Africa - West

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II. LE CONTEXTE DE LA GUERRE CIVILE


Contexte

La guerre civile qui se déroule actuellement au Burundi est le plus long conflit violent qu'ait connu ce pays dont l'histoire récente a été marquée par des luttes interethniques meurtrières qui ont éclaté périodiquement. Ce conflit, comme d'autres auparavant au Burundi et au Rwanda voisin, a pris la forme d'une lutte entre deux groupes ethniques, les Hutus qui forment quelque quatre-vingt-cinq pour cent de la population et les Tutsis qui en représentent quelque quinze pour cent. Cependant, la coloration ethnique du conflit ne fait que dissimuler et envenimer ce qui est essentiellement une bataille pour le pouvoir politique et économique, à l'instar de conflits analogues se déroulant dans d'autres parties du globe.

Les spécialistes débattent du sens exact qu'avaient les termes "Hutu", "Tutsi" et "Twa" dans le Burundi pré-colonial mais ils s'accordent à dire que les trois groupes partageaient une même langue, les mêmes pratiques religieuses et un même système politique et qu'ils vivaient mélangés sur un territoire qu'ils appelaient tous Burundi. (3) Il se peut que ces termes aient en partie dérivé des métiers différents qu'ils exerçaient, la plupart des Tutsis étant des éleveurs de bétail, signe de richesse dans la société burundaise, alors que la plupart des Hutus étaient cultivateurs et la plupart des Twas vivaient de la chasse et de la cueillette. Les Twas, qui représentent aujourd'hui moins d'un pour cent de la population, ne sont pas assez nombreux pour jouer un rôle significatif dans les conflits actuels au niveau national mais dans certaines régions, ils figurent de façon importante parmi les tueurs ou parmi les victimes. Un quatrième groupe, les Ganwas, une élite composée de descendants des anciens gouvernants, n'étaient considérés ni comme des Hutus ni comme des Tutsis et étaient également très peu nombreux. Bien que les Twas et les Ganwas aient été historiquement séparés des autres groupes, les distinctions entre Hutus et Tutsis étaient plus flexibles. Les personnes pouvaient passer d'une catégorie à l'autre, en fonction de leur fortune et de leur prestige politique, et les conflits politiques tendaient généralement à dépasser les caractères identitaires plutôt qu'à les renforcer. (4)

Les puissances coloniales, d'abord les Allemands et après la Deuxième Guerre Mondiale, les Belges, ont cherché à gouverner par l'entremise de la monarchie existante mais leurs politiques ont servi à éliminer la complexité et la flexibilité des systèmes socio-politiques pré-coloniaux et à classer les Hutus, les Tutsis et les Twas dans des catégories ethniques rigides. Appliquant leurs propres théories racistes de hiérarchie entre les peuples, les administrateurs coloniaux en ont conclu que les Tutsis, les Hutus et les Twas étaient des groupes raciaux distincts. Ils considéraient que les Tutsis, qui selon les stéréotypes étaient grands et minces, avec la peau plus claire et les traits plus fins, étaient plus proches des Européens et par conséquent supérieurs aux Hutus et aux Twas qui ressemblaient moins aux colonialistes. Ils considéraient les Ganwas, peu nombreux, comme un groupe de Tutsis un peu plus privilégié. Mettant leurs idées en pratique dans un système de gouvernement indirect, les colonialistes ont favorisé les Tutsis et les ont aidés à acquérir du pouvoir par rapport aux Hutus. Ils ont exclu les Hutus non seulement des fonctions administratives mais aussi de l'enseignement supérieur, créant par là-même des conditions favorables à une domination tutsie à longue échéance. (5)

Au Rwanda, le pays voisin où les politiques démographiques et coloniales étaient analogues, l'administration belge a modifié sa pratique au milieu des années 50 et a commencé à permettre aux Hutus d'assumer un rôle plus important dans la vie publique et à occuper plus de places dans les institutions éducatives. Mécontents de la lenteur des réformes, les Hutus se sont soulevés contre l'autorité tutsie à partir de 1959, ils ont évincé le monarque et tué ou forcé à s'exiler des milliers de Tutsis. Entre 1959 et 1962, presque tous les postes administratifs sont passés des Tutsis aux Hutus et le Rwanda a obtenu son indépendance en 1962 avec un gouvernement contrôlé par les Hutus. (6)

Dans les années qui ont suivi l'indépendance du Burundi concédée par la Belgique en 1962, son dirigeant, Mwambutsa, a cherché à éviter une révolution similaire en équilibrant les intérêts tutsis et hutus. Mais alors que les conflits entre les groupes se multipliaient, il s'est de plus en plus associé aux intérêts tutsis et a perdu son rôle d'arbitre neutre. Un réfugié tutsi rwandais a alors assassiné le tout premier Hutu à avoir été élu premier ministre, trois jours après sa nomination en janvier 1965. Mwambutsa espérait apaiser la population hutue et garder le contrôle en autorisant des élections législatives, mais après que les partis à prédominance hutue aient remporté une majorité décisive, il a refusé de nommer un autre premier ministre hutu. Quelques mois plus tard, en octobre 1965, des soldats et gendarmes hutus ont tué le premier ministre tutsi lors d'une tentative de coup d'Etat et ils ont forcé Mwambutsa à fuir le pays. L'armée a alors exécuté plusieurs officiers hutus de l'armée et presque tous les politiciens hutus importants et elle a commencé à éliminer les Hutus des rangs de l'armée. Dans la province de Muramvya, les Hutus ont attaqué les habitants tutsis tandis que les soldats tutsis et les milices civiles tutsies ont réagi en massacrant quelque 5.000 Hutus. Mwambutsa a tenté de gouverner depuis le Congo mais il a finalement abdiqué en faveur de son fils. Le nouveau roi n'a pas réussi à imposer son autorité et quelques mois après son intronisation en juillet 1966, les officiers militaires tutsis l'ont déposé et ont nommé le Capitaine Michel Michombero à la présidence. (7)

En avril 1972, les insurgés hutus ont attaqué et se sont emparés des villes de Rumonge et de Nyanza-Lac au sud, en bordure du Lac Tanganyika, tuant de nombreux habitants tutsis. L'armée a facilement réprimé la rébellion mais s'en ait servi comme prétexte pour massacrer un grand nombre de Hutus. Dans ce que Lemarchand a qualifié de "génocide sélectif", l'armée et les milices tutsies ont tué quelque 100.000 personnes, visant plus particulièrement les enseignants, les étudiants, les membres du clergé et autres intellectuels hutus, ainsi que les soldats hutus. Selon Lemarchand et Martin, "L'objectif était de décapiter non seulement la rébellion mais également la société hutue, et par la même occasion, poser les bases d'un ordre social totalement nouveau. ... L'anéantissement des élites hutues ... éliminait effectivement toutes les éventuelles menaces hutues à l'hégémonie tutsie, tout au moins pour la génération suivante". (8) En dehors des milliers de tués, les attaques des forces armées et des milices ont forcé plusieurs centaines de milliers de Hutus à s'exiler dans les pays voisins où certains ont ensuite mis sur pied des mouvements de guérilla. Le souvenir des massacres de 1972 a façonné, par la suite, la pensée et l'action politiques hutues, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du Burundi. Beaucoup de Hutus estiment qu'ils resteront vulnérables à ce type d'attaques aussi longtemps que les Tutsis garderont la mainmise sur le pouvoir politique et militaire. (9)

Au cours des vingt années qui ont suivi les massacres de 1972, les Hutus ont été presque entièrement exclus des fonctions politiques, de l'armée, des écoles et d'autres postes. Le Lt. Col. Jean-Baptiste Bagaza a remplacé Micombero à la présidence après le coup d'Etat de 1976 mais il a poursuivi la politique de discrimination envers les Hutus. Il a mis l'accent sur l'unité nationale et a interdit toute référence à l'ethnicité en tant qu'incitation à la haine raciale, empêchant dans la pratique les Hutus à se plaindre de la discrimination à laquelle ils étaient confrontés. Le Président Bagaza a également lancé une campagne contre les églises catholique et protestante, expulsant quatre-vingt pour cent des missionnaires étrangers et limitant les activités des Eglises car ils soupçonnaient ces dernières de radicaliser les Hutus. (10)

Le Major Pierre Buyoya a remplacé Bagaza lors d'un coup d'Etat en 1987. Lorsque les Hutus se sont rebellés l'année suivante dans les provinces de Ngozi et Kirundo, le long de la frontière rwandaise, et ont tué plusieurs milliers de Tutsis, Buyoya a autorisé l'armée à restaurer "l'ordre et la paix" en utilisant des hélicoptères et des véhicules blindés pour massacrer quelque 20.000 Hutus. (11)


Des Pas Vers la Réconciliation

Buyoya a rejeté les appels réclamant une enquête indépendante sur les massacres de 1988 mais il a néanmoins opéré un revirement dans l'orientation politique du gouvernement et a cherché à encourager la réconciliation entre les Hutus et les Tutsis plutôt que de simplement compter sur la répression pour contrôler la population hutue. Il a nommé une commission multiethnique chargée d'étudier la question hutue-tutsie et a nommé des Hutus à des postes au sein de son gouvernement. Il a par ailleurs rétabli des relations normales avec les Eglises. (12)

Les violences du passé qui ont eu lieu au Burundi et au Rwanda ont compliqué les efforts de réconciliation entre les deux principales communautés ethniques du Burundi. Chaque groupe redoutait la violence de l'autre, voire même une possible extermination par l'autre, et ressentait toujours de la colère face aux souffrances du passé. Les Tutsis avaient vu dans le massacre des Tutsis au Rwanda et dans leur perte de pouvoir un avertissement et ils avaient peur que le partage du pouvoir avec les Hutus au Burundi ne mène également à un massacre de Tutsis sur une grande échelle. Les soldats tutsis, associés à l'ancien président Bagaza et opposés aux réformes de Buyoya, ont tenté, en vain, d'organiser des coups d'Etat en novembre 1989 et à nouveau en mars 1992. (13)

Les Hutus gardaient gravé au plus profond de leur mémoire le "génocide sélectif" des intellectuels hutus de 1972 et ils craignaient et se méfiaient des autorités tant civiles que militaires. Les Hutus qui avaient été forcés de s'exiler en Tanzanie ont organisé le Parti pour la Libération du Peuple Hutu (Palipehutu), lequel a lancé plusieurs attaques dans les provinces nord-ouest de Bubanza et de Cibitoke en 1991 et 1992, tuant un certain nombre de Tutsis. Dans chaque cas, l'armée a usé de représailles envers la population hutue, tout en agissant avec plus de modération qu'en 1988. (14)

Malgré la résistance de bon nombre de Tutsis, y compris des militaires, Buyoya a présenté une nouvelle constitution qui a été approuvée à une majorité écrasante lors d'un référendum public en 1992. Il a nommé un premier ministre hutu et programmé des élections présidentielles et parlementaires pour juin 1993. Buyoya, candidat présidentiel pour le Parti de l'Union et du Progrès National (Uprona), un parti politique largement tutsi qui était antérieurement le seul parti autorisé, a remporté 33 pour cent des suffrages aux élections du 1er juin, tandis que Melchior Ndadaye, candidat du Front des Démocrates du Burundi (Frodebu), un parti largement hutu, a remporté 65 pour cent des voix. Bien que, selon des sources diplomatiques, Buyoya s'attendait franchement à remporter les élections, il a accepté la défaite et a autorisé l'organisation des élections parlementaires du 29 juin. Au cours de ces élections, le Frodebu a remporté 65 sièges sur 81. (15)

Le 2 juillet, un groupe de militaires a tenté de prendre le pouvoir. Bien que Buyoya ait rapidement réprimé le soulèvement, la tentative de coup d'Etat montrait l'ampleur du mécontentement au sein de l'armée et indiquait que les forces armées, que Buyoya n'avait pas essayé de réformer et qui restaient presque exclusivement tutsies, risquaient de poser des problèmes à son successeur. (16)


Gouvernement Civil et Retour de la Violence

Le 10 juillet 1993, Ndadaye devenait le premier Président hutu du Burundi. Essayant de gagner un large soutien, il nommait un cabinet multipartite de sept Tutsis et de quinze Hutus dirigé par une femme premier ministre tutsie de l'Uprona, Sylvie Kinigi. (17) En tant que président, Ndadaye opérait d'importants changements dans l'administration locale, plaçant des membres de son parti, le Frodebu. Il envisageait de séparer la gendarmerie de l'armée et d'élargir la diversité ethnique et régionale au sein des forces armées. Mais pour prévenir ces changements et d'autres changements, un petit groupe de militaires tutsis tentait de s'emparer du pouvoir le 21 octobre 1993. Il capturait, puis exécutait Ndadaye ainsi qu'un certain nombre de responsables politiques civils haut placés, dont le président de l'assemblée nationale, successeur désigné du président en vertu de la constitution. D'autres fonctionnaires du gouvernement, dont le Premier Ministre Kinigi, trouvaient refuge dans diverses ambassades et résidences diplomatiques. Certains officiers de l'armée appuyaient le putsch mais d'autres y étaient opposés. En outre, la communauté internationale condamnait fermement le coup d'Etat et menaçait de couper toute aide si un gouvernement constitutionnel n'était pas rétabli. Face à l'opposition ferme et vigoureuse de l'étranger et à la menace de soulèvements généralisés dans le pays, le chef d'état-major de l'armée, le Col. Jean Bikomagu déclarait que le coup d'Etat était terminé et renvoyait les soldats dans leurs casernes. (18)

Alors que la nouvelle de l'assassinat de Ndadaye se répandait dans tout le Burundi, des responsables du gouvernement hutu et autres dirigeants locaux allaient s'attaquer aux civils tutsis, faisant des milliers de morts. Anticipant un assaut de l'armée, les Hutus bloquaient les routes dans le nord, le centre et l'est du pays. L'armée allait riposter par des attaques contre les Hutus, ne faisant aucune différence entre les communautés impliquées dans les violences contre les Tutsis et celles qui ne l'étaient pas. En l'espace de quelques semaines seulement, entre 30.000 et 50.000 personnes allaient être tuées, le nombre de victimes étant plus ou moins égal dans chaque groupe ethnique. Des milliers de Hutus allaient partir en exil tandis que Hutus et Tutsis se cachaient dans les marais et les forêts du pays. (19)

Lors d'une visite au Burundi effectuée en janvier et février 1994, une équipe d'enquêteurs internationaux formée à l'initiative d'une coalition d'organisations non gouvernementales, dont Human Rights Watch, a recueilli des preuves qu'un certain nombre d'officiers haut gradés avaient pris part à l'assassinat de Ndadaye et d'autres responsables politiques et aux "campagnes de pacification" qui ont fait des milliers de morts parmi les Hutus en milieu rural. La Commission Internationale d'Enquête a également trouvé des preuves que les responsables hutus avaient dirigé, facilité ou autorisé les massacres de civils tutsis. (20) Le gouvernement burundais a jugé, condamné à mort et exécuté six civils en lien avec les massacres de 1993 et des milliers d'autres attendent leur procès. (21) Un groupe d'officiers de l'armée est également accusé d'avoir participé à la tentative de coup d'Etat mais leur procès a été reporté à plusieurs reprises et à ce jour, aucun militaire n'a été déclaré coupable d'avoir participé au coup d'Etat ou d'avoir été impliqué dans la répression violente qui a suivi. Le Lt. Jean-Paul Kamana, que la Commission Internationale d'Enquête a identifié comme ayant commandé l'attaque contre le palais présidentiel et donné l'ordre d'assassiner Ndadaye, a publié une déclaration à la fin 97 depuis son exil en Ouganda, affirmant que pour ce qui était de l'attaque et de l'assassinat, il avait suivi les ordres de ses supérieurs, notamment du Président Buyoya, accusation que Buyoya a nié avec véhémence. (22)

Suite à la tentative de coup d'Etat, les ministres encore en vie du gouvernement Ndadaye se sont battus pour reconstituer un nouveau gouvernement. Après plusieurs mois de négociations, Cyprien Ntaryamira, ministre de l'agriculture et Hutu appartenant au Frodebu, a été nommé président mais il a été tué quelques mois plus tard dans l'accident d'avion qui a également emporté le Président rwandais Juvénal Habyarimana le 6 avril 1994. Sylvestre Ntibantunganya, un autre Hutu du Frodebu, lui a succédé. En septembre 1994, le Frodebu a négocié la Convention du Gouvernement, un compromis avec le principal parti tutsi, l'Uprona, et les forces armées, prévoyant un mandat de cinq ans pour rétablir la sécurité et préparer des élections. La Convention du Gouvernement a instauré un puissant Conseil National de Sécurité, lequel a affaibli l'autorité du président et du parlement et a donné à l'Uprona et à plusieurs petits partis suprémacistes tutsis (partis qui prônent un retour au contrôle exclusif du gouvernement par les Tutsis) un pouvoir de facto d'opposer leur veto aux décisions du gouvernement. En conséquence, le gouvernement s'est retrouvé virtuellement paralysé tandis que les forces armées pouvaient agir avec une autonomie presque complète. (23)

Suite à l'assassinat de Ndadaye, quelques responsables du Frodebu en exil ont organisé un nouveau mouvement armé qui s'est engagé à soumettre les forces armées afin de permettre l'établissement d'un gouvernement démocratique stable. (24) Le Conseil National pour la Défense de la Démocratie (CNDD) et son bras armé, les Forces pour la Défense de la Démocratie (FDD), sont dirigés par l'ancien ministre de la fonction publique, du travail et du rapatriement des réfugiés, Léonard Nyangoma. Les FDD ont établi des bases parmi les réfugiés hutus au Zaïre et elles ont déclenché une campagne de guérilla contre des cibles militaires et civiles tutsies au Burundi. Au cours des années qui ont suivi, les FDD ont établi des camps dans quelques-unes des régions les plus reculées du pays -- la Forêt Nationale de la Kibira et le Parc National de Ruvubu dans le nord ainsi que la zone de hautes montagnes le long de la ligne de partage du Congo-Nil dans le sud. Une grande partie de la population hutue, se sentant de plus en plus frustrée devant l'impuissance du gouvernement civil, a prêté son appui aux FDD dans leur lutte contre les forces armées. Des informateurs de plusieurs communautés rurales ont déclaré à Human Rights Watch que dès 1995 ou 1996, le CNDD avait établi une administration parallèle dans sa zone et que les combattants FDD recevaient un soutien matériel de la population. (25) D'autres groupes rebelles hutus plus petits, dont le Palipehutu et le Front pour la Libération Nationale (Frolina), lequel a rompu un cessez-le-feu unilatéral de dix-huit mois à la fin octobre 1997, se sont également engagés dans la guérilla. (26)

Dès 1994, surtout après le génocide des Tutsis et les massacres de Hutus modérés au Rwanda, les milices et les gangs de jeunes tutsis ont commencé à jouer un rôle important dans le conflit au Burundi. Le massacre de Tutsis dans les semaines qui ont suivi l'assassinat de Ndadaye et les attaques incessantes des FDD et de leurs partisans ont poussé les Tutsis, dans beaucoup de régions du pays, à chercher protection dans les camps construits autour des postes militaires. Ces camps pour Tutsis déplacés sont devenus des centres d'activité paramilitaire car les milices tutsies, avec le soutien des militaires, ont cherché à se venger sur les populations hutues de la mort de leurs proches et de la perte de leurs biens. (27) A Bujumbura et plusieurs autres villes, les jeunes Hutus ont également formé des gangs qui se sont affrontés aux gangs tutsis. Les deux groupes ont terrorisé la population, souvent à des fins criminelles autant que politiques. Au début 95, les gangs de Tutsis tels que les Sans Echec et les Sans Défaite, avec l'aide des forces armées (y compris en armes et en formation, selon certaines sources), ont forcé la plupart des Hutus à quitter les zones urbaines pour s'exiler dans des pays voisins ou se réfugier à l'intérieur du pays. (28) Aujourd'hui, Bujumbura est une ville à écrasante majorité tutsie, la plupart des quelques Hutus restants étant concentrés dans les camps de réfugiés en périphérie ou dans des familles vivant sur les collines surplombant la ville.

Le présent rapport fait une distinction entre les camps de regroupement, qui sont principalement peuplés par les civils hutus qui ont été forcés par les militaires à se rendre dans les camps, et les camps de personnes déplacées à l'intérieur du pays (PDI), généralement peuplés par des civils tutsis déplacés par le conflit armé. Entre les camps de regroupement et les camps de PDI, des différences qualitatives ont été constatées sur le plan des circonstances de leur création et des conditions de vie à l'intérieur des camps, bien que dans un cas comme dans l'autre, les civils ont eu à subir des souffrances considérables. Les camps pour personnes déplacées à l'intérieur du pays (PDI) se distinguent toutefois des camps de regroupement par leur nature volontaire. Même si la majorité des personnes se trouvant dans ces camps préféreraient vivre chez elles si les conditions de sécurité le leur permettaient, elles ont choisi de rester dans les camps précisément pour la sécurité que leur procurent ces derniers. Par contraste avec les camps de regroupement, les personnes se trouvant dans les camps de PDI sont libres d'aller et de venir comme bon leur semble et elles bénéficient de la protection des forces armées.

Tant les partis politiques tutsis que les militaires se sont servis de l'agitation civile grandissante pour conforter leur position. Les partis suprémacistes tutsis ont utilisé les milices et la violence des gangs pour interrompre le cours normal de la vie à Bujumbura, imposant le remplacement du président de l'Assemblée Nationale et du premier ministre à la fin 94 et au début 95, et ils ont usé de leur influence pour placer un nombre croissant de Tutsis radicaux à des fonctions politiques, dont Antoine Nduwayo qui est devenu premier ministre. (29)

A mesure que les FDD intensifiaient leurs attaques, les forces armées n'ont pas usé de représailles contre la seule guérilla mais également contre les civils hutus, tuant des centaines de non combattants dans le cadre de "campagnes de pacification" dans les provinces de Bubanza, Gitega et Cibitoke, où les militaires soupçonnaient que le soutien aux FDD était important. En mars 1995, l'armée a lancé une campagne de désarmement qui consistait principalement à rassembler les armes détenues par les gangs hutus. Selon certaines sources, les armes prises aux gangs hutus ont par la suite été redistribuées aux gangs tutsis. Prenant pour prétexte la campagne de désarmement, l'armée s'est activement employée à chasser la population des quartiers à prédominance hutue de Bujumbura, tels que Kamenge, Kinama et Cibitoke. (30)


Le Retour au Pouvoir de Buyoya

Dès le début 96, le gouvernement civil du président Ntibantunganya a perdu le contrôle effectif du pays. Le nombre croissant d'assassinats politiques a renforcé la mainmise des militaires. (31) Des gouverneurs civils ont été assassinés dans les provinces nord de Cibitoke, Gitega, Karuzi et Ngozi, des zones où les forces armées estimaient que les FDD étaient actives, et ces gouverneurs civils ont été remplacés par des officiers de l'armée qui ont mis en oeuvre des programmes visant à soumettre la population hutue. Au début 96, le gouverneur militaire de Karuzi a lancé un premier programme de regroupement, recourant largement à la violence pour forcer plus de cent mille Hutus à quitter sa province pour se rendre dans des camps. L'Uprona et d'autres partis Tutsis ont travaillé en étroite collaboration avec les forces armées pour affaiblir le Président Ntibantunganya et les autres responsables du Frodebu. La plupart des dirigeants du Frodebu étant soit morts soit en exil, les autres responsables se sont retrouvés presque complètement impuissants à combattre la violence et l'anarchie croissantes régnant dans le pays. (32)

A l'issue d'une semaine de grande incertitude dans la capitale, l'armée s'est emparée officiellement du pouvoir le 25 juillet 1996, après que le Président Ntibantunganya et d'autres dirigeants du Frodebu aient trouvé refuge dans les résidences diplomatiques allemande et américaine. L'ancien président, le Major Buyoya, a été renommé à la fonction de président, affirmant qu'il avait pris le pouvoir "uniquement pour prévenir de nouveaux massacres ethniques". Buyoya s'est présenté comme un président relativement modéré qui s'était interposé pour empêcher les éléments tutsis plus extrémistes de prendre le pouvoir. Il a en outre assuré qu'il remettrait rapidement le pays sur le chemin de la démocratie. "Nous devons rétablir la démocratie ... mais nous ne savons pas combien de temps cela nous prendra; cela peut prendre 12 mois, 18 mois ou plus." (33)

Les politiciens hutus ont mis en doute la prétendue modération de Buyoya, faisant valoir qu'une grande partie de la violence et du désordre ayant précédé le coup d'Etat avait été orchestrée par l'armée et ses partisans afin de justifier le coup d'Etat. Comme l'a expliqué un politicien hutu à Human Rights Watch, "Tous ces assassinats visaient à ramener Buyoya au pouvoir". (34) Que les milices et les gangs de jeunes Tutsis aient été moins actifs depuis le coup d'Etat pourrait s'expliquer par le fait qu'ils ont atteint leur objectif en affaiblissant le gouvernement civil et en ramenant les Tutsis au pouvoir. Il se peut aussi qu'une fois Buyoya au pouvoir, les forces armées aient imposé l'ordre plus rigoureusement qu'auparavant. Un dirigeant du Frodebu a fait remarquer que "L'armée est chargée de protéger les institutions et la population. Comment se fait-il qu'elle ait été incapable de le faire sous Ntibantunganya mais qu'elle en soit capable sous Buyoya?" (35)

Bien que Buyoya et l'armée aient pris le pouvoir sans effusion de sang, ils se sont par la suite servis de leur pouvoir pour tuer, violer, blesser et chasser de chez eux des centaines de milliers de civils. Bien que le coup d'Etat ait ramené plus de calme dans la capitale à grande majorité tutsie, des violences de plus grande ampleur ont éclaté dans les campagnes à mesure que le programme de regroupement se développait et que les forces armées recouraient largement à la violence pour soumettre la population. Au cours des derniers mois, les actes de violence ont diminué dans quelques zones rurales mais le calme relatif est en grande partie dû à l'épuisement et à la répression plutôt qu'à une solution réelle s'attaquant aux causes des troubles.

Bien qu'une grande partie de la communauté internationale n'arrivait pas à déterminer comment il fallait réagir face au coup d'Etat, les dirigeants africains l'ont fermement condamné. Lors d'une réunion tenue à Arusha, en Tanzanie, le 9 août 1996, les chefs d'Etat de la région ont décidé d'imposer des sanctions, fermant leurs frontières à tout commerce avec le Burundi. (36) Bien qu'immédiatement après s'être emparé du pouvoir, le Président Buyoya ait suspendu l'Assemblée Nationale et interdit toute activité des partis politiques, quelques mois plus tard, il a autorisé les partis et l'assemblée à reprendre quelques-unes de leurs fonctions, apparemment en réponse aux sanctions. (37) Sous la pression des organisations humanitaires, les sanctions ont été quelque peu assouplies en avril 1997 pour permettre l'acheminement des vivres et des médicaments. (38)

Au cours des mois qui ont suivi le coup d'Etat, le gouvernement a élargi le programme de regroupement forcé, déplaçant la population et créant des camps dans certaines parties des provinces de Bubanza, Cibitoke, Kayanza, Muramvya, Bujumbura-Rural et Bururi comme le décrit en détail le chapitre trois. Dans beaucoup de zones rurales où la politique de regroupement n'a pas été appliquée, les forces armées ont eu largement recours à la répression et à la violence pour soumettre la population.

Les événements survenus au Zaïre, le pays voisin, ont servi à conforter la position de Buyoya. A la fin 96, une campagne ethnique menée à l'encontre des Tutsis zaïrois du Sud-Kivu connus sous le nom de Banyamulenges s'est retournée contre les instigateurs de la campagne lorsque les Banyamulenges ont pris les armes et ont commencé à attaquer ceux qui les avaient agressés, les troupes gouvernementales et les milices civiles, y compris certains réfugiés hutus rwandais et burundais. Les Banyamulenges ont rejoint d'autres groupes opposés au régime du Président Mobutu Sese Seko pour former l'Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo-Zaïre (AFDL) et avec l'aide du Rwanda et de l'Ouganda, ils ont rapidement pris le contrôle d'une grande partie de l'est du Zaïre, entre autres de toutes les zones ayant une frontière avec le Burundi. Parmi les cibles initiales de l'AFDL figuraient les camps de réfugiés hutus qui avaient fui les violences au Rwanda et au Burundi. Les camps abritaient beaucoup de vrais réfugiés mais ils servaient également de bases aux anciens membres de l'armée rwandaise (ex-FAR) et aux milices interahamwes qui avaient participé au génocide rwandais de 1994. Ces extrémistes hutus ont lancé des attaques au Rwanda et au Zaïre et ils ont apporté un soutien croissant aux FDD dans leurs opérations au Burundi. (39) Bien que le porte-parole du CNDD à Nairobi ait démenti que les FDD aient utilisé des bases militaires au Zaïre, (40) la plupart des observateurs s'accordent à dire que les insurgés ont utilisé les camps zaïrois pour lancer leurs attaques au Burundi.

La victoire de l'AFDL au Zaïre, rebaptisé République Démocratique du Congo, a sévèrement affaibli la position des FDD. En forçant les réfugiés à retourner au Burundi, l'AFDL a éliminé des bases importantes pour les FDD et d'autres groupes d'insurgés au Zaïre. Bon nombre de rapatriés n'ont pas été autorisés à regagner leur maison mais ont été contraints de se rendre dans des camps de regroupement solidement gardés, où leurs possibilités d'apporter un soutien aux insurgés étaient limitées. Chassées du Zaïre, les FDD ont été forcées d'établir de nouvelles bases en Tanzanie. Selon des diplomates en place au Burundi, l'offensive des FDD dans les provinces sud de Bururi et de Makamba, déclenchée en mars 1997, a marqué le départ des opérations des FDD lancées à partir de la Tanzanie et le souhait des FDD de montrer qu'elles restaient une force sur laquelle il fallait compter au Burundi. (41)

L'année même de son retour au pouvoir, Buyoya a pris résolument le contrôle des forces armées et de l'administration. Il a remplacé bon nombre de Hutus par des Tutsis, intensifiant donc un processus déclenché après l'assassinat de Ndadaye et renforçant la domination tutsie dans les structures du pouvoir. Le Conseil des Ministres comprend un certain nombre de Hutus mais les portefeuilles les plus puissants sont réservés aux Tutsis, surtout des officiers de l'armée, et les fonctions subalternes au sein du gouvernement sont maintenant remplies à une grande majorité par des Tutsis. En avril 1997, parmi les 121 administrateurs communaux, seuls trente-et-un étaient Hutus, dont vingt-deux appartenant à l'Uprona, le parti politique de Buyoya. Dans les entreprises parastatales et les ministères tels que celui de l'éducation où les Hutus figuraient en bon nombre il y a quelques années, les Tutsis occupent maintenant les positions influentes. (42)

Buyoya a été confronté à une certaine opposition de la part de factions au sein de l'armée et des partis politiques tutsis. L'ex-président Bagaza et son parti politique, le Parti pour le Redressement National (Parena), ont été les premiers à critiquer Buyoya. Celui-ci a contré l'opposition en plaçant Bagaza en résidence surveillée en janvier 1997 et en faisant arrêter d'autres dirigeants politiques tutsis, dont certains appartenaient à son propre parti, en diverses occasions au cours de l'année dernière. L'opposition a pris une ampleur considérable en mai 1997 lorsque la nouvelle s'est répandue que le régime Buyoya s'était engagé dans des pourparlers avec les FDD à Rome, mais Buyoya a rapidement mis fin aux protestations des étudiants tutsis et des autres en démontrant que son pouvoir restait inchangé tant au sein de l'armée que de l'administration. En novembre 1997, Bagaza a été accusé d'avoir organisé un complot pour tuer Buyoya. (43)

Des négociations officielles avec le CNDD étaient prévues à Arusha en août 1997 mais le gouvernement s'est retiré peu avant le début des pourparlers, invoquant des raisons de sécurité. Les parties au conflit ont entamé des discussions moins officielles le mois suivant à l'occasion d'une rencontre organisée à l'initiative de l'UNESCO à Paris, et sous la forte pression des acteurs régionaux et internationaux, les parties devaient reprendre les négociations au début de l'année 1998. (44)





3. Jean-Pierre Chrétien a affirmé que les Hutus et les Tutsis en tant que catégories étaient essentiellement des constructions coloniales (c.f. "Manipulations de l'histoire, manipulations des identités et violence politique: Les enseignements du cas burundais", dans Bogumil Jewsiewicki et J. Létoruneau, éd. Constructions identitaires: questionnements théoriques et études de cas (Québec, 1992), p. 11-29). D'autres spécialistes tels que René Lemarchand, Catharine Newbury et Alison DesForges soutiennent que les termes Hutu et Tutsi se rapportaient à des individus du Rwanda et du Burundi avant le régime colonial mais que l'usage de ces termes pour décrire des catégories a fait suite aux changements introduits par le colonialisme.

4. René Lemarchand, Burundi: Ethnocide as Discourse and Practice (Cambridge: Cambridge University Press, 1994, p. 6-16).

5. Lemarchand, Burundi, Ethnocide as Discourse and Practice, p. 58-76; Alison Desforges, "Burundi: Failed Coup or Creeping Coup", Current History, mai 1994.

6. Pour une comparaison de l'histoire du Rwanda et du Burundi à la fin de leur époque coloniale et au début de leur indépendance, voir René Lemarchand, Rwanda and Burundi (Londres: Pall Mall, 1970).

7. Lemarchand, Burundi: Ethnocide as Discourse and Practice, p. 58-75.

8. René Lemarchand et David Martin, Selective Genocide in Burundi, (Londres: Minority Rights Group, 1973); René Lemarchand, "The Hutu-Tutsi Conflict in Burundi", dans Jack Nusan Porter, éd., Genocide and Human Rights: A Global Anthology, (University Press of America, 1982), p. 195-217; et Christian Thibon, "Les origines historiques de la violence politique au Burundi", dans André Guichaoua, Les crises politiques au Burundi et au Rwanda (1993-1994) (Lille: Université des Sciences et Technologies, 1995), p. 57-58. Citation de Lemarchand et Martin, p. 18-19.

9. Reginald Kay, Burundi since the genocide, (Londres, Minority Rights Group, 1987); Thibon, "Les origines historiques de la violence politique au Burundi", p. 57-61; et Lemarchand, Burundi: Ethnocide as Discourse and Practice, p. 76-105. Dans Purity and Exile: Violence, Memory, and National Cosmology Among Hutu Refugees in Tanzania (Chicago: University of Chicago Press, 1995), Lisa H. Malkki offre une excellente analyse de la colère et de la peur qui animent toujours les réfugiés hutus burundais depuis les massacres de 1972 et de comment cette colère et cette peur continuent à forger leur pensée politique et leur identité.

10. Lemarchand, Burundi: Ethnocide as Discourse and Practice, p. 106-117; Jean-Pierre Chrétien, "Eglise et Etat au Burundi: les enjeux politiques", Afrique Contemporaine, avril-mai-juin 1987, p. 63-68.

11. Lemarchand, Burundi: Ethnocide as Discourse and Practice, p. 118-130.

12. André Guichaoua, "De la transition démocratique à la tourmente ethnique: les ruptures douloureuses de l'ordre paysan au Burundi", dans Guichaoua, éd., Les Crises politiques au Burundi et au Rwanda (1993-1994), p. 99-105; et Lemarchand, Burundi, Ethnocide as Discourse and Practice, p. 131-139.

13. Lemarchand, Burundi: Ethnocide as Discourse and Practice, p. 139-142.

14. Thibon, "Les origines historiques de la violence politique au Burundi", p. 58-60.

15. Lemarchand, Burundi: Ethnocide as Discourse and Practice, p. 178-187; et témoignages recueillis par Human Rights Watch, juin et juillet 1997.

16. Olivier Delorme et Michel Gaud, "Chronologie Politique du Burundi", Afrique Contemporaine, no. 179, juillet-septembre 1996, p. 63-79.

17. Guichaoua, éd., Les crises politiques au Burundi et au Rwanda (1993-1994), p. 736-737.

18. Commission Internationale d'Enquête sur les Violations des Droits de l'Homme depuis le 21 Octobre 1993, Rapport Final (Paris: FIDH, juillet 1995); Gaëtan Sebudandi et Pierre-Olivier Richard, Le drame burundais: Hantise du pouvoir ou tentation suicidaire (Paris: Karthala, 1996).

19. Human Rights Watch, Human Rights Watch World Report 1995 (New York: Human Rights Watch, 1994), p. 13.

20. Commission Internationale d'Enquête, Rapport Final, p. 14-48.

21. Département des Affaires Humanitaires des Nations Unies, Integrated Regional Information Network (IRIN), "Emergency Update on the Great Lakes", 14 août 1997.

22. Alfred Wasike, "Ndadaye Murder Plot Exposed", New Vision, 17 novembre 1997; Déclaration, Bureau du Président, "Les Déclarations du Lieutenant Kamana Contre le Major Buyoya Pourraient Servir de Prétexte à la Tanzanie pour Attaquer le Burundi", 20 novembre 1997.

23. Delorme et Gaud, "Chronologie Politique du Burundi".

24. Pour une définition du point de vue du CNDD par rapport aux événements du Burundi, voir Léonce Ndarubagiye, Burundi: The Origins of the Hutu-Tutsi Conflict (Nairobi, 1995). Ndarubagiye écrit: "L'objectif premier du CNDD est de défendre ce qui a été acquis aux élections de juin 1993 en restaurant les droits inaliénables des gens, notamment le droit d'être gouvernés par les dirigeants de leur choix avec un programme qui correspond à leurs intérêts" (p. 81). Bien que Ndarubagiye, lui-même homme d'affaires tutsi, prétend que le CNDD est multiethnique, la plupart des observateurs considèrent que les FDD sont un mouvement hutu, opinion renforcée par les attaques menées par les FDD contre les civils tutsis.

25. Témoignages recueillis par Human Rights Watch, juin et juillet 1997.

26. "Spokesman says Military Struggle to Resume in Burundi", Front pour la Libération Nationale du Burundi, 22 novembre 1997; "Burundian rebel group claims killing hundreds of government troops", Agence France Presse, 2 novembre 1997.

27. Human Rights Watch a enquêté à propos de cas répétés d'activité des milices tutsies aux alentours des camps de réfugiés de Gitega, Ruyigi et Karuzi. Voir chapitre quatre.

28. Témoignage recueilli par Human Rights Watch, Bujumbura, le 16 juin 1997. C.f., "Burundi's President Says Genocide Started", Reuters, 27 mars 1995; "Tutsi Troops Patrol Bujumbura", Associated Press, 27 mars 1995; "Ethnic Violence Wracks Burundi", 29 mars 1995.

29. Deogratias Muvira, "Burundi President Says Crisis Over as Xmas Gift", Reuters, 28 décembre 1994; Alex Belida, "Burundi Politics", Voice of America, 8 février 1995; "Unrest Flares in Burundi", Associated Press, 8 février 1995; "General Strike Closes Down Burundian Capital", Reuters, 15 février 1995; Deogratias Muvira, "Shots, Blasts in Burundi Capital After Resignation", Reuters, 15 février 1995.

30. Amnesty International, "Burundi, Struggle for survival - Immediate Action Vital to Stop Killings", (Londres: Amnesty International, juin 1995); témoignages recueillis par Human Rights Watch, juin-juillet 1997.

31. Dans un document élaboré en mai 1996, le Frodebu a dénombré les assassinats de deux présidents (dont celui du Président Ntaryamira qui a été tué en compagnie du Président Habyarimana dans l'accident d'avion survenu à Kigali et provoqué par des assaillants non encore identifiés), quatre ministres, quinze parlementaires, treize gouverneurs ou gouverneurs adjoints, dix-huit administrateurs communaux et d'un grand nombre d'autres figures politiques depuis 1993. Parti Sahwanya Frodebu, "Génocide en Cours au Burundi, Cas des Intellectuels Hutu", Bujumbura, 15 mai 1996.

32. Human Rights Watch, Human Rights Watch World Report 1997 (New York: Human Rights Watch, 1996), p. 20-21; témoignages recueillis par Human Rights Watch, juin-juillet 1997.

33. Cité dans Donald G. McNeil, "Leader of Coup in Burundi Hints at Tribal Reconciliation", New York Times, 27 juillet 1997.

34. Témoignage recueilli par Human Rights Watch, Bujumbura, le 16 juin 1997.

35. Témoignage recueilli par Human Rights Watch, Bujumbura, le 25 juin 1997.

36. Barbara Crossette, "Rwanda Joins Effort to Isolate Burundi", New York Times, 9 août 1996.

37. Ibid.

38. "Sanctions Against Burundi Eased", Reuters, 17 avril 1997.

39. Voir Human Rights Watch et la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l'Homme, Zaïre, "Attacked by All sides: Civilians and the War in Eastern Zaire", vol. 9, no. 1(A), mars 1997; Human Rights Watch, "Zaire: transition, War, and Human Rights", vol. 9, no. 2(A), avril 1997.

40. Témoignage recueilli par Human Rights Watch à Nairobi, le 4 juin 1997.

41. Témoignages recueillis par Human Rights Watch, Bujumbura, les 7 et 10 juin 1997.

42. Document anonyme, 'La politique intérieure de Buyoya: Nouveau visage de l'administration du territoire après le coup d'Etat du Major Buyoya (le 25 juillet 1996)", Bujumbura, 2 avril 1997; document anonyme, "Nouveau visage du Ministère de l'Enseignement Secondaire, Supérieur et Recherche Scientifique", Bujumbura, 10 mai 1997.

43. "Burundian former president accused of assassination plot", Agence France Presse, 21 novembre 1997.

44. Département des Affaires Humanitaires des Nations Unies, IRIN, "Emergency Update No. 258 on the Great Lakes", 27-29 septembre 1997.

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