Africa - West
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I. RESUME ET RECOMMANDATIONS


La guerre civile au Burundi est avant tout une guerre contre les civils. Théoriquement, le conflit oppose une élite militaire et politique issue du groupe minoritaire tutsi au pouvoir à des insurgés appartenant au groupe majoritaire hutu, mais dans la pratique, les belligérants se livrent peu de batailles directes et se combattent plutôt indirectement en s'attaquant aux civils. Depuis que la guerre civile a éclaté en 1993, les parties en conflit n'ont cessé de prendre pour cible la population civile du Burundi, lui infligeant tueries, viols, blessures et vols.


Exactions Commises par les Forces Armées Burundaises

Lorsque le Major Pierre Buyoya, ex-président du Burundi, s'est emparé du pouvoir en écartant un gouvernement civil paralysé lors du coup d'Etat de juillet 1996, il a prétendu qu'il cherchait à mettre fin au bain de sang qui s'était déclenché trois ans plus tôt avec l'assassinat du premier président hutu élu par le peuple, Melchior Ndadaye. Mais depuis le coup d'Etat, les forces armées burundaises se sont rendues responsables de violations massives des droits de l'homme. Dans le cadre d'un programme dit de "regroupement" mis en oeuvre sur une grande partie du territoire, les forces armées ont forcé la population rurale hutue à s'installer dans des camps où elle peut être tenue à l'oeil et contrôlée plus efficacement. Afin de forcer les gens à se rendre dans les camps de regroupement, les forces armées ont attaqué les civils aveuglément, elles ont brûlé leurs maisons et se sont livrées à des viols et des brutalités sur une grande échelle. Elles ont tué des centaines de civils qui refusaient de se rendre dans les camps. Dans certaines régions du pays où des camps ont été créés, pas une seule maison n'est encore debout à des kilomètres à la ronde.

Plus de trois cent mille personnes ont été entassées dans des camps de regroupement dans des conditions sanitaires médiocres. Des milliers de personnes sont mortes de malnutrition et de maladie dans les camps, tandis que des centaines d'autres ont été exécutées sommairement. Dans certains cas, les soldats ont forcé les habitants des camps à travailler pour eux et à leur fournir les récoltes de leurs champs. Alors que le gouvernement a réagi aux pressions internationales en fermant certains camps dans les provinces nord du Burundi où il avait jugulé les activités des insurgés, il a créé de nouveaux camps dans les régions du sud du pays confrontées à une recrudescence de l'insécurité.

En dehors des zones de regroupement, les forces gouvernementales ont tué et blessé des civils lors d'opérations militaires prétendument dirigées contre les insurgés. Elles ont par ailleurs assassiné de façon sélective des personnes qui, selon elles, pouvaient organiser l'opposition, en particulier des Hutus fortunés ou instruits, méthode qui n'est pas sans rappeler les violences employées au Burundi lors des massacres de 1972 commandités par le gouvernement et qui avaient fait quelque 200.000 victimes hutues. Les personnes souffrant de malnutrition chronique ont également été la cible de violences car les forces armées sont persuadées que la malnutrition est une preuve que les personnes ont vécu dans les zones contrôlées par les rebelles où la nourriture se fait rare. Un cas a été observé où des femmes qui allaient chercher des rations alimentaires pour elles et leurs enfants s'étaient rasé la tête pour que l'on ne puisse pas remarquer leurs cheveux blonds, signe de grave malnutrition. A travers tout le pays, les forces armées se sont livrées à des viols, des arrestations arbitraires, des pillages et à la destruction de propriétés. Les forces gouvernementales ont mis fin aux activités des insurgés dans certaines parties du pays mais elles l'ont fait aux dépens de milliers de personnes qui ont perdu la vie et de centaines de milliers d'autres qui ont vu leurs droits bafoués.


Exactions Commises par les Insurgés

Les groupes d'insurgés qui combattent les forces gouvernementales ont également violé les principes fondamentaux du droit humanitaire. A l'instar des forces armées, le principal groupe d'insurgés, les Forces pour la Défense de la Démocratie (FDD), a également attaqué et exécuté sommairement des civils. Prétendant défendre les intérêts de la majorité hutue et n'ayant pas grand intérêt au niveau politique à s'aliéner ceux qui, espèrent-ils, appuieront leur cause, les FDD et d'autres groupes d'insurgés ont d'abord et surtout pris pour cible les Tutsis mais les groupes d'insurgés ont aussi attaqué des civils hutus, surtout ceux qu'ils accusent de collaboration avec le régime, les fonctionnaires du gouvernement par exemple. Lors d'une offensive menée en avril 1997 dans le sud du Burundi, les FDD ont massacré des civils tant hutus que tutsis dans plusieurs communautés. Les FDD et autres groupes d'insurgés ont tué beaucoup moins de personnes que les forces gouvernementales, en partie parce qu'ils sont moins bien armés mais aussi parce que le groupe qu'ils attaquent le plus souvent -- les civils tutsis -- représente lui-même une portion relativement peu importante de la population et généralement bien défendue par les forces armées. Pour subvenir à leurs besoins, les insurgés pillent souvent les récoltes et autres biens des civils. Ils ont contraint certains civils à vivre dans les zones qu'ils contrôlent, les prenant en fait en otages et les obligeant parfois à cultiver la terre pour eux ou à effectuer d'autres tâches. Par ailleurs, les insurgés ont détruit un nombre considérable d'habitations et ont violé et blessé des civils.

Outre les FDD, il existe plusieurs groupes d'insurgés plus petits, dont le Parti pour la Libération du Peuple Hutu (PALIPEHUTU) et le Front pour la Libération Nationale (FROLINA). (1) En juillet et août 1997, les FDD ont combattu le PALIPEHUTU dans les provinces nord de Cibitoke et de Bubanza, ces batailles faisant quelque 600 victimes civiles et plus de trente mille déplacés.

Partout au Burundi, les civils ont déclaré à Human Rights Watch qu'ils se sentaient pris entre deux feux. S'ils appuient les FDD ou d'autres groupes d'insurgés, ils peuvent être arrêtés et tués par les forces armées. S'ils refusent d'appuyer les insurgés, ils craignent d'être considérés comme des collaborateurs.


La Militarisation de la Société

Le Président Buyoya s'est employé à une expansion massive des forces armées et à une militarisation de l'ensemble de la société. Les forces armées burundaises ont fait d'importantes acquisitions d'armes, en dépit de l'embargo régional décrété à l'encontre du Burundi. Elles ont aussi presque doublé leurs effectifs, passant de 20-25.000 hommes à plus de 40.000. Cette expansion s'est réalisée en réduisant à trois mois la période d'instruction d'un an et en recrutant des femmes, des étudiants et de jeunes garçons n'ayant pas plus de dix ans. Des milliers d'hommes jeunes et de garçons qui étaient membres de gangs de jeunes Tutsis à Bujumbura et dans d'autres villes ont été enrôlés dans les forces armées et, après trois mois d'instruction, ils ont reçu des armes et ont été déployés sans grande supervision, étant parfois chargés de garder la population hutue qu'ils avaient terrorisée auparavant. Etant donné que presque toutes les nouvelles recrues sont des Tutsis, de l'aveu même de l'armée, la domination d'un seul groupe ethnique au sein des forces armées, qui au départ étaient déjà composées en grande partie de Tutsis, est encore davantage marquée maintenant.

Les forces armées ont également fourni une formation militaire et des armes aux civils tutsis dans le cadre d'un programme "civil d'autodéfense" mis sur pied suite à une grande offensive menée par les FDD dans le sud du Burundi en avril 1997. Elles ont distribué des armes aux civils dans la province sud de Bururi en mai et elles ont commencé à former des milices civiles à Bujumbura en juin.

Les forces armées ont également organisé les Hutus adultes en patrouilles civiles pour mieux contrôler leurs mouvements. Dans la plus grande partie du territoire, les civils hutus sont amenés à patrouiller la nuit, soi-disant pour combattre les insurgés mais aussi pour les empêcher d'aider les opposants au gouvernement.


Le Contexte International

Les hostilités au Burundi ont depuis longtemps des retombées sur les conflits en cours dans les pays voisins, et inversement, car les massacres de Hutus ou de Tutsis dans un pays alimentent les craintes et les haines dans les autres. Les réfugiés tutsis ont joué un rôle important, en tant qu'auteurs ou de victimes, dans les violences qui ont éclaté au Burundi à la fin 93, tandis que les réfugiés hutus du Burundi ont participé aux massacres de Tutsis lors du génocide rwandais de 1994. Les soldats des ex-Forces Armées Rwandaises (ex-FAR) et les milices responsables du génocide rwandais ont aidé les FDD et se sont entraînés avec elles au Zaïre. Le gouvernement burundais aurait appuyé l'Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo-Zaïre (AFDL) dans son combat contre l'armée zaïroise et ses alliés ex-FAR. L'AFDL à prédominance tutsie a attaqué, tué et pourchassé jusque chez eux des réfugiés hutus originaires du Burundi et du Rwanda, traquant ceux qui avaient fui dans les forêts du Congo. (2)

Une coalition de dirigeants régionaux a condamné le coup d'Etat qui a amené Buyoya au pouvoir et depuis environ seize mois, elle tente de recourir à des sanctions économiques pour imposer des pourparlers de paix et le retour d'un gouvernement constitutionnel. En janvier 1998, Buyoya participait toujours aux pourparlers de paix mais aucun accord durable n'avait été conclu et les dirigeants régionaux semblaient prêts à admettre que les sanctions n'avaient pas eu d'effet. Plusieurs Etats de la région se sont retirés des sanctions en 1997 (certains seulement provisoirement) et d'autres ont reconnu avoir violé les sanctions de façon significative.

D'autres gouvernements de pays bordant la région ont condamné certaines politiques menées par le régime de Buyoya telles que le regroupement, mais ils n'ont pas clairement dénoncé le coup d'Etat. Leur attention étant détournée par la crise zaïroise, ces gouvernements ont accueilli Buyoya comme un leader apparemment modéré dans une situation de plus en plus polarisée, et comme un facteur de stabilité dans une région dangereusement précaire. Mais cette vision des choses passe sur les atteintes courantes aux droits de l'homme commises par le régime Buyoya.


La Mission

Les chercheurs de Human Rights Watch ont enquêté à propos d'exactions perpétrées dans dix des seize provinces du Burundi en juin et juillet 1997. Ils ont interrogé des représentants de l'armée et de l'administration, des hommes politiques appartenant à l'opposition, des représentants des agences des Nations Unies et d'organisations internationales non gouvernementales (ONG), des représentants de l'Eglise, des militants des droits de l'homme et bon nombre de citoyens ordinaires. Bien que le Président Buyoya n'ait pas donné suite à plusieurs demandes d'interview, les ministres de la justice et de l'intérieur, le porte-parole de l'armée, six gouverneurs, cinq gouverneurs-adjoints, neuf responsables communaux et de nombreux officiers de l'armée ont accepté de rencontrer les chercheurs, à l'instar du président destitué, Sylvestre Ntibatunganya, de dirigeants de plusieurs partis politiques à prédominance hutue et d'un représentant à Nairobi du Conseil National pour la Défense de la Démocratie (CNDD), l'aile politique des FDD.

Human Rights Watch a pu travailler dans la plupart des zones où des exactions auraient été commises sur une large échelle, entre autres dans certaines parties des provinces de Bururi, Makamba, Bubanza et Bujumbura-Rural où peu d'observateurs étrangers se sont rendus. Pour des raisons de sécurité, les chercheurs n'ont pu se rendre dans la province de Cibitoke, la commune de Nyanza-Lac dans la province de Makamba et dans les parties de la Forêt de Bururi et de la Kibira aux mains des FDD. L'équipe de chercheurs a visité des camps de regroupement dans les provinces de Bubanza, Bururi, Karuzi, Kayanza, Makamba et Muramvya.

Pour des raisons de sécurité et un souci de protéger les sources, le nom des témoins n'est généralement pas mentionné, ni parfois le nom du lieu. Les chercheurs ont garanti l'anonymat aux personnes interviewées, à l'exception des administrateurs du gouvernement et de quelques autres personnes occupant une fonction officielle. Pour les mêmes raisons, les chercheurs de Human Rights Watch se sont déplacés sans escorte militaire et n'ont procédé à aucune interview en présence de soldats ou de fonctionnaires de l'Etat.


Recommandations


Au Gouvernement et aux Forces Armées Burundaises

Human Rights Watch recommande au gouvernement et aux forces armées burundaises de:


Mettre fin immédiatement aux tortures, exécutions sommaires, "disparitions" et viols pratiqués par les forces armées, la police et les milices.


Enquêter à propos des allégations d'exécutions sommaires, de viols, de coups, de tortures, de recours excessif à la force et autres exactions commises par les forces armées, et punir les responsables de ces exactions conformément aux procédures acceptées dans le monde entier.


Respecter le droit international humanitaire et la législation relative aux droits de l'homme, en interdisant de prendre pour cible des civils et des objectifs civils lors d'opérations militaires, et en interdisant aussi les attaques aveugles, le pillage et la destruction inutile d'habitations civiles.


Démanteler les camps de regroupement et mettre un terme à toutes les pratiques de réinstallation forcée des populations civiles.


Reconnaître le droit de circuler librement et de choisir sa résidence afin que les personnes déplacées et celles ayant été visées par une politique de regroupement puissent rentrer chez elles si elles le souhaitent.


Dédommager les personnes qui ont perdu leur logement et leurs biens lors de la mise en oeuvre de la politique de regroupement.


Mettre un terme au recrutement et à la conscription de jeunes de moins de dix-huit ans dans les forces armées. La conscription ne devrait être appliquée que selon des procédures établies par la loi et sans le recours à la force.


Mettre fin aux détentions politiques, à la torture et aux exécutions sommaires.


Mettre fin à l'usage des mines terrestres et retirer celles qui sont déjà en place.


Prendre des mesures immédiates pour désarmer et démanteler les forces paramilitaires tutsies qui ont agi jusqu'ici avec l'assentiment des forces armées ou en association avec ces dernières. Enquêter à propos des allégations d'exactions commises par les forces paramilitaires et traduire en justice les responsables de ces exactions.


Mettre fin immédiatement à toutes les formes de travail forcé, y compris l'utilisation comme main d'oeuvre, par les forces armées, des habitants des camps de regroupement.


Coopérer avec les observateurs des droits de l'homme et leur permettre l'accès à toutes les régions du pays.


Aux FDD et autres Groupes Rebelles

Human Rights Watch recommande aux FDD et aux autres groupes rebelles armés de:


Mettre fin immédiatement à la pratique de la torture, des exécutions sommaires, des "disparitions" et des viols.


Respecter le droit international humanitaire en interdisant de prendre pour cible des civils et des objectifs civils et en interdisant aussi le viol, la torture, les attaques aveugles contre les civils ainsi que la destruction ou le pillage des habitations civiles.


S'abstenir de prendre aux civils des produits alimentaires ou non alimentaires, directement ou indirectement. Tout produit pris par les forces rebelles devrait être payé.


Cesser d'utiliser les civils pour du travail forcé et de contraindre les civils à rester dans les zones contrôlées par les rebelles.


Mettre fin à l'usage des mines terrestres et retirer celles qui sont déjà en place.


Reconnaître le droit à circuler librement et à choisir sa résidence dans les zones sous le contrôle des rebelles.


Coopérer avec les observateurs des droits de l'homme et leur permettre l'accès à toutes les régions du pays.


Aux Nations Unies

Imposer un embargo international sur la vente ou l'approvisionnement d'armes et de munitions, ainsi que sur le matériel et les services militaires, à l'encontre de toutes les parties au conflit. L'embargo devrait être étayé par des mesures de mise en oeuvre tels que le déploiement d'observateurs militaires aux pistes d'atterrissage et aux points de passage clés du Burundi et des pays limitrophes et la réactivation de la Commission Internationale d'Enquête de l'ONU sur le trafic d'armes (Rwanda), élargissant son mandat de façon à y inclure le Burundi.


Elargir l'Opération des Droits de l'Homme des Nations Unies au Burundi de façon à permettre la présence d'un plus grand nombre d'observateurs des droits de l'homme et le libre accès à toutes les régions du pays. Ses opérations en dehors de Bujumbura devraient être renforcées afin de permettre une surveillance homogène des exactions dans toutes les provinces, en particulier celles où un grand nombre de civils sont pris pour cible par tous les belligérants, notamment Bujumbura-Rural, Cibitoke, Bubanza, Makamba et Bururi.


Le Secrétaire Général de l'ONU devrait demander que les agences des Nations Unies s'occupent des Burundais qui ont été déplacés à l'intérieur du pays suite à la politique de regroupement dans des camps.


Envisager d'étendre le mandat du Tribunal Pénal International pour le Rwanda de façon à inclure les crimes contre l'humanité commis par toutes les parties belligérantes au Burundi.


La représentante spéciale du Secrétaire Général de l'ONU sur l'impact du conflit armé sur les enfants, Clara Otunnu, devrait enquêter, dans les plus brefs délais, à propos du recrutement d'enfants de moins de dix-huit ans au sein de l'armée ainsi que de l'impact qu'exerce en général le conflit armé sur les enfants du Burundi.


Le Comité des Droits de l'Enfant de l'ONU devrait mener une enquête de terrain sur la situation des enfants soldats.


L'UNICEF devrait surveiller les conditions dans lesquelles vivent les enfants dans les camps de regroupement et la situation des enfants utilisés comme soldats et il devrait travailler avec le gouvernement, les ONG et les agences humanitaires en vue d'améliorer ces conditions.


Le Groupe de Travail de l'ONU sur un Projet de Protocole Facultatif à la Convention relative aux Droits de l'Enfant sur la participation des enfants dans les Conflits Armés devrait chercher à faire passer à dix-huit ans l'âge minimum auquel les personnes peuvent être recrutées au sein des forces armées et participer aux hostilités (que ce recrutement soit volontaire ou obligatoire et qu'il s'agisse d'un recrutement au sein de forces armées gouvernementales ou non gouvernementales). Les Etats africains devraient être encouragés à participer activement au groupe de travail.


A la Communauté Internationale

Veiller à ce que tous les camps de regroupement forcé soient immédiatement fermés et que les autorités gouvernementales et militaires n'imposent pas de restrictions pour le retour des civils chez eux.


Condamner énergiquement et publiquement les atteintes aux droits de l'homme perpétrées par toutes les parties au conflit et appeler toutes les parties à mettre un terme aux graves violations des droits de l'homme et du droit international humanitaire.


Appuyer un embargo international sur les armes à l'encontre de toutes les parties au conflit au Burundi.


Inciter les pays voisins à s'abstenir de rapatrier de force au Burundi de vrais réfugiés et appeler les forces armées burundaises à mettre fin à tout effort de rapatriement forcé de réfugiés burundais se trouvant dans les pays voisins.


Continuer à empêcher toute aide bilatérale et multilatérale au gouvernement burundais, à l'exception de l'aide humanitaire, jusqu'à ce que les conditions minimales suivantes soient remplies: que les attaques militaires contre les civils cessent et que les responsables fassent l'objet d'une enquête et soient poursuivis en justice; que les camps de regroupement et toute autre forme de réimplantation forcée disparaissent complètement; s'assurer que l'armée burundaise ne soit plus impliquée dans le rapatriement forcé des réfugiés. Par ailleurs, des progrès concrets devraient être opérés dans le sens de l'établissement d'un système politique qui inclut toutes les communautés, où le droit à la liberté d'expression et d'association de toutes les communautés serait respecté et où il serait mis fin au harcèlement des opposants politiques, des journalistes et des militants des droits de l'homme.


Une fois que l'aide au gouvernement burundais aura repris, se donner comme priorité d'appuyer les efforts visant à mettre en place un système judiciaire indépendant et impartial, avec un recrutement élargi de juges, avocats et magistrats tenant compte de la diversité régionale et ethnique et de l'équilibre entre les sexes.


Dans toutes les discussions avec les forces rebelles, insister sur le respect des droits de l'homme et du droit humanitaire, surtout pour ce qui est de la protection des populations civiles et autres garanties des droits de l'homme.




1. Au moment où ont été effectuées les recherches sur le terrain aux fins du présent rapport, le FROLINA observait une trêve vis-à-vis des forces gouvernementales mais il a rompu cette trêve à la fin novembre 1997.

2. Human Rights Watch et la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l'Homme, République Démocratique du Congo, "Ce que Kabila dissimule: massacres de civils et impunité au Congo", vol. 9, no. 5(A) (octobre 1997); Human Rights Watch et la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l'Homme, Zaïre, "Attacked by All Sides: Civilians and the War in Eastern Zaire", vol. 9, no. 1(A) (mars 1997). Table Of ContentsNext Page