Africa - West

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ARRESTATIONS ARBITRAIRES ET MEURTRES SUITE À DES DÉNONCIATIONS INDIVIDUELLES INSTILLENT UN CLIMAT DE PEUR

Au moment de la visite de Human Rights Watch en Côte d'Ivoire, la ville d'Abidjan était soumise à un climat général de peur, intensément ressenti par toute personne pouvant être perçue comme critique par rapport au gouvernement et à ses efforts contre les « assaillants ». Etaient concernés les défenseurs des droits humains, les hommes politiques de l'opposition et les habitants des bidonvilles d'Abidjan récemment devenus des sans abris. Dans un climat de ce type, il fallait un courage extraordinaire à toute personne ayant vu ou subi une violation de ses droits pour dénoncer une telle situation.

Avec la crise actuelle, le gouvernement a mis en place un numéro vert - un service téléphonique gratuit - pour apparemment encourager les citoyens à dénoncer les individus supposés être des « assaillants ». Si cette mesure est en apparence légitime afin d'assurer le respect de la loi, elle a en pratique été utilisée à tort pour restreindre les droits de civils totalement respectueux de la loi. Le 13 octobre, les forces de sécurité ivoiriennes ont arrêté un chercheur d'Amnesty International, un défenseur ivoirien des droits humains ainsi que les femmes qu'ils interrogeaient, dans le quartier Awoussa Bougou d'Abidjan. Les papiers du chercheur ont été fouillés et ce n'est qu'après l'intervention directe du ministre de la justice, à la demande du collègue du chercheur que toutes ces personnes ont été libérées au bout d'une heure. Quelqu'un observant les entretiens en cours de déroulement avait dénoncé cette activité totalement légale en appelant la ligne spéciale.

Le lendemain, dans le district Adjamé d'Abidjan, un défenseur des droits humains a raconté à Human Rights Watch qu'ils avaient interrogé les témoins d'un incident au cours duquel les deux passagers d'un taxi qu'ils partageaient avaient suscité le doute parce qu'ils ignoraient où se dirigeait le taxi. Ceci a été pris comme le signe qu'ils étaient des étrangers et donc des « assaillants ». La foule a attaqué les deux hommes et lorsque la police est arrivée - il semble que quelqu'un ait téléphoné pour les dénoncer - les deux hommes avaient été tués, le long de la route proche de l'endroit où ils avaient pris le taxi19.

19 Entretien conduit par Human Rights Watch avec un défenseur des droits humains, Abidjan, 14 octobre 2002.

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