Africa - West

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CONTEXTE

Le gouvernement actuel de Côte d'Ivoire a été élu à l'issue d'élections présidentielles et élections législatives, fin 2000. Ces élections, tenues à la suite d'un coup militaire, fin 1999 par lequel le Général Robert Guei est devenu président, ont été entachées par une violence à large échelle et des intimidations qui ont fait plus de 200 morts et des centaines de blessés.4 De plus, le chef du plus large parti d'opposition, le Rassemblement des Républicains (RDR) d'Alassane Dramane Ouattara, a été interdit de participation aux élections tant présidentielles que élections législatives parce que Ouattara a été considéré comme un étranger d'origine burkinabé. De nombreux Ivoiriens du Nord, qui forment l'essentiel des partisans du RDR et qui ont été les principales victimes de la violence électorale, se sont ainsi sentis spoliés. En dépit des graves inquiétudes qui ont entouré la légitimité des élections, Laurent Gbagbo, chef du Front Populaire Ivoirien (FPI) a été installé comme président, mais seulement après une tentative du Général Guei pour se proclamer vainqueur des élections et sa fuite forcée au milieu de manifestations populaires. Depuis son entrée en fonction, le Président Gbagbo n'a pas réussi à reconnaître le caractère imparfait de son accession à la tête de l'état, à promettre de nouvelles élections, à tenter de mettre un terme à l'impunité dont bénéficie la vaste majorité des responsables de la violence, ni à prendre des mesures pour réduire les tensions ethniques. La Côte d'Ivoire, la plus importante économie d'Afrique francophone, accueille de nombreux étrangers, dont 135 000 réfugiés libériens5 et 2,3 millions de immigres burkinabés6. Avec la récession de ces dernières années, ces étrangers ont de plus en plus été pris pour cibles d'une rhétorique et d'attaques xénophobes, y compris lors des élections de l'année 2000.

La crise actuelle a débuté avec les difficultés raciales soulevées autour des élections de l'année 2000, elles-mêmes fondées sur la politique de plus en plus partisane qui s'est emparée de la Côte d'Ivoire à la mort du premier président du pays, Félix Houphouët-Boigny. Le contexte le plus immédiat, cependant, fut la tentative par le gouvernement de démobiliser de nombreux soldats amenés à joindre les rangs de l'armée par le Général Guei. Le 19 septembre 2002, certains des soldats concernés, se faisant appeler le MPCI, ont pris la ville de Korhogo, au Nord du pays et la ville de Bouaké, au centre. Des attaques se sont produites dans plusieurs parties d'Abidjan. L'ancien chef du coup et chef d'Etat, le Général Guei a été tué ainsi que le ministre de l'Intérieur, Emile Boga Doudou mais les troupes gouvernementales ont conservé le contrôle de la capitale économique. Le gouvernement a qualifié les attaques de tentative de coup. Il a affirmé que les soldats ivoiriens qui se sont mutinés étaient soutenus par « un état voyou » du Nord, référence largement interprétée comme désignant le Burkina Faso. Le gouvernement a également cherché à impliquer le RDR dans la rébellion.7 Des informations suggérant que des anglophones combattaient aux côtés des soldats dissidents ont conduit les gens à considérer les ressortissants du Libéria et de la Sierra Leone comme des opposants présumés au gouvernement ivoirien.

Depuis le 19 septembre, le MPCI a réussi à conserver le contrôle de Korhogo. La ville de Bouaké a été au c_ur de féroces affrontements mais est demeurée sous le contrôle du MPCI. Les troupes du gouvernement ont repris le contrôle de Daloa mais le MPCI contrôle de nombreuses autres villes, y compris Odienne, Tiebissou, Didievei, Sakassou et Seguela.8 Un cessez-le-feu est officiellement entré en vigueur le 18 octobre 2002 et semble tenir tandis que des pourparlers visant à trouver une solution à la crise se tiennent à Lomé, au Togo sous les auspices de la CEDEAO (les pourparlers étaient en cours au moment de la rédaction de ce rapport).

4 Voir « Le nouveau racisme, la manipulation politique de l'ethnicité en Côte d'Ivoire » Human Rights Watch Report, Vol. 13, No. 6(A), août 2001.

5 "Côte d'Ivoire : Government, UNHCR to conduct refugee census," U.N. Integrated Regional Information Network (IRIN), 10 mai 2002, à l'adresse www.reliefweb.int (consultée le 6 novembre 2002).

6 Chiffres du recensement de 1998 tels que cités dans "Ivorian peace hopes grow," news.bbc.co.uk, 12 octobre 2002.

7 Alassane Ouattara a actuellement trouvé refuge à la résidence de l'ambassadeur de France.

8 "Instability in Côte d'Ivoire," Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) Situation Report No 7, 2 octobre 2002, citant des rapports de médias internationaux.

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