mènent une vie largement cachée dans de nombreux pays africains et cette discrimination et cette marginalisation contribuent à les rendre plus vulnérables face à cette maladie et à les éloigner des services pourtant disponibles pour eux. Les prisonniers dans de nombreux pays se verraient refuser des services et des informations leur permettant de se protéger. Les consommateurs de drogues injectables et les travailleurs sexuels sont fréquemment marginalisés et incapables d'affirmer leurs droits à la protection. La violence sexuelle a été systématiquement utilisée comme une arme de guerre et elle est particulièrement mortelle là où le VIH/SIDA est répandu. Toute réponse gouvernementale au VIH/SIDA est incomplète si elle ne prend pas en compte ces violations des droits civils et politiques. Effondrement des mécanismes de soutien communautaires et familiaux Dans les pays maintenant les plus touchés par le VIH/SIDA, la famille élargie a traditionnellement été la source de soutien et de soin privilégiée pour les orphelins et autres enfants ayant besoin d'une protection spécifique. Pays après pays, il est devenu clair que la famille élargie est maintenant surchargée et donc incapable de fournir le niveau de protection et de soin traditionnellement offert aux enfants privés d'un environnement familial. "Dans le corps, le VIH pénètre dans le système de défense et le terrasse. Il procède de même sociologiquement. Il pénètre dans le système de soutien de la famille élargie et l'anéantit," selon Geoff Foster, un pionnier de la recherche sur les enfants affectés par le SIDA, au Zimbabwe.24 Comme l'a fait remarquer un chercheur en Ethiopie, la famille élargie, "un filet de sécurité sociale qui a pris en charge les enfants orphelins pendant des siècles est en train de craquer sous la pression du SIDA."25 La détérioration du soutien familial commence avec la famille immédiate de la personne atteinte du SIDA. John Williamson, auteur de certaines des premières analyses - et de celles qui ont eu le plus de poids - sur la situation des enfants affectés par le SIDA, décèle un processus d'affaiblissement de la famille africaine face au SIDA que de nombreuses enquêtes ont confirmé.26 Lorsque les symptômes du SIDA apparaissent, le soutien de famille ou le parent atteint devient de plus en plus malade et incapable de travailler. La perte du salaire de cette personne ou de son travail quotidien à la maison combinée au poids financier des traitements médicaux coûteux, même s'ils ne comprennent pas de médicaments antirétroviraux, ont pour conséquences des problèmes d'insécurité alimentaire et d'absence de certains biens matériels, dans la maison. Les enfants sont retirés de l'école soit pour s'occuper de la personne malade à la maison, soit pour prendre soin des jeunes enfants, soit pour se lancer dans des activités génératrices de revenus (ou une combinaison des trois). Une pauvreté plus grande à la maison signifie aussi un accès réduit aux services de santé pour tous les membres de la famille et pas seulement pour la ou les personnes vivant avec le SIDA. Williamson estime que les problèmes d'héritage sont fréquents pour les veuves et les enfants après un décès dû au SIDA. Il souligne également que la détresse psychologique suite au décès dans la famille est exacerbée par la stigmatisation subie de la part de la communauté ou de parents plus éloignés. La situation des familles affectées par le SIDA, à la différence d'autres situations qui produisent également des orphelins, a été succinctement décrite par l'OMS et le Fonds des Nations Unies pour l'Enfance (UNICEF) en 1994 : D'autres épidémies et désastres causent également des décès en grand nombre et laissent des enfants orphelins mais la manière d'opérer du VIH/SIDA est unique. Le SIDA est un problème de longue haleine qui ne permet pas d'espérer un retour à la normale. Ceux qui devraient s'occuper des enfants et des personnes âgées et subvenir à leurs besoins sont ceux qui meurent. Dans les communautés les plus touchées, il y a de moins en moins d'adultes valides pour produire récoltes et revenus ou pour s'occuper des enfants qui sont donc souvent réduits à la pauvreté. La survie des personnes déjà pauvres devient encore plus précaire. Les problèmes sont encore exacerbés par la peur et la réprobation qui entourent le SIDA et qui font que les autres membres de la communauté sont réticents à offrir leur aide.27 Nombre de pays et communautés les plus touchés par le VIH/SIDA en Afrique sub-saharienne souffraient, à l'époque où le SIDA les a frappés, souffert de la guerre, de désastres naturels, d'une pauvreté en augmentation et des effets d'une corruption généralisée. Au début des années 90, lorsque l'impact du SIDA a commencé à être ressenti par la population générale dans la majeure partie de l'Afrique orientale et australe, les filets de sécurité existant au niveau communautaire étaient déjà sollicités au maximum de leur capacité. Il n'est pas surprenant que la prise en charge d'enfants affectés par le SIDA pose un défi majeur. Comme le faisait remarquer un groupe d'experts du SIDA lors d'une conférence internationale : Le nombre d'orphelins dans les pays gravement touchés par l'épidémie du VIH/SIDA pèse déjà sur la capacité des familles élargies et des communautés d'absorber les besoins de ces enfants et d'y répondre. Il n'est pas facile d'évaluer dans quelle mesure familles et communautés peuvent faire face. Quelle part dans le manque de soutien l'état va-t-il assumer ? Et que peut faire la société civile, soutenue par le gouvernement et la communauté internationale pour aider ? Ces questions sont de celles auxquelles il faudra répondre dans la décennie à venir et les réponses ne sont pas aisées.28 Dans ce contexte difficile, plusieurs dangers touchant particulièrement les enfants affectés par le SIDA sont constamment identifiés, dans un certain nombre de pays. Risque de contamination par le VIH/SIDA Les jeunes constituent un groupe particulièrement exposé à la contamination par le VIH/SIDA, en particulier s'ils n'ont pas régulièrement accès à une information claire et adaptée sur la transmission du VIH et les relations sexuelles protégées, comme ceci est le cas dans une bonne part de l'Afrique. Le risque augmente lorsqu'ils ne sont plus scolarisés, lorsqu'ils sont dans la pauvreté, dans la rue ou dans d'autres situations liées à la présence du SIDA dans la famille. Comme nous l'avons écrit plus haut, retirer les enfants de l'école semble être un mécanisme fréquemment utilisé par les familles affectées par le SIDA pour tenter d'y faire face et des études quantitatives ont confirmé cette observation générale. Une étude en zones rurales de Zambie a montré que 68 pour cent des orphelins en âge scolaire n'étaient pas inscrits à l'école contre 48 pour cent chez les enfants qui ne sont pas orphelins.29 Dans ce cas, l'étude ne distinguait pas les orphelins des suites du SIDA, des enfants devenus orphelins pour d'autres raisons mais les communautés concernées avaient très peu d'orphelins avant la crise du SIDA. Le rapport annuel le plus récent publié par le Programme conjoint des Nations Unies sur le VIH/SIDA (ONUSIDA) relatif à l'état de l'épidémie de VIH/SIDA souligne que plusieurs études ont confirmé que l'apparition du SIDA dans une famille est une cause directe d'abandon scolaire. Par exemple, dans une étude sur des communautés du Zimbabwe fortement touchées par le SIDA, 48 pour cent des orphelins en âge d'aller à l'école primaire avaient quitté l'école, le plus souvent au moment de la maladie ou de la mort de l'un des parents. Et sur les enfants en âge de se rendre à l'école secondaire qui avaient été interrogés, aucun orphelin n'était en mesure de rester à l'école.30 Une autre étude conduite par le Farm Orphan Support Trust en 2000 a estimé qu'un tiers des enfants orphelins à cause du SIDA vivant sur les fermes commerciales du Zimbabwe avaient abandonné l'école parce que leurs familles ne pouvaient plus se permettre de payer les frais de scolarité ou parce que les enfants avaient perdu leurs certificats de naissance ou d'autres documents nécessaires à l'inscription à l'école.31 Ces risques directs d'être enlevés de l'école sont aggravés dans le cas des enfants vivant dans des communautés affectées par le SIDA, par le taux de mortalité élevé chez les professeurs et le personnel administratif des écoles enregistré dans de nombreux pays, affaiblissant ainsi dramatiquement la capacité des écoles à offrir des services d'éducation.32 Saisie des biens et droits à la conservation de l'héritage Dans de nombreux pays africains, les droits à l'héritage des veuves et orphelins du SIDA n'ont pas été respectés ni protégés.33 Bien que des femmes et des enfants devenus veuves et orphelins pour d'autres raisons que le SIDA aient pu aussi être confrontés à ce qu'on a appelé cet accaparement des biens, certains observateurs ont suggéré que la situation est bien pire lorsque le SIDA est impliqué. Une étude en Zambie a noté que la pratique d'hériter d'une femme, selon laquelle le frère du mari ou un autre parent hérite de cette femme pour l'épouser, pourrait contribuer au phénomène d'accaparement des biens dans les familles affectées par le SIDA. Lorsqu'un homme est promis au mariage, sa famille paie une dot à la famille de sa fiancée. Suite à cela, la femme et les enfants issus du mariage sont considérés comme appartenant à la famille du mari. Si l'homme décède et que son épouse souffre du SIDA ou est soupçonnée d'être séropositive, les membres de la famille du mari peuvent estimer peu souhaitable d'hériter de cette femme et peuvent, par conséquent, préférer prétendre aux biens du mari.34 Risque de devenir des enfants des rues et autres besoins spécifiques en matière de protection En partie lié au fait d'avoir abandonné l'école et d'être sans biens, le phénomène des orphelins du SIDA qui augmente le nombre d'enfants sans abri en Afrique a fait l'objet d'articles dans la presse populaire mais aussi de rapports d'experts. A Lusaka, la capitale de la Zambie, la population des enfants des rues a plus que doublé entre 1991 et 1999, une augmentation que les agences des Nations Unies dans le pays attribuent largement au SIDA.35 Un récent article de couverture du magazine Time a utilisé le nombre de 350 000 enfants devenus des sans abris après que le SIDA ait fait d'eux des orphelins.36 Au Soudan qui ne figure pourtant pas parmi les pays les plus affectés par le SIDA, le personnel des églises estimait, en 1999, que 10 000 orphelins du SIDA avaient gonflé la population des enfants des rues de Khartoum.37 Les organisations non gouvernementales ont recueilli des informations sur les nombreux risques qui menacent les enfants des rues. Un rapport récent de Save the Children-Suède confirme que le SIDA est un paramètre clé pour expliquer ce qui pousse les enfants dans les rues et conclut, sur la base d'entretiens approfondis avec des fournisseurs de services au Kenya, en Ouganda, en Tanzanie et en Ethiopie que, dans la vaste majorité des cas, "une jeune fille livrée à elle-même et travaillant dans la rue finira tôt ou tard par travailler comme prostituée."38 Risque de devoir se lancer dans un travail dangereux Très lié au risque d'être dans la rue et hors système scolaire, le risque de voir des enfants se lancer dans un travail dangereux a été associé au VIH/SIDA dans certaines études. L'UNICEF a soutenu des équipes du gouvernement et des ONG dans six pays d'Afrique orientale et australe afin de conduire des évaluations rapides de la situation des enfants qui travaillent. Le rapport issu de ces travaux a conclu que le fait que les enfants soient dans des familles affectées par le SIDA est un déterminant permanent et fort expliquant leur arrivée forcée sur le marché du travail, souvent dans des métiers dangereux. "L'épidémie du SIDA a transformé les enfants africains en orphelins et en travailleurs," concluait ce rapport. "Nous avons peu de chances de nous tromper en affirmant que l'Afrique orientale et australe aura un nombre disproportionné...d'enfants travailleurs d'ici 2015 sauf si une action est immédiatement entreprise pour renverser cette tendance."39 Face à l'adversité à laquelle sont confrontés les enfants orphelins du SIDA, il n'est pas surprenant qu'un nombre d'études aient montré que ces enfants étaient plus mal nourris et davantage exposés à un éventail de maladies que d'autres orphelins ou d'autres enfants en situation de vulnérabilité.40 Les enfants des rues, les orphelins vivant dans la pauvreté et l'isolement, les enfants privés de leur droit à héritage et les enfants avec peu de chance de pouvoir jouir, un jour, de leur droit à l'enseignement sont tous des enfants qui ont besoin d'une protection spéciale et sont tous fortement exposés au risque d'être négligés, abusés ou violentés. Le VIH/SIDA en Afrique contribue à toutes ces conditions. Au Kenya, le VIH/SIDA est une urgence nationale. On estime à 2,1 millions la population d'adultes et d'enfants vivant avec le VIH/SIDA, ce qui représente 14 pour cent de la population sexuellement active.41 Le taux de prévalence du VIH au Kenya est le neuvième au monde.42 L'ONUSIDA estime qu'environ 500 personnes par jour sont mortes du SIDA, dans le pays, en 1999.43 Beaucoup d'experts au Kenya utilisent maintenant le nombre de 600 morts ou plus, par jour.44 Les projections du Bureau américain du Recensement indiquent que d'ici 2005, il y aura environ 820 morts par jour du SIDA au Kenya.45 Jusqu'à présent, environ 75 pour cent des morts du SIDA au Kenya ont concerné des adultes de dix-huit à quarante-cinq ans.46 On continue à se voiler la face et à faire la sourde oreille devant le VIH/SIDA dans la majeure partie du Kenya, ce qui complique les débats sur des mesures politiques et légales pour s'attaquer au problème ainsi qu'à la mise à disposition de services pour ceux qui sont touchés. Le VIH/SIDA a fait des ravages au Kenya au cours d'une période de forte hausse du taux de pauvreté. En 1972, on estimait qu'environ 3,7 millions de Kenyans vivaient dans la pauvreté (défini par un niveau de revenu de moins de 1 USD par jour). Aujourd'hui, ce nombre est d'environ 15 millions ce qui représente 52 pour cent de la population.47 La province de Nyanza qui a le taux d'infection le plus élevé du pays, soit 29 pour cent,48 possède également le taux de pauvreté le plus élevé alors qu'au début des années 90, cette province faisait partie des régions les moins pauvres du pays.49 Le VIH/SIDA a contribué à la récession économique de diverses façons. L'agriculture emploie environ la moitié de la main d'_uvre au Kenya. Dans la seule province de Nyanza, le SIDA a réduit la main d'_uvre sur les exploitations agricoles d'environ 30 pour cent.50 La Banque Mondiale estime qu'en 2000, une société moyenne au Kenya a déboursé l'équivalent de 8 pour cent de ses profits pour régler des coûts liés au SIDA comme l'absentéisme de son personnel.51 Le Projet de Politique de Futures Group International estime qu'un foyer moyen de petits cultivateurs en milieu rural perd entre 58 et 78 pour cent de son revenu suite au décès par le SIDA d'un adulte économiquement actif.52 Les pertes subies par des foyers urbains sont du même ordre de grandeur. La mort d'un second adulte entraîne la perte d'environ 116 à 167 pour cent du revenu du foyer, ce qui signifie que le foyer contracte des dettes, est contraint de se séparer de biens, retire ses enfants de l'école ou les envoie vivre chez des parents de la famille.53 Comme dans de nombreux pays, le nombre d'orphelins au Kenya fait l'objet de controverses. En 1999, les Nations Unies ont estimé qu'il y avait environ 730 000 enfants de moins de quinze ans, ayant perdu leur mère ou leurs deux parents des suites du SIDA depuis le début de l'épidémie, au Kenya. 550 000 de ces enfants sont encore en vie. Une estimation plus récente chiffrant à environ 1 million les orphelins du SIDA vivant actuellement dans le pays est largement acceptée, notamment par de nombreux experts interrogés par Human Rights Watch.54 Le Programme national kenyan de contrôle du SIDA et des maladies sexuellement transmissibles (NASCOP) estime qu'il y aura 1,5 million d'orphelins de moins de quinze ans d'ici 2005, en large partie à cause du SIDA.55 Les services sociaux, notamment ceux sur lesquels s'appuient les enfants, sont gravement touchés par le VIH/SIDA au Kenya. La Teachers Service Commission estime qu'il manque nationalement environ 14 000 professeurs aux niveaux primaire et secondaire et attribue ceci en grande partie aux morts par le SIDA parmi les professeurs.56 Selon un responsable de haut rang du Ministère de l'Education interrogé par Human Rights Watch, il est possible qu'une école kenyane ait jusqu'à sept de ses dix-huit postes d'enseignants vacants à cause des effets du SIDA.57 Les besoins en soins et traitement des personnes vivant avec le SIDA ont surchargé les services de santé dans certaines parties du pays, entraînant un accès réduit aux services en général, notamment aux services de base pour la santé et la survie des enfants.58 Une étude a estimé que d'ici 2000, les dépenses engagées pour assurer les soins des malades du SIDA, dans les centres de santé dépendant du gouvernement, seraient à peu près équivalentes à l'ensemble du budget du Ministère de la Santé pour l'année 1993-94.59 Récemment seulement, sous la pression des organisations non gouvernementales, le gouvernement a commencé à prendre des mesures afin d'améliorer l'accès aux médicaments antirétroviraux pour la majeure partie des personnes atteintes du SIDA dans le pays, personnes pour lesquelles ces médicaments demeurent financièrement hors de portée. En juin 2001, malgré la ferme opposition des compagnies pharmaceutiques, le Parlement kenyan a passé le Industrial Properties Bill qui permettra au pays d'importer et de fabriquer des médicaments antirétroviraux génériques.60 De plus, le Ministre des Finances a récemment annoncé que les taxes sur les préservatifs importés seraient supprimées afin d'accélérer la lutte contre le VIH/SIDA.61 Les filles sont particulièrement affectées par l'épidémie du SIDA au Kenya. Le taux d'infection par le VIH chez les filles et les jeunes femmes de quinze à dix neuf ans est environ six fois plus élevé que celui de leurs camarades masculins dans les régions les plus touchées62, un schéma que l'on retrouve dans de nombreux pays africains. Même s'il existe des raisons biologiques expliquant pourquoi la transmission du VIH dans ce groupe d'âge peut être plus efficace de l'homme vers la femme que dans le sens opposé, les raisons biologiques ne peuvent pas seules justifier un écart aussi grand. Plusieurs observateurs ont conclu que les filles de ce groupe d'âge contractent le virus d'hommes plus âgés, dans de nombreux cas, suite à des relations sexuelles consenties afin d'assurer leur survie économique.63 Une fille kenyane sur cinq affirme que sa première expérience sexuelle se produit sous la contrainte ou n'est pas voulue.64 Les filles sont plus facilement enlevées de l'école lorsque quelqu'un à la maison est malade du SIDA et ceci est également vrai dans d'autres pays. Les données du Ministère de l'Education montrent qu'après quatre ans d'école primaire dans la province de Nyanza gravement touchée par le SIDA, les filles ne représentent que 6 pour cent des élèves acceptés en cinquième année.65 Dans la province orientale qui détient le plus faible taux de prévalence du VIH de toutes les provinces kenyanes, 42 pour cent des élèves acceptés en cinquième année sont des filles. Le Secrétaire Permanent du Ministère de l'Education a attribué ces disparités au SIDA et a noté que les filles et les garçons accédaient en cinquième année en nombres à peu près équivalents il y a vingt ans, avant que ne se fasse sentir l'impact de la maladie.66 Une récente étude très détaillée conduite par l'organisation non-gouvernementale Population Communication Africa a découvert que sur 72 enfants rendus orphelins par le SIDA, dans l'île de Rusinga, dans l'ouest du Kenya, les filles provenant de familles touchées par le SIDA avaient moins de chance d'être scolarisées que les garçons.67 Hériter d'une épouse est une pratique en vigueur chez certains groupes du Kenya, en particulier chez les Luo, dans la province de Nyanza, épicentre national de l'épidémie de SIDA. Cette pratique selon laquelle une veuve est offerte en mariage au frère du mari défunt ou à un autre membre de sa famille, offrait traditionnellement une protection à la veuve et à ses enfants qui auraient pu sans cela se retrouver privés du soutien social et économique de la famille. A l'époque du VIH/SIDA, cependant, des responsables gouvernementaux et communautaires ont critiqué l'héritage d'une épouse comme un moyen de propager le VIH.68 Une étude des familles affectées par le SIDA sur l'île de Rusinga a conclu que "l'héritage d'une épouse ... perd de son ancienne popularité due, probablement, au risque d'infection par le SIDA" mais a montré que 77 pour cent des femmes devenues veuves à cause du SIDA se remariaient encore. La moitié d'entre elles passaient en héritage aux frères de leurs maris.69 Le premier cas de SIDA a été diagnostiqué au Kenya en 198470 mais des réponses concrètes de la part du gouvernement ne sont arrivées que quelques années plus tard. Le Département pour le Développement International (DFID), le Ministère britannique de l'Aide au développement a souligné que le "Kenya a été notoirement lent à reconnaître son problème avec le VIH/SIDA, à le considérer sans biais ethnique et à faire preuve d'un engagement politique au plus haut niveau."71 La première déclaration de politique nationale sur le SIDA s'est produite avec l'adoption, par le gouvernement du Kenya de son Document Parlementaire no. 4, en 1997, qui formulait des recommandations pour la mise en _uvre d'un programme. En novembre 1999, le Président Moi a déclaré le VIH/SIDA "désastre national", première déclaration publique d'importance sur le sujet.72 A cette époque, environ une personne sur neuf sexuellement active était déjà contaminée dans le pays. A peu près au même moment, le gouvernement a établi un Conseil national interministériel de contrôle du SIDA (National AIDS Control Council, NACC) afin de développer des stratégies de contrôle de la propagation de la maladie.73 Il est difficile de mettre un montant monétaire sur les dépenses du gouvernement kenyan en matière de VIH/SIDA parce que les programmes financés par le gouvernement, dans de nombreux secteurs, touchent directement ou indirectement la maladie et ses conséquences. Le plus récent plan à moyen terme du gouvernement afin de traiter du VIH/SIDA propose un budget de 30,7 millions USD en fonds gouvernementaux, sur cinq ans.74 Le gouvernement a récemment rapporté au Parlement kenyan qu'il avait alloué 140 millions de shillings, soit environ 1,87 million USD, à des programmes VIH/SIDA pour l'année fiscale en cours et que le Kenya avait reçu des promesses de financement à hauteur de 7,6 milliards de shillings, soit environ 100 millions USD, de différents bailleurs afin de poursuivre, dans les années à venir, le travail sur le SIDA. Une bonne partie de cette aide devra transiter par les organisations non gouvernementales plutôt que par le gouvernement.75 La Banque Mondiale a récemment annoncé un prêt, sous conditions privilégiées, de 50 millions USD sur quatre ans pour combattre le SIDA.76 L'assistance officielle britannique dans le domaine du VIH/SIDA s'est récemment accrue pour atteindre 550 millions de shillings (7,3 millions USD) pour l'année avec environ 37 millions USD promis pour les cinq années à venir.77 Alors que les bailleurs étrangers se sont récemment montrés très présents dans le domaine du VIH/SIDA, au cours des dernières années, certains bailleurs et créanciers, notamment le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale, ont retiré leur assistance au Kenya suite à des allégations de corruption et sur la base d'autres préoccupations.78 10 Programme conjoint des Nations Unies sur le VIH/SIDA (ONUSIDA), Report on the Global HIV/AIDS Epidemic: June 2000, (Genève : Nations Unies, 2000). 11 ONUSIDA, AIDS Epidemic Update, December 2000: Graphics (Genève: Nations Unies, 2000). En juin 2000, les dix pays dans le monde avec les taux connus les plus élevés d'infection par le VIH étaient : le Botswana (prévalence chez les adultes de 36 pour cent), le Swaziland (25,2 pour cent), le Zimbabwe (25,1 pour cent), le Lesotho (23,6 pour cent), la Zambie (20 pour cent), l'Afrique du Sud (20 pour cent), la Namibie (19,5 pour cent), le Malawi (16 pour cent), le Kenya (14 pour cent) et la République Centrafricaine (13,8 pour cent). Voir les tableaux dans ONUSIDA, Report on the Global HIV/AIDS Epidemic: June 2000, p. 124. 12 Bureau régional de l'UNICEF pour l'Afrique orientale et australe, "The Silent Emergency" (présentation annotée et données chiffrées, Nairobi, 2000). 13 Programme conjoint des Nations Unies sur le VIH/SIDA (ONUSIDA). AIDS epidemic update, December 2000. Genève, 2000. Pour plus d'informations sur les méthodes d'évaluation du taux de prévalence du VIH/SIDA, voir ONUSIDA, Report on the global HIV/AIDS epidemic: June 2000, pp.115-116. Les estimations sur la prévalence du SIDA dans la plupart des pays africains proviennent d'études sur des femmes cherchant à bénéficier de services prénataux dans des sites sélectionnés pour ces études ou des sites "d'observation". Cette méthode s'est révélée tout à fait fiable pour estimer les prévalences nationales. Les pays dans lesquels l'épidémie ne touche pas la population générale mais est plutôt limitée aux groupes à risques utilisent des méthodes différentes d'évaluation. 14 ONUSIDA, Report on the global HIV/AIDS epidemic: June 2000, p. 27. 15 Susan Hunter et John Williamson, Children on the Brink 2000, (Washington, DC: U.S. Agency for International Development, 2000). 17 ONUSIDA et UNICEF, Children Orphaned by AIDS: Front-line Responses from Eastern and Southern Africa (New York : Nations Unies, 1999), p. 3. 18 Hunter et Williamson, Children on the Brink, p. 1. 19 Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et UNICEF, Action for Children Affected by AIDS : Programme Profiles and Lessons Learned (Genève : Nations Unies, 1994), p. 5. 20 Mary Grace Alwano-Edyegu et Elizabeth Marum, "Knowledge is Power: Voluntary HIV Counselling and Testing in Uganda," UNAIDS Best Practice Series (Genève : ONUSIDA, 1999). 22 ONUSIDA, "Epidemiological Fact Sheet on HIV/AIDS and Sexually Transmitted Infections: Uganda" (Genève : Nations Unies, 2000). 23 Alwano-Edyego et Marum, "Knowledge is Power," p.8. 24 Association François-Xavier Bagnoud, Orphan Alert: International Perspective on Children Left Behind by HIV/AIDS (Boston : Association François-Xavier Bagnoud, 1999), p. 3. 26 Carol Levine et Geoff Foster, The White Oak Report: Building International Support for Children Affected by AIDS (New York: The Orphan Project, 2000), pp.24 - 27. 27 OMS et UNICEF, Action for Children, p.8. 28 Réseau de surveillance de la pandémie de SIDA (Monitoring the AIDS Pandemic Network, The Status and Trends of the HIV/AID Epidemics in the World (Cambridge, Massachusetts: François-Xavier Bagnoud Center for Health and Human Rights, 1998), p.20. 29 ONUSIDA et UNICEF, Children Orphaned by AIDS, p.17. 30 ONUSIDA, Report on the Global HIV/AIDS Epidemic: June 2000, pp.28-29. 31 Griffin Shea, "Future Bleak for Zimbabwe's AIDS Orphans," The Mail and Guardian (Johannesburg), 25 septembre 2000. 32 Banque Mondiale, Exploring the Implications of the HIV/AIDS Epidemic for Educational Planning in Selected African Countries: The Demographic Question (Washington, DC : la Banque Mondiale, 2000). 33 Voir par exemple, OMS et UNICEF, Action for Children, p.7 ; Association François-Xavier Bagnoud, pp.12-13. 34 OMS et UNICEF, Action for Children, p.42. 35 ONUSIDA et UNICEF, Children Orphaned by AIDS, p.16. 36 "Crimes Against Humanity", Time, 12 janvier 2001, p.8. 37 Nhial Bol, "AIDS Orphans Throng the Streets," Inter Press Service, 13 janvier 1999. 38 Stefan Savenstedt, Gerd Savenstedt et Terttu Haggstrom, East African Children of the Streets - a Question of Health (Stockholm : Save the Children - Suède, 2000). 39 Bureau régional de l'UNICEF pour l'Afrique orientale et australe, Child Workers in the Shadow of AIDS:Listening to the Children (Nairobi : UNICEF, à paraître). 40 ONUSIDA et UNICEF, Children Orphaned by AIDS, p.5. 41 National AIDS and STDs Control Programme (NASCOP), AIDS in Kenya: Background, Projections, Impact and Interventions, 5th ed. (Nairobi : Ministère de la Santé, 1999). 42 ONUSIDA, Report on the Global HIV/AIDS Epidemic: June 2000, p.124. Voir les taux de prévalence dans les pays les plus touchés à la note 11. 43 ONUSIDA, Epidemiological fact sheet on HIV/AIDS and sexually transmitted infections - Kenya (Genève : ONUSIDA, 2000). 44 Voir par exemple un responsable du Conseil national de contrôle du SIDA affirmant qu'environ 700 personnes mourraient quotidiennement du SIDA à Hannah Gakuo, au Kenya "AIDS Awareness Project Launched," The Nation, 3 mai 2001. 45 Jill Donahue, Susan Hunter, Linda Sussman et John Williamsonm, "Children Affected by HIV/AIDS in Kenya - An Overview of Issues and Action to Strengthen Community Care and Support: Report of a Combined USAID/UNICEF Assessment of Programming in Kenya for Children and Families Affected by HIV/AIDS" (Washington, DC: USAID, 1999), p. 3. 46 NASCOP, AIDS in Kenya, p.14. 47 Gouvernement de la République du Kenya, "Interim Poverty Reduction Strategy Paper 2000-2003" (Nairobi : Gouvernement de la République du Kenya, 13 juillet 2000). 48 NASCOP, AIDS in Kenya, p. 7. 49 "Interim Poverty Reduction Strategy Paper 2000-2003," paragraphe 2.3. 50 NASCOP, AIDS in Kenya, p. 32. 52 Lori Bollinger, John Stover et David Nalo, "The Economic Impact of AIDS in Kenya," (Washington, DC: Futures Group International, 1999), p.4. 54 "UNICEF Warns of Orphan Crisis in Kenya," International Planned Parenthood Federation News, Décembre 1999. 55 NASCOP, AIDS in Kenya, p.24. 56 Kariuki Waihenya, "Teacher Shortage Biting", The Nation, 16 avril 2001. 57 Entretien conduit par Human Rights Watch avec W.K.K. Kimalat, secrétaire permanent du Ministère de l'Education, Nairobi, 5 mars 2001. 58 NASCOP, AIDS in Kenya, p. 26. 60 "Kenya's Parliament Passes AIDS Drugs Bill," Reuters, 12 juin 2001. 61 "War on AIDS Gets Sh 146 Million Funding," The Nation (Nairobi), 15 juin 2001. 62 NASCOP, AIDS in Kenya, p. 11. 63 Voir par exemple, Tony Johnston et Wairimu Muita, Adolescent Love in the Time of AIDS: A Kenyan Study (Nairobi: Population Communication Africa, 2001), pp. 48-52. Ce rapport souligne que les soi-disant `vieux beaux' représentent un phénomène important. Ils ne sont pas nécessairement très âgés mais suffisamment toutefois pour jouir d'une forme quelconque de revenu. 64 Tony Johnston, The Adolescent AIDS Epidemic in Kenya: A Briefing Book, rev. ed. (Nairobi : Population Communication Africa, 2000). 65 Entretien conduit par Human Rights Watch avec W.K.K. Kimalat, Secrétaire Permanent du Ministère de l'Education, Nairobi, 5 mars 2001. 67 Tony Johnston, Alan Ferguson et Caroline Akoth, A Profile of Adolescent AIDS Orphans (Nairobi : Population Communication Africa, 1999). 68 Stephen Buckley, "Wife Inheritance Spurs AIDS Rise in Kenya," The Washington Post, 8 novembre 1997 ; John Oywa, "Stop Widow Rituals, Says PC," The Nation (Nairobi), 24 mars 2001. 69 Johnston, Ferguson et Akoth, Profile of Adolescent AIDS Orphans, pp. 44-45. 70 NASCOP, AIDS in Kenya, p. 2. 71 Gouvernement du Royaume Uni, Département pour le Développement International Development, Département pour la Santé et la Population, "HIV/AIDS in Kenya - How Political Commitment Can Make a Difference," Stories from the Field Series (Londres : Gouvernement du Royaume Uni, Avril 2001). 72 Rosalind Russell, "Kenya Calls AIDS National Disaster, Bars Condoms News Alerts," Reuters NewMedia, 30 novembre 1999. 73 Gouvernement du Royaume Uni, "HIV/AIDS in Kenya," p.1. 74 NASCOP, AIDS in Kenya, p. 54. 75 Odhiambo Orlale, "Sh 7.6 Billion Pledged for Fight Against AIDS," The Nation, 18 avril 2001. 77 "UK Raises AIDS Funds to Kenya", The Nation, 19 avril 2001. 78 "Kenya's Moi Lashes Donors on Corruption," The Mail and Guardian (Johannesburg), 14 février 2001. |