Table des matières || précédent Six mois après l'arrivée au pouvoir de l'A.F.D.L., de nombreux membres de la communauté internationale s'attachent toujours à définir des politiques pour le Congo, plus particulièrement en ce qui concerne l'aide internationale. Les décideurs se demandent essentiellement quel type d'aide accorder, à quel moment et dans quelles conditions. Les donneurs d'aide potentiels, les organisations humanitaires et les observateurs en place au Congo s'étaient lancés dans un débat relatif à la stratégie à suivre pour entamer une réhabilitation massive et répondre aux besoins humanitaires au Congo, tout en encourageant une stabilité à long terme, la transition vers la démocratie, ainsi que le respect des droits de l'homme et la primauté du droit. Les stratégies proposées sont très différentes: on trouve d'une part celles qui insistent pour que de réels progrès soient réalisés au niveau de la mission d'enquête des Nations Unies ainsi que dans d'autres domaines touchant aux droits de l'homme et à la réforme démocratique avant d'octroyer certains types d'aide et, d'autre part, celles qui veulent fournir une aide immédiate au gouvernement de Kinshasa, moyennant peu ou pas de conditions. Human Rights Watch pense que l'aide allouée au gouvernement central du Congo devrait être accordée selon un ensemble de critères déterminés et être distribuée progressivement, sous le contrôle attentif des donneurs. Agir autrement risquerait de placer la communauté internationale dans une position similaire à celle qu'elle occupait sous Mobutu, à savoir contribuer à alimenter les comptes bancaires des membres d'un gouvernement qui se refusait à respecter les droits de l'homme -tant sur le plan civil, économique et social que culturel- ou à encourager la démocratie. Conditionnalité, engagement et droits de l'homme Nombre de pays donneurs d'aide potentiels ont sous-estimé la nécessité d'obtenir l'engagement des autorités congolaises s'ils veulent influencer l'orientation future du Congo et de la région. Certaines estimations récentes quant à la situation politique, économique et humanitaire au Congo ont souligné le manque de puissance institutionnelle du nouveau gouvernement, inexpérimenté, un besoin d'aides financières et techniques, ainsi que des lacunes majeures dans l'infrastructure indispensable au développement social et économique. Les initiatives visant à soutenir le gouvernement moyennant un nombre restreint de conditions repose sur la théorie suivante: l'aide financière et l'assistance technique seront tout naturellement sources de stabilité, ce qui aura pour effet d'améliorer la sécurité nationale et régionale, d'autoriser la croissance économique et de rapprocher le Congo de la démocratie et de la primauté du droit. En effet, il est à présent grand temps que la communauté internationale s'engage activement à soutenir la démocratie et la sécurité, au Congo comme dans la région. A mesure que les autorités tracent la voie menant au nouveau Congo, on voit apparaître une série de possibilités susceptibles d'influencer la direction adoptée par le nouveau régime. La Commission constitutionnelle mise sur pied récemment rappelle parfaitement que le gouvernement congolais doit prochainement élaborer et appliquer une série de politiques nationales et de directives légales qui serviront de modèle au nouveau Congo. Il est capital d'encourager le Congo à créer un modèle qui placera le pays sur la voie menant à une société démocratique, respectueuse de la primauté du droit et des droits de l'homme. Il ne faut manquer cette chance de pouvoir influencer le nouveau Congo dès les premières étapes de sa formation. Au Congo comme partout ailleurs dans la région, la stabilité politique exige d'adopter une position inébranlable à propos des droits de l'homme afin d'empêcher à l'avenir d'autres séries de massacres en masse et les flux de réfugiés qu'ils engendrent, les immenses besoins en matière d'aide humanitaire, la destruction de l'infrastructure et les retards accumulés dans l'établissement des conditions requises pour la démocratisation et la relance économique. Sans l'instauration de la primauté du droit, les efforts de réhabilitation et de développement économique n'atteindront leur but qu'à court terme seulement. Tant que les responsables des crimes contre l'humanité et d'autres violations des droits de l'homme ne devront pas rendre compte de leurs actes, les rebelles et les autorités de l'Etat qui prêchent le changement à travers la violence ou gouvernent par la répression continueront à appliquer ces méthodes. Un climat d'impunité décourage en outre ceux qui tentent de participer à la vie politique dans le respect de la primauté du droit, que ce soit au sein du gouvernement ou de la société civile, et les empêche des s'organiser et de lutter efficacement contre ceux qui outrepassent les limites définies par la loi, sans se soucier des droits d'autrui. Les populations locales, qui ont assisté à des cycles de violence impunie, sont alors incitées à suivre ceux qui prônent la haine et le recours à la violence, elles redoutent ce qu'il risque de se produire si elles ne s'unissent pas et n'ont aucune raison de croire qu'elles devront répondre de leurs actes. Le fait d'adopter une politique ferme et cohérente en matière de droits de l'homme permettra de limiter les abus perpétrés par ceux qui détiennent le pouvoir militaire et encouragera les défenseurs des droits de l'homme et de la démocratie à faire pression en faveur d'un changement dans la société congolaise et dans les autres sociétés de la Région des Grands Lacs. A ce jour, la communauté internationale n'a cependant pas manifesté sa volonté d'adopter une telle position, souffrant de toute évidence d'un sentiment de culpabilité vis-à-vis de ses erreurs passées ainsi que de la perte de sa crédibilité à travers la région. Plusieurs événements clés ont contribué à créer cette situation, notamment l'apathie de la communauté internationale face au génocide rwandais, son refus d'aborder le problème des camps militaires installés au Congo et les incursions au Rwanda résultant de leur présence, sa tolérance à l'égard des abus commis par le gouvernement rwandais, ainsi que sa réaction peu énergique aux massacres de réfugiés au Congo. Certains décideurs politiques, conscients de cette perte de crédibilité et du sentiment de culpabilité collective, affirment que leur influence future dans la région sera assurée si une aide immédiate et généreuse est octroyée au Congo et aux Etats voisins, avec peu de conditions ou des conditions qui ne sont pas clairement définies. Cependant, cette seule aide financière ne pourra créer le climat indispensable au changement démocratique; bien au contraire, elle permettra de renforcer les régimes en place dans la région qui continueront à utiliser des méthodes répressives ou à empêcher des enquêtes sur les violations des droits de l'homme les plus fondamentaux, telles que l'immense massacre de civils au Congo. Les erreurs du passé ne peuvent être réparées par le simple don d'espèces sonnantes et trébuchantes, assorties de quelques vagues conditions, à des régimes qui ont bafoué violemment et qui continuent à violer les normes internationales des droits de l'homme. Le passé devrait faire figure de référence afin de comprendre et de rectifier les mauvaises politiques, et non servir d'excuse justifiant l'usage de la violence et de la répression aujourd'hui. Dans le passé, adopter une attitude ferme sur les questions relatives aux droits de l'homme, tout en menaçant de différer l'aide ou le soutien politique, a eu des effets positifs dans la région. Rappelons par exemple la condamnation internationale rapide et unanime de la tentative de coup militaire au Burundi en 1993, qui força les soldats à réintégrer leurs casernes dans les quarante-huit heures; citons encore la critique implacable des massacres de civils commis en juin et juillet 1996 par l'Armée Patriotique Rwandaise, qui provoqua une sensible diminution des abus militaires au Rwanda; enfin, n'oublions pas les pressions continues exercées par les Etats-Unis et d'autres intervenants régionaux en 1997, qui poussèrent le gouvernement du Burundi à disperser les camps de regroupement. Ces exemples montrent bien comment la communauté internationale peut user de son influence pour protéger les droits de l'homme dans la région. Le peuple congolais a désespérément besoin d'aide après avoir vécu les années de négligence infligées par les autorités de l'Etat sous Mobutu et avoir assisté à la destruction continue de l'infrastructure pendant la guerre. Les efforts conjoints de la communauté internationale devraient renforcer sur-le-champ le flux d'aides allouées via les organisations de la société civile congolaise, les ONG internationales, les agences des Nations Unies et les autres entités non-gouvernementales. Cette aide devrait se concentrer sur les besoins humanitaires, le soulagement de la pauvreté, ainsi que sur des initiatives en matière de droits de l'homme visant à fournir une assistance directe dans des domaines clés comme la santé, l'éducation, l'infrastructure et la primauté du droit. Ce soutien financier et les autres types d'aides destinées aux organisations de la société civile contribueront également à renforcer les voix des modérés au Congo. En établissant des partenariats responsables avec les nouvelles autorités congolaises, les pays donneurs d'aide devraient discuter régulièrement et ouvertement avec le gouvernement de Kinshasa à propos de la nature de leur aide et des résultats précis en découlant. Le soutien financier accordé au gouvernement central du Congo devrait être lié au respect par ce dernier d'une série de certains critères. Les donneurs d'aide doivent manifester leur volonté de surveiller et d'évaluer progressivement l'impact de leur assistance afin de s'assurer que l'aide est dépensée à des fins honorables et non pour renforcer les pratiques de répression, comme c'était le cas sous Mobutu. L'aide conçue sous cet angle devrait non seulement soulager la misère et répondre aux besoins humanitaires, mais aussi stimuler le processus de construction progressive d'un Etat fondé sur la primauté du droit et la démocratie. Le fait de développer ce type de partenariat responsable avec le gouvernement congolais permettra d'aider la population congolaise à court terme, tout en jetant les bases indispensables à un mode de gestion correcte et au respect des droits de l'homme qui sont les garants d'un développement économique et d'un climat de sécurité durables. L'aide devrait à la fois renforcer les mesures positives prises par le gouvernement en vue d'instaurer une société démocratique respectueuse des droits de l'homme et servir de moyen de pression lorsque les exigences posées ne sont pas satisfaites. Il est capital de considérer cette aide comme un instrument stratégique garantissant le respect des conditions fixées par les donneurs et le gouvernement congolais. Alors que les aides humanitaires et au développement passant par des entités non-gouvernementales devraient être allouées immédiatement comme décrit précédemment, l'assistance bilatérale et multilatérale au gouvernement central devrait être assortie de certaines conditions: (1) des progrès concrets et démontrables dans la phase d'investigation de la Mission d'enquête des Nations Unies, qui doit finir par permettre le jugement des responsables des massacres et (2), un respect accru pour la primauté du droit, les droits de l'homme et les principes démocratiques de la part du gouvernement congolais. Cette dernière condition devrait inclure des mesures telles que lever l'interdiction frappant les activités politiques non-A.F.D.L., garantir la participation des organisations de la société civile à la reconstruction et à la redéfinition du nouveau Congo, mettre fin aux persécutions lancées contre les voix indépendantes qui s'élèvent parmi l'opposition politique, les médias et la société civile, et prendre des actions immédiates pour juger les militaires responsables de violations des droits de l'homme. Le renforcement de l'aide bilatérale visant à soutenir la balance des paiements devrait être subordonné au développement progressif des mécanismes institutionnels et légaux afin d'assurer le respect des droits de l'homme, en ce compris la promulgation d'une nouvelle constitution. Une liste exhaustive des recommandations spécifiques figure dans le chapitre consacré aux recommandations abordé auparavant. Il est essentiel d'assurer un contrôle permanent des progrès réalisés dans ces domaines si l'on veut garantir une utilisation responsable des fonds alloués. La communauté internationale devrait plus particulièrement veiller sur le processus d'investigation des Nations Unies et les efforts qui en découlent pour que les coupables des crimes de guerre perpétrés au Congo soient amenés à rendre compte de leurs actes, afin d'éviter la répétition des massacres en masse de civils dans la Région des Grands Lacs. Si l'on accorde une aide internationale au Congo sans instaurer de dialogue ni de conditions, cette aide servira uniquement à accroître la répression des droits de l'homme. La volonté de la communauté internationale de permettre à l'aide financière de tomber entre les mains des oppresseurs sévissant dans la région soulève des questions quant au désir de cette même communauté internationale de résoudre les véritables problèmes qui menacent la paix et la sécurité dans cette région. Les décideurs des Etats-Unis ont lutté pour élaborer une politique qui corresponde aux intérêts économiques et stratégiques des Etats-Unis dans la Région des Grands Lacs tout en encourageant le gouvernement congolais à respecter les droits de l'homme et à se diriger vers la démocratie et l'organisation d'élections. Ce problème a suscité de vives discussions entre les responsables de l'administration quant à la mesure dont les considérations touchant aux droits de l'homme et à la démocratie devraient influencer l'aide économique octroyée au nouveau gouvernement de Kabila et quant à la manière d'exprimer ces préoccupations. Jusqu'à l'accord du 25 octobre 1997, négocié par l'ambassadeur Bill Richardson, le gouvernement du Congo avait refusé à la Mission d'enquête des Nations Unies de procéder à des investigations sur les allégations relatives aux massacres en masse de civils, qui constituent de loin la plus importante question touchant aux droits de l'homme. En outre, après six mois de règne, le gouvernement de Kabila a continué à bafouer de nombreux droits et n'a guère progressé dans la mise en place d'une société démocratique. Tout en exprimant leur mécontentement à propos de ces questions, les responsables de l'administration ont négligé d'autres inquiétudes relatives aux violations des droits de l'homme sous Kabila et l'absence de transition vers une société démocratique, illustrée notamment par la politique d'exclusion pratiquée par l'A.F.D.L. Jusqu'à présent, les Etats-Unis n'ont pas voulu définir clairement de conditions applicables à l'aide au Congo, à l'exception de la coopération avec la mission des Nations Unies. Depuis avril
1997, les Etats-Unis ont exprimé à plusieurs reprises leur
inquiétude quant aux allégations de massacres commis pendant
la guerre au Congo. Plus récemment, des représentants officiels
des Etats-Unis ont fait des déclarations relatives à l'importance
de la Mission d'enquête des Nations Unies pour définir la
politique à adopter vis-à-vis du Congo, en liant au minimum
l'assistance des Etats-Unis à la coopération totale du gouvernement
avec la mission des Nations Unies.
(99)
Avant
que l'A.F.D.L. prenne le pouvoir à Kinshasa et plus particulièrement
au cours des derniers mois, les Etats-Unis ont également témoigné
leur intention de tenir compte des "réformes constitutionnelles
et démocratiques" pour déterminer si une aide devait être
accordée au gouvernement central.
(100)
Le
5 novembre 1997, lors d'une audience devant le "House Committee on International
Relations", le représentant des Etats-Unis auprès des Nations
Unies, Bill Richardson, qualifia la politique américaine relative
au Congo d' "engagement prudent."
(101)
L'ambassadeur
Richardson déclara au comité que lors des discussions menées
avec le gouvernement congolais, il avait souligné l'importance d'une
"coopération totale" avec l'équipe chargée de l'enquête,
en insistant sur le fait qu'il serait "difficile de renforcer nos liens
bilatéraux ainsi que l'aide si l'équipe ne se voyait pas
accorder un droit d'accès."
(102)
L'aide
allouée par les Etats-Unis au Congo est en fait suspendue depuis
1991, conformément à l'amendement Brooke qui interdit l'octroi
d'aide étrangère aux Etats manquant à leurs obligations
de remboursement des prêts accordés par le gouvernement des
Etats-Unis. L'ensemble des aides fournies au Congo pour l'exercice 1997
s'élevait à dix millions d'USD, dont la majorité a
été acheminée par des organisations non-gouvernementales
et des agences des Nations Unies, évitant ainsi les restrictions
imposées par l'amendement Brooke. Cette aide a été
essentiellement consacrée aux projets humanitaires et de développement,
puisqu'une grande partie a servi à soutenir un programme de vaccination
de l'UNICEF et de l'Organisation Mondiale de la Santé.
A
certains moments, des représentants officiels des Etats-Unis ont
reconnu l'importance de l'enquête des Nations Unies au Congo comme
s'inscrivant dans le cadre d'une tentative de la communauté internationale
visant à souligner la responsabilité de ses partenaires dans
la Région des Grands Lacs. Le 1er octobre, le porte-parole du Département
d'Etat James Foley lança un avertissement, affirmant que si Kabila
parvenait à évincer l'équipe des Nations Unies
(103)
,
"l'objectif consistant à déterminer les responsabilités
en Afrique centrale ne serait pas atteint" Malgré cette déclaration
et celles d'autres responsables du Département d'Etat tels que l'ambassadeur
extraordinaire chargé des questions relatives aux crimes de guerre,
David Scheffer, qui affirma que l'aide des Etats-Unis serait subordonnée
à la coopération avec l'équipe des Nations Unies,
un certain nombre de représentants officiels et de diplomates américains
exprimèrent leur scepticisme quant au fait de lier exclusivement
l'aide bilatérale aux progrès de l'enquête.
(104)
Certains
représentants officiels semblaient considérer la mission
comme un problème logistique à régler le plus rapidement
possible afin de permettre à l'aide de parvenir à nouveau
au gouvernement central. Reste à savoir si les Etats-Unis auront
la volonté politique de maintenir leur engagement actuel vis-à-vis
de l'enquête des Nations Unies en surveillant les progrès
de celle-ci et en insistant pour que des sanctions soient prises si nécessaire.
Outre
les préoccupations exprimées par les Etats-Unis sur l'enquête
des Nations Unies, l'ambassadeur Richardson a souligné que l'aide
future pourrait dépendre de la transition vers un Etat démocratique,
ce qui inclut une réforme constitutionnelle. La secrétaire
d'Etat américaine Madeleine Albright avait tenu des propos similaires
dès le mois de mai 1997, en insistant sur l'importance d'intégrer
des membres extérieurs à l'A.F.D.L. dans le cabinet et le
gouvernement de Kabila :
Nous soulignons
très clairement à quel point il est essentiel que le nouveau
gouvernement soit axé sur l'inclusion d'autres tendances politiques,
qu'il prête attention aux questions touchant aux pratiques démocratiques
et aux droits de l'homme, et qu'il prenne de nombreuses mesures en ce sens.
Nous continuerons à le faire et à insister sur le fait que
l'important soutien octroyé par la communauté internationale
dépendra de la manière dont ces trois critères seront
respectés.
(105)
Cette
attitude fut également adoptée ultérieurement par
le sous-secrétaire d'Etat Thomas Pickering, qui déclara le
seize juillet lors d'une audience du Congrès que l'aide américaine
serait subordonnée à une transition vers la démocratie,
à la programmation d'élections et au respect des droits de
l'homme.
(106)
Lors
de l'audience du 5 novembre, l'ambassadeur Richardson et l'envoyé
spécial présidentiel Howard Wolpe firent référence
aux progrès accomplis par le gouvernement congolais dans certains
de ces domaines, tels que l'inclusion de personnes non-membres de l'A.F.D.L.
au sein du gouvernement, autorisant ainsi une presse généralement
libre et un mouvement actif des ONG, ainsi que la désignation d'une
commission de révision de la Constitution. Tout en exprimant son
inquiétude concernant l'interdiction des partis politiques, l'absence
d'un processus adéquat et la violation des principes humanitaires
internationaux, l'ambassadeur Richardson mit l'accent sur les mesures positives
prises par le gouvernement congolais et minimisa l'importance des préoccupations
relatives aux droits de l'homme et à la démocratie.
Alors qu'il
importe de reconnaître les défis majeurs et les restrictions
constitutionnelles auxquels sont confrontées les nouvelles autorités
congolaises, il est inquiétant de constater que les Etats-Unis semblent
se voiler la face en ce qui concerne certains abus perpétrés
actuellement et qui reflètent un manque de volonté politique
- ou une volonté politique faible - de la part des autorités
congolaises, et non un manque de moyens gouvernementaux. Bien que les décideurs
américains semblent avoir cerné un grand nombre de domaines
à surveiller sur le plan de la transition vers la démocratie
et du respect des droits de l'homme, les Etats-Unis doivent toujours expliquer
comment ils envisagent de contrôler et d'évaluer les progrès
réalisés dans l'un ou l'autre de ces domaines et comment
l'aide sera liée à ces progrès. Lors d'une rencontre
avec Human Rights Watch, l'ambassadeur américain Daniel Simpson
déclara que les Etats-Unis considéreraient la situation générale
au Congo afin de définir l'ampleur de l'aide mais qu'ils n'avaient
encore déterminé aucun des critères auxquels le gouvernement
congolais devrait satisfaire.
(107)
Cette
imprécision renforce la conviction selon laquelle l'importance des
questions cruciales relatives aux droits de l'homme et à la réforme
démocratique sera probablement minimisée et subordonnée
aux autres préoccupations politiques, économiques et stratégiques
lorsqu'il s'agira de déterminer l'aide.
Il
est capital que les Etats-Unis contrôlent et évaluent les
progrès réalisés par l'équipe d'enquête
des Nations Unies sur le terrain et suivent le rapport rendu par celle-ci
au secrétaire général des Nations Unies. Les Etats-Unis
ont joué un rôle clé en aidant cette mission à
aller de l'avant et doit à présent veiller à ce que
ses conclusions soient prises au sérieux. En vertu de l'accord négocié
par Richardson, l'équipe des Nations Unies ne peut émettre
de recommandations concernant des mesures punitives ou des poursuites judiciaires.
(108)
Les
Etats-Unis devraient suivre attentivement les réactions du secrétaire
général des Nations Unies et du Conseil de sécurité
vis-à-vis du rapport et insister pour que des mesures adéquates
soient adoptées afin de décourager toute violence future
impliquant des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre
dans le cadre de la lutte pour le pouvoir dans la région.
A
l'instar de leurs homologues à Washington, les représentants
de certains gouvernements européens ont déclaré craindre
que la paralysie de la Mission d'enquête des Nations Unies ne soit
devenue un obstacle au redémarrage de l'aide allouée au Congo,
ignorant l'importance du processus d'enquête et d'un suivi pertinent.
Alors que l'Union européenne (U.E.) a assigné 168 millions
d'USD à l'aide au Congo, il reste toujours à déterminer
si cette aide devrait être délivrée et à quelles
conditions. Cette aide éventuelle, qui doit faire l'objet d'une
discussion lors d'une réunion des donneurs d'une banque mondiale
" amis du Congo " les 3 et 4 décembre 1997, constituerait l'aide
la plus importante accordée à ce jour au gouvernement congolais.
Pour l'instant,
l'aide de l'U.E. au Congo est interdite par l'Article 5 de Lomé
IV,
(109)
appliqué
au Zaïre en raison du manque de respect des droits de l'homme et des
principes démocratiques sous le régime de Mobutu. Suite à
la suspension de l'aide accordée au gouvernement zaïrois, l'aide
des donneurs européens au Zaïre transita par les ONG internationales
et zaïroises et visa essentiellement la santé, l'infrastructure
et les programmes de lutte contre la pauvreté. Le Parlement européen
pourrait exiger une décision afin de lever la suspension de l'aide
au gouvernement du Congo.
Au
cours de la guerre qui conduisit Kabila au pouvoir et dans les semaines
qui suivirent sa prise du contrôle, l'Union européenne et
plusieurs Etats membres exprimèrent à la fois leur inquiétude
relative au refus d'un droit d'accès à la mission d'enquête
des Nations Unies et leurs attentes concernant la réforme démocratique
au Congo :
L'Union européenne
attend avec impatience la mise en œuvre des engagements pris par le président
Kabila à propos de la création d'une assemblée constituante
dans les soixante jours et l'organisation d'élections dans les deux
ans. A cet effet, le respect des droits de l'homme et l'engagement sur
la voie de la démocratie seront essentiels. Elle presse les nouvelles
autorités d'autoriser les Nations Unies à effectuer leur
travail relatif aux droits de l'homme en tant qu'affaire urgente et de
leur garantir un libre accès à toutes les régions
qu'elles souhaitent visiter. C'est sur cette base et en gardant à
l'esprit les problèmes majeurs liés à la réhabilitation,
ainsi qu'à la reconstruction économique et sociale du pays
que l'Union européenne espère renforcer ses relations avec
la République Démocratique du Congo.
(110)
Dans
les mois qui suivirent la mise en place du gouvernement de Kabila, une
" troïka " de l'U.E. constituée de représentants officiels
du Luxembourg, des Pays-Bas et du Royaume-Uni semblait disposée
à faire passer la reconstruction avant les exigences de la justice,
envoyant des signes d'encouragement à Kabila dans un rapport concluant
que le climat régnant au Congo était largement favorable
à la reprise de la coopération. Plus récemment, l'U.E.
adopta cependant une position similaire à celle des Etats-Unis et
déclara que l'aide au Congo serait subordonnée à la
coopération de Kabila avec l'équipe d'investigation des Nations
Unies.
(111)
Un
projet de résolution commun émanant du Parlement européen
à la fin du mois d'octobre 1997 affirmait que l'U.E.
[c]onsidère
la mise en œuvre réussie de l'enquête menée par la
mission des Nations Unies comme une condition préalable essentielle
et indispensable à l'octroi de toute aide à la RDC…et souligne
que le respect des droits de l'homme, des institutions démocratiques,
du droit international et de la non-expulsion des réfugiés
sont des prérequis à l'instauration d'une telle coopération.
(112)
Tout
en faisant référence à l'importance de mettre en place
un gouvernement démocratique ainsi qu'à celle du respect
des droits de l'homme, certaines puissances européennes ont manifesté
une certaine impatience due à la subordination de l'aide aux progrès
de la mission d'enquête des Nations Unies. A la mi-octobre, le ministre
allemand du Développement de la Coopération Jan Pronk s'adressa
à Kabila en insistant sur la nécessité " d'une enquête
concluante " mais qualifia ultérieurement le blocage de l'équipe
des Nations Unies comme " un obstacle à la normalisation des relations
entre le nouveau Congo et la communauté internationale. "
(113)
Le
ministre Pronk poursuivit en recommandant que, en sus de l'assistance humanitaire,
l'aide au gouvernement congolais
(...)
devrait être lancée ou intensifiée sur-le-champ et
sans autre condition. Le lancement ou la reprise de l'aide ne devrait pas
être subordonné aux résultats de l'enquête. Cependant,
la mise en œuvre des recommandations qui seront formulées sur la
base de l'enquête déterminera la continuité de cette
aide.
Jusqu'à
présent, il n'y a donc guère eu de discussions concrètes
entre les gouvernements européens quant à la subordination
de l'aide aux aspects spécifiques de la réforme démocratique
ou du respect des droits de l'homme. Cependant, les ONG européennes
- dont le Réseau Européen pour le Congo (REC) et le Réseau
Congo-France - ont émis des conditions particulières dont
les gouvernements doivent tenir compte pour préparer la conférence
des donneurs d'aide de la Banque mondiale sur le Congo. Dans un mémorandum
daté du 24 octobre adressé aux gouvernements et à
l'U.E., le Réseau Congo-France affirmait que les aides bilatérale
et multilatérale devraient au départ être octroyées
de façon " progressive et prudente ", moyennant le respect d'un
certain nombre de critères spécifiques incluant notamment
la progression de la mission d'enquête des Nations Unies, la liberté
d'expression et d'association pour les syndicats, les partis politiques
et les groupements religieux, la séparation du parti de l'A.F.D.L.
et de l'Etat, l'indépendance du système judiciaire, le respect
du calendrier électoral menant à des élections libres
et loyales, le règlement du problème de la nationalité,
et la participation des organisations de la société civile.
Au moment où nous avons rédigé ce rapport, il était
encore impossible de prévoir la manière dont l'Union européenne
réagirait à ce mémorandum ou si elle exigerait que
le gouvernement congolais prenne des mesures spécifiques avant de
rétablir l'aide directe.
Parmi
les membres de la communauté internationale, les Etats africains
sont généralement apparus comme les plus patients en ce qui
concerne les appels lancés en faveur de la transition démocratique
au Congo, et les moins exigeants en termes de respect des droits de l'homme,
en ce compris les progrès de l'enquête des Nations Unies.
Pendant la guerre jusqu'à aujourd'hui, l'A.F.D.L. a bénéficié
du soutien de nombreux Etats de la région qui veulent intégrer
le Congo au sein d'une entité économique, politique et militaire
d'une importance croissante en Afrique centrale et de l'Est. Outre le soutien
militaire du Rwanda, de l'Ouganda, de l'Angola, du Burundi et d'autres
Etats au cours de la guerre, l'A.F.D.L. a récemment reçu
des promesses d'aide et de formation policières ou militaires de
la Tanzanie, du Zimbabwe et de l'Ouganda.
(114)
Les
membres de l'O.U.A ont défendu le nouveau régime de Kabila
ou ont tout au plus manifesté des sentiments mitigés en ce
qui concerne la transition démocratique au Congo et le respect des
droits de l'homme. Plusieurs Etats, dont l'Afrique du Sud, ont minimisé
l'importance des violations des droits de l'homme commises pendant la guerre
et ont exhorté à la patience sur le plan des réformes
démocratiques, espérant apparemment favoriser l'établissement
de liens diplomatiques amicaux et de relations économiques lucratives.
(115)
Peu
après l'arrivée au pouvoir de l'A.F.D.L., plusieurs personnalités
africaines avaient exprimé leur souhait général de
voir Kabila instaurer un pays démocratique fondé sur la primauté
du droit. Le secrétaire général de l'O.U.A, Salim
Ahmed Salim, déclara à la mi-mai 1997 qu'il espérait
que " lorsque M. Kabila formera son gouvernement de transition, celui-ci
reposera sur une large base, intégrant d'autres éléments
essentiels de la société congolaise/zaïroise. "
(116)
Bien
qu'il encourageât Kabila à constituer un nouveau gouvernement
fondé sur l'inclusion de personnes n'appartenant pas à l'A.F.D.L.,
le président ougandais Yoweri Museveni défendit cependant
la suspension des partis politiques par le nouveau président, en
laissant sous-entendre que le Congo devrait appliquer un système
similaire à celui de l'Ouganda: " Personnellement, je n'apprécie
pas les partis politiques…j'ai limité leurs activités. Je
ne serais donc pas surpris si M. Kabila s'inspirait de ce type de situation."
(117)
En
septembre 1997, le Congo fut accepté au titre de tout nouveau membre
de la South African Development Community (SADC) et reçut des témoignages
de soutien émanant de certains membres de l'Organisation de l'Unité
Africaine réunis à Kinshasa en juillet 1997 pour avoir défié
les tentatives d'investigation des Nations Unies, ainsi qu'en août
1997 de la part du président sud-africain, Nelson Mandela.
(118)
Au
début du mois d'octobre, le président ougandais Yoweri Museveni
insista pour que l'équipe d'enquête des Nations Unies considère
les faits " depuis le début " et approuva le rejet de l'équipe
par le Congo si elle ne se montrait pas disposée à agir de
la sorte.
(119)
Hormis
les longues déclarations incluant les préoccupations relatives
à la transition démocratique, la plupart des aides régionales
économiques, politiques et militaires destinées au Congo
ne firent guère référence au respect des droits de
l'homme ou à la transition vers la démocratie. Les déclarations
censées encourager le gouvernement congolais à respecter
les droits de l'homme restèrent seulement des encouragements, sans
qu'aucune condition ne soit liée à la coopération
avec le Congo ou à son implication en tant que partenaire à
part entière dans la région.
Au cours des
dernier mois, alors que des preuves plus accablantes étaient découvertes
et publiées, les dirigeants africains firent preuve de davantage
de retenue et de circonspection dans leurs déclarations concernant
le Congo. Certains Etats africains lancèrent de timides appels en
faveur d'une coopération avec l'enquête des Nations Unies
ou de la réforme démocratique au Congo. Au terme de sa mission
au Congo à la fin du mois d'octobre 1997, l'ambassadeur des Etats-Unis
Richardson expliqua avoir rencontré les gouvernements du Rwanda,
d'Ouganda, d'Angola et d'Ethiopie et que tous lui avaient assuré
qu'ils soutiendraient le nouvel accord afin de permettre à l'enquête
des Nations Unies de progresser. Des représentants officiels d'Etats
possédant des intérêts économiques majeurs au
Congo, comme l'Afrique du Sud, continuèrent à affirmer qu'il
était trop tôt pour juger le nouveau président, même
en ce qui concerne l'accès octroyé aux Nations Unies. Le
ministre sud-africain des Affaires étrangères, Alfred Nzo,
déclara à la mi-novembre, " Je n'approuve pas les Nations
Unies ou quiconque serait arrivé à la conclusion que Kabila
n'est pas un démocrate…ils feraient mieux de lui donner une chance.
"
(120)
Nations
Unies et institutions multilatérales
Depuis que
Roberto Garretón, le rapporteur spécial des Nations Unies
sur la situation des droits de l'homme au Congo, a publié un rapport
préliminaire en avril 1997 concernant les allégations de
massacres et d'autres violations des droits de l'homme dans ce pays, les
efforts déployés par les Nations Unies pour mener une enquête
approfondie sur les événements survenus durant la guerre
ont été contrariés par le gouvernement congolais.
Une série de missions des Nations Unies envoyées dans la
région entre les mois de mai et d'août 1997 se virent promettre
à plusieurs reprises un accès à l'intérieur
du pays mais furent ensuite contraintes de se limiter à Kinshasa
par les autorités de l'A.F.D.L. Le 25 octobre 1997, l'ambassadeur
des Etats-Unis Bill Richardson négocia cependant un nouvel accord
avec le gouvernement congolais, un accord qui permettrait à la Mission
d'enquête des Nations Unies d'aller de l'avant. Six jours plus tard,
les membres du Conseil de sécurité des Nations Unies approuvèrent
l'accord et Richardson les encouragea à voir plus loin que la mission
afin d'établir de nouvelles relations avec le Congo.
(121)
La
mission des Nations Unies revint à Kinshasa le onze novembre 1997
et fut à nouveau bloquée pendant trois semaines. Les investigations
préparatoires se déroulèrent finalement dans la région
de la ville de Mbandaka au début du mois de décembre.
Début
octobre, la Banque mondiale organisa une mission d'étude préalable
au Congo et aborda notamment la renégociation de la dette extérieure
du Congo, qui s'élève à quatorze milliards de dollars
américains, avec les autorités de Kinshasa. Lors d'une réunion
tenue le quinze octobre avec Human Rights Watch, des représentants
officiels de la Banque mondiale avaient expliqué qu'ils se trouvaient
dans la phase d'étude préliminaire en ce qui concernait leurs
relations avec le Congo et qu'ils étaient préoccupés
par la situation en matière de droits de l'homme. Encouragée
par l'accord négocié par Richardson, la Banque mondiale annonça
cependant le vendredi 31 octobre les dates des réunions rassemblant
les donneurs potentiels d'aide au Congo, prévues les 3 et 4 décembre.
Cette réunion, décrite comme une opportunité d'aborder
la question de la relance économique du Congo, regrouperait une
délégation congolaise, ainsi que des gouvernements, des donneurs
d'aide multilatérale, des créanciers et des institutions
financières internationales. Selon Reuter, le directeur national
de la Banque mondiale pour la République Démocratique du
Congo, Nils Tcheyan, qualifia la réunion comme " le début
d'un processus d'engagement progressif à propos des questions économiques.
" Tcheyan souligna à quel point il importait que l'enquête
des Nations Unies se poursuive comme convenu: " Les participants s'attendent
à ce que l'accord aille plus loin afin que l'on puisse également
aborder un plus grand nombre de questions essentielles pour le peuple du
Congo. "
(122)
Cette
réunion eut finalement lieu à Bruxelles le 4 décembre.
Des représentants de dix-huit pays et de dix organisations internationales
conclurent un accord de principe relatif à un trust fund destiné
au Congo, sans définir de montant spécifique. La Commission
européenne représente le plus important donneur d'aide potentiel,
avec une aide de 168 millions d'USD gelée tant qu'il n'y aura pas
de garanties concernant les droits de l'homme. La Commission européenne
a cependant déclaré que 50 millions d'USD seraient alloués
au secteur de la santé et qu'elle étendrait l'aide future
à un programme d'infrastructure. Le neuf décembre, le secrétaire
d'Etat américain annonça publiquement que les Etats-Unis
verseraient dix millions de dollars au Trust Fund pour le Congo, moyennant
l'approbation du Congrès. Plusieurs délégations de
donneurs d'aide bilatérale mirent l'accent sur la nécessité
de progresser en matière de droits de l'homme et de démocratisation.
Le ministre congolais des Affaires étrangères Bizima Karaha
reconnut que l'un des sujets de discussion à aborder lors de la
prochaine réunion, prévue pour la mi-1998, concernera les
progrès réalisés pour concrétiser cet engagement.
A l'instar
de l'aide bilatérale, l'aide provenant d'institutions multilatérales
telles que la Banque mondiale devrait être au minimum liée
à (1) des progrès concrets au niveau de la phase d'investigation
de la Mission d'enquête des Nations Unies et le jugement des responsables
des massacres devant la justice, ainsi qu'au (2) renforcement du respect
de la primauté du droit, des droits de l'homme et des principes
démocratiques par le gouvernement congolais, comme mentionné
précédemment. Etant donné que le soutien de la balance
des paiements renforce directement la position du gouvernement central,
cette aide devrait être liée à la mise en place progressive
des mécanismes institutionnels et juridiques permettant de garantir
l'impact positif de cette assistance, à travers un gouvernement
judicieux, le respect des droits de l'homme et la transition démocratique.
Le suivi de
l'enquête menée par l'équipe des Nations Unies, qu'il
s'agisse d'une enquête menée sur le terrain au Congo ou de
l'extérieur du pays, revêtira une importance cruciale pour
mettre un terme aux cycles de violence et d'impunité dans la Région
des Grands Lacs. Les Nations Unies doivent tenter de redorer leur image
de crédibilité, ternie par les erreurs commises autrefois
dans la région, en lançant des appels déterminés
pour que les responsabilités soient définies de part et d'autre
et à tous les niveaux, y compris celui de la communauté internationale.
Le secrétaire général des Nations Unies Kofi Annan
et le Conseil de Sécurité doivent veiller à ce que
des mesures adéquates soient prises à la suite du rapport
des Nations Unies, afin d'établir les responsabilités relatives
aux crimes de guerre, quels que soient les responsables. Il pourrait dès
lors être nécessaire d'étendre le Tribunal d'Arusha,
de contrôler sévèrement les procédures légales
nationales dans les Etats régionaux ou les autres mécanismes
permettant de poursuivre en justice et de punir les personnes impliquées
dans des massacres en masse ou d'autres crimes de guerre.
99.
Cfr.
Human Rights Watch et la Fédération Internationale des Ligues
des Droits de l'Homme (FIDH), " What Kabila is Hiding. "
100.
Représentant
des Etats-Unis auprès des Nations Unies Bill Richardson, audience
devant le comité de la Chambre relatif aux Affaires internationales,
5 novembre 1997.
103.
Câble
AFP, " U.S. Warns Kabila Aid at Stake over Human Rights Probe, " 1
octobre 1997.
104.
Rencontres
entre Human Rights Watch et les ambassadeurs des Etats-Unis Richard Bagosian
et Daniel Simpson, Washington D.C., 12 novembre 1997.
105.
Reuter,
" U.S. Tells Kabila Aid is Conditional on Rights, " 20 mai 1997.
106.
United
Press International, " Caution Issued on the Republic of Congo, " 16 juillet
1997.
107.
Rencontre
entre Human Rights Watch et des représentants officiels du Département
d'Etat américain à Washington D.C., 12 novembre 1997.
108.
Communiqué
de presse de l'ambassadeur américain Bill Richardson, Kinshasa,
25 octobre 1997.
109.
La
Convention de Lomé est un document en vertu duquel les Etats en
voie de développement reçoivent de l'aide de l'Union européenne.
L'Article V de la Convention de Lomé IV (la quatrième itération
de la convention) fait du respect des droits de l'homme et des principes
démocratiques un " élément essentiel " de cette convention.
110.
Agence
Europe, " European Union Stipulates what it expects from the New Authorities
of Former Zaire, " 24 mai 1997.
111.
Cfr.
Human Rights Watch et FIDH, "What Kabila is Hiding ?"
112.
Parlement
européen, résolution commune du 23 octobre 1997. 113.
Dirk
Vlasblom, " Pronk : UN Blunders in Congo, " Rotterdam NRC Handelsblad du
FBIS, 22 octobre 1997. 114.
Buchizya
Mseteka, " Old Habits Die Hard in Kabila's New Congo, " Reuter, 4 novembre
1997. 115.
Cfr.
Human Rights Watch et FIDH, " What Kabila is Hiding. "
116.
Panafrican
News Agency, " OAU Leader Says he is Confident of Democracy in Zaire, "
18 mai 1997. 117.
Reuter,
" Mandela Accuses West of Demonizing Congo's Kabila, " 27 mai 1997.
118.
Cfr.
Human Rights Watch et FIDH, " What Kabila is Hiding. " 119.
Agence
France Presse, " UN cites " misundertsanding " on DRCongo probe, " 10 octobre
1997.
120.
Département
des Affaires Humanitaires des Nations Unies, Integrated Regional Information
Network, Mise à jour 292 Grands Lacs, 14 novembre 1997. 121.
Département
des Affaires Humanitaires des Nations Unies, Integrated Regional Information
Network, Mise à jour 292 Grands Lacs, 31 octobre 1997. 122. Reuter,
" International Donors Set Talks on Former Zaire, " Washington, 31 octobre
1997.
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