Violence sexuelle pendant la crise politico-militaire ivoiriennePrévalence de la violence sexuelle en Côte dIvoireNi les autorités des Forces Nouvelles, ni les autorités gouvernementales ont établi des statistiques officielles fiables sur les agressions sexuelles perpétrées par leurs forces, ou sur les niveaux de violence sexuelle dans les zones sous leur contrôle. Les comptes-rendus et les plaintes enregistrées par la police sont au mieux contradictoires, et au pire inexistants. Malheureusement, les ONG internationales ont également été dans lincapacité de mener des enquêtes sur une base suffisamment large pour déterminer le pourcentage de femmes et de filles ayant subi des violences sexuelles liées au conflit en Côte dIvoire. Ne disposant pas détude fiable au moment de la rédaction de ce rapport, il était impossible de déterminer précisément le pourcentage de femmes et de filles qui avaient subi un ou plusieurs cas de violence sexuelle liée au conflit. Toutefois, sur la base des entretiens avec de nombreuses survivantes et témoins, ainsi quavec multiples ONG ivoiriennes et internationales, Human Rights Watch estime que des centaines sinon des milliers de femmes et de filles ont subi un ou plusieurs cas de violence sexuelle commises par des membres des groupes armés. La cohérence des nombreux témoignages et signalements reçus traduit le caractère massif de la violence sexuelle, en particulier dans louest de la Côte dIvoire. Ce point de vue est corroboré par de nombreux rapports compilés par des organisations humanitaires. Par exemple, un rapport de 2004 dun groupe local de défense des droits humains dans la région des 18 Montagnes (province de louest durement frappée par la crise) a pu établir que de novembre 2002 à juin 2004, 122 cas de viol leur avaient été signalés par des éléments armés. De plus, ce rapport comportait aussi des évaluations selon lesquelles, parmi les femmes interrogées au cours dune enquête de terrain dans une vingtaine de villages sur les abus commis contre la population civile, deux sur cinq femmes interrogées avaient été victimes dabus sexuel.14 Dautres ONG locales ont fait état de chiffres pareillement élevés jusquà la fin de 2004.15 Par exemple, une ONG active à louest de la Côte dIvoire dans les zones contrôlées aussi bien par les Forces Nouvelles que par le gouvernement, a enregistré plus de 2700 personnes qui cherchaient des informations et de laide en 2005 pour des victimes de violences sexuelles, entre autres pour des traumatismes résiduels liés à des violations commises entre 2002 et 2003 par des hommes armés.16 De plus, le Ministère de la Famille, de la femme et des affaires sociales a un programme Genre17 et une Direction de la réglementation et de la protection, responsable de laccueil des victimes de violence et de lorientation des victimes vers les services spécialisés. Au moment de la rédaction de ce rapport, ce comité aurait recueilli des informations sur 473 cas de violence sexuelle. Par ailleurs, au sein du Ministère de la Solidarité et des victimes de guerre, le programme national de prise en charge des personnes déplacées de guerre a constaté quun tiers des cas quil traitait étaient des victimes de violence sexuelle.18 Une étude de 2005 réalisée par une organisation internationale a documenté les violences sexuelles à lencontre des enfants dans louest contrôlé par les Forces Nouvelles et par le gouvernement. Elle sappuie sur une enquête concernant 147 enfants qui ont été associés à un groupe armé. 56 pour cent des cas de violence sexuelle signalés dans cette étude ont eu lieu pendant les combats actifs, mais 35 pour cent se sont produits depuis la fin des hostilités actives. Selon cette étude, un pourcentage élevé de filles ont vécu et vivaient toujours dans la peur dêtre sexuellement agressées. Un pourcentage tout aussi élevé de mères partageait cette préoccupation pour leurs filles. A la question « [quels] sont les problèmes de sécurité que rencontrent les femmes et les enfants dans la communauté ? », les réponses ont révélé que la peur des violences sexuelles était classée avant lextorsion, le travail forcé, les meurtres, les menaces, ou dautres formes de violence physique. « Les hommes armés » (souvent non identifiés) étaient le plus souvent désignés comme les coupables de viol. Létude a constaté que 56 pour cent des cas de violence sexuelle contre les enfants déclarés dans lenquête concernaient des enfants de 13 à 18 ans. Les enfants de 5 à 12 ans auraient été victimes de 41 pour cent des cas déclarés, et les enfants de moins de 5 ans victimes de 3 pour cent des cas déclarés.19 Au moment de la rédaction de ce rapport, il a été impossible de déterminer précisément le nombre ou le pourcentage de femmes et de filles qui ont été enlevées et réduites à lesclavage sexuel, ou de celles qui ont été victimes dabus sexuels après avoir été « recrutées » par des groupes armés. Le nombre de celles qui restent sous le contrôle de leurs « maris » ou qui sont retournées dans leur village dorigine est également incertain. Toutefois, une indication de ce qui est arrivé aux femmes et aux filles capturées par des groupes armés ressort dune étude non publiée qu Human Rights Watch a pu obtenir. 20 Cette étude, réalisée par une ONG qui aidait les enfants associés à un groupe armé, a calculé que 35 pour cent environ des enfants qui se sont démobilisés eux-mêmes (au lieu dattendre un programme officiel de démobilisation) dans louest étaient des filles. Parmi ces filles qui avaient fui les groupes armés ou elles étaient, 30 pour cent ont signalé avoir été violées et 35 pour cent quelles avaient témoigné du viol dautres filles.21 Le rapport de létude a noté que la proportion de mères adolescentes était extrêmement élevée, allant de 28 pour cent à 75 pour cent dans différentes communautés.22 Bien que toutes les filles mères naient pas mentionné ouvertement le viol, il est fort probable que beaucoup dentre elles soient tombées enceintes à la suite de relations sexuelles non consensuelles avec des hommes appartenant aux groupes armés rebelles, milices, ou soldats du gouvernement. Abus sexuels commis par les groupes rebelles ivoiriensLes rebelles en Côte dIvoire ont commis datroces abus sexuels contre les femmes et les filles dans les zones sous leur contrôle, tels que le viol, le viol collectif, les tortures sexuelles, les fausses couches forcées et les incestes forcés. Des femmes et des filles ont subi des violences sexuelles chez elles, à la recherche dun refuge, en brousse, aux barrages, dans leurs fermes, et même dans des lieux de culte. Ces violences sexuelles se sont souvent accompagnées dautres actes de violence tels que des coups, torture, meurtres, mutilations, ou des actes de cannibalisme. Nombre de femmes et de filles ont été enlevées et réduites à lesclavage sexuel dans des camps rebelles, où elles subirent souvent de nombreux viols pendant de longues périodes. La résistance se soldait fréquemment par des punitions effroyables, voire même la mort. Les informations disponibles laissent supposer que les formes les plus flagrantes de violence sexuelle ont été commises pendant la période dhostilités actives et les mois qui sensuivirent : depuis léclatement du conflit armé en septembre 2002 jusquà mi 2003. Durant cette période, les combattants libériens qui se battaient aux côtés des groupes rebelles ivoiriens étaient les auteurs les plus fréquemment impliqués. Par la suite, les quatre années dimpasse politique et militaire ont vu une certaine diminution des niveaux de violence sexuelle mais elle continue néanmoins. Depuis le déclenchement des hostilités, aucune faction rebelle na à aucun moment fait defforts significatifs pour traduire en justice les coupables. Analyse des trois factions rebelles impliquées dans des abus sexuelsAu début des hostilités en 2002, les individus auteurs de ces actes faisaient partie de trois factions rebelles différentes : le Mouvement Patriotique de Côte dIvoire (MPCI), le Mouvement pour la justice et la paix (MJP), et le Mouvement Populaire Ivoirien du Grand Ouest (MPIGO). Le MPCI était surtout composé de groupes ethniques originaires du nord, bien que ses membres tant au niveau de la troupe que des hauts responsables politiques appartenaient à la plupart des groupes ethniques ivoiriens, renforcés par quelques recrues Burkinabés et maliennes, et les « Dozos. »23 Le MPCI formait le groupe rebelle le plus organisé, discipliné et idéologique en Côte dIvoire. En novembre 2002, deux nouveaux groupes rebelles sont apparus : le MJP et le MPIGO. Ils ont ouvert un nouveau front militaire à louest, ou ils se sont rapidement emparés des principales villes, telles que Man, Danané, Toulepleu, et Blolequin. Human Rights Watch a documenté de nombreuses agressions sexuelles qui ont eu lieu pendant les premières offensives militaires importantes du MPJ et du MPIGO, qui commencèrent le 28 novembre 2002. En 2003, ces deux nouveaux groupes formèrent une alliance politico-militaire avec le MPCI et prirent le nom collectif de Forces Nouvelles (ou FN). Bien que le MJP et le MPIGO aient affirmé être ivoiriens, les deux groupes comprenaient des centaines de combattants libériens et, dans une moindre mesure, sierra léonais. Nombre des combattants libériens sétaient battu précédemment avec des groupes armés liés au président libérien dalors, Charles Taylor, et nombre des sierra léonais avaient été membres du groupe rebelle sierra léonais, le Front uni révolutionnaire (Rebel United Front, ou RUF). Des trois groupes rebelles, le MPCI était de loin le plus organisé et discipliné ; il fut aussi impliqué dans moins datrocités que ne létaient les combattants du MPJ ou du MPIGO. Ces deux derniers groupes basés dans louest commirent des abus systématiques et à grande échelle à lencontre de civils dans toutes les zones se trouvant sous leur contrôle. Daprès le Secrétaire national des Forces Nouvelles aux Communications, les atrocités commises par le MPJ et le MPIGO se sont aggravées jusquà devenir un handicap politique pour le MPCI.24 Guillaume Soro, le dirigeant politique des Forces Nouvelles, effectua une visite dans louest de la Côte dIvoire en mars 2003 qui laurait convaincu que les combattants libériens et sierra léonais devaient être expulsés de Côte dIvoire. Après cette visite, Soro aurait réuni les chefs militaires dans la capitale rebelle de Bouaké et leur aurait dit que ce dont il avait été témoin dans louest devait cesser, que les abus à lencontre des victimes civiles entraîneraient des problèmes, que le conflit menaçait dembraser une grande partie de lAfrique de lOuest, et quil voulait des volontaires pour expulser les combattants libériens et sierra léonais de Côte dIvoire. Par conséquent, en début 2003, les dirigeants du MPCI ont déployé des troupes depuis leur capitale rebelle de Bouaké vers louest pour expulser ou tuer les combattants libériens et sierra léonais et leurs chefs, Félix Doh et Sam Bockarie. Lexpulsion massive des ces hommes par les dirigeants du MPCI a mis progressivement fin aux pires violences sexuelles liées au conflit dans louest rebelle. Lutilisation de drogues pour encourager des rebelles à violer et à maltraiter des civilsDes victimes et des témoins ont noté que bon nombre des atrocités sexuelles et autres étaient commises par des combattants sous linfluence de drogues ou de lalcool. Par exemple, une jeune femme qui a été enlevée et violée successivement par des rebelles ivoiriens, libériens et sierra léonais dans un camp de rebelles non loin de la frontière du Libéria, déclara à Human Rights Watch quelle pensait que lusage de drogues était un facteur qui favorisait la violence sexuelle. Elle a décrit la façon dont les rebelles violaient des femmes alors quils étaient sous lemprise de drogues.
En plus des nombreuses survivantes qui ont décrit le rôle de lusage de drogues, deux hommes qui ont été enrôlés de force par les rebelles ont témoigné à Human Rights Watch que leurs commandants les avaient obligés à consommer des drogues, quils appelaient parfois des « médicaments. » Un jeune homme a raconté comment il avait lutté contre ses ravisseurs qui lont forcé à prendre des drogues et ensuite à manger de la chair humaine et violer une femme en fin 2002 ou début 2003.
Les femmes et les filles considérées comme partisanes du gouvernement prises pour cibleHuman Rights Watch a documenté de nombreux cas où les épouses, filles, surs, et mères de membres du parti au pouvoir, le FrontPopulaire Ivoirien (FPI), et des forces de sécurité pro-gouvernementales, à savoir des membres de la police, de la gendarmerie et de larmée, ont été agressées sexuellement à cause de la fonction occupée par un homme de leur famille. Ces agressions furent souvent précédées ou suivies dattaques brutales contre dautres membres de la famille. Plusieurs survivantes de viol interrogées par Human Rights Watch ont raconté comment les rebelles les avaient sélectionnées ainsi que dautres femmes liées aux policiers, membres du parti au pouvoir, et autres organismes pro-gouvernementaux. Elles ont signalé que certains rebelles les traitaient de traîtresses et leur disaient explicitement quelles étaient punies à cause des fonctions occupées par un ou plusieurs membres de leur famille. Pareillement, des travailleurs humanitaires et sociaux actifs à louest en 2002-2003 révélèrent à Human Rights Watch quils avaient documenté de nombreux cas dans lesquels des femmes et des filles semblaient avoir été prises pour cible de la même manière. Une femme raconta à Human Rights Watch comment en 2002 elle avait été prise pour cible par quatre rebelles parce que son père était gendarme. Lagression a eu lieu à Danané, une ville à louest de la Côte dIvoire :
La fille dun policier a raconté à Human Rights Watch comment peu après que les rebelles aient pris Danané en 2002, elle avait été violée successivement par plusieurs rebelles qui narrêtaient pas de lui demander où se trouvait son père :
Une femme dont le mari était soupçonné dêtre un espion du gouvernement à Bouaké a raconté avoir été enlevée, violée par multiples rebelles, torturée, affamée, et gardée comme esclave sexuelle dans une prison contrôlée par les rebelles à Bouaké doctobre 2003 à novembre 2004, à titre de punition pour les activités supposées de son mari. Son mari a «disparu» pendant cette même période et ses enfants restent introuvables.
Cette femme a dit à Human Rights Watch quelle aurait non seulement été agressée physiquement et sexuellement, mais elle aussi forcée dêtre témoin dactes de torture, dexécutions extrajudiciaires, et de massacres (au cours desquels plusieurs prisonniers auraient été abattus à la mitraillette). Elle a affirmé avoir été interrogée, emprisonnée, et agressée sexuellement par des officiers et haut gradés des Forces Nouvelles. Des femmes ont également été prises pour cible dabus sexuels sur la base de leur appartenance à un groupe ethnique. Entre autres, Human Rights Watch a documenté le cas de plusieurs femmes de lethnie Yacouba, groupe essentiellement originaire de louest généralement considéré comme soutenant lancien président Robert Guei. Une femme Yacouba dun certain âge a décrit cinq rebelles lont agressée en fin 2002 :
Violence sexuelle contre des femmes enceintesHuman Rights Watch a documenté plusieurs cas dans lesquels les rebelles en particulier ceux du MPJ et du MPIGO ont commis des violences sexuelles particulièrement graves contre des femmes enceintes, y compris celles qui étaient proche de leur terme. Des femmes enceintes ont été violées, violées collectivement, menacées déviscération, poursuivies, et frappées au ventre dans le but semble-t-il de provoquer des accouchements ou des fausses couches. Dautres ont été sexuellement agressées ou mutilées. Une femme enceinte de neuf mois au moment des faits a décrit une de ces agressions, commise dans une ville à louest par un groupe mixte de rebelles libériens, sierra léonais et ivoiriens en septembre 2002 :
Dautres femmes qui nétaient pas visiblement enceintes ont dit aux rebelles quelles étaient enceintes et ont supplié à être épargnées et de ne pas subir de viol et dautres formes dabus sexuel. Une de ces femmes a raconté à Human Rights Watch comment elle avait supplié les rebelles du MPIGO de ne pas la violer parce quelle était enceinte, mais ils lui ont quand même fait subir un viol collectif. Cette agression a eu lieu en 2002 dans la ville de Danané, dans louest du pays :
Selon plusieurs sages-femmes interrogées par Human Rights Watch, nombreuses femmes ont accouché dans des conditions excessivement difficiles par suite de déchirures vaginales et autres conséquences du viol,33 ou ont fait des fausses couches à cause des abus sexuels subis, ou parce quelles avaient été frappées au ventre.34 Viols forcés et incestes forcés commis par les hommes sous la menace de torture et de mortDes civils ont été punis pour avoir voulu protéger des femmes, et furent aussi contraints à violer des femmes, sous la menace de torture et de mort. Un homme recruté de force par les rebelles fin 2002 ou début 2003 a dit à Human Rights Watch comment il avait été forcé de violer une femme le jour même où il avait été enlevé. Certains hommes qui ont été contraints de violer des femmes en souffrent encore psychologiquement. Lépouse de lex-combattant cité ci-dessus a décrit lanxiété de son mari :
Human Rights Watch a documenté plusieurs cas dinceste forcé. Des hommes ont été contraints à violer des membres de leur propre famille forcés sous la menace de la torture et de la mort. Un homme dun certain âge a décrit un incident de ce type survenu dans un camp rebelle dans louest en 2002 :
Des membres de la famille qui refusèrent de prendre part au viol ou de torturer leurs surs, épouses, ou filles, ont été punis, et même tués. Une jeune femme raconta comment son frère avait été tué pendant la guerre, à Tiapleu, après avoir refusé de la violer.37 Des personnes contraintes à témoigner dactes de violence sexuelleBeaucoup de femmes et de filles ont été violées sous les yeux de membres de leur famille. Ceci aggrava leur supplice psychologique mais servit à punir leurs parents. Human Rights Watch a documenté de nombreux cas de maris, de pères, de mères et denfants qui ont dû assister aux agressions sexuelles contre leurs épouses, leurs filles et leurs mères, impuissants, sans pouvoir réagir. Un homme témoigna à Human Rights Watch comment il avait été forcé dassister aux viols de sa femme et de sa sur par des rebelles fin 2002.
Des hommes, des femmes et des enfants ont été forcés dassister aux actes de violence sexuelle comme punition, apparemment dans le but de les terroriser. Une fille de douze ans a raconté à Human Rights Watch comment elle avait été forcée dassister au viol de plusieurs femmes alors quelle navait que huit ans.
Des enfants ont été violées sous les yeux de leurs parents et dans certains cas, des mères et leurs enfants ont été violées par le même groupe de criminels. La mère dune fillette de dix ans décrit comment en 2002 trois rebelles les ont violées, elle et sa fille, dans leur maison à Danané :
Des femmes violées sous les yeux de leurs maris souffrirent ensuite léclatement de leurs familles et dautres liens communautaires. Certains maris quittèrent leur femme à cause de la honte infligée par le tabou associé au viol. Une jeune femme de 22 ans expliqua à Human Rights Watch comment son mari lavait divorcé et abandonnée avec leur petite fille après que les rebelles laient violée devant lui près de la frontière libérienne en 2002. Elle navait que 18 ans quand les rebelles lont violée, entraînant la désintégration de sa famille.
Des hommes violésCertains hommes et garçons ont été forcés de violer des femmes ou dêtre témoins de viols, et dautres encore furent violés ou agressés sexuellement par des combattants. Pourtant, jusquà présent, il ny a malheureusement peu ou pas de données disponibles sur les agressions sexuelles à lencontre des hommes. Peu de survivants sont prêts à parler des agressions quils ont souffert, en grande partie du fait des tabous culturels. Toutefois, une femme qui travaille dans une ONG a parlé à Human Rights Watch des viols commis contre des hommes dans son village natal :
Des ONG ont aussi fait état de cas de tortures sexuelles infligées à des hommes et des garçons. Par exemple, à Sangouiné, une organisation a interrogé un groupe de pères, qui décrivirent le cas dun garçon qui avait été attaché par le pénis et traîné sur près de deux kilomètres par les Forces Nouvelles. De plus, des hommes ont été humiliés sexuellement, tout comme lont été nombreuses femmes. Une jeune fille a dit à Human Rights Watch combien cela avait été destructeur psychologiquement pour son grand-père dêtre humilié sexuellement:
Viols avec objetsPlusieurs témoins ont raconté la façon dont les rebelles inséraient des objets tels que des morceaux de bois et des fusils dans les vagins des femmes. Une femme raconta à Human Rights Watch comment les rebelles lavaient battue et violée, ainsi que ses deux filles adolescentes, puis avaient enfoncé des morceaux de bois dans le vagin des deux filles.44 Cette agression particulièrement brutale a eu lieu fin 2002 dans la ville de Logoualé ou à proximité, dans louest du pays.
Une autre femme a dit à Human Rights Watch comment, alors quelle fuyait les combats entre les rebelles et les troupes gouvernementales près de Man en 2002, elle avait été témoin dun viol anal perpétré sur une jeune femme par un rebelle, près dun village appelé Biankouma, dans louest du pays :
Autres violations des droits humains associées aux violences sexuellesHuman Rights Watch a constaté que nombreuses violences sexuelles se déroulèrent dans le contexte dautres violences brutales, tels que le meurtre, le cannibalisme, la torture, les agressions, lenlèvement, lenrôlement forcé, la détention arbitraire, le travail forcé, et le déplacement forcé. Une ONG internationale a réalisé une enquête portant sur 489 personnes dans la région des 18 Montagnes à louest rebelle, et dans la région gouvernementale de Moyen Cavally. Létude évalua les expériences des jeunes filles qui avaient été associées aux groupes armés, en tant quenfants soldats féminines, cuisinières, porteuses, esclaves sexuelles, ou dans une combinaison de ces rôles.47 Létude a constaté que tandis quelles se trouvaient avec les forces rebelles et pro-gouvernementales, les jeunes filles subissaient non seulement des viols et des viols collectifs ou en étaient témoins, mais étaient aussi victimes de fréquents harcèlements psychiques, dhumiliations et de menaces de mort.48 Elles étaient aussi témoins dactes de torture, de meurtres, de coups et blessures, et dingestion forcée de drogues. Les filles décrivirent les camps comme des environnements violents et terrifiants, marqués par des bruits quasi-incessants de coups de feu. Des atrocités plus rares mais plus terrifiantes telles que le cannibalisme ont aussi été liées au viol. Les actes de cannibalisme semblaient complètement terroriser les filles et les femmes qui y furent exposées. Plusieurs femmes qui ont été enlevées par des factions rebelles décrivirent à Human Rights Watch comment elles avaient été témoins dactes de cannibalisme, ou forcées de cuire, et dans certains cas, de manger de la chair humaine. Une jeune femme, qui avait près de vingt ans lorsquelle fut détenue comme esclave sexuelle dans un camp rebelle, a raconté la terreur quelle éprouva quand des rebelles lui coupèrent un morceau de sa chair et le mangèrent devant elle en 2003.
Sanctions en cas de résistanceDes femmes qui tentèrent de résister aux agressions, et les amis ou parents essayèrent de secourir les victimes de violences furent souvent punis sévèrement, et parfois tués. Un membre dun groupe ivoirien de défense des droits humains a dit à Human Rights Watch que son organisation avait interrogé de nombreux hommes punis pour avoir tenté de libérer leurs épouses de lesclavage sexuel quelles subissaient. Il a décrit des exactions dont il avait été témoin ainsi que celles que son organisation avait documentées en 2002-2003 dans louest rebelle :
Une femme qui fut enlevée à Danané en fin 2002 et gardée par la suite comme esclave sexuelle pendant plus dun an raconta à Human Rights Watch comment les rebelles ont mitraillé le jambe de son petit frère quand il essaya de la sauver. Son père fut battu et probablement tué pour avoir tenté dempêcher lenlèvement de sa petite sur de quatorze ans :
Les victimes de violence sexuelle qui tentèrent elles-mêmes de résister subirent des coups et blessures, des tortures, et dautres violations en plus du viol. Une femme enceinte a raconté comment elle avait été sexuellement mutilée près de Man fin 2002 ou début 2003 à cause de son refus initial à être violée.
Une jeune femme de Danané raconta comment les rebelles rendus furieux par sa résistance lavaient battue et torturée avec des fourmis en fin 2002 :
Harcèlement sexuel, fouilles, humiliations sexuelles, et nudité forcéeDu fait des formes brutales et extrêmes de violence sexuelle éprouvées par les femmes en Côte dIvoire, des formes moins graves de harcèlement sexuel semblent être presque ignorées. Par exemple, le harcèlement, les fouilles à nu, lhumiliation sexuelle et la nudité forcée semblent avoir si peu dimportance relative que la plupart les personnes interrogées les mentionnent rarement si elles ny sont pas spécifiquement invitées pourtant, une fois questionnés, toutes les personnes interrogées citèrent des cas. Des femmes ont dit à Human Rights Watch quelles ne savaient jamais où et quand elles pourraient être harcelées, déshabillées, humiliées sexuellement, ou menacées sexuellement : dans leur village, en voyageant, au travail, ou bien chez elles. Une femme qui a été déshabillée en mars 2003 dans une prison rebelle provisoire dans la région des 18 Montagnes, a raconté son épreuve :
Esclavage sexuelLesclavage sexuel est défini comme la condition dune personne sur laquelle sexercent les attributs du droit de propriété ou certains dentre eux, y compris laccès au sexe (souvent par le viol ou dautres formes de violence sexuelle), et comprend la plupart des formes, sinon toutes, de la prostitution forcée. En Côte dIvoire, des femmes et des filles ont été enlevées pour faire du travail forcé ainsi que des hommes. En outre, nombre des femmes et des filles enlevées sont devenues les esclaves sexuelles des rebelles. De nombreux rebelles ont contracté des « mariages » avec ces femmes enlevées quils forçaient à être leurs « femmes ». Les rebelles changeaient aussi fréquemment de « femmes » quand ils se fatiguaient delles ou quand leurs « femmes » senfuyaient, tombaient malades, ou mouraient. La plupart des enlèvements et des cas desclavage sexuel documentés par Human Rights Watch se sont produits dans les zones rebelles à louest de la Côte dIvoire, en particulier dans la région des 18 Montagnes. Après avoir été capturées, de nombreuses femmes et filles ont été violées, violées collectivement au cours dincidents isolés, et violées successivement sur de longues périodes. Elles ont été forcées de vivre avec leurs ravisseurs pendant des périodes allant de plusieurs jours à plus dun an. Certaines ont été contraintes à prendre une part active aux combats. Tandis que certaines esclaves sexuelles étaient utilisées dans les camps pour du travail forcé comme chercher de leau, cuisiner, nettoyer, et accomplir dautres tâches domestiques traditionnellement féminines, dautres furent incarcérées dans de petits espaces confinés où elles étaient prisonnières juste pour les relations sexuelles, et même parfois attachées. Certaines survivantes ont raconté quelles étaient considérées comme la « propriété » dun combattant, qui semblait assurer un certain degré de protection contre des crimes comme le viol collectif. Suite à leur enlèvement et leur esclavage sexuel, des femmes et des filles ont subi des sévices brutaux, et ont dû supporter des coups, blessures, humiliations, et dautres peines au-delà de la violence sexuelle. Plusieurs anciennes esclaves sexuelles interrogées par Human Rights Watch ont dit avoir vécu dans une peur quasi constante, ou des coups de feu, des violences, des atrocités, et des châtiments corporels devirent leur réalité quotidienne. La plupart dentre elles se rappelaient avec une angoisse particulière le tourment de leur souffrance solitaire, sachant quelles étaient sans famille ni amis, séparées de tous ceux quelles aimaient. Une femme enlevée en 2002 par des soldats du MPIGO alors quelle était adolescente, et prisonnière pendant des mois, décrivit:
Human Rights Watch a parlé avec des femmes et des filles qui ont été retenues comme esclaves sexuelles et qui ont dit avoir été enlevées alors quelles étaient enfants. Par exemple, une jeune fille de dix-sept ans raconta à Human Rights Watch comment elle avait été enlevée dans la rue à Danané en fin 2002, alors quelle navait que 13 ans.
Certaines femmes et filles ont été enlevées dans les rues, sur des routes de campagne, ou en brousse. Dautres ont été arrachées à leur propre maison, sous les yeux de leur famille et de leurs voisins impuissants. Une fille a dit à une ONG internationale :
Un leader de la société civile, travaillant à louest contrôlé par les rebelles fin 2002 début 2003, a documenté beaucoup de cas où des femmes et des filles ont été enlevées à des barrages des rebelles et lors de descentes lancées sur des villages à proximité de la ville de Man. Il expliqua :
Un jeune homme a raconté lenlèvement de sa cousine en 2003 par des sierra léonais combattant avec les forces du MPIGO ou du MPJ dans la ville de Danané.
Tandis que quelques esclaves sexuelles interrogées par Human Rights Watch ont fait des récits poignants et héroïques dévasion, beaucoup dautres ont été forcées en 2003 daccompagner leurs « maris » combattants libériens ou sierra léonais au Libéria quand ces derniers battaient en retraite. Même si la période dhostilités est révolue, nombreuses femmes et de ces filles sont restées avec leurs ravisseurs, à la fois de peur des représailles et de peur dêtre rejetées par leurs familles. Certaines femmes ont expliqué à Human Rights Watch quelles restaient avec leurs ravisseurs parce quelles craignaient que leurs familles leur reprochent davoir été enlevées et violées ; dautres restaient parce quelles avaient donné naissance à leurs enfants, ou parce quelles étaient dépendantes de la drogue. Celles qui veulent rompre les liens avec leurs ravisseurs ont peu dalternatives économiques ou sociales, et demeurent très vulnérables. En Côte dIvoire comme au Libéria, les esclaves sexuelles qui ont pu échapper à leurs ravisseurs se retrouvent démunies et abandonnées, sans autre choix que de se livrer au sexe de survie, ou de survivre péniblement en travaillant pour un maigre salaire dans léconomie informelle. Plus de la moitié des anciennes esclaves sexuelles ivoiriennes interrogées par Human Rights Watch au Libéria ont à moment échangé le sexe contre de la nourriture parfois juste une assiette. Les esclaves sexuelles évadées que Human Rights Watch interrogea, ainsi que certains responsables des réfugiés ivoiriens au Libéria, estiment que nombreuses femmes et filles ivoiriennes restent avec leurs anciens ravisseurs au Libéria et dans une moindre mesure en Côte dIvoire.60 Un travailleur humanitaire a dit à Rights Watch :
Plusieurs anciennes esclaves sexuelles interrogées par Human Rights Watch au Libéria ont expliqué combien il leur avait été difficile déchapper à leurs ravisseurs, aussi bien matériellement que psychologiquement. Certaines ont dit quelles vivaient toujours dans la peur dêtre retrouvées et punies, ou même tuées pour avoir eu la témérité de séchapper. Meurtres desclaves sexuellesTandis que certaines esclaves sexuelles et de « femmes » des rebelles séchappaient ou restaient avec leurs ravisseurs, dautres ont été tuées. Human Rights Watch a interrogé plusieurs témoins de ces meurtres. Des femmes et des filles ont été tuées, en particulier au cours de la lutte interne pour le pouvoir entre le MPCI et les forces libériennes et sierra léonaises issues du MPJ et du MPIGO en début 2003, qui a abouti à lextermination ou lexpulsion des combattants libériens et sierra léonais de la région ouest contrôlée par les rebelles. Même si ce refoulement des libériens et des sierra léonais a éventuellement entraîné la fin progressive des pires formes de violence sexuelle liée au conflit dans louest rebelle, dans limmédiat le refoulement a donné naissance à une montée brève mais brutale de la violence contre les femmes. Daprès des entretiens avec des responsables locaux de la société civile, le personnel dONG sociales et humanitaires, danciennes esclaves sexuelles, et un ancien porte-parole des rebelles sous le commandement du chef rebelle Félix Doh, nombre de femmes et de filles enlevées par des combattants libériens et sierra léonais entre 2002 et 2003 furent tuées pendant ou peu après lexpulsion de leurs ravisseurs étrangers de Côte dIvoire.62 Ces meurtres ont eu lieu dans plusieurs contextes. Premièrement, pour des raisons qui restent confuses, les libériens et les sierra léonais ont tué bon nombre de leurs propres esclaves sexuelles. Deuxièmement, les forces du MPCI impliquées dans lexpulsion des combattants libériens et sierra léonais ont tué beaucoup des « femmes » ivoiriennes des rebelles libériens et sierra léonais à titre de représailles. Des rebelles libériens et sierra léonais tuèrent leurs propres « femmes »Des femmes qui avaient déjà connu le traumatisme de lenlèvement et de lesclavage sexuel ont fait part à Human Rights Watch de leur panique quand les meurtres ont commencé. De nombreux meurtres ont été signalés entre Man et Danané près de la frontière libérienne quand des combattants libériens en fuite ont tué certaines de leurs propres captives. Quatre anciennes esclaves sexuelles différentes ont expliqué à Human Rights Watch comment elles avaient été témoins du meurtre de beaucoup de « femmes » des combattants libériens et sierra léonais, lors de différents massacres qui ont eu lieu en début 2003. Une ancienne esclave sexuelle a fait part à Human Rights Watch de sa propre expérience, terrifiante et presque mortelle, aux mains de ses ravisseurs rebelles libériens dans la brousse près de Logouatou, au cours de cette période troublée :
Une femme enlevée fin 2002 et réduite en esclavage par ses ravisseurs,dans plusieurs camps rebelles de la région des 18 Montagnes, déclara : « Quand les libériens ont quitté la Côte dIvoire, ils ont tué beaucoup, beaucoup de filles quils avaient enlevées, depuis Danané jusquà la frontière. Jai vu des exécutions de mes propres yeux et dautres filles comme moi mont parlé de choses quelles avaient vues aussi. » 64 Cette femme a estimé que sur une période de plusieurs semaines elle seule avait vu tuer au moins une dizaine de femmes enlevées, sans compter les cas dont elle avait simplement entendu parler. Une autre esclave sexuelle évadée décrivit son expérience aux mains de ses ravisseurs rebelles qui la mené au seuil de la mort :
Des rebelles du MPCI tuèrent des « femmes » des libériens et des sierra léonais à titre de représaillesDe plus, les rebelles ivoiriens du MPCI impliqués dans lélimination des combattants libériens et sierra léonais auraient tué de nombreuses filles associées à ces derniers. Selon un ancien porte-parole des rebelles ayant des informations dignes de foi sur le sort de ces femmes, le nombre des femmes tuées ainsi durant lexpulsion en 2003 de libériens et de sierra léonais pourrait être même au-delà de 50 à 100 :
Les femmes et les filles enlevées par des rebelles libériens et sierra léonais sierra léonais et ayant entendu parler de ces meurtres en représailles étaient terrifiées. Danciennes esclaves sexuelles ont dit à Human Rights Watch que ces meurtres en représailles rendaient encore plus dangereux leurs efforts pour séchapper à leurs « maris » et rester en arrière en Côte dIvoire, voire retrouver leur famille.67 Violence sexuelle aux barrages des Forces NouvellesDepuis le début de la guerre et tout au long de la crise jusquau moment des enquêtes effectuées pour de rapport en fin 2006, les nombreux barrages répartis dans les zones rebelles (dailleurs comme de nombreux barrages en zone gouvernementale) ont constitué des points névralgiques pour des violences de type, et des comportements de prédateurs sexuels. Les exactions au niveau des barrages comprennent le viol, le viol collectif, lexploitation sexuelle, le harcèlement sexuel, et dautres crimes tels que le vol, lextorsion, lintimidation, les coups et blessures, les tortures, les meurtres, et les disparitions forcées. Des survivantes dabus sexuels, des responsables de la société civile, et des chauffeurs dautobus et de « bana bana » décrivirent pour Human Rights Watch comment des rebelles forçaient des femmes de descendre des véhicules de transports en communs pour les retenir en arrière, tandis que dautres passagers pouvaient passer, suite à quoi ils abusaient delles. Ce phénomène était particulièrement répandu à louest sous contrôle rebelle. Human Rights Watch et dautres organisations ont documenté de nombreux cas de viol, de viol collectif, dhumiliation sexuelle, de mauvais traitements physiques et de harcèlement sexuel perpétrés par des combattants rebelles aux barrages tenus par des rebelles. Un responsable de la société civile qui a fait des recherches en 2002 et 2003 sur les abus commis dans 20 villages à louest rebelle, affirma à Human Rights Watch que son organisation avait documenté au moins 40 cas de viol, dont la plupart sétaient produits à des barrages. Une employée dune ONG ivoirienne qui voyageait fréquemment dans louest a décrit ce quelle avait vu :
Certaines routes dans la région des 18 Montagnes étaient particulièrement périlleuses pour les femmes et les filles, bien après que le conflit armé ait cessé jusquau mois ou Human Rights Watch effectua ses enquêtes. Un responsable local de la société civile a signalé quen novembre 2006 une fillette de dix ans avait été violée à un barrage près de Bloalé.69 Une représentante dONG a décrit ce quelle avait vu à un barrage près de lentrée de Logoualé :
Des témoins, dont plus dune dizaine de conducteurs de minibus qui passent quotidiennement par bon nombre de barrages, ont dit à Human Rights Watch que de 2002 à 2004 ils voyaient souvent des femmes contraintes de rester en arrière tandis que le reste des passagers du bus était autorisé à continuer. Les chauffeurs ont décrit comment les plus belles jeunes passagères étaient couramment forcées de descendre des véhicules de transport public. Ce phénomène était particulièrement répandu durant le conflit actif, mais a continué jusquau moment où les enquêtes pour ce rapport a été effectuées en fin 2006. Comme la dit un chauffeur : « Aux barrages, ils gardent les filles jeunes et jolies, et les autres peuvent passer. » 71 Des chauffeurs dAbidjan à Man, de Man à Danané, et de Guiglo vers plusieurs destinations ont tous signalé à Human Rights Watch des cas où des femmes et des filles avaient été emmenées de cette façon par des hommes de diverses factions armées. Deux jeunes femmes ont dit à Human Rights Watch quelles avaient été violées à des barrages par des combattants rebelles en 2003 et 2004, lune dans une région proche de Bouaké et lautre non loin de Bangolo.72 Un groupe de trois chauffeurs a expliqué à Human Rights Watch quils avaient observé des jeunes femmes shabillant avec des vêtements déchirés peu attrayants pour senlaidir le plus possible, ou même se travestissant en jeunes hommes, afin déviter le harcèlement et lexploitation sexuelle prévisibles aux barrages.73 Par exemple, une des survivantes de ce type de violence a raconté à Human Rights Watch comment elle avait été kidnappée à un barrage, battue, déshabillée, et violée par un officier des Forces Nouvelles à Danané en fin janvier 2006, apparemment à titre de représailles pour son soutien supposé au gouvernement. Elle pense avoir été prise pour cible parce quelle voyageait en provenance dAbidjan, et elle a été donc accusée dêtre une espionne du gouvernement :
Presque tous les 15 membres dONG et responsables de la société civile interrogés séparément et indépendamment par Human Rights Watch à louest sous contrôle des Forces Nouvelles ont confirmé que la violence sexuelle continue aux barrages. Ils ont remarqué que les femmes sur les marchés étaient particulièrement vulnérables, du fait de la nature de leur travail qui les obligeait à voyager pour vendre leurs marchandises. Selon les membres dONG et les responsables de la société civile ainsi que les chauffeurs dautobus, les femmes travaillant sur les marchés se voient systématiquement rackettées aux barrages. Celles qui ne peuvent pas payer les pots-de-vin réclamés sont souvent retenues et exposées aux abus sexuels, y compris le viol. Différences chronologiques : violence sexuelle pendant la période « ni paix ni guerre » 2004-2007Quand les troupes françaises et de lONU ont commencé à patrouiller la zone tampon entre les Forces Nouvelles au nord et les forces du gouvernement au sud, les combats actifs se sont interrompus, et limpasse politique et militaire de 2004-2007 a commencé. Cette période a souvent été décrite comme « ni paix, ni guerre, » qui a épargné au pays les affrontements militaires de 2002-2003 sans pour autant voir naître une paix durable. Si les abus contre les civils étaient plus concentrés dans la période dhostilités actives auparavant, de graves violations ont cependant continué à se produire pendant cette phase de tension et de militarisation accrue, telles que des massacres, des exécutions extrajudiciaires, des actes de torture, de harcèlement, de pillage, et dintimidation.75 Human Rights Watch a documenté moins de cas dabus sexuels commis par les Forces Nouvelles pendant la période 2004-2006 que ce nétait le cas pendant la guerre de 2002-2003, ou dans la périodes suivant les combats actifs. En dépit de leurs préoccupations face aux abus continus, bon nombre des représentants de la société civile et dONG actifs dans la zone contrôlée par les Forces Nouvelles Cette constatèrent également une amélioration.76 En labsence de données plus exhaustives et scientifiques sur les tendances et la fréquence de la violence sexuelle, il est impossible dêtre sûr des raisons de la diminution des attaques sexuelles et autres depuis 2004. Cependant, les observateurs locaux et les membres de la société civile attribuent la diminution des agressions sexuelles dabord et surtout au départ en 2003 des combattants libériens et sierra léonais (qui furent les plus notoires agresseurs sexuels) ; deuxièmement à limpact des forces françaises de maintien de la paix chargées de contrôler une zone tampon connue sous le nom de « Zone de confiance » et qui effectuaient des patrouilles régulières ; troisièmement à larrivée des troupes de lONUCI qui faisaient de même77 ; et quatrièmement à quelques efforts de la part de certains chefs rebelles pour traiter le problème. Par exemple, après les sanctions imposées par lONU contre le commandant rebelle Martin Kouakou Fofié pour violations majeures des droits humains en février 2006, le dirigeant des Forces Nouvelles, Guillaume Soro, a ordonné une réduction numérique des barrages, peut être en partie en reconnaissance des nombreux cas datteintes aux droits humains qui sy produisaient.78 Le porte-parole des Forces Nouvelles Sidiki Konaté a déclaré le 26 mai 2006 lors dune conférence de presse que les Forces Nouvelles étaient responsables pour les crimes commis dans les zones sous leur contrôle. Il a déclaré : « Chacun répondra de ses actes, des atteintes aux droits humains cette crise finira un jour, mais les crimes ne pourront pas être effacés. Il faut faire attention et comprendre quavant, cest différent de maintenant. Il y a des choses quon pouvait faire parce que la communauté internationale nétait pas là. Il faut désormais arrêter car les temps ont changé avec la présence de la communauté internationale. Les FN vont continuer la sensibilisation de lensemble des autorités des FN et de leurs éléments sur le terrain. »79 Cependant, des abus sexuels continuent à se produire. Human Rights Watch a documenté et reçu de nombreux rapports sur des abus sexuels dans la partie de la Côte dIvoire contrôlée par les Forces Nouvelles entre 2004 et 2006, surtout des viols et des viols collectifs. Bien que les représentants de la société civile aient unanimement constaté que la situation sétait considérablement améliorée depuis la fin des hostilités actives, ils ont été catégoriques sur le fait que la violence sexuelle demeurait un réel problème. Une responsable dune ONG locale des droits des femmes a déclaré à Human Rights Watch à lautomne 2006 :
De même, la Division des Droits de lHomme de la Mission de lONU en Côte dIvoire (ONUCI) a documenté des dizaines de cas de violence sexuelle commis par des combattants rebelles de 2004 à 2006.81 Certains de ces cas, qui ont eu lieu dans toutes les zones sous contrôle des Forces Nouvelles, comportent des viols, des viols collectifs et des agressions sexuelles à lencontre de femmes et de filles à Vavoua, Bouaké, Konankankro, Ibodokro, Korhogo, et dautres localités du nord.
Différences régionales dans les abus sexuels commis par les rebellesLes abus sexuels commis par les rebelles nont pas eu la même intensité ni la même fréquence dans toutes les zones sous contrôle des Forces Nouvelles. La mesure dans laquelle les commandants ont toléré, encouragé ou participé à la violence sexuelle semble avoir influencé la prévalence de la violence sexuelle dans certaines zones rebelles. Dés le début du conflit ivoirien, des différences régionales pouvaient être constatées. Les territoires du centre et du nord, contrôlés par le MPCI, ont été épargnés par la violence sexuelle largement répandue quont connue les civils à louest sous contrôle du MPJ et du MPIGO.82 Depuis lexpulsion en 2003 des mercenaires libériens et sierra léonais, louest a été contrôlé plus étroitement par les dirigeants du MPCI à Bouaké, mais les commandants locaux des Forces Nouvelles à Man et Danané semblent rester relativement indépendants par rapport au contrôle centralisé. Quand Human Rights Watch a mené des recherches en 2003, les civils qui vivaient dans les zones du centre et du nord sous contrôle du MPCI (y compris certains qui nétaient pas des sympathisants de la cause des rebelles) ont témoigné que le MPCI respectaient généralement davantage les civils dans les villes dont ils semparaient dans le nord, organisant des réunions avec la population civile, expliquant leurs objectifs, et disant aux civils quils nétaient pas là pour sattaquer à eux.83 Une raison plausible de ce type de comportement est que le MPCI se considérait initialement comme un mouvement de libération et voulait maintenir sa réputation comme tel dans le centre nord, en particulier là où les membres du MPCI ressentaient des affinités ethniques ou autres avec la population, ayant subi les mêmes discriminations aux mains des forces de sécurité majoritairement sudistes. Néanmoins, malgré ces rapports positifs et les efforts du MPCI pour réprimer les atrocités du MJP et du MPIGO, les membres du MPCI du centre nord se sont rendus coupables de nombreuses violations flagrantes des droits humains, qui rappellent celles commises par leurs alliés à louest. Par exemple, quand les rebelles ont pris Bouaké en septembre 2002, ils ont arrêté une centaine de gendarmes et les ont détenus dans les casernes de la 3ème Bataillon de la Gendarmerie. Plusieurs semaines plus tard, le 6 octobre 2002, entre 90 à 131 corps ont été découverts dans une fosse commune au cimetière communal de Dar Es-Salaam à Bouaké, dont beaucoup auraient été liées à la gendarmerie. On pense que les morts auraient été sommairement exécutés par le MPCI. Les meurtres nont pas été les seuls châtiments infligés par le MPCI aux personnes soupçonnées de soutenir le gouvernement ; la violence sexuelle a aussi été utilisée. Des groupes locaux de défense des droits humains ont fait état de cas de violence sexuelle où les rebelles du MPCI ont pris pour cible des femmes dont des membres de la famille étaient affiliés à la police et à dautres responsables gouvernementaux, des femmes affiliées au FPI (le parti au pouvoir), et certains groupes ethniques considérés comme étant fidèles au gouvernement ou simplement hostiles aux Forces Nouvelles.84 La plupart de ces cas se sont produits au cours des premiers mois de la rébellion, de septembre à décembre 2002, période durant laquelle les atrocités des rebelles du MPCI autour de Bouaké ont terrifié les civils et déclenché un déplacement massif des populations.85 Un leader de la société civile dune ville du nord a décrit cette dynamique à Human Rights Watch :
Quand les populations principalement Baoulés ont fui, elles sont descendues vers le sud dans le territoire sous contrôle du gouvernement, en particulier à Yamoussoukro et à Abidjan. Des sages-femmes et des travailleurs sociaux basés à Yamoussoukro ont dit à Human Rights Watch quen novembre et décembre 2002, ils avaient soigné des dizaines de femmes qui avaient été violées par les rebelles.87 Quand ils furent sur le terrain à ce moment, Amnesty International documenta des cas dans lesquels les rebelles du MPCI ont violé des parentes dagents gouvernementaux à Bouaké. Par exemple, dans un des cas documentés, les rebelles ont fait subir un viol collectif à la femme dun fonctionnaire du ministère des Finances lorsquils ont pris Bouaké en septembre 2002. Cette femme Baoulé qui avait la quarantaine a subi un viol collectif par des rebelles du MPCI dans sa maison, devant son mari et ses enfants.88 En plus des agressions contre des civils comprenant le viol ou le viol collectif des femmes, les rebelles du MPCI ont aussi réduit des femmes à lesclavage sexuel. Par exemple, Amnesty International a rapporté un cas dans lequel trois surs âgées de 17, 16 et 12 ans ont été « gardées comme épouses » dans leur propre maison par des rebelles occupants du MPCI en septembre 2002. Si les deux surs plus âgées ont selon le compte-rendu réussi à séchapper, la plus jeune est morte en chemin.89 Les rebelles du MPCI ont aussi recruté des femmes sous la contrainte pour prendre part aux hostilités actives, et presque toutes ont été violées ou ont subi une autre forme de violence sexuelle, selon Amnesty International.90 Une jeune femme de vingt-deux ans a raconté à Amnesty International comment elle avait été enlevée à Bouaké par le MPCI en septembre 2002 ainsi que de nombreuses autres jeunes femmes, comment elle et beaucoup dautres avaient été frappées à coups de barres de fer et de bâtons, et comment celles qui refusaient de porter luniforme auraient été tuées. Elle a aussi décrit la façon dont elle et les autres furent violées à partir du premier jour de leur captivité. Pendant les deux premiers jours, les rebelles violaient toutes les captives sans distinction, suite à quoi attribuèrent une femme à chaque rebelle pour quelle lui serve desclave sexuelle.91 De plus, au fur et à mesure que le temps passait et que les salaires et les provisions à disposition des rebelles ivoiriens diminuaient, la conduite des soldats du MPCI sest détériorée même dans la zone nord, avec plus dincidents de pillage et de viol signalés dans le territoire sous contrôle du MPCI en 2003. Tout comme les soldats du MPCI dans le centre du pays autour de Bouaké, les rebelles dans la zone nord commettaient aussi des viols et autres violations des droits humains pendant le conflit. Par exemple, Amnesty International a documenté comment dans la région de Korhogo, non loin de la frontière avec le Mali, les rebelles du MPCI auraient violé plusieurs femmes qui fuyaient vers le Mali, et tranché la gorge dun homme accusé dappartenir à une force pro-gouvernementale.92 Les préoccupations relatives à la violence sexuelle et à dautres crimes contre lhumanité ont fait partie des raisons de la mise en uvre des sanctions économiques et dinterdiction de voyager prises par les Nations Unies à lencontre du commandant de Korhogo, Martin Kouakou Fofié.93 Selon la déclaration du Comité des sanctions de lONU du 7 février 2006 : les forces sous son commandement se sont livrées au recrutement d'enfants soldats, à des enlèvements, à l'imposition du travail forcé, à des sévices sexuels sur les femmes, à des arrestations arbitraires et à des exécutions extrajudiciaires, contraires aux conventions des droits de lhomme et au droit humanitaire international.94 Etant donné que la mission de Human Rights Watch ne comportait pas denquête de terrain aux environs des villes du nord-ouest de Odienné ou de Touba, il est impossible à lheure actuelle de décrire les caractéristiques des violences sexuelles dans ces régions. De plus, du fait en partie des problèmes de sécurité et de restrictions de financement, les agences daide et les ONG locales nont pas pu réaliser un travail solide sur la violence sexuelle dans les vastes parties du nord rural. Une spécialiste de la violence basée sur le genre travaillant en Côte dIvoire a déploré :
Abus sexuels commis par les forces pro-gouvernementalesDepuis 2000, les forces pro-gouvernementales se sont rendues coupables de nombreuses violences sexuelles à lencontre de femmes et de jeunes filles, tels que le viol, le viol collectif, les actes de torture sexuelle, et lesclavage sexuel. Les abus sexuels commis par les forces pro-gouvernementales ont commencé au début de la crise politique en 2000, ont atteint leur apogée pendant les hostilités armées de 2002-2003, mais continuèrent par la suite (2004-2006), en particulier pendant les périodes de forte tension politique. Nombre dabus sexuels commis par les forces pro-gouvernementales semblaient politiquement motivés, et furent commis à lencontre de femmes et de filles considérées comme soutenant les rebelles basés au nord ou lopposition politique. Les plus vulnérables aux attaques étaient des femmes liées au parti dopposition, le Rassemblement des républicains (RDR), surtout celles dans les familles des responsables de ce parti ; des femmes appartenant à des groupes ethniques venant principalement du nord comme les « Dioulas » (le terme Dioula est souvent utilisé pour désigner non seulement des ivoiriens mais aussi des personnes originaires du nord ou de létranger en général); et des femmes originaires dautres pays ouest africains, surtout le Burkina Faso et le Mali. La période la plus intense de violences sexuelles commises par les forces pro-gouvernementales sest déroulée dans le contexte des hostilités actives, de septembre 2002 à mi 2003, alors que le gouvernement et les rebelles luttaient pour le contrôle de la Côte dIvoire, surtout à louest.96 Certaines des pires violences sexuelles au cours de cette période semblent avoir été commis par des libériens mercenaires progouvernementaux. Les crimes sexuels flagrants commis par les forces pro-gouvernementales étaient souvent accompagnés dautres atrocités graves, telles que des massacres, tortures, mutilations, recrutements forcés denfants et dadultes.97 Même suite à la cessation du conflit armé actif en 2003, les forces pro-gouvernementales continuèrent à commettre des abus sexuels graves contre des femmes et des filles dans tous les territoires sous leur contrôle. Les sévices sexuels dans cette période de fin 2003 à 2006 étaient souvent associés aux développements militaires et politiques clés en Côte dIvoire, tels que des émeutes, des marches, des affrontements interethniques, et dautres moments propices à la violence à large échelle. Par exemple, sur 15 cas de violence sexuelle documentés par Human Rights Watch pendant cette époque Abidjan, six ont eu lieu en période de crise politique ou sécuritaire. La plupart de ces cas concernaient des femmes qui semblaient avoir été choisies sur la base de leur appartenance ethnique, de leur nationalité, ou leur affiliation réelle ou présumée aux groupes rebelles et dopposition. Les différentes forces pro-gouvernementales impliquées dans les exactionsLes forces impliquées dans des violences sexuelles comprennent des membres des forces armées officielles et des institutions chargées de lapplication de la loi, ainsi que des nombreuses milices armées pro-gouvernementales et de groupes informels de jeunes progouvernementaux. Forces de sécurité officiellesLes forces de sécurité associées aux violations des droits humains comprennent les gendarmes, chargés de faire respecter la loi et de maintenir lordre dans un district (essentiellement dans les zones rurales) ; la police, qui doit maintenir lordre et faire respecter la loi dans les villes ; et les Forces armées nationales de Côte d'Ivoire (FANCI, qui regroupent larmée, les forces aériennes, et la Marine). Dautres unités fonctionnent comme des unités paramilitaires attachées à des forces différentes, comme le Centre de commandement des opérations de sécurité (CECOS), la Brigade anti-émeute (BAE), la Garde Présidentielle (GP), le Groupement de Sécurité Présidentielle (GSP), et la Garde Républicaine (ou GR).98 MilicesDepuis lirruption des hostilités armées en 2002, les milices urbaines et rurales ont joué un rôle de plus en plus actif dans les questions de sécurité nationale, comme la gestion de barrages sur les routes principales dans les zones contrôlées par le gouvernement, les vérifications didentité des civils, et de façon générale la prise en charge de tâches remplies habituellement par les forces de sécurité gouvernementales en uniforme. Les dirigeants des milices affirment quils sont à lavant-garde des forces qui défendent le gouvernement, en compensation dune armée qui a été partagée selon des lignes régionales et ethniques depuis la rébellion de 2002.99 Des diplomates aussi bien que des fonctionnaires ivoiriens font référence aux milices comme à des « forces de sécurité parallèles. »100 Ces milices ont été instrumentalisées par les responsables du gouvernement pour violemment réprimer les manifestations de lopposition, intimider les dissidents critiques envers le gouvernement, museler la presse, fomenter de violents sentiments xénophobes, et attaquer des villages dans les zones productrices de café et de cacao situées à louest. Les milices urbaines opérant surtout à Abidjan comprennent entre autres les Jeunes Patriotes ; le Groupement des Patriotes pour la Paix (GPP) ; un groupe étudiant progouvernemental radical appelé la Fédération estudiantine et scolaire de Côte dIvoire (FESCI) ; le mouvement de jeunesse du FPI (le parti au pouvoir) ; et des groupes plus petits comme par exemple les Scorpions à Yamoussoukro.101 De nombreuses autres milices pro-gouvernementales opèrent au sud-ouest autour de Toulepleu, Duékoué et Guiglo, la plus importante étant les Forces de Libération du Grand Ouest (FLGO).102 Dautres milices à louest sont, entre autres le Mouvement pour la libération de louest de la Côte dIvoire (MILOCI); lAlliance Patriotique Wê (AP-Wê); et lUnion des Patriotes pour la Résistance du Grand Ouest (UPRGO). Dautres milices plus petites opèrent aussi à travers louest, comme par exemple le Front de sécurité du centre ouest (FSCO) et la Solidarité Africaine (SOAF). La plupart des recrues de ces milices de louest viennent des groupes ethniques Guéré, Bété, Attie, Abeys, Dida, Wê, et Krou. Mercenaires libériensDepuis 2002, le gouvernement a recruté et utilisé des mercenaires libériens, y compris des enfants, pour combattre aux côtés des milices et des forces armées gouvernementales, surtout au sud-ouest. Beaucoup des forces libériennes invitées et soutenues par le gouvernement, ont des liens avec les groupes rebelles libériens notoires pour les exactions commises par leurs éléments tels que les Libériens Unis pour la Réconciliation et la Démocratie (« Libérians United for Reconciliation and Democracy » ou LURD) ou le Mouvement pour la Démocratie au Libéria (« Movement for Democracy in Libéria » ou MODEL). Nombreux combattants libériens souvent désignés comme les forces « Lima » ont combattu avec le Front de libération du grand ouest (FLGO).103 Que ce soit le fruit dune politique organisée telle quelle ou dun manque de contrôle du gouvernement, le fait est que les libériens sont devenus les autorités de facto dans certaines de « leurs » zones, agissant souvent en collaboration avec les membres des comités dautodéfense ivoiriens comme par exemple des milices Guérés. LoyalistesLes victimes et les témoins interrogés par Human Rights Watch nont pas toujours été capables didentifier avec précision le groupe armé responsables dabus sexuels, qui furent souvent commis dans des situations extrêmement chaotiques, par des hommes armés en civil ou en uniformes non conformes et dépareillés, voire même des uniformes sans insigne identifiable. Par surcroît, des mercenaires libériens, des milices civiles et des forces de sécurité officielles coopérèrent pour reprendre aux rebelles des villes et des territoires et donc apparaissaient souvent en groupes mixtes, surtout en 2002 et 2003. Human Rights Watch a reçu des informations récurrentes selon lesquelles depuis le début de la guerre, nombre de gendarmes et de policiers revêtirent des tenues militaires de camouflage. Sans uniformes, souvent sans direction ni hiérarchie claires, caractérisés par des liens obscurs au gouvernement, lidentité de nombreux hommes armés pouvait être difficile à déterminer. De ce fait, beaucoup de victimes et de témoins interrogés dans le cadre de ce rapport ont seulement pu décrire leurs assaillants comme des « corps habillés », « hommes du gouvernement », ou « loyalistes ». Abus sexuels commis pendant les hostilités actives, 2002-2003La période la plus intense dabus sexuels commis à lencontre des femmes et des filles par les forces pro-gouvernementales a eu lieu pendant la période dhostilités actives de septembre 2002 jusquen mi 2003, et dans les zones où les batailles étaient les plus féroces, essentiellement à louest et autour de la ligne séparant le sud gouvernemental et le nord rebelle. Des troupes gouvernementales et des milices ethniques ont été impliquées, quoique les mercenaires libériens fussent les combattants progouvernementaux les plus souvent associés avec les plus graves violations, y compris les abus sexuels particulièrement atroces. Témoignant des violences sexuelles commis par les forces pro-gouvernementales dans la bataille pour la ville de Man, dans louest du pays, la présidente dune association de femmes, qui était aussi une guérisseuse traditionnelle et avait soigné de nombreuses femmes victimes de viols et de viols collectifs commis par les forces pro-gouvernementales, sest exprimée sur la violence utilisée par ces groupes. Les exactions quelle a soulevées auraient été commises entre le 1er et le 18 décembre 2002, lorsque les forces gouvernementales ont repris Man aux rebelles.104
Des sages-femmes, des infirmières et des travailleuses sociales ont transmis à Human Rights Watch des informations portant sur des dizaines de viols et dautres formes dagressions sexuelles perpétrés par les troupes pro-gouvernementales en 2002 et 2003. Leurs informations renforçaient des rapports confidentiels que des ONG locales et internationales opérant dans les villes de Man, Blolequin et Toulepleu, situées à louest ont montré à Human Rights Watch. 106 Selon les victimes, les témoins et les travailleurs sociaux, les milices Guérés actives au sud-ouest autour de Guiglo auraient été impliqués dans de nombreux abus. Les violences sexuelles quils commirent ainsi que dautres forces pro-gouvernementales ont souvent eu lieu dans le contexte dautres violations flagrantes des droits humains. Les personnes interrogées ont décrit pour Human Rights Watch la façon dont ces hommes armés ont perpétré des violences sexuelles en même temps que dautres exactions, à savoir lextorsion, le harcèlement, les coups et blessures, la torture, et les meurtres. Les milices Guérés semblent avoir pris spécialement pour cibles les individus dorigine ouest africaine, en 2002 et 2003, dont ceux du Burkina Faso et du Mali. Par exemple, une femme musulmane dorigine Burkinabée a expliqué à Human Rights Watch que dès le début de la guerre, sa communauté, près de la ville frontalière de Zouan-Hounien, avait subi nombre datrocités y compris des violences sexuelles de la part des « Loyalistes ».
Beaucoup de violences sexuelles semblent avoir eu lieu durant des campagnes de violence organisées par les forces pro-gouvernementales, conçues pour forcer les « allogènes » (les étrangers) à quitter les terres quils cultivaient. De ce fait, pour nombre de victimes et de témoins, les violences sexuelles faisaient souvent partie dun contexte de souffrances et de perte plus générale éprouvées : villages ou maisons incendiés, possessions volées, familles et amis tués. Toutefois, il est apparu que les conflits interethniques et les attaques contre les plantations dans le sud-ouest étaient davantage caractérisés par une extrême violence physique que par une violence spécifiquement sexuelle.108 Beaucoup de victimes et de témoins ont décrit des actes de violence collective, de harcèlement, dintimidation, de tortures, de massacres, de la destruction de villages, mais ont déclaré navoir jamais vécu ni été témoin de violence sexuelle.109 Dans une étude sur les problèmes fonciers et les conflits entre foyers Bétés et Burkinabés dans la région forestière du centre ouest de la Côte dIvoire, lhistorien Joshua Strozeski a constaté une augmentation de 500% des conflits physiques après le vote dune loi foncière discriminatoire contre les étrangers, mais il na pas découvert de pics aussi choquants de la violence sexuelle.110 De plus, tous les chefs locaux et les milices des territoires contrôlés par le gouvernement ne se sont pas livrés au même titre à des violences sexuelles ou autres contre les « étrangers » et les musulmans. En fait, certains dirigeants locaux ont résisté à la vague de xénophobie qui a balayé les zones contrôlées par le gouvernement et ont refusé de se joindre aux persécutions fondées sur lappartenance ethnique ou religieuse, ou de les autoriser. Une femme a expliqué à Human Rights Watch quelle croyait que sa communauté avait été épargnée par les violences interethniques et les agressions sexuelles contre les femmes Burkinabés et autres immigrantes, grâce au refus du chef de son village de laisser commettre de tels abus.
Femmes prises pour cibles du fait de leur origine DioulaLes politiciens au pouvoir, du Président Bédié au Président Gbagbo, ont développé et véhiculé un discours sur livoirité, utilisant souvent la propagande pour manipuler limagination sociale et creuser les divisions entre deux groupes : les ivoiriens soi-disant de souche et dont la citoyenneté ne faisait aucun doute, et les individus dont la citoyenneté ivoirienne était douteuse, qui pouvaient même être reclassés comme « étrangers ». Au début, cette distinction aurait eu pour but décarter de la vie politique des rivaux politiques actuels ou futurs. Cependant, au fil des années, la notion divoirité devint plus forte et renforça les clivages entre les groupes ethniques. À partir de 2000, les partisans du parti politique du RDR ont progressivement été pris pour cibles comme ennemis du gouvernement, de même que ceux considérés comme leurs sympathisants : les gens originaires du nord, les musulmans, les Dioulas, et les personnes dorigine étrangère, en particulier dorigine burkinabée et malienne. Après léclatement de la guerre en 2002, cette polémique a adopté une nouvelle interprétation relative à la sécurité nationale, selon laquelle les individus mentionnés ci-dessus étaient perçus comme étant potentiellement des traîtres et partisans des rebelles. Lancien Chef de cabinet du Directeur de la police, qui est actuellement le Préfet de police de Korhogo, a parlé à Human Rights Watch de nombreux cas dagressions sexuelles contre des femmes Dioulas, musulmanes et étrangères, commis par des officiers de police commis même avant lexplosion des hostilités armées de 2002. Il a expliqué comment ses tentatives pour sanctionner des officiers de police accusés de viol entre 1999 et 2001 avaient échoué, et comment, à sa connaissance, aucun des coupables présumés au sein de la police navait jamais été puni :
Depuis 2000 et jusquaujourdhui, les abus commis aux barrages par les forces pro-gouvernementales ont transformé des déplacements en cauchemar pour bon nombre de femmes. Bien que lextorsion dargent et les violences physiques soient restées les formes les plus courantes dabus, des hommes armés aux barrages progouvernementaux ont soumis des femmes et des filles à de multiples formes dabus sexuels, comme les fouilles à nu, les humiliations sexuelles, le viol, le viol collectif et autres exactions. Une jeune femme a décrit comment elle a vu des gendarmes humilier sexuellement et maltraiter une femme Dioula en 2002 à un barrage à Abidjan, laccusant de soutenir les rebelles :
La jeune femme a dit à Human Rights Watch que les policiers criaient à leur victime quelle était une Dioula, et que la guerre « est la faute de ton peuple ». Plusieurs femmes dirigeantes du parti dopposition du RDR ont déclaré à Human Rights Watch quelles recevaient régulièrement des plaintes de femmes du RDR (dont la plupart ont des noms à consonance musulmane) par rapport aux harcèlements sexuels, dénigrements, et menaces verbales faisant référence à leur identité nationale ou ethnique. Les dirigeantes estimaient que les fouilles à nu, les humiliations sexuelles, ou les fouilles vaginales avaient lieu plus fréquemment aux barrages se trouvant dans des quartiers principalement musulmans à Abidjan et Yamoussoukro.114 De nombreuse victimes, témoins et femmes leaders Dioulas ont dit à Human Rights Watch quelles vivaient dans la peur des violences physiques et sexuelles de la police, des gendarmes, et des autres forces pro-gouvernementales. Un témoignage dune femme Dioula qui vivait à Abidjan et qui a subi un harcèlement sexuel physique et verbal, et peut-être des abus sexuels, illustre cette peur :
Beaucoup de viols se sont produits au cours des attaques par le gouvernement contre des « quartiers précaires », surtout ceux occupés par des milliers de personnes dorigine immigrante et de Dioulas. La Croix-Rouge a découvert que du 21 au 24 septembre 2002, 12.000 personnes environ ont été déplacées hors des quartiers avec une forte présence de Dioulas à Abidjan.116 Durant ces opérations, doctobre 2002 jusquen décembre 2002 et même après, les forces gouvernementales soi-disant à la recherche darmes et des rebelles ordonnaient souvent aux habitants de partir et brûlaient ou démolissaient leurs logements, se livrant à de multiples atteintes aux droits humains, comme lextorsion, les arrestations et les détentions arbitraires, les « disparitions, » les exécutions sommaires, le déplacement de milliers de personnes, et les abus sexuels.117 Femmes prises pour cibles parce quelles étaient « étrangères »Human Rights Watch et plusieurs autres ONG nationales et internationales ont documenté une tendance claire à ce que des forces pro-gouvernementales harcèlent des femmes dorigine ouest africaine, les prenant souvent pour cible dabus sexuels de tous types. Parfois, les violences sexuelles commis contre des femmes dorigine ouest africaine se sont déroulés dans le contexte dattaques contre des campements ou des quartiers majoritairement « Maliens » ou « Burkinabés » . Dautres fois, les forces de sécurité ciblaient des femmes dorigine ouest africaine, par exemple dans les transports en commun au niveau des barrages. Human Rights Watch a documenté toutes sortes de crimes commis contre les femmes Burkinabés et maliennes, allant des fouilles vaginales jusquau viol collectif. Une ONG a documenté des violences sexuelles commises à lencontre de plus de 100 femmes et filles Burkinabés à louest de la Côte dIvoire sous contrôle gouvernemental dans la zone de Moyen Cavally, au plus fort du conflit fin 2002 et début 2003. LONG a établi quelles avaient été violées ou agressées sexuellement surtout par des hommes armés appartenant à divers groupes progouvernementaux.118 La zone où les agressions ont eu lieu est un bastion des milices pro-gouvernementales. Un représentant de lorganisation a dit à Human Rights Watch que beaucoup des attaques sexuelles avaient été commises dans le contexte de fouilles au corps pour découvrir de largent caché, et que la plupart de ces femmes avaient fui par la suite au Burkina Faso : 119
Une femme Burkinabée a parlé à Human Rights Watch de lexpérience de sa sur, victime des sévices sexuels infligés par des éléments des forces pro-gouvernementales dans une communauté du sud-ouest, non loin de la frontière libérienne. Dans un premier temps, les milices Guérés et les loyalistes ont attaqué et violé des civils dans sa communauté lorsque la guerre faisait rage, et par la suite, en 2005, deux de ses surs âgées de 12 et 13 ans ont été violées collectivement par des miliciens. De plus, elle a été témoin dun viol collectif commis par les loyalistes :
Beaucoup de cas dabus sexuels à lencontre de femmes originaires dAfrique de lOuest concernaient des victimes fouillées à nu, contraintes de se déshabiller ou soumises à des fouilles vaginales dans le but apparent de les humilier. Une ONG basée à Abidjan a parlé à Human Rights Watch de trois cas de fouilles vaginales des femmes Burkinabés, à des barrages gérés par des gendarmes à Abidjan entre 2003 et 2005.122 Une autre organisation a documenté de nombreux cas de fouilles vaginales sur des femmes Burkinabées et maliennes à des barrages autour de la ville de Guiglo au sud-ouest, ville contrôlée par des milices pro-gouvernementales.123 Les victimes venues chercher des soins et de laide auprès dONG locales ou internationales ont décrit ces expériences comme étant profondément humiliantes et traumatisantes. Une femme ivoirienne musulmane a expliqué comment elle avait vu de nombreuses femmes attaquées par des miliciens progouvernementaux Bétés sur un marché essentiellement musulman à Abidjan en automne 2002. Les femmes qui y étaient considérées comme étant dorigine étrangère furent déshabillées totalement ou en partie, dans des actes dhumiliation sexuelle.
Dans certains cas, les fouilles vaginales et les humiliations sexuelles ont pu anticiper des formes bien plus graves dabus sexuels. Par exemple, une femme malienne prise pour cible dabus sexuels a expliqué comment un policier lavait accusée dêtre une rebelle du fait de sa nationalité malienne, puis lavait déshabillée, avait introduit ses doigts dans son vagin, lavait battue, puis violée vaginalement et analement en juin 2005, sur la route du sud conduisant à la ville de Duékoué à louest :
Ce policier la gardée en captivité pendant une nuit et un jour, durant lesquels il la forcée à sucer son pénis, la battue à nouveau et la violée vaginalement et analement encore, et a répété plusieurs fois quelle était « une amie des rebelles ».126 Human Rights Watch a recueilli des informations sur nombreux autres viols et documenté trois autres cas de viol similaires perpétrés par des forces pro-gouvernementales contre des femmes dorigine burkinabée et malienne. Une dirigeante dune ONG a expliqué à Human Rights Watch comment elle avait apporté son aide dans des multitudes de violences sexuelles contre des femmes maliennes et Dioulas. Elle a dit à Human Rights Watch quelle pensait que des policiers violaient régulièrement les femmes « allogènes » (étrangères) et Dioulas, quils arrêtaient pour diverses raisons. Par exemple, un cas parmi dautres quelle évoqua, datant des premiers mois du conflit armé, concernait le viol dune femme malienne dun certain âge qui vivait dans un quartier dAbidjan majoritairement musulman. Cette femme aurait expliqué à dirigeante quelle avait quitté la maison malgré le couvre-feu pour chercher son fils, parce quelle avait entendu des coups de feu dehors. En chemin, elle a été embarquée dans un véhicule avec 12 gendarmes ainsi que deux autres femmes, toutes violées avant dêtre déposées au poste de police. La dirigeante de lONG, qui avait été prévenue de larrestation de cette femme, est allée la prendre au poste de police, où elle la trouvée débraillée et sanglotante. La dirigeante de lONG a cité neuf autres cas impliquant des victimes dorigine Burkinabée, Malienne ou Dioula présentant des particularités comparables, et elle a affirmé avoir documenté bien dautres cas.127 De multiples cas de violence sexuelle contre des femmes Dioulas et dorigine ouest africaines ont eu lieu pendant des descentes dans les quartiers majoritairement Dioulas par des forces de défense et de sécurité. Par exemple, des sources dignes de foi ont documenté un cas en novembre 2003 dans lequel deux jeunes femmes maliennes ont été violées, et une femme enceinte a été battue si brutalement quelle a fait une fausse couche, pendant une attaque violente lancée sur le quartier dAdjamé à Abidjan.128 Une femme dorigine malienne, vivant dans un quartier dAbidjan majoritairement musulman, a raconté comment elle avait été violée par des soldats devant son mari, le 25 mars 2004. Lagression a eu lieu pendant la répression du gouvernement faisant suite à une manifestation du RDR :
Il y a eu des cas encore plus graves de viols ou de viols collectifs accompagnés de meurtres et dactes de torture. Une commerçante dorigine Burkinabée a expliqué à Human Rights Watch comment fin 2002 ou début 2003 des hommes portant des uniformes militaires et des civils dethnies Baoulé, Bété et Agni lavaient agressée ainsi que dautres étrangères, dont une quelle a vue se faire violer et tuer. Lincident sest déroulé sur la route dAbidjan allant à Lomé, au Togo.
Certaines violences sexuelles contre des femmes originaires des pays voisins dAfrique de lOuest se sont produits dans le contexte de conflits fonciers interethniques, en particulier au sud-ouest. Le sud-ouest de la Côte dIvoire reste vulnérable aux violences et tensions interethniques, caractérisées par la présence des milices et de groupes armés qui attaquent des villages, détruisent des maisons, des écoles, des puits et des centres de santé, entraînant des cycles de déplacement.131 Des massacres, des viols et quelques massacres ont continué à se produire jusquà lécriture de ce rapport, longtemps après la fin des hostilités actives, et même à lintérieur de la Zone de confiance quand elle existait encore. Femmes prises pour cibles parce quelles étaient françaises ou blanchesDes femmes étrangères dorigine non africaine ont aussi été la cible de violences sexuelles pour des motifs politiques. Plusieurs femmes blanches, probablement françaises, ont été violées au cours des émeutes et des attaques antifrançaises qui ont secoué Abidjan du 6 au 12 novembre 2004. Ces attaques se déroulèrent suite à une crise militaire entre le forces armées françaises et ivoiriennes : en début novembre 2004, des avions ivoiriens ont rompu un cessez-le-feu et bombardé une base française à Bouaké, tuant neuf soldats français. Les français ont immédiatement riposté en détruisant toute laviation militaire ivoirienne, ce qui a déclenché des émeutes antifrançaises, des violences à large échelle à Abidjan et ailleurs, et lévacuation de 8.000 étrangers (des Français pour la plupart). Selon des officiers de larmée française, plusieurs femmes blanches ont été violées ; le Général français Henri Poncet, alors commandant de lopération Licorne (forces françaises de maintien de la paix en Côte dIvoire), a déclaré : « Je confirme quil y a eu des viols Il y a eu des exactions, des tragédies pour de nombreuses femmes. Je ne ferai pas dautre commentaire, par respect. »132 Le Général Henri Bentégeat, Chef détat-major de larmée qui commandait toutes les forces françaises opérationnelles à cette époque, na pas hésité à caractériser de « violeurs » les auteurs des pillages de résidences françaises à Abidjan et des agressions contre des citoyens français.133 Henri Aussavy, alors porte-parole de la Licorne, ainsi que Hervé Ladsous, alors porte-parole du ministère des Affaires étrangères à Paris, ont confirmé quil y avait réellement eu des viols en novembre 2004.134 Le 12 novembre 2004, la Présidente de lUnion des Français de létranger à Abidjan, Catherine Rechenmann, a fait allusion à trois femmes européennes qui avaient été violées et seraient rentrées en France.135 Human Rights Watch na pas pu obtenir dinformations concrètes sur le nombre total de viols, ni dinformations permettant de contacter les victimes, même celles peu nombreuses ayant entamé une action en justice à Paris.136 Femmes prises pour cibles à cause de leur affiliation au parti dopposition, le Rassemblement des Républicains (RDR)Avant même lirruption des hostilités en 2002, et dès 2000, des femmes en Côte dIvoire ont été prises pour cibles par les forces pro-gouvernementales à cause de leur affiliation réelle ou supposée au parti politique dopposition du RDR. Dans de nombreux cas, ces actes ont terrorisé des familles et des communautés entières, peut-être dans une tentative daffaiblir leur soutien au parti dopposition. Certaines femmes ont été violées individuellement ou collectivement à cause des activités politiques dun mari, dun père, dun frère, ou dun autre parent même si elles navaient jamais pris part elles-mêmes à une activité politique quelconque. Une vague dabus sexuels à lencontre de femmes affiliées à lopposition a eu lieu en 2000, deux ans avant léclatement des combats actifs. Pendant les violences qui caractérisèrent les élections parlementaires et présidentielles de 2000, des policiers, des gendarmes, des soldats et autres forces pro-gouvernementales ont commis de nombreux viols et tortures sexuelles à lencontre de partisans réels ou supposés du RDR.137 Les auteurs de ces actes ont souvent commis ces crimes sexuels dans des centres de détention où les détenus aussi bien hommes que femmes étaient victimes dhumiliations et dabus sexuels, alors quils se trouvaient sous la garde des gendarmes et de la police, ou par des partisans du FPI en présence des forces de sécurité. Les parties génitales des hommes ont subi des coups et blessures, ont été torturées, ont été brûlées, et des détenus ont reçu lordre davoir une érection et de violer des femmes détenues. Des femmes furent dépouillées de leurs vêtements, battues, menacées dagression sexuelle, violées, violées collectivement, pénétrées avec des objets, frappées sur les parties génitales, ou humiliées sexuellement. Certains viols ont eu lieu dans les locaux dun institut technique à Cocody, à lEcole nationale de police, et à la gendarmerie de Youpougon.138 En dépit de lindignation nationale et internationale soulevée par ces abus sexuels de 2000, des atrocités contre des membres du RDR et leurs familles se sont poursuivis, ressurgissant en 2002 quand la guerre a éclaté, et continuant tout au long du conflit. A partir de 2002, des femmes associées au RDR ont continuées à être agressées sexuellement par les forces pro-gouvernementales, parfois dans un contexte dintimidation des membres du RDR en général. Quant à ce contexte, une Commission denquête des Nations Unies,139 chargée denquêter sur les atteintes aux droits humains en Côte dIvoire de 2002 à 2004, a produit un rapport bloqué aux Nations Unies et na pas été publié. Dans une version non officiellement divulguée de ce rapport, la Commission denquête faisait état de nombreux assassinats politiques de dirigeants du RDR. Un groupe éminent de défense des droits humains, le Mouvement Ivoirien des Droits de lHomme, a documenté environ 300 assassinats de militants du RDR pour la seule période qui a suivi la rébellion.140 Les entretiens menés par Human Rights Watch avec des victimes, des témoins et des leaders du RDR laissent penser que ces attaques étaient parfois accompagnées dagressions sexuelles contre des partisans du RDR et les membres féminins de leurs familles. Human Rights Watch a reçu de nombreux rapports et documenté sept cas de 2002 à 2006 dans lesquels des victimes dabus sexuels semblent avoir été prises pour cibles du fait de leur affiliation au parti du RDR, ou de celle dun membre de leur famille. Par exemple, une femme dont la famille était active au RDR a raconté la façon dont des mercenaires libériens et des gendarmes ivoiriens lavaient violée collectivement devant son mari et puis lavait tué, après lavoir accusé dêtre un « traître. » Lagression a eu lieu fin 2002 quand les forces pro-gouvernementales ont repris la ville de Daloa aux rebelles. Selon la Commission denquête des Nations Unies, de nombreux partisans du RDR ont été pris pour cibles à cette époque, pendant un massacre commis par les forces pro-gouvernementales à Daloa. La survivante du viol a dit à Human Rights Watch quelle avait vu de nombreux corps dautres personnes tuées et quelle pensait que dautres femmes avaient été violées comme elle, du fait de leur affiliation au RDR ou de leur soutien présumé aux rebelles.
Human Rights Watch a documenté deux cas particulièrement graves dans lesquels des femmes dont les beaux-parents étaient des responsables du RDR sembleraient avoir été prises pour cibles dabus sexuels. Dans les deux cas, au moins un partisan du RDR dans leur famille avait été assassiné. La première femme a raconté à Human Rights Watch comment au début de la guerre elle avait été détenue illégalement, emprisonnée et violée collectivement à plusieurs reprises par huit hommes armés à Abidjan quelle na pas pu identifier. Elle pensait quils la punissaient à cause de lactivisme politique de son beau-père au RDR :
La deuxième femme dont le beau-père et deux beaux-frères ont été tués a aussi été détenue dans une prison officieuse, clandestine, semblable. Elle a expliqué comment elle avait été attaquée, battue, kidnappée, incarcérée et violée collectivement pendant trois jours, tandis que son mari fut blessé et que ses jeunes enfants durent se débrouiller par eux-mêmes. Plusieurs personnes interrogées ont dit que des femmes avaient été violées dans leurs maisons et surtout dans des quartiers du RDR, en même temps que les hommes avaient été emmenés pour être tués. Une femme qui résidait dans un bastion du RDR à Abidjan a raconté à Human Rights Watch une descente chez elle fin 2002, peu après que Bouaké a été pris par les rebelles. Au cours de cet évènement traumatique, des forces pro-gouvernementales portant des uniformes de treillis ont arrêté et « disparu » son mari qui était un membre actif du RDR, ont violé plusieurs femmes, dont une qui était enceinte, et ont blessé ou tué des voisins, aussi militants du RDR :
Les violences sexuelles commis à lencontre de parents de membres importants du RDR semblent avoir été conçus pour punir et terroriser des familles et des communautés toutes entières, peut-être pour tenter daffaiblir leur soutien au parti dopposition. Une autre survivante, dont la famille était musulmane et dont certains des parents étaient dorigine malienne, a raconté lattaque menée contre sa famille par des forces pro-gouvernementales en uniforme à Daloa dans le but de découvrir lendroit où se trouvait leur frère, militant du RDR. Au cours de lattaque, sa sur aînée a été violée par sept « loyalistes » et elle-même a été menacée de viol, frappée à coups de fusil et elle a eu le bras cassé.
Des représentants du RDR, des membres de la société civile, et des ONG locales et internationales ont dit à Human Rights Watch quils pensaient que les femmes et les filles appartenant à des groupes considérés comme partisans des rebelles ou de lopposition politique étaient particulièrement vulnérables aux violences sexuelles de la part des forces de sécurité et de leurs partisans pendant les crises politiques. 146 Beaucoup de ces attaques ont eu lieu dans les quartiers dAbidjan de Sadiba, Adjamé, Abobo, Youpougon et Treichville, qui ont dimportantes populations de Dioulas, de musulmans, et de personnes dorigine étrangère, et sont de ce fait considérés à tort ou à raison par la plupart des acteurs du conflit ivoirien comme des bastions du parti RDR et comme sympathisants des Forces Nouvelles. Femmes prises pour cibles par la FESCIHuman Rights Watch a documenté plusieurs cas dabus sexuel et dexploitation sexuelle perpétrés par le groupe étudiant militant progouvernemental de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte dIvoire (FESCI). La FESCI est devenu de plus en plus violente avec laggravation de la crise ivoirienne à la fin des années 90 et est férocement loyale à présent au gouvernement du Président Gbagbo. Entre autres, la FESCI fut dirigée dantan par le leader des Jeunes patriotes, Charles Blé Goudé (un des trois individus en Côte dIvoire à avoir été sanctionné par les Nations Unies), et par Guillaume Soro (chef des Forces Nouvelles, et occupant actuellement le poste de Premier Ministre). Des étudiants, journalistes, diplomates, et défenseurs des droits humains ont dit à Human Rights Watch quen plus de répandre la terreur, la FESCI est devenue de fait une « mafia » qui utilise la violence pour contrôler lactivité économique sur le campus universitaire, avec une main mise absolue sur lattribution de logements et de marchés sur le campus, apparemment sans crainte de devoir rendre de comptes.147 Dans des rapports précédents, Human Rights Watch a documenté comment la FESCI sétait livrée à des actes fréquents de harcèlement, dintimidation et de violence contre les étudiants et autres groupes jugés par elle comme étant des partisans de lopposition ou des Forces Nouvelles sur les campus universitaires et ailleurs à Abidjan.148 Ces pratiques ont réduit à la clandestinité lassociation étudiante rivale, lAssociation générale des élèves et étudiants de la Côte dIvoire (AGEE-CI). Des membres de lAGEE-CI ont affirmé à Human Rights Watch que bien quils signalent régulièrement les incidents de harcèlement et dabus à la police, aucun fesciste na été poursuivi ou puni pour ces crimes jusquici. Dans un entretien de juillet 2005, le leader de la FESCI, Serge Koffi Yao, a justifié les attaques en prétextant que « lAGEE-CI nest pas une organisation étudiante et nous ne pouvons pas les laisser se réunir sur le campus. Cest une organisation rebelle créée dans la zone rebelle et qui cherche à étendre ses tentacules jusquà luniversité. »149 Plusieurs organisations locales des droits humains ont déclaré à Human Rights Watch quelles avaient peur de donner suite et de rendre publics les signalements de violences sexuelles et autres agressions sur le campus perpétrées par la FESCI, pour des raisons de sécurité. 150 Si Human Rights Watch a documenté plusieurs cas dabus sexuels de la part de membres de la FESCI, nous pensons que le nombre et la fréquence des abus sexuels commis par ces individus est probablement très sous-estimé en raison des tabous comme de la peur des représailles. Les entretiens de Human Rights Watch indiquent que des membres de la FESCI, dont au moins un « général » de la FESCI, ont été impliqués dans des actes de violence sexuelle. Par exemple, en juin 2005, une étudiante de lAGEE-CI a été violée collectivement et brutalement sur le campus de Cocody à Abidjan, explicitement du fait de son militantisme à lAGEE-CI.
Une organisation locale des droits humains a documenté le viol collectif dune autre étudiante militante dun parti dopposition par deux membres de la FESCI (dont un quelle a pu identifier) près de chez elle à Abidjan, peu après avoir participé à une manifestation antigouvernementale le 25 mars 2004. Cette étudiante a fait une déposition écrite et détaillée auprès de lONG, et que Human Rights Watch a vue. LONG a confirmé quil ny avait eu aucune suite policière ou judiciaire de cette affaire.152 Trois étudiantes ont affirmé à Human Rights Watch quelles sont fréquemment victimes de harcèlement sexuel et dintimidation de la part de la FESCI, et ont dit quelles pensaient que beaucoup dautres femmes subissaient les mêmes menaces et les mêmes abus, surtout celles qui sont particulièrement belles.153 Cette affirmation a reçu lécho dun responsable du syndicat étudiant dopposition, lAGEE-CI.154 Selon les trois étudiantes interrogées individuellement par Human Rights Watch, et un entretien de groupe avec sept étudiantes, la FESCI est aussi impliquée dans une pratique généralisée dexploitation et du harcèlement sexuel des étudiantes sur le campus. Les étudiantes ont dépeint un système de domination de la FESCI étendue à tout le campus, dans lequel des étudiantes peuvent être contraintes ou induites à avoir des relations sexuelles avec des représentants de la FESCI. Elles ont expliqué que limpunité pour ces agressions est alimentée par le contrôle de la FESCI sur la distribution des chambres à la résidence universitaire. Les étudiantes interrogées ont aussi expliqué que les étudiantes les plus belles couraient le plus de risques : « Si tu es vraiment jolie et ils te veulent, cest difficile de refuser ils peuvent te créer beaucoup de problèmes, » a dit une étudiante qui a refusé de dire son nom ou son âge.155 Le Réseau intégré dinformation régionale de lONU a cité une étudiante en droit déclarant « Dès quune fille leur plaît, ils envoient leurs types la chercher. Si elle refuse de se soumettre à eux, elle est expulsée de la résidence et empêchée daller sur le campus pour suivre ses cours. » 156 Quand Human Rights Watch a demandé à un groupe détudiantes comment elles pouvaient contacter ladministration de lécole pour obtenir une protection, contre des harcèlements sexuels, ou comment elles pouvaient signaler un pareil comportement pour obtenir des sanctions, les étudiantes interrogées se sont toutes mises à rire, et lune delles a déclaré à Human Rights Watch : « Vous plaisantez ! Luniversité ne fera rien. » 157 De fait, les membres de la FESCI peuvent attaquer non seulement les étudiantes, mais aussi des professeurs et des cadres administratifs en toute impunité. Entre autres, un professeur a été défiguré lors dune agression de la FESCI, ce qui a poussé ses collègues à arrêter le travail pendant deux semaines.158 Un autre exemple : en février 2007, le directeur de lUniversité de Cocody nouvellement nommé et désigné par le ministère, a été battu par des membres présumés de la FESCI le jour même où il devait prendre ses fonctions, et a été gravement blessé à la tête. Abus sexuels généraux facilités par limpunité et le conflitLa nature prolongée de la crise politico-militaire ivoirienne a accru la vulnérabilité des femmes et des filles à de diverses formes de violence sexuelle et dexploitation, y compris le viol par les civils, la prostitution des enfants, les abus sexuels commis par des enseignants, le mariage précoce et forcé, et les violences domestiques. De nombreuses femmes et filles ont expliqué à Human Rights Watch quelles avaient été amenées à faire le commerce du sexe ou à subir des relations abusives du fait de la pauvreté accrue causée par le conflit. Les viols où les criminels sont inconnus et semblent être des civils ou des hommes armés sans affiliation évidente gouvernementale ou rebelle, sont semble-t-il de plus en plus élevés depuis la crise. De nombreux cas dagression et dexploitation sexuelles semblent avoir été facilités par leffondrement du système juridique, la prolifération des armes, et le climat dimpunité générale. Les déplacements et la pauvreté entraînés par le conflit en Côte dIvoire ont alimenté une augmentation importante de la prostitution, de lexploitation sexuelle, et des abus sexuels à lencontre des femmes et des enfants les plus vulnérables. On estime que la guerre a déplacé environ 1,7 million de personnes au sein du pays, et des centaines de milliers dautres à létranger, souvent dispersant des familles, endommageant les réseaux qui les protègent traditionnellement et laissant les femmes ou les enfants se débrouiller subvenir seuls aux besoins des enfants qui sont souvent à leur charge, avec la responsabilité financière de la gestion des ressources du ménage. Les personnes déplacées à lintérieur comme à lextérieur du pays semblent être particulièrement vulnérables aux abus sexuels et à lexploitation sexuelle. Avec des taux de croissance économique moyens denviron 7 pour cent pendant les 20 premières années de son indépendance, la Côte dIvoire faisait lenvie des pays du monde en développement.159 Cependant, son économie a été gravement endommagée par la guerre et par dautres causes, appauvrissant des millions divoiriens.160 De nombreuses femmes et filles se sont donc livrées au sexe de survie (sexe contre de largent, de la nourriture ou des services pour leurs familles ou pour elles-mêmes). Une adolescente, qui avait 11 ans quand la guerre a commencé, a expliqué quaprès avoir été séparée de sa famille pendant la guerre, elle est devenue dépendante dun homme qui a fini par devenir son « mari. »
Les représentants dorganisations humanitaires nationales et internationales ont reconnu à lunanimité quil y a une augmentation spectaculaire du sexe de survie et de lexploitation sexuelle, quils estiment être la conséquence directe de la pauvreté croissante et des déplacements massifs de populations.162 Plusieurs organisations de défense des droits de lenfant ont fait état de laugmentation du nombre denfants concernés par le commerce du sexe, et ont identifié des filles qui le pratiquent régulièrement à partir de 12 ans, et certaines ayant à peine 8 ans. Un représentant du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) a souligné que les personnes déplacées étaient particulièrement vulnérables, même après leur déplacement initial.163 En échange contre le sexe, beaucoup de femmes et de jeunes filles reçoivent de près petites sommes dargent (1000 CFA,164 ou 2 $US) ou des denrées alimentaires, par exemple un paquet de biscuits, ou une assiette de nourriture. Dautres reçoivent des vêtements, des téléphones portables, du parfum ou des montres. Un représentant dOCHA basé dans la ville de Man à louest du pays a expliqué que certaines femmes et jeunes filles vendaient leur corps pour aussi peu quun repas : « Des femmes et des adolescentes vont passer la nuit avec un homme contre un plat de atchéké [un plat à base de manioc] ».165 Une femme qui a subi un viol collectif en 2002 commis par des forces pro-gouvernementales qui ont aussi assassiné son mari, se livre maintenant au sexe de survie :
14 Rapport dune organisation locale [nom et détails dissimulés par Human Rights Watch], Côte dIvoire, 2004. 15 Entretien de Human Rights Watch avec un responsable dune organisation humanitaire locale qui a été actif dans de nombreuse associations locales, Danané, Côte dIvoire, Septembre 2006. 16 Ibid. 17 Le Décret 2000-133 du 23 février 2000 relatif à lorganisation du Ministère de la Famille, de la femme et des affaires sociales a créé un Comité national de lutte contre la violence à légard des femmes et des enfants. 18 Entretiens de Human Rights Watch avec des activistes locaux des droits des femmes qui ont assisté à des présentations du Ministère de la Famille, de la femme et des affaires sociales et du Ministère de la Solidarité et des victimes de guerre, Man, Côte dIvoire, Septembre 2006. 19 Ibid. 20 Les Accords de paix de Marcoussis et dAccra ont réduit le conflit armé en Côte dIvoire, et des hommes et des femmes ont commencé peu après à sauto démobiliser. 21 Entretien de Human Rights Watch avec un membre du personnel dune organisation humanitaire internationale, Man, Côte dIvoire, Septembre 2006. 22 Ibid. Les chiffres les plus bas sont enregistrés à Blédi Deya avec 28 pour cent de mères adolescentes parmi les filles interrogées. Les autres chiffres sont les suivants : Danané, 37 pour cent ; Zeaglo, 53 pour cent ; Bloléquin, 70 pour cent ; et Toulepleu, 75 pour cent. 23 La fraternité des dozos na pas déquivalent dans le monde occidental. La personne dun dozo chevauche plusieurs rôles : chasseurs, guérisseurs, magiciens, il inspire la crainte et fait partie dune confrérie prestigieuse. Le rôle des dozos a une tradition centenaire, mais sest quelque peu estompé pendant la construction des États post-coloniaux. Limportance des dozos émergea de façon plus prononcée à travers la sous région avec les guerres brutales des 1990s. Au Libéria et au Sierra Léone, les kamajors qui ressemblent de près au dozos se transformèrent en groupe armé incontournable durant les guerres de ces pays respectifs. 24 Entretien téléphonique de Human Rights Watch avec Alain Lobognon, Secrétaire National à la Communication, le 10 avril 2007 ; Entretiens de Human Rights Watch avec un ancien porte parole : Aux alentours du mois de mars 2003, les leaders du MPCI à Bouaké ont envoyé des troupes pour expulser ou tuer les combattants libériens et sierra léonais à louest, ainsi que leurs chefs « Félix Doh » (Ndri Koffi NGuessan) et Sam Bockarie, soi-disant parce que ces forces étaient responsables pour de nombreuses violations graves qui étaient devenus une influence négative sur limage des Forces Nouvelles. Le MPCI aurait mobilisé la Compagnie Guépard venue du nord sous le commandement de leur chef de guerre Chérif Ousmane pour aller à louest ou ils expulsèrent et tuèrent les combattants étrangers du MPJ et MPIGO, assassinant même leur leader Félix Doh. Guillaume Soro aurait apparemment accompagné Ousmane à Danané, pour présenter Ousmane à la population, et demander le soutien des habitants. 25 Entretien enregistré en vidéo [archivé par Human Rights Watch], Libéria, Octobre 2006. 26 Ibid. 27 Entretien de Human Rights Watch et correspondance électronique, Monrovia, Libéria, Octobre 2006. 28 Entretiens de Human Rights Watch, Monrovia, Libéria, Octobre 2006. 29 Entretien de Human Rights Watch, Monrovia, Libéria, Octobre 2006. 30 Entretien de Human Rights Watch, Comté de Nimba, Libéria, Octobre 2006. 31 Entretien de Human Rights Watch, Monrovia, Libéria, Octobre 2006. 32 Entretien téléphonique de Human Rights Watch, Côte dIvoire, Septembre 2006. 33 Entretien téléphonique de Human Rights Watch avec des sage femmes, Danané, Côte dIvoire, Septembre 2006. 34 Ibid. 35 Ibid. 36 Entretien de Human Rights Watch, Libéria, Octobre 2006. 37 Entretien de Human Rights Watch, Monrovia, Libéria, Octobre 2006. 38 Entretien de Human Rights Watch, Libéria, Octobre 2006. 39 Entretien de Human Rights Watch, Côte dIvoire, Septembre 2006. 40 Entretien de Human Rights Watch, Monrovia, Libéria, Octobre 2006. 41 Entretien de Human Rights Watch, Monrovia, Libéria, Octobre 2006. 42 Entretien de Human Rights Watch, Man, Côte dIvoire, Septembre 2006. 43 Entretien de Human Rights Watch, Monrovia, Libéria, Septembre 2006. 44 Ibid. 45 Entretien de Human Rights Watch, Comté de Nimba, Libéria, Octobre 2006. 46 Entretien de Human Rights Watch, Bamako, Mali, Octobre 2006. 47 Rapport dune organisation humanitaire internationale, qui a préféré garder lanonymat, fondé sur une étude de mars à juin 2006 sur la réinsertion dans la communauté de filles ayant été associées à différents groupes armés dans louest de la Côte dIvoire, document non publié [ci-après, Réinsertion danciennes filles soldats, archivé par Human Rights Watch]. 48 Ibid. 50 Entretien de Human Rights Watch avec un membre du personnel dune organisation humanitaire internationale, Man, Côte dIvoire, Septembre 2006. 51 Entretien de Human Rights Watch, Monrovia, Libéria, Octobre 2006. 52 Entretien de Human Rights Watch, Côte dIvoire, Septembre 2006. 53 Entretien de Human Rights Watch, Côte dIvoire, Septembre 2006. 54 Entretiens de Human Rights Watch avec un membre du personnel dune organisation humanitaire locale, Man, Côte dIvoire, Septembre 2006. 55 Entretien de Human Rights Watch, Monrovia, Libéria, Octobre 2006. 56 Entretien de Human Rights Watch, Côte dIvoire, Septembre 2006. 57 Ibid. 58 Entretien de Human Rights Watch avec un membre du personnel dune organisation humanitaire locale, Man, Côte dIvoire, Septembre 2006. 59 Entretien de Human Rights Watch avec un ancien porte-parole des rebelles , Monrovia, octobre 2006. 60 Entretiens de Human Rights Watch avec des responsables de réfugiés ivoiriens, Libéria, Octobre 2006. 61 Entretien de Human Rights Watch avec plus dune dizaine de membres du personnel dune organisation humanitaire internationale, Man, Côte dIvoire, Septembre 2006. 62 Les rapports sur dautres meurtres de femmes et de filles enlevées par des forces fidèles au président libérien dalors, Charles Taylor, méritent plus ample investigation. Ces rapports suggèrent que beaucoup de femmes et de filles enlevées ivoiriennes et autres pourraient avoir été tuées dans la ville libérienne de Ganta, quand les forces gouvernementales libériennes, agissant semble-t-il sur les ordres du président libérien dalors Charles Taylor, ont assassiné son ancien allié. 63 Entretien de Human Rights Watch et correspondance email, Monrovia, Libéria, Octobre 2006. 64 Entretien de Human Rights Watch, Côte dIvoire, Septembre 2006. 65 Entretien de Human Rights Watch, Monrovia, Libéria, Septembre 2006. 66 Entretien de Human Rights Watch avec un ancien porte-parole des rebelles, Monrovia, Liberia, October 2006. 67 Entretien de Human Rights Watch, Côte dIvoire, Septembre 2006. 68 Entretien de Human Rights Watch avec un membre du personnel dune organisation de femmes locale, Danané, Côte dIvoire, Septembre 2006. 69 Entretiens de Human Rights Watch avec un membre du personnel dune organisation locale, Man, Côte dIvoire, Septembre 2006. 70 Entretiens de Human Rights Watch avec un membre du personnel dune organisation locale, Man, Côte dIvoire, Septembre 2006. 71 Entretien de Human Rights Watch avec Joseph Djitro, membre du personnel du Haut commissariat des Nations Unies aux Réfugiés (UNHCR), Guiglo, Côte dIvoire, 29 septembre 2006. 72 Entretiens de Human Rights Watch, Abidjan, Côte dIvoire, Septembre 2006. 73 Entretiens de Human Rights Watch, Abidjan, Côte dIvoire, Septembre 2006. 74 Entretien de Human Rights Watch, Comté de Nimba, Libéria, Octobre 2006. 75 ONUCI, Division des Droits de lHomme, Situation des droits de lhomme en Côte dIvoire, Rapport n° 6, mai juin juillet - août 2006, publié en 2007. Ce rapport nota que la situations des droits humains est particulièrement alarmante dans la Zone de confiance, où les violences intercommunale et interethnique continuent de plonger la population dans une insécurité rampante, avec des criminels, des hommes armés, des milices appelées "Cocos taillés", des Dozos, et dautres groupes armés agissant dans une impunité totale. LONUCI a signalé des assassinats, des meurtres, des extorsions et des vols, des enlèvements, des disparitions, et autres atteintes à lintégrité physique dans la Zone de confiance, qui continuent à déclencher le déplacement forcé des populations. Dans les zones rebelles, lONUCI a constaté de fréquentes exécutions sommaires et détentions despions supposés, et a reçu des signalements de viols. 76 Entretien de Human Rights Watch avec des représentants de la société civile et des travailleurs humanitaires actifs dans la partie de la Côte dIvoire sous contrôle des rebelles, Côte dIvoire, Septembre 2006. 77 LOpération des Nations Unies en Côte dIvoire (ONUCI) a remplacé la Mission des Nations Unies en Côte dIvoire (MINUCI) le 4 avril 2004. 78 Entretien téléphonique de Human Rights Watch avec Alain Lobognon, Secrétaire national des Forces Nouvelles aux Communications, 10 avril 2007. 79 ONUCI, Division des Droits de lHomme, Situation des droits de lhomme en Côte dIvoire, Rapport n° 6, mai juin juillet - août 2006, publié en 2007, p. 21. 80 Entretiens de Human Rights Watch avec la responsable dune organisation locale des femmes, Abidjan, Côte dIvoire, Septembre 2006. 81 ONUCI, Division des Droits de lHomme, Rapport sur la Situation des droits de lhomme en Côte dIvoire, janvier février mars avril 2006, publié en juin 2006. pp. 31-36; ONUCI, Division des Droits de lHomme, Rapport sur la Situation des droits de lhomme en Côte dIvoire, août septembre octobre novembre décembre 2005, publié en février 2006, pp. 27-29; ONUCI, Division des Droits de lHomme, Rapport sur la Situation des droits de lhomme en Côte dIvoire, mai juin juillet 2005, publié en octobre 2006, pp.29-33. 82 Human Rights Watch, Pris entre deux guerres, pp 24-25. 83 Ibid, p. 24. 84 Les groupes ethniques considérés comme fidèles au gouvernement ou simplement hostiles aux Forces Nouvelles pouvaient inclure les Baoulés, les Bétés, les Guérés, ou les Krous. 85 Au cours de la prise de contrôle par les rebelles du nord et du centre de la Côte dIvoire en septembre et octobre, de nombreuses atrocités ont été commises. Le nombre de violations des droits humains reste difficile à calculer. Les rebelles auraient arrêté et tué de grands nombres et peut-être des centaines de personnes affiliées à la police et au gouvernement. Les forces pro-gouvernementales ont alors brièvement repris la ville de Bouaké et la région environnante, procédant à des exécutions sommaires de nombreux partisans présumés des rebelles, brûlant et exposant leurs corps dans les rues. Quelques jours plus tard, le 8 octobre 2002, quand les rebelles ont repris définitivement Bouaké, ils ont commis des exécutions similaires en représailles, prenant pour cible aussi bien les forces pro-gouvernementales armées que les civils qui avaient montré leur soutien au gouvernement. Ces atrocités ont déclenché un déplacement massif de population. On évalue à environ 200 000 au moins le nombre de personnes qui ont fui la seule ville de Bouaké, beaucoup appartenant au groupe ethnique des Baoulés ou à dautres groupes originaires du sud, qui ont fui en partie de peur que les rebelles, appartenant surtout aux Sénoufous ou à dautres groupes ethniques du nord, ne commettent des exactions contre eux. Voir Human Rights Watch, Pris entre deux guerres . 86 Entretien de Human Rights Watch avec un responsable dune organisation humanitaire locale, Korhogo, Côte dIvoire, octobre 2006. 87 Entretiens téléphoniques de Human Rights Watch avec des sages-femmes et des travailleurs sociaux qui avaient été basés à Yamoussoukro, septembre 2006-mars 2007. 88 Amnesty International, « Côte dIvoire Les femmes, victimes oubliées du conflit, » AI Index: AFR 31/001/2007, 15 mars 2007, http://web.amnesty.org/library/Index/ENGAFR310012007. 89 Ibid. 90 Ibid, p. 10. 91 Ibid. 92 Ibid. 93 Un crime particulièrement flagrant attribué au commandant Fofié est le massacre bien documenté en juin 2004 de plus de 100 personnes, des combattants rebelles dissidents pour la plupart, dont il a été établi quune soixantaine sont morts de suffocation, après avoir été enfermés dans des containers de marchandises pendant plusieurs jours, sans eau ni nourriture. Voir, Commission denquête internationale sur les allégations de violations des droits de lhomme en Côte dIvoire, Rapport sur la situation des droits de l'homme en République de Côte dIvoire depuis le 19 septembre 2002 jusquau 15 octobre 2004 conformément aux dispositions de lannexe VI de lAccord de Linas-Marcoussis et à la Déclaration du Président du Conseil de Sécurité du 25 mai 2004, (PRST/2004/17), p. 38. (dorénavant cité comme « Commission denquête, Rapport sur la situation des droits de l'homme). 94 « Côte dIvoire : Profils de trois ivoiriens faisant face aux sanctions onusiennes » (Côte dIvoire: Profiles of three Ivorians facing UN sanctions,) IRIN, 8 février 2006, disponible à http://www.globalsecurity.org/military/library/news/2006/02/mil-060208-irin04.htm. 95 Entretien téléphonique de Human Rights Watch avec un membre du personnel dune organisation humanitaire locale, Abidjan, Côte dIvoire, 16 janvier 2007. 96 Les zones qui ont été le plus durement touchées dans louest et le sud de la Côte dIvoire semblent être les régions administratives des 18 Montagnes, Moyen Cavally, Bas-Sassandra, et Haut-Sassandra, et les villes de Duékoué, Guiglo, Blolequin, Toulepleu, Tai, Tabou, Vavoua et Daloa. 97 Human Rights Watch, Pris entre deux guerres , p. 7-8. Human Rights Watch et dautres ont documenté bon nombre de ces crimes, par exemple le massacre de plus de 60 civils par des mercenaires libériens et des troupes gouvernementales à Bangolo début mars 2003, le massacre de plus de 50 civils à Daloa en octobre 2002, et le massacre dune centaine de civils à Monoko Zohi en novembre 2002. 98 Human Rights Watch, Côte dIvoire : Le coût de limpasse politique pour les droits humains , Décembre 2005, disponible en ligne à http://hrw.org/backgrounder/africa/Côte1205/index.htm. 99 Ibid. 100 Ibid. 101 Human Rights Watch a déjà documenté la prolifération des milices pro-gouvernementales, ainsi que leur rôle et leur pouvoir croissant, dans des recherches antérieures. Voir, Human Rights Watch, Côte dIvoire Les milices commettent des abus en toute impunité, 27 novembre 2003, disponible en ligne à http://hrw.org/english/docs/2003/11/27/cotedi6541.htm. 102 Human Rights Watch, Le coût de limpasse politique pour les droits humains. 103 Le nom « Lima » vient peut-être du fait que Lima est le code dans lalphabet radio pour la lettre « L » utilisée pour désigner les libériens. 104 Une combinaison de forces rebelles sest emparée de Man le 28 novembre 2002. Le gouvernement a contre-attaqué et a réussi à reprendre Man le 30 novembre 2002. Les forces loyalistes ont alors tenu Man pendant deux semaines au moins, jusquà ce que la ville soit reprise par les rebelles le 19 décembre 2002. 105 Entretien de Human Rights Watch avec la présidente dune association de femmes, Bamako, Mali, Octobre 2006. 106 Entretiens de Human Rights Watch avec des travailleurs humanitaires et sanitaires, Man, Côte dIvoire, Septembre 2006. 107 Entretien de Human Rights Watch, Comté de Nimba, Libéria, Octobre 2006. 108 Human Rights Watch, Parce quils ont les fusils il ne me reste rien : Le prix de limpunité persistante en Côte dIvoire, Volume 18 No. 4 (A), mars 2006. 109 Entretiens de Human Rights Watch avec un échantillon pris au hasard de 14 femmes Burkinabés qui ont fui la Côte dIvoire à différents moments de la guerre et de la crise, Burkina Faso, Octobre 2006. 110 Joshua A. Strozeski, « Le rôle des conflits fonciers dans les conflits entre communautés Bétés et Burkinabées dans la région forestière du centre ouest de la Côte dIvoire », (The Role of Land Ownership in Localized Conflicts Between Bété and Burkinabé Households in the Central Western Forest Regions of Côte dIvoire) (Washington, D.C.: Thèse rendue au Département détudes africaines de lUniversité de Howard), (Faculty of the Graduate School of Howard University Department of African Studies) document non publié reçu par Human Rights Watch, mai 2006, p. 142. Cette thèse est basée sur des études entreprises à Gboghue, Yokorea, Gripazo, Niapoyo/Koneadougou, Sorohio, à Valua, ainsi quà Abidjan, et ailleurs dans la sous région). 111 Entretien de Human Rights Watch, Burkina Faso, Octobre 2006. 112 Entretien de Human Rights Watch avec Koné Nabalassé, Préfet de police de Korhogo, Korhogo, Côte dIvoire, Octobre 2006. 113 Entretien de Human Rights Watch avec un témoin, Abidjan, Côte dIvoire, septembre 2006. 114 Entretien de Human Rights Watch avec plusieurs leaders du parti RDR, Abidjan, Côte dIvoire, septembre 2006. 115 Entretien de Human Rights Watch avec un témoin, Bamako, Mali, octobre 2006. 116 Human Rights Watch, Côte dIvoire : le gouvernement prend les civils pour cibles, vol. 14, no.9(A), novembre 2002, note de bas de page 20: Informations provenant d'agences humanitaires a Abidjan. 117 Human Rights Watch, Côte d'Ivoire : le gouvernement prend les civils pour cibles, vol. 14, no.9(A), novembre 2002; « Des centaines de soldats ont investi hier des bidonvilles », Le Jour, 12 décembre 2002, p. 2; Human Rights Watch, Pris entre deux guerres , pp. 9-10. 118 Rapport anonyme non publié par une organisation internationale humanitaire, archivé par Human Rights Watch. (Violence sexuelle dans les 18 Montagnes ). 119 Entretien de Human Rights Watch avec des membres du personnel dune organisation humanitaire internationale, Guiglo, Côte dIvoire, 29 septembre 2006. 120 Ibid. 121 Entretien de Human Rights Watch avec un témoin, Comté de Nimba, Libéria, octobre 2006. 122 Entretien de Human Rights Watch avec la présidente dune organisation locale, Abidjan, Côte dIvoire, septembre 2006. 123 Entretien de Human Rights Watch avec des membres du personnel dune organisation humanitaire internationale, Abidjan et Guiglo, Côte dIvoire, septembre 2006. 124 Déclaration non publiée dune victime auprès dune organisation locale de défense des droits humains, archivée par Human Rights Watch, Abidjan, Côte dIvoire, octobre 2005. 125 Entretien de Human Rights Watch avec un témoin, Abidjan, Côte dIvoire, septembre 2006. 126 Entretiens de Human Rights Watch avec des sources demandant lanonymat, des représentants dun groupe local de défense des droits humains impliqué, et la déposition du témoin, Abidjan, Côte dIvoire, septembre 2006. Les officiers consulaires ont dit à Human Rights Watch que le policier impliqué dans cette agression était un récidiviste notoire, qui avait été impliqué dans de nombreux viols alors quil était en service. 127 Entretiens par téléphone et en personne de Human Rights Watch avec la présidente dune organisation locale des droits humains, Bamako, Mali, octobre 2006. 128 Entretiens de Human Rights Watch avec une source voulant rester anonyme, Abidjan, Côte dIvoire, septembre 2006. 129 Entretien de Human Rights Watch avec quatre femmes responsables dune organisation des femmes, Abidjan, Côte dIvoire, septembre 2006. 130 Entretien de Human Rights Watch avec un témoin, Burkina Faso, octobre 2006. 131 Strozeski, Conflits fonciers, pp. 142. 132 Meera Selva, « Des émeutiers violent des européennes qui fuyaient la Côte dIvoire » (Rioters Rape Europeans As They Flee From Ivory Coast), The Independent (UK), 13 novembre 2004; Marie-Amélie Lombard-Latune et Christophe Cornevin, « Des plaintes pour viol déposées en justice ,» Le Figaro, 13 novembre 2004. 133 « Entretien avec le Général Henri Bentégeat, » Europe-1, 12 novembre 2004. 134 Selva, « Des émeutiers violent des européennes qui fuyaient la Côte dIvoire » et Lombard, « Des plaintes pour viol déposées en justice ». 135 Nouvelles à la radio France-Inter, 12 novembre 2004. 136 Deux cent trente-sept plaintes ont été enregistrées au tribunal français de Bobigny (Seine-Saint-Denis, près de laéroport Roissy Charles-de-Gaulle) le 1er février 2005, dont trois pour viol et une pour tentative de viol. Les affaires ont été traitées et étaient en cours au moment de la rédaction de ce rapport. 137 Human Rights Watch, Le nouveau racisme. 138 Ibid. 139 Commission denquête, Rapport sur la situation des droits de l'homme, p. 52. 140 Ibid, pp. 36-37. 141 Pour une discussion sur les listes de noms, voir Human Rights Watch, Pris entre deux guerres. Ce rapport de Human Rights Watch nota que le fait de prendre pour cibles les sympathisants de lopposition politique et les sympathisants présumés des rebelles a parfois été accompli avec préméditation et planification. De nombreux témoins ont affirmé à Human Rights Watch quil existait des listes de noms circulant entre les unités des forces armées gouvernementales à Daloa, Guiglo, Vavoua et ailleurs. Dans plusieurs cas, des témoins ont pris la fuite après avoir été avertis de lexistence de ces listes par des contacts amicaux quils avaient dans le gouvernement. Dans la plupart des cas, ces listes semblent avoir été créées avec laide de villageois locaux et de citadins favorables au gouvernement. Dans certains cas cependant, les noms sur les listes ont pu provenir dAbidjan. 142 Entretien de Human Rights Watch, Bamako, Mali, octobre 2006. 143 Entretien tourné en vidéo au Mali et archivé par Human Rights Watch, octobre 2006. 144 Entretien de Human Rights Watch avec un témoin, Bamako, Mali, Octobre 2006. 145 Entretien de Human Rights Watch avec un témoin, Bamako, Mali, octobre 2006. 146 Entretien de Human Rights Watch avec des sources voulant rester anonymes, Abidjan, Côte dIvoire, septembre 2006. 147 Human Rights Watch, Parce quils ont les fusils, Note de bas de page 41: Entretiens de Human Rights Watch avec des diplomates, des journalistes et des défenseurs des droits humains, Abidjan, septembre - octobre 2005. 148 Human Rights Watch, Le coût de limpasse politique pour les droits humains ; Human Rights Watch, Parce quils ont les fusils. 149 « Côte dIvoire: Le campus universitaire divisé par des violences politiques » (Côte dIvoire: University Campus Polarized by Political Violence"), IRIN, 29 juillet 2005. 150 Entretien de Human Rights Watch avec des organisations ivoiriennes de défense des droits humains, Abidjan, Côte dIvoire, septembre 2006. 151 Entretiens de Human Rights Watch, Abidjan, Côte dIvoire, septembre 2006. 152 Entretien de Human Rights Watch avec des représentants dune organisation locale des droits humains], Abidjan, Côte dIvoire, septembre 2006. 153 Entretiens de Human Rights Watch, Abidjan, Côte dIvoire, septembre 2006. 154 Entretien téléphonique de Human Rights Watch avec un responsable du syndicat étudiant dopposition AGEE-CI, Abidjan, Côte dIvoire, septembre 2006. 155 Entretiens de Human Rights Watch, Abidjan, Côte dIvoire, septembre 2006. 156 « Côte dIvoire: Violence sur le campus universitaire » (Côte dIvoire: Violence on University campus,) IRIN, 23 février 2007. 157 Entretiens de Human Rights Watch, Abidjan, Côte dIvoire, septembre 2006. 158 « Côte dIvoire: Violence sur le campus universitaire », IRIN, 23 février 2007. 159 Jean-Claude Berthelemy et François Bourguignon, Le développement et la crise en Côte dIvoire, (Growth and Crisis in Côte dIvoire) (Washington DC: The World Bank Press, 1996). 160 Les autres causes sont la chute du prix du cacao sur le marché mondial, la corruption (Hofnung, Dix clés, p. 9.), et la déforestation la plus rapide dans aucun pays du monde depuis le milieu des années 50 (M. P. E. Parren et N. R. de Graaf, The Quest for Natural Forest Management in Ghana, Côte dIvoire and Libéria, (Wageningen: Wageningen Agricultural University Press, 1995), p. 29., selon lequel le taux moyen annuel de déforestation, en pourcentage de la forêt restante, est passé de 2,4 pour cent en 1956 65 à 7,3 pour cent en 1981 85, soit plus de dix fois la moyenne tropicale globale de 0,6 pour cent. 161 Entretiens de Human Rights Watch avec une mineure victime dexploitation sexuelle, Côte dIvoire, septembre 2006. 162 La quasi-totalité des dizaines de représentants dONG nationales et internationales, interrogés individuellement à propos de la prostitution et de lexploitation sexuelle, ont dit à Human Rights Watch quils estimaient que toutes deux avaient augmenté de façon spectaculaire en 2002, avec le début du conflit, conséquence directe de la pauvreté et des déplacements massifs de population. 163 Entretien de Human Rights Watch avec Joseph Djitro, membre du personnel du Haut Commissariat des Nations Unies aux réfugiés (UNHCR), Guiglo, Côte dIvoire, 29 septembre 2006. 164 Le franc CFA (ou plus familièrement appelé simplement franc) est une devise utilisée dans 12 pays africains autrefois sous domination française, ainsi quen Guinée-Bissau (ancienne colonie portugaise) et en Guinée équatoriale (ancienne colonie espagnole). 165 Entretien de Human Rights Watch avec Boni MPaka, membre du personnel du Bureau de la Coordination des affaires humanitaires (OCHA), Man, Côte dIvoire, 24 septembre 2006. 166 Entretiens de Human Rights Watch, Bamako, Mali, octobre 2006. |