Africa - West

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LE RÔLE DE LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE

Le conflit en Côte d'Ivoire a endommagé les relations avec nombre de voisins du pays ainsi qu'avec des nations plus éloignées. Les relations probablement les plus difficiles sont celles avec le Burkina Faso, que l'opinion publique ivoirienne rend responsable des attaques et dont les ressortissants ont été dépeints par les médias comme des « assaillants » et ont été arbitrairement arrêtés ou tués. D'autres populations d'immigrés en Côte d'Ivoire, en particulier en provenance du Mali, du Libéria et de la Sierra Leone ont également été prises pour cibles.

La France, ancienne puissance coloniale en Côte d'Ivoire, qui a conservé des liens forts avec les gouvernements au pouvoir depuis l'indépendance a également été prise pour cible par la critique populaire. Le Président Gbagbo a reproché à l'Occident, et à la France en particulier, de ne pas avoir fourni d'assistance militaire pour aider à lutter contre les attaques. La France a un pacte de coopération militaire avec la Côte d'Ivoire qui n'a pas été invoqué bien que la France ait apparemment doublé sa présence militaire habituelle depuis les attaques de septembre48. Le gouvernement ivoirien a demandé à la France d'établir et de contrôler une zone tampon jusqu'à ce la CEDEAO soit en mesure de le faire. Le gouvernement français a envoyé 900 soldats pour « assurer la sécurité des 20 000 ressortissants français habitant en Côte d'Ivoire. » Le colonel français, Christian Baptiste, a déclaré à l'AFP que la situation avait évolué une fois l'échec des efforts de médiation. Il a ajouté : « Plus que jamais notre mission de sécurisation est d'actualité et nous regardons de très près les zones de danger potentiel49. »

La CEDEAO a joué le rôle de médiateur dans le conflit et a réussi à obtenir un accord de cessez le feu entre les deux parties qui a pris effet le 16 octobre. Des négociations de paix sont actuellement en cours à Lomé. Les chefs d'Etat-major des armées des pays membres de la CEDEAO feront des recommandations à leur ministre des Affaires Etrangères sur le déploiement d'une force régionale. Cependant, cette initiative proposée a généré une hostilité au sein du gouvernement ivoirien qui préfère trouver une solution le conflit intérieurement. De nombreuses manifestations favorables au gouvernement ont eu lieu contre le recours à une force de la CEDEAO.

Le Département d'Etat américain a clairement affirmé que « toute autorité issue d'un renversement de régime ne se verrait pas considérer comme légitime par les Etats Unis. » Avant les attaques de septembre, la Côte d'Ivoire faisait l'objet d'examens méticuleux et était soumise à des sanctions américaines imposées suite au coup militaire de 1999. Cependant, selon le Département d'Etat, « sur les six derniers mois, des avancées ont été faites vers le développement de relations plus normales avec la Côte d'Ivoire, compte tenu des progrès politiques et économiques accomplis par le pays. » Le Département d'Etat encourage actuellement l'initiative de paix de la CEDEAO « comme étant la meilleure voie de sortie de la crise50. »

Suite à la violence des élections de la fin 2000, le Secrétaire Général des Nations Unies, Kofi Annan, a nommé une commission d'enquête internationale pour que soient examinées les violations des droits humains. Le rapport de la commission a été soumis au Secrétaire Général et au gouvernement ivoirien, fin mai 2001 et a été rendu public deux mois plus tard. Dans ses recommandations, le rapport se concentre sur la lutte contre l'impunité, les compensations pour les victimes ou leurs proches, la lutte contre la torture et autres traitements cruels, inhumains ou dégradants, les forces de sécurité, l'assistance technique et la réconciliation nationale. Sur la question de l'impunité, le rapport a affirmé : « Comme l'a souligné la commission tout au long de son rapport, la lutte contre la culture de l'impunité qui persiste au sein des forces de sécurité doit constituer une priorité pour les autorités ivoiriennes. Les personnes estimées responsables de violations des droits humains doivent être punies, sans considération pour leurs fonctions ou leurs rangs, sur la base d'investigations approfondies et impartiales et de procès justes51. » Ces recommandations restent tout autant valables aujourd'hui.

En janvier 2001, l'Union Européenne (U.E.) a décidé d'organiser des consultations avec la Côte d'Ivoire selon l'article 96 de l'Accord de Cotonou, la clause de conditionnalité sur les droits humains de l'accord qui gère les relations avec le groupe des pays ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique). Des relations normales ont été rétablies début 2002, suite à un processus de « réconciliation nationale » débuté en octobre 2001. L'U.E. a condamné « la violence qui a été dirigée, en Côte d'Ivoire, contre un gouvernement légitime et déplore les pertes en vies humaines que cette violence a causées ». L'U.E. a réaffirmé son « engagement en faveur d'une solution politique incluant toutes les parties impliquées52. » L'U.E. n'a pas en revanche commenté les abus commis par le gouvernement de Côte d'Ivoire.

48 « France demands end to Ivorian attacks, » news.bbc.co.uk, 23 octobre 2002.

49 « Tentative de coup d'Etat du 19 septembre 2002. Refus de cessez-le-feu, la France durcit le ton à l'égard de Gbagbo. `Plus que jamais notre mission de sécurisation est d'actualité et nous regardons de très près les zones de danger potentiel.'´AFP cité dans Le Jour, 8 octobre 2002.

50 Déclaration faite par Mark Bellamy, Principal Deputy Assistant Secretary of State pour les Affaires Africaines, cité dans Washington File, 28 octobre 2002.

51 Commision d'enquête Internationale pour la Côte D'Ivoire, « Côte D'Ivoire : Rapport de la Commission d'enquête Internationale pour la Côte d'Ivoire, Février-Mai 2001, » 19 juillet 2001, publié par les Nations Unies, p. 2.

52 « Déclaration par la Présidence au nom de l'Union Européenne sur les événements en Côte d'Ivoire », 24 septembre 2002.

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