Africa - West

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VII. LA MILITARISATION DE LA SOCIETE BURUNDAISE


Le manque d'intégration ethnique au sein des forces armées burundaises a représenté un obstacle majeur à une résolution pacifique du conflit en cours au Burundi. Les forces armées, qui sont l'institution la plus puissante de la société burundaise, sont à large prédominance tutsie et elles considèrent depuis longtemps que leur principale responsabilité est de protéger les intérêts de la minorité tutsie et de veiller à sa sécurité.

Au cours de son premier mandat de président de 1987 à 1993, Buyoya s'était attiré les louanges de la communauté internationale pour avoir amené des Hutus dans son gouvernement, cédant ensuite pacifiquement le pouvoir au candidat hutu qui avait remporté les élections multipartites de juin 1993. Néanmoins, la transition démocratique était vouée à l'échec de par le fait que Buyoya n'avait pas incorporé de Hutus dans les forces armées. Beaucoup de citoyens tutsis, dont de nombreux officiers et soldats de l'armée, se sont opposés à tout transfert de pouvoir aux Hutus, croyant qu'au bout du compte, cela mènerait à leur anéantissement, et les forces armées ont été utilisées pour saper tout effort visant à établir une démocratie stable. Un groupe de soldats a assassiné le Président Ndadaye en octobre 1993 mais ils n'ont pas reçu le soutien nécessaire de l'armée ni de la communauté internationale pour asseoir leur coup d'Etat. Cependant, au cours des trois années qui ont suivi, les forces armées ont contrecarré toutes les tentatives du gouvernement civil de rétablir l'ordre, soutenant les milices civiles tutsies et les gangs de jeunes Tutsis, assassinant des politiciens hutus et quelques hommes politiques tutsis modérés et massacrant des civils hutus. Bien que les présidents qui ont succédé à Ndadaye étaient eux-mêmes hutus, le Conseil National pour la Défense de la Démocratie à dominante hutue a pris les armes en 1993, affirmant que les Hutus ne pourraient jamais jouir de leurs droits civils et politiques s'ils ne contrôlaient pas les forces armées.

Le problème de l'équilibre ethnique au sein des forces armées reste un point de discorde important entre le CNDD et le régime Buyoya. Les recherches effectuées par Human Rights Watch révèlent que depuis le coup d'Etat de juillet 1996, la domination tutsie dans les forces armées a été exacerbée par un recrutement massif de nouveaux soldats. Afin d'accroître leurs effectifs sans y incorporer de Hutus, les forces armées ont engagé des femmes dans la gendarmerie et ont recruté un nombre croissant d'enfants soldats. Selon certains témoignages, l'armée recrute maintenant des garçons qui n'ont pas plus de dix ans. Les forces armées ont également entraîné les milices civiles tutsies et distribué des armes aux civils tutsis. Bien que n'ayant placé aucun Hutu à des postes où ils pourraient avoir accès à des armes à feu, dans la plupart des régions du pays, l'armée a organisé les Hutus de sexe masculin en groupes qui patrouillent dans leurs communautés, permettant aux militaires de contrôler la population hutue, limitant la liberté de mouvement et empêchant la population d'apporter son soutien aux FDD. Le gouvernement a par ailleurs fait participer la population hutue à l'effort de guerre en prélevant un impôt de guerre élevé. Le gouvernement et les forces armées semblent bien décidés à maintenir la domination tutsie sur les Hutus par des moyens militaires.


Expansion Considérable des Forces Armées

Lors de sa récente enquête sur le terrain au Burundi, Human Rights Watch a découvert qu'outre l'acquisition d'importants stocks d'armes par les deux camps impliqués dans la guerre civile, les forces armées burundaises ont aussi entrepris une expansion considérable de leurs effectifs. Selon des sources diplomatiques, depuis le coup d'Etat de juillet 1996, l'armée est passée de quelque 20.000 hommes à plus de 40.000. (333) Les forces armées ont recruté des membres de gangs, des étudiants, des enfants et beaucoup d'autres, mais le porte-parole de l'armée le reconnaît lui-même, les nouvelles recrues sont presque exclusivement des Tutsis.

Les forces armées ont largement recruté au sein des gangs de jeunes Tutsis. Suite à l'assassinat de Ndadaye, des gangs rivaux de jeunes Hutus et Tutsis ont fait leur apparition, surtout à Bujumbura, et ils se sont lancés dans une guerre des gangs. Avec le soutien logistique et matériel des forces armées, les milices tutsies telles que les Sans Echec et les Sans Défaite ont dominé le conflit entre gangs. Elles ont terrorisé la population hutue à Bujumbura et dans les environs en 1994 et 1995, volant, violant, détruisant des habitations, obligeant finalement la plupart des Hutus à fuir la ville. Avant le coup d'Etat de juillet 1996, la violence due aux gangs a servi les intérêts des Tutsis, lesquels penchaient pour le retour d'un régime militaire, en contribuant à répandre l'insécurité dans le pays pour pouvoir justifier une intervention militaire. Suite au coup d'Etat, le nouveau gouvernement militaire a néanmoins voulu assurer son contrôle sur les gangs et en même temps grossir les rangs de l'armée. Plusieurs milliers de membres de gangs ont donc été enrôlés dans les forces armées. (334)

Les forces armées ont également puisé leurs nouvelles recrues parmi les étudiants. Le gouvernement a instauré le service militaire pour tous les étudiants terminant leur école secondaire, ce qui a jusqu'à présent amené environ 4.000 recrues. Selon le porte-parole de l'armée, les étudiants effectueront un service actif d'une durée d'un an et feront ensuite partie des réservistes. (335) Des étudiantes ont aussi été recrutées, elles ont reçu une instruction de gendarmes et ont été affectées à la circulation routière, aux barrages routiers et au maintien de l'ordre, principalement dans la capitale. Un diplomate a déclaré à Human Rights Watch, "Les femmes gendarmes permettent à l'armée de retirer [des recrues masculines] de Bujumbura et de les déployer ailleurs dans le pays". (336) Par ailleurs, les étudiants ont été une source permanente de contestation politique et le service militaire permet ainsi au gouvernement d'exercer sur eux un contrôle plus efficace. Presque tous les étudiants conscrits sont des Tutsis, aussi bien parce beaucoup de Hutus ont été chassés des écoles que parce que la conscription s'est faite de manière sélective.

Plusieurs aspects de l'expansion de l'armée sont particulièrement inquiétants. L'expansion s'est entièrement axée sur le recrutement de Tutsis, amplifiant encore davantage la dominance tutsie au sein des forces armées. Le Colonel Isaie Nibizi, porte-parole des forces armées, a déclaré à Human Rights Watch que les nouvelles recrues étaient presque toutes des Tutsis mais que "Nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir pour recruter des Hutus, mais sans grand résultat. Nous avons été déçus. Il faudra s'attaquer à ce problème." (337) Human Rights Watch n'a rien trouvé qui indiquait que des efforts avaient effectivement été entrepris pour recruter des Hutus. En fait, selon des sources de la capitale, les forces armées ont clairement choisi de recruter des membres des gangs tutsis et non hutus, ainsi que des étudiants tutsis et non hutus.

Les nouvelles recrues reçoivent une instruction très limitée. Selon le Col. Nibizi, la période d'instruction a été réduite d'un an à trois mois. (338) Avec autant de nouvelles recrues, le corps des officiers est très clairsemé. Selon Nibizi, "En raison de la crise, il est maintenant souvent nécessaire de donner du pouvoir à des soldats au bas de l'échelon, peut-être quatre ou cinq personnes à un poste sans officier." (339) Poster de jeunes soldats sans formation ni supervision appropriées crée une situation où un manque de discipline est facilement toléré. En dépit des réglementations officielles interdisant aux officiers en service actif de boire plus d'une bière par jour, Human Rights Watch s'est trouvée à de nombreuses reprises en présence de soldats en service qui avaient beaucoup bu, situation que beaucoup d'informateurs lient à un comportement abusif. Dans un camp de regroupement de Karuzi, les responsables officiels du camp, qui généralement ne sont pas trop enclins à critiquer ouvertement les autorités militaires, ont dit à Human Rights Watch, "Nous n'avons des problèmes avec les soldats que lorsqu'ils ont bu. Alors nous nous enfuyons." (340) Human Rights Watch a remarqué des soldats visiblement intoxiqués dans le camp en question comme dans la plupart des autres camps visités, ce qui semble indiquer que le problème est très répandu.

Le problème dû à l'instruction limitée et au manque de supervision se pose de façon particulièrement aiguë en raison de la conscription de membres de gangs. Certaines sources diplomatiques ont déclaré à Human Rights Watch que le recrutement des membres de gangs tutsis était une mesure potentiellement positive en ce sens qu'elle pourrait les mater en leur inculquant la discipline militaire, mais la réduction de la période d'instruction signifie que les membres des gangs ne reçoivent qu'une formation rudimentaire avant d'être armés et affectés à des postes à responsabilité. Beaucoup d'autres sources ont attribué les atteintes aux droits de l'homme à l'indiscipline régnant parmi les anciens membres de gangs -- due en partie à la courte période d'instruction. Plusieurs sources hutues ont souligné qu'en mettant d'anciens membres de gangs comme gardes dans les camps de regroupement ou ailleurs, les nouveaux soldats sont chargés de garder les personnes qu'ils terrorisaient auparavant. Dans bon nombre d'endroits, les soldats sont très peu supervisés et des informateurs ont signalé à Human Rights Watch que les jeunes soldats se rendaient souvent coupables de viols, de vols et autres violations à l'encontre des civils hutus.

Les efforts faits tant par le gouvernement que par le CNDD pour accroître leurs arsenaux d'armes et recruter des milliers de nouveaux soldats semblent indiquer que les deux camps espèrent apporter une solution militaire au conflit en cours. Un membre du Frodebu a dit à Human Rights Watch, "Cela fait quatre ans qu'ils augmentent le budget de la défense, mais la guerre continue. Plus ils recrutent dans l'armée, plus l'autre camp recrute." (341) Un autre politicien hutu a informé Human Rights Watch que tandis que l'armée avait recruté des étudiants tutsis, quelque 800 étudiants universitaires hutus avaient rejoint les rangs des FDD. (342)


Les Enfants Soldats

Dans leur souci d'accroître rapidement leurs effectifs, les forces armées ont recruté un nombre croissant d'enfants soldats. Au Burundi, l'âge officiel pour le service militaire est de seize ans. Au cours de leurs déplacements à travers le pays, les chercheurs de Human Rights Watch ont vu de nombreux soldats qui étaient âgés de moins de seize ans, dont certains n'avaient pas plus de onze ou douze ans et qui étaient armés et en uniforme. Human Rights Watch a vu des enfants en uniforme en service actif et également parmi les nouvelles recrues recevant une formation de soldats ou de gendarmes. D'autres témoins, étrangers et burundais, ont signalé avoir fait les mêmes constatations. Un religieux a dit à Human Rights Watch, "J'ai vu des gamins à l'instruction à Kamenge, des enfants de douze ou treize ans sortant tout juste de l'école primaire. Je les ai vu défiler." (343)

Human Rights Watch estime que les enfants âgés de moins de dix-huit ans ne devraient pas prendre part à un conflit armé, que ce soit de manière directe ou indirecte. (344) En vertu des règles à appliquer en temps de guerre (Protocole II des Conventions de Genève de 1949), le recrutement, volontaire ou involontaire, de soldats de moins de quinze ans est illégal. Aux termes de la Convention relative aux Droits de l'Enfant, ratifiée par le Burundi le 19 octobre 1990, ceux qui incorporent des personnes de plus de quinze ans mais de moins de dix-huit ans doivent s'efforcer d'enrôler en priorité les plus âgées. (345)

Un jeune soldat, ancien membre du gang de jeunes Tutsis les Sans Echec, a expliqué à Human Rights Watch qu'il était le plus âgé de quatre frères, dont tous étaient dans l'armée. Lorsqu'on lui a demandé l'âge minimum nécessaire pour que les recrues soient acceptées, il a répondu, "Maintenant, ils acceptent les garçons de dix ans". (346) Bien que cette réponse ne prouve pas que le recrutement des enfants de dix ans s'inscrive dans le cadre d'une politique officielle, la spontanéité de la réponse semblait tout au moins indiquer que les membres des forces armées avaient eux-mêmes l'impression que des enfants de pas plus de dix ans étaient recrutés. A Vugizo (Makamba), un groupe d'étudiants du secondaire a signalé à Human Rights Watch qu'il y avait des enfants de douze et quatorze ans postés dans leur commune, bien qu'un étudiant ait assuré à l'équipe de chercheurs que "la majorité des soldats étaient des adultes". (347)


Instruction Militaire des Civils Tutsis et Distribution d'Armes

Les forces armées ont non seulement doublé leurs effectifs et importé des armes en grandes quantités, elles ont également cherché à appuyer le pouvoir militaire de la minorité tutsie en offrant aux civils tutsis une formation militaire et en leur fournissant des armes. L'instruction militaire et la distribution de fusils aux civils ont commencé en mai et juin 1997, apparemment en réponse à une attaque importante des FDD dans le sud, suite à laquelle les FDD ont pu étendre le territoire qu'elles contrôlaient à Bururi et Makamba et pénétrer dans la commune de Rutovu, au coeur même de Bururi, la province dont est originaire le Président Buyoya.

L'instruction militaire des civils tutsis a apparemment commencé à Bujumbura la première semaine de juin 1997. Une source tutsie à Bujumbura a dit à Human Rights Watch que l'instruction militaire pour Tutsis était obligatoire et était organisée par quartiers. L'instruction, qui selon cette même source a lieu les après-midi de semaine de 16h30 à 18h30 ainsi que les samedis matins, était axée sur la formation idéologique ainsi que sur le maniement d'un fusil. "Chacun en a [des fusils] à la maison, nous apprenons donc à nous en servir." (348)

Selon des informateurs à Bururi, les armes ont été distribuées aux civils tutsis dans plusieurs communes au mois de mai 1997. Selon une source, "Ils tirent deux fois, et c'est cela leur formation". (349) Dans une communauté, le directeur de l'école primaire tutsie a reçu un fusil et les étudiants hutus ne sont plus venus au cours par peur. (350) Certaines sources ont rapporté avoir vu des femmes civiles portant des Kalachnikovs lors d'une cérémonie commémorant les victimes de massacres à Buta (Bururi). "Il s'agit d'une stratégie de défense civile, mais s'ils continuent à distribuer des armes aux civils, nous aurons un autre Rwanda. L'armée n'a pas assez d'effectifs et elle compte sur le soutien des civils pour gonfler ses rangs." D'autres informateurs affirment que l'armée instruit et arme les civils tutsis dans tout le pays. (351)

Des responsables militaires reconnaissent avoir commencé à donner une formation militaire aux civils, mais ils sont loin d'admettre avoir distribué des armes aux civils. Le porte-parole des forces armées, Nibizi, a déclaré à Human Rights Watch, "Dans le cadre des cours de défense civile, ils reçoivent une formation civique et apprennent à manier leur arme. ... Nous avons beaucoup de problèmes ici et s'il y a des civils armés qui peuvent lutter contre ceux qui agissent de manière incivique, la communauté ne s'en portera que mieux. S'il y avait eu des gens préparés à la défense civile à Teza [une usine de thé que les FDD ont attaquée et détruite en 1996, faisant des victimes], eh bien, il n'y aurait peut-être pas eu de massacre". (352)


La Participation des Hutus à l'Effort de Guerre

Le gouvernement et les dirigeants militaires ont non seulement incorporé davantage de Tutsis dans les forces armées et armé les civils tutsis afin de veiller à ce que se perpétue la domination politique et sociale de l'ethnie tutsie, mais ils ont également cherché à incorporer les civils hutus non armés dans leur effort de guerre. En demandant aux Hutus de faire partie de patrouilles et de payer un impôt de guerre spécial, le gouvernement et les forces armées ont utilisé la population hutue pour les aider à faire obstacle aux activités des FDD dans le pays et pour surveiller efficacement les civils hutus.

Dans presque chaque province, des informateurs ont signalé à Human Rights Watch que les fonctionnaires du gouvernement ou les militaires avaient organisé des patrouilles la nuit et parfois même vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Bien que l'organisation exacte des patrouilles soit déterminée par les autorités locales ou provinciales, dans la plupart des endroits, la nuit venue, tous les hommes hutus adultes doivent se rassembler dans chaque quartier. Dans la plupart des zones, les hommes tutsis n'ont pas dû participer aux patrouilles. Les présences sont prises pour s'assurer que chacun est là. Les groupes passent alors la nuit à patrouiller dans leur communauté pour empêcher que des étrangers ne passent par là. Ils sont parfois accompagnés de soldats armés. Tout inconnu rencontré sur le chemin est arrêté et remis aux autorités militaires ou politiques. (353)

Le ministre de l'intérieur, le Colonel Epitace Bayaganakandi, reconnaît que des patrouilles ont été mises sur pied sur la plus grande partie du territoire: "Quand vous avez besoin de protection, vous allez acheter un chien. Les patrouilles sont une initiative de la population. Elle veut un moyen de se protéger". (354) Pourtant, des témoins qui ont participé aux patrouilles ont régulièrement dit à Human Rights Watch que c'était le gouvernement ou les forces armées qui avaient instauré les patrouilles. Beaucoup d'informateurs se sont plaints que les patrouilles pesaient lourdement sur leur emploi du temps, ne leur laissant guère le temps de dormir et peu de forces pour cultiver leurs champs.

Participer aux patrouilles est obligatoire. Un homme hutu de Muramvya a expliqué, "Vous êtes obligés de participer. Ceux qui refusent encourent de lourdes peines". (355) A Gitega, un homme a raconté, "Les hommes doivent partir en patrouille toutes les nuits. S'ils ne le font pas, ils passent deux mois en prison et doivent payer une amende de 5.000 francs". (356) A Muramvya, Kayanza et Karuzi, des personnes ont déclaré que ceux qui ne venaient pas patrouiller étaient roués de coups et devaient payer une amende. Ils risquaient aussi d'être accusés de travailler pour les FDD, accusation qui menait souvent à une arrestation par les forces armées et à une exécution sommaire.

Les patrouilles permettent aux forces armées d'exercer un contrôle étroit sur la population hutue et de l'empêcher d'établir des contacts avec les FDD et autres groupes rebelles. Etant donné que chaque homme adulte doit faire partie d'une patrouille, les hommes n'ont pas la possibilité de s'esquiver la nuit pour rencontrer des agents des FDD. Prenant énormément de leur temps, les patrouilles occupent et fatiguent trop les civils pour qu'ils organisent une résistance. De plus, l'armée simplifie son travail en enrôlant des Hutus pour contrôler leur propre population. Human Rights Watch a été témoin d'au moins un cas où une patrouille hutue à Kayanza a remis aux autorités militaires locales un homme hutu qu'elle avait capturé et arrêté.

Le gouvernement a par ailleurs cherché à forcer la population civile, y compris les Hutus, à contribuer financièrement à la guerre en prélevant un impôt de guerre appelé Contribution à la Solidarité Nationale. Un décret gouvernemental pris au début juin 1997 exige que chaque famille paie 1.000 francs burundais (environ 3$US) par an. (357) Ce montant ajouté aux impôts existant déjà est une lourde charge pour des familles dont la maison a été détruite et qui n'ont virtuellement aucun moyen de se procurer de l'argent.

Le ministre de l'intérieur a déclaré à Human Rights Watch, "La population doit consentir un effort dans cette guerre. On demandera à ceux qui le peuvent de contribuer. La mesure a été prise globalement mais elle ne sera pas appliquée aux personnes regroupées ni à celles qui ne peuvent pas payer. C'est la population qui a demandé de pouvoir apporter une contribution à la guerre -- pas les personnes vivant dans de mauvaises conditions mais les hommes d'affaires, les fonctionnaires, les paysans, parce que beaucoup d'entre eux ont les moyens de le faire". (358) Des entretiens avec des fonctionnaires moins haut placés font néanmoins penser que l'impôt de guerre est exigé de tous les citoyens, pas seulement ceux en mesure de le payer. Certaines sources se disent préoccupées par le fait que l'application de l'impôt est une occasion pour les fonctionnaires d'imposer cette taxe arbitrairement, en prélevant des sommes disproportionnées aux personnes qui leur causent des problèmes ou qui ne les soutiennent pas.





333. Témoignage recueilli par Human Rights Watch, le 7 juin 1997.

334. Témoignages recueillis par Human Rights Watch, juin 1997.

335. Entretien de Human Rights Watch avec Isaie Nibizi, Bujumbura, le 27 juin 1997.

336. Témoignage recueilli par Human Rights Watch, le 7 juin 1997.

337. Témoignage recueilli par Human Rights Watch, Bujumbura, le 27 juin 1997.

338. Témoignage recueilli par Human Rights Watch, Bujumbura, le 27 juin 1997

339. Témoignage recueilli par Human Rights Watch, Bujumbura, le 27 juin 1997

340. Témoignage recueilli par Human Rights Watch, Karuzi, le 13 juin 1997.

341. Témoignage recueilli par Human Rights Watch, Bujumbura, le 25 juin 1997.

342. Témoignage recueilli par Human Rights Watch, Bujumbura, le 16 juin 1997.

343. Témoignage recueilli par Human Rights Watch, Bujumbura, le 15 juin 1997.

344. Voir Human Rights Watch, "Children in Combat", vol. 8, no. 1(G), janvier 1996.

345. Convention relative aux Droits de l'Enfant, art. 38(3).

346. Témoignage recueilli par Human Rights Watch à Makamba, le 18 juin 1997.

347. Témoignage recueilli par Human Rights Watch, Vugizo, Makamba, le 19 juin 1997.

348. Témoignage recueilli par Human Rights Watch, Bujumbura, le 6 juin 1997.

349. Témoignage recueilli par Human Rights Watch, Bururi, le 21 juin 1997.

350. Témoignage recueilli par Human Rights Watch, Bururi, le 21 juin 1997.

351. Témoignage recueilli par Human Rights Watch, Bujumbura, le 17 juin 1997.

352. Témoignage recueilli par Human Rights Watch, Bujumbura, le 27 juin 1997.

353. Human Rights Watch a assisté à la mise en pratique de cette procédure. A Kayanza, une patrouille a amené à la gendarmerie un homme dont les vêtements en lambeaux et l'état de malnutrition semblaient indiquer qu'il avait vécu dans une zone contrôlée par les rebelles, bien que rien n'indiquait qu'il s'était joint aux FDD et son état de santé l'aurait empêché de combattre.

354. Entretien de Human Rights Watch avec le Colonel Epitace Bayaganakandi, Ministre de l'Intérieur, Bujumbura, le 3 juillet 1997.

355. Témoignage recueilli par Human Rights Watch, secteur de Mpira, zone de Rutegama, Muramvya, le 11 juin 1997.

356. Témoignage recueilli par Human Rights Watch, Gitega, le 12 juin 1997.

357. Témoignage recueilli par Human Rights Watch le 30 juin 1997.

358. Entretien de Human Rights Watch avec le Colonel Epitace Bayaganakandi, Ministre de l'Intérieur, Bujumbura, le 3 juillet 1997.

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