Rapports de Human Rights Watch

Méthodologie

Human Rights Watch a interrogé pour ce rapport 176 survivantes et témoins de violence sexuelle, dont 35 ont été interrogées en petits groupes, les autres ayant été interrogées individuellement. De plus, Human Rights Watch a interrogé plus de 100 représentants d’ONG, des prestataires de services médicaux, des membres des forces de maintien de la paix françaises et des Nations Unies, des diplomates, des membres des Forces Nouvelles, et des représentants du gouvernement, entre autres. Dans le but de garantir une représentation ethnique et régionale équilibrée des victimes et des témoins, la recherche de terrain pour ce rapport a balayé différentes régions de Côte d’Ivoire (Abidjan et ses environs, Guiglo, Duékoué, Man, Danané, Korhogo), le Burkina Faso, le Libéria, le Mali, et le Sénégal. Les recherches se sont déroulées d’août en octobre 2006. De nombreux rapports et études ont aussi été rassemblés et analysés comme matériel de fond.

Pour Human Rights Watch, les abus sexuels sont largement sous-estimés du fait de plusieurs défis méthodologiques, tels que la possibilité de représailles de la part des criminels, la peur de l’ostracisme de la part des familles et des communautés, et les tabous culturels. Les groupes locaux de défense des droits humains ont unanimement signalé que la stigmatisation attachée aux victimes de viol empêchait probablement beaucoup de femmes d’aborder ouvertement ces violations avec une personne étrangère.

La situation sécuritaire tendue, en particulier dans l’ouest de la Côte d’Ivoire, n’a pas facilité les déplacements de Human Rights Watch et a intimidé les partenaires locaux et internationaux. Des attaques contre des ONG locales et internationales, telles que les attaques contre et les incendies de leurs bureaux et des logements de leur personnel, ont aussi entraîné des ruptures d’enregistrement. Ceci a rendu difficile la consultation de la documentation des ONG concernant les cas passés de violence sexuelle.

Des précautions ont été prises auprès des victimes pour s’assurer que leurs entretiens n’allaient pas accroître leurs traumatismes, ni les mettre en danger. Tout en cherchant à recueillir autant d’informations que possible dans chaque entretien, le souci du bien-être de la personne interrogée était toujours primordial. Certains entretiens ont été écourtés de ce fait. Les entretiens ont été essentiellement menés en français, ou dans une des langues locales et traduits en français par une interprète. Dans la plupart des entretiens, seules des femmes étaient présentes.

Les noms de tous les témoins et de la plupart des membres du personnel des organisations humanitaires nationales et internationales ont été dissimulés afin de protéger leur identité, leur vie privée et leur sécurité. Des détails des témoignages ont été supprimés là où ils auraient pu aider les criminels à identifier les personnes qui ont eu le courage de s’exprimer.

Human Rights Watch a identifié les victimes et les témoins avec l’aide de nombreuses organisations et a examiné de nombreuses études réalisées par divers partenaires sur le terrain en Côte d’Ivoire, dont beaucoup ont demandé que leurs identités et leurs rapports restent confidentiels. Les consultations auprès de ce large éventail d’acteurs ont permis une compréhension plus complète du phénomène de la violence sexuelle en Côte d’Ivoire.