Africa - West

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HISTORIQUE : LA GUERRE CIVILE AU LIBÉRIA

Depuis juillet 2000, les troupes rebelles libériennes basées en Guinée ont lancé une série de raids sur le comté de Lofa, dans le nord-ouest du Libéria. Ceci a déclenché la cinquième vague de violence sérieuse au Libéria depuis la tenue des élections nationales en 1997 qui ont mis un terme à sept ans de guerre civile. Une forte proportion des combattants du LURD appartenait auparavant aux deux factions du Mouvement uni de libération pour la démocratie au Libéria (United Liberation Movement for Democracy in Liberia, ULIMO) pendant la guerre civile d'avant 1997. En février 2001, les forces du LURD ont régulièrement attaqué le comté de Lofa et, pendant les mois de lourds combats et de nombreuses offensives gouvernementales, ont réussi à assurer leur contrôle sur plusieurs villes-clé, dont Kolahun et Voinjama, pendant des périodes assez longues.

En novembre 2001, les forces du LURD ont lancé une nouvelle offensive vers l'ouest, sur les comtés de Bong, Grand Cape Mount et Bomi. Au début 2002, les rebelles ont attaqué de plus en plus près de la capitale, Monrovia, amenant le Président libérien Charles Taylor à déclarer l'état d'urgence le 8 février ce qui a entraîné l'arrestation de personnalités de la société civile et de centaines de personnes suspectées de sympathie pour le LURD dans la capitale. Les arrestations et la répression ont augmenté après une attaque du LURD, en mai 2002, sur l'ancien fief de Taylor à Gbarnga. Durant la première moitié de 2002, les forces du LURD ont également pris la ville stratégique de Zorzor dans le comté de Lofa, attaqué la ville de Sawmill, pris et tenu les villes-clé de Tubmanburg et de Bopolu et auraient attaqué les villes de Klay et Suehn, à quelque cinquante kilomètres de Monrovia. Pendant une offensive gouvernementale qui a commencé en juillet 2002, le LURD a perdu le contrôle de Tubmanburg et de certaines parties du comté de Lofa. L'état d'urgence a été levé le 14 septembre 2002.

Depuis janvier 2002, quelque 26.000 civils, essentiellement des ethnies Gbandis, Kissis et Lormas du comté de Lofa, ont cherché refuge en Guinée. Trente-six mille autres des comtés de Lofa, Grand Cape Mount, Bong, Gbapolu et Bomi ont rejoint des camps en Sierra Leone. Depuis mai 2002, le manque de nourriture, les combats, le harcèlement, les abus commis par le LURD et par les forces gouvernementales ont entraîné de larges mouvements de réfugiés vers la Sierra Leone et la Guinée. D'autres ont gagné Monrovia ; toutefois, en raison de la politique de recrutement forcé menée par le Gouvernement et de la répression des sympathisants rebelles, beaucoup d'entre eux ont depuis préféré quitter le pays à leur tour.

Au Libéria, les forces armées gouvernementales et les milices pro-gouvernementales combattants les rebelles du LURD ont commis des crimes de guerre2 parmi lesquels des exécutions sommaires, tortures et autres formes de mauvais traitements des civils, violant des femmes et des fillettes et enlevant de force des civils pour les obliger à travailler ou se battre dans le nord-ouest. Human Rights Watch a enquêté sur de nombreux massacres de groupes de civils, dont des cas où des civils ont été enfermés dans leur maison et brûlés vifs. Les troupes gouvernementales ont systématiquement pillé et incendié des villes et, à plusieurs reprises, les troupes surveillant les barrages ont empêché le passage de civils déplacés qui cherchaient à se mettre en sécurité. Les soldats du Gouvernement ont systématiquement extorqué de l'argent et leurs biens aux déplacés, y compris à ceux qui cherchaient refuge en dehors du pays.3

Prenant argument de la menace rebelle, le Gouvernement libérien est en train de remilitariser la société, rappelant les anciens combattants et laissant les milices proliférer. Le Gouvernement a recruté de force et de manière arbitraire des centaines de jeunes gens et de garçons, sans aucun recours possible aux procédures légales et les a envoyés dans des zones de combats pratiquement sans entraînement militaire. Au cours des combats, ils se voient souvent ordonné de commettre des actes en violation des règles du droit international humanitaire.

Les combattants du LURD ont été également responsables de graves violations des droits humains et du droit international humanitaire, mais apparemment moins répandues et moins systématiques que celles commises par les forces gouvernementales libériennes. Human Rights Watch a enquêté sur de nombreux cas de viol et sur plusieurs exécutions sommaires de personnes suspectées de collaborer avec le Gouvernement. Des centaines d'hommes et de garçons ont été également recrutés de force pour les unités combattantes du LURD et, comme dans les troupes gouvernementales, sont régulièrement envoyés au front pratiquement sans formation. Les civils sont aussi systématiquement soumis au travail forcé, en général pour porter des marchandises entre le Libéria et la Guinée. Dans certaines régions, la direction du LURD a semblé faire des efforts pour s'assurer que ses combattants respectaient les droits des civils.4 Cependant, depuis début 2002, Human Rights Watch a reçu de fréquentes informations sur de graves abus commis par les combattants du LURD. L'apparente détérioration de la discipline militaire serait liée aux divisions et aux luttes internes à la direction du LURD.

2 Les violations du droit international humanitaire (le droit de la guerre) impliquant des attaques directes ou indiscriminées contre des civils au cours d'un conflit armé sont de plus en plus reconnues internartionalement comme des crimes de guerre.

3 Voir "Back to the Brink : War Crimes by Liberian Government and Rebels," A Human Rights Watch Short Report, Mai 2002.

4 Ibid.

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