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IntroductionLa Tunisie est un pays au revenu intermédiaire. Elle bénéficie du produit national brut par habitant le plus élevé après le Liban parmi les pays arabes non exportateurs de pétrole. Malgré sa relative prospérité, ses prisons restent bien en-dessous des normes internationales, comme en attestent le surpeuplement permanent, les mauvaises conditions dhygiène, les mentions fréquentes faites au manque de soins médicaux et le recours abusif à lisolement cellulaire. Le traitement des prisonniers politiques, qui sont quasiment tous des membres réels ou présumés du parti Nahdha ou dautres mouvements islamistes interdits, est particulièrement et délibérément dur. Face aux critiques des conditions de détention dans les prisons tunisiennes, tant au niveau national quinternational, et aux grèves de la faim répétées des prisonniers,4 le gouvernement a, ces cinq dernières années, lancé un certain nombre dinitiatives, de projets de construction et de réformes juridiques qui ont amélioré de façon limitée le régime carcéral des prisonniers. Plus récemment, Béchir Tekkari, Ministre de la Justice et des droits de lhomme, a affirmé le 20 avril au cours dune conférence de presse, « Nous ne voyons pas d'inconvénient pour que les organisations internationales connues pour leur indépendance et leur impartialité effectuent des visites dans n'importe quelle prison du pays. » Il a ensuite estimé que le Comité International de la Croix Rouge (CICR) et le Croissant Rouge étaient des organisations qui remplissaient ces critères mais a exclu Amnesty International et la Ligue Tunisienne des Droits de lHomme (LTDH).5 Permettre au CICR de visiter les prisons serait une étape décisive, même si cette organisation ne rend ordinairement pas publics les résultats de ses enquêtes qui sont confidentiellement transmis au gouvernement concerné. Aucune organisation non gouvernementale de défense des droits humains, quelle soit nationale ou internationale, na été autorisée à faire une inspection des prisons tunisiennes depuis une visite rapide faite en 1991 par la LTDH.6 Le CICR, contacté par Human Rights Watch le 14 juin, a déclaré quil navait pas pour le moment passé daccord avec les autorités tunisiennes pour débuter de telles visites, même si des entretiens entre ces deux parties se poursuivaient. Si les autorités tunisiennes permettent laccès à leurs prisons aux organisations indépendantes, les prisonniers placés en isolement prolongé devraient être les premiers à recevoir la visite de ces organisations. Quelles que soient les raisons données pour justifier lisolement de ces prisonniers (raisons qui, à notre connaissance, nont jamais été rendues publiques officiellement), les conditions de détention auxquelles sont soumis dans les faits les prisonniers en isolement prolongé (absence de toute forme de relations sociales ordinaires, de stimulation mentale raisonnable et denvironnement naturel) peuvent être dangereuses pour leur santé mentale. Cet isolement représente en outre une violation de linterdiction de toutes peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants et, dans certains cas, peut être assimilé à de la torture. Lisolement physique de ces prisonniers est couramment associé à dautres restrictions imposées dans leurs relations avec le monde extérieur. Les lettres sont par exemple censurées et arrivent parfois des mois en retard, voire jamais. Les prisonniers nont souvent pas lautorisation de recevoir des livres et des journaux facilement accessibles en Tunisie. Laccès à la lecture est fréquemment restreint et les appels téléphoniques ne sont pas autorisés. Les prisonniers nont en outre pas accès aux programmes de formation technique et professionnelle ou aux programmes éducatifs proposés par la prison. La nature prolongée et sévère de lisolement cellulaire auquel est soumis ce groupe de détenus, majoritairement composé de dirigeants du parti interdit Nahdha, nous semble moins reposer sur des motifs légitimes liés à la politique pénitentiaire que sur une volonté politique de punir et de démoraliser ces personnes ainsi que décraser la mouvance islamiste quelles représentent. Les responsables du gouvernement ont affirmé à maintes reprises au fil des années que le pays ne détenait dans ses prisons aucun prisonnier politique ou « prisonnier dopinion ». Seuls des criminels traduits en justice et reconnus coupables davoir violé les lois tunisiennes se trouveraient incarcérés. Human Rights Watch conteste cette affirmation pour deux raisons. Premièrement, le parti Nahdha na pas été impliqué dans des actes à caractère violent depuis plus de dix ans. Presque toutes les personnes purgeant une peine de prison en raison dactivités liées au parti Nahdha ont été condamnées sur des chefs dinculpation qui navaient aucun lien avec la violence. Parmi ces chefs dinculpation, citons lappartenance à une organisation « non reconnue », la collecte de fonds, la participation à des réunions ou à des activités non précisées au nom de ces organisations « non reconnues ».7 Deuxièmement, la plupart de ces prévenus et des personnes condamnées pour des crimes plus graves nont pu bénéficier de leur droit à un procès équitable. Dans lexemple le plus probant, près dune centaine des prisonniers toujours incarcérés faisait partie des 265 sympathisants du parti Nahdha qui furent condamnés au cours de deux procès de masse menés devant des tribunaux militaires pour avoir participé à un complot visant à renverser le gouvernement. Les prévenus ont nié lexistence dun tel complot, affirmant que leurs confessions avaient été obtenues sous la torture. Des organisations de défense des droits humains ayant suivi le procès lont qualifié dinéquitable.8 Or les verdicts dans cette affaire nont pu faire lobjet daucun appel et ont tous été confirmés par la Cour de Cassation. Quarante-six prévenus ont été condamnés à la réclusion à perpétuité, même si nombre de ces condamnations ont plus tard été commuées en des peines de trente ans demprisonnement. Les arrestations et les procès de masse des années 1991 et 1992 ont effectivement mis à mal le mouvement Nahdha. Depuis cette période, la quasi-totalité de ses responsables est soit en prison, soit en exil et le mouvement a adopté un profil bas en Tunisie. Des sympathisants présumés du parti Nahdha et dautres groupes islamistes moins importants et moins connus continuent toutefois à être arrêtés et inculpés. Des dizaines dislamistes présumés ont été condamnés au cours de procès arbitraires par des tribunaux militaires à de longues peines demprisonnement pour appartenance à « toute bande formée établie dans le but de préparer ou de commettre un attentat contre les personnes ou les propriétés » (Article 131 du Code pénal). Dautres, alors même que civils, ont été traduits devant des tribunaux militaires, car ils étaient inculpés sur des chefs daccusation liés au « terrorisme », mentionnés dans le code de justice militaire.9 Leur condamnation ne peut faire lobjet daucun appel. Les arrestations et les procès ont continué bien que la Tunisie nait quasiment plus connu de violence politique. Depuis 1991, il ny a eu quun seul attentat meurtrier attribué à des islamistes : en avril 2002, un camion chargé dexplosifs a fait vingt-et-une victimes devant une synagogue à Djerba. Le chauffeur kamikaze était tunisien. Cet attentat a été revendiqué par Al-Qaïda. La plupart des personnes placées en isolement prolongé sont des responsables politiques du mouvement Nahdha qui ont été jugés et condamnés en 1992 lors du procès de masse mentionné ci-dessus. Bien que comploter pour renverser un gouvernement soit un chef dinculpation grave, il ne justifie pas en soi en matière de politique pénitentiaire le placement de ces prisonniers en isolement cellulaire. Si lon met de côté un instant le fait que leur procès a été de toute évidence inéquitable et que les accusation portées à leur encontre nont jamais pu être prouvées, il est important de faire remarquer que ces personnes nont pas été condamnées pour avoir commis des actes de violence. Et même dans le cas où elles auraient été condamnées à lissue dun procès équitable pour des crimes graves, ce fait ne justifierait pas encore leur placement en isolement cellulaire pour des raisons disciplinaires ou de sécurité préventive. Dans les faits, lisolement cellulaire prolongé des prisonniers comme méthode de punition nest pas légal en Tunisie. La loi régissant le système pénitencier limite en effet lisolement cellulaire en tant que mesure disciplinaire à dix jours, et interdit lutilisation de toute sanction qui ne serait pas mentionnée par la loi.10 Il se peut que les responsables des prisons isolent certains détenus préventivement, par exemple pour assurer leur propre protection, à la suite de tentatives dévasion ou de comportements violents et dommageables envers dautres détenus ou envers le personnel pénitentiaire. Mais, à notre connaissance, les autorités tunisiennes nont jamais explicitement justifié lisolement prolongé des prisonniers politiques par ces arguments (les administrations pénitentiaires peuvent aussi placer des détenus en isolement si la santé publique est menacée). Certains anciens prisonniers et certains membres des familles nous ont rapporté quofficieusement il avait été dit ou fait comprendre aux personnes placées en isolement quelles avaient été mises à lécart pour les empêcher dinfluencer les autres prisonniers ou les inciter à provoquer des troubles. Et ce sont les mêmes raisons, estime-t-on, qui expliquent le transfert fréquent des prisonniers politiques dune prison à lautre du pays, pratique qui engendre des difficultés pour les familles ayant à faire des centaines de kilomètres pour des visites qui ne durent guère plus de quinze à vingt minutes. Les autorités pénitentiaires ont un intérêt légitime à empêcher que les prisonniers provoquent des troubles. Toutefois, si cest la raison pour laquelle des prisonniers sont placés en isolement en Tunisie, elle semble plus reposer sur de simples suppositions que sur une étude au cas par cas et régulièrement reconsidérée des véritables implications de ces mesures sur les personnes concernées ainsi que des troubles provoqués au cours de leur détention. En outre, si lobjectif est dempêcher toute incitation à créer des troubles, les autorités pénitentiaires devraient porter leurs mesures sur les discussions et les préparatifs qui pourraient directement générer ces troubles à lintérieur de létablissement pénitentiaire. Mais elles ne devraient pas pénaliser ou isoler les prisonniers pour avoir simplement échangé des opinions ou des informations de nature politique. Les familles des anciens prisonniers que nous avons interrogées nous ont affirmé quelles ne connaissaient aucun prisonnier placé actuellement en isolement prolongé auquel les autorités ont officiellement donné une raison justifiant leur traitement spécial. Ces prisonniers nont pas non plus été officiellement informés de la date à laquelle leur isolement prendra fin ou des procédures qui permettraient sa révision ou son arrêt. Le caractère arbitraire de cet isolement et le fait quaucune issue ne semble exister aggravent la souffrance imposée aux prisonniers pratiquement privés de tout contact humain. Pressions exercées sur les organisations et sur les journalistes publiant des informations sur les conditions de détention en TunisieCe chapitre existe en anglais dans le document original mais na pas été traduit en français. Vous pouvez le consulter à ladresse suivante : http://hrw.org/reports/2004/tunisia0704/ Conditions de détention en Tunisie: modestes améliorationsCe chapitre existe en anglais dans le document original mais na pas été traduit en français. Vous pouvez le consulter à ladresse suivante : http://hrw.org/reports/2004/tunisia0704/ Dix cas de prisonniers en isolementCe chapitre décrit la situation critique dans laquelle se trouvent dix détenus incarcérés dans quatre prisons : neuf sont placés en isolement cellulaire et le dernier en isolement collectif. Les points communs relevés concernant la façon dont ils sont traités sont suffisamment nombreux pour laisser supposer quune politique globale sur lisolement prolongé est élaborée à un niveau hiérarchiquement supérieur à celui de la direction de chaque prison. Les responsables du parti Nahdha sont parmi les prisonniers maintenus en isolation qui subissent le régime le plus sévère et impitoyable. Certains dentre eux nont connu au mieux que de brefs répits dans leur isolement cellulaire depuis leurs arrestations en 1990 et 1991. Ali Laaridh, ancien porte-parole de Nahdha, est père de trois enfants. Daprès son frère, Amer, qui habite à Paris et qui est en contact régulier avec la famille dAli résidant en Tunisie, Ali est en isolement cellulaire depuis quatorze années durant lesquelles il ne lui a été accordé que deux brefs répits.11 Son isolement a été interrompu une première fois au moment de son procès en 1992, lorsquil a passé environ dix jours en cellule de groupe, et une deuxième fois qui a duré deux mois, pendant lété 2002. Aujourdhui détenu à la prison du 9 avril de Tunis, Ali vit dans une petite cellule qui na pas de fenêtre à lexception dun petit judas dans la porte. Selon son frère, Ali na aucun contact humain à part la visite de sa famille le vendredi. Il mange dans sa cellule et ne peut se rendre ni à la bibliothèque ni au gymnase de la prison. Les gardes ne lui adressent pas la parole. Quand on lemmène prendre une douche ou faire son exercice physique quotidien, le personnel pénitencier fait sortir des lieux où il se rend tous les autres prisonniers de façon à ce quAli ne puisse pas les rencontrer. La même opération est réalisée quand Ali se rend dans le parloir où ont lieu les visites des familles. Durant ces visites, deux grilles, à environ un mètre lune de lautre, séparent Ali de ses proches. Au moins quatre gardes sont présents en permanence, deux du côté de sa famille, deux du côté prison ou dans le passage entre les deux côtés. Selon Amer, les visites ne durent jamais plus de dix ou quinze minutes. En général Ali est autorisé à garder la nourriture apportée par sa famille malgré certaines restrictions. Daprès son frère, Ali ne peut ni regarder la télévision ni lire les journaux. Cest dailleurs sa famille qui la mis au courant de la dernière guerre en Irak, quinze jours après quelle ait commencé. Deux ou trois fois par an, il a le droit demprunter un livre à la bibliothèque de la prison, mais les ouvrages datent et le choix est limité. Le nombre de stylos, de feuilles de papier et de cahiers auquel il a droit est strictement limité. Ladministration ne lui donne par exemple quune feuille de papier par semaine. Ali peut recevoir du courrier mais de manière discontinue. Amer nous a affirmé avoir essayé de lui envoyer des mandats, mais ils lui ont été renvoyés, comme si son frère nexistait pas. Amer a gardé les accusés de non-réception comme preuve. Hamadi Jebali était rédacteur en chef du journal du Nahdha Al-Fajr lors de son arrestation en 1990. Il a dabord été condamné à une peine dun an demprisonnement pour « diffamation dune institution judiciaire » dans le cadre de la publication par son journal dun article rédigé par lavocat Mohamed Nouri intitulé « Quand les tribunaux militaires, qui jouent le rôle de tribunaux spéciaux, seront-ils abolis ? ». Alors quil était derrière les barreaux pour ce « crime », il sest trouvé en plus inculpé dans le cadre du procès de masse des responsables du Nahdha accusés davoir fomenté un complot pour renverser le gouvernement. Il a été condamné à quinze ans demprisonnement pour cette affaire.12 La femme de Jebali, Wahida Trabelsi, ne peut lui rendre visite chaque semaine en raison de léloignement de la prison par rapport à son lieu de domicile. Cent vingt kilomètres séparent en effet la ville de Sousse où elle habite et la prison de Sfax. Wahida a raconté à Human Rights Watch quHamadi avait partagé une cellule avec dautres prisonniers pendant les trois années suivant sa condamnation mais quil était maintenu en isolement total depuis dix ans.13 Dans sa cellule, il y a un lavabo et des toilettes mais elle ne sait pas sil y a une fenêtre. Hamadi a une télévision qui capte la chaîne officielle Canal 7 mais pas les autres chaînes regardées partout en Tunisie. Il peut recevoir des journaux, mais uniquement ceux qui sont pro-gouvernementaux. Il a le droit de garder un exemplaire du Coran mais ne peut pas se rendre à la bibliothèque. Hamadi pouvait recevoir et envoyer du courrier régulièrement avant sa grève de la faim entamée au début de lannée 2003. Depuis, nous a précisé Wahida, le courrier met deux à trois mois à lui parvenir. Elle ajoute par ailleurs quà linstar des lettres quil écrit, ladministration pénitentiaire ouvre et lit les lettres quelle envoie. Tout comme Ali Laaridh et les autres prisonniers placés en isolement, Hamadi prend tous ses repas dans sa cellule. Alors que les prisonniers prennent leurs douches en commun, Hamadi et les autres prisonniers placés en isolement cellulaire prennent leurs douches seuls. La promenade quotidienne dHamadi « ne dure pas plus de quinze minutes et a lieu dans une petite cour à lair libre, sans quaucun autre prisonnier ne soit présent » a raconté Wahida. Elle a aussi relaté ses visites : Tout sarrête. Toutes les portes sont fermées et ni mon mari ni moi ne voyons les autres prisonniers. Il y a toujours au moins quatre gardes présents, au moins un derrière moi et trois derrière Hamadi. Il y a une grille entre nous et nous sommes à plus dun mètre lun de lautre. En principe, la visite est censée durer au moins quinze minutes mais les gardes peuvent linterrompre sils désapprouvent notre conversation. La conversation se limite donc à « Ca va ?», « Ca va », ce genre de choses. Karim Harouni a été, comme Hamadi Jebali et Ali Laaridh, reconnu coupable en 1992 à lissue des procès de masse des islamistes et a passé les treize dernières années à être transféré dune prison à lautre. Il a purgé sa peine dans les prisons de Bizerte, de Mehdia, de Messadine, de Sidi Bouzid, de Monastir, dHouareb et se trouve actuellement à la prison de Sfax, à 270 kilomètres de lendroit où habite sa famille, près de Tunis. Ancien secrétaire général de lUnion Générale Tunisienne des Etudiants (U.G.T.E.) à tendance islamiste, Harouni a été condamné à la réclusion à perpétuité par le tribunal militaire. En 2002, cette condamnation a été commuée en une peine demprisonnement de trente ans. Depuis son arrivée à la prison de Sfax le 18 avril 2003, Harouni a été gardé en isolement cellulaire strict, a raconté sa sur, Hend Harouni, à Human Rights Watch.14 Il est enfermé dans sa cellule plus de vingt-trois heures par jour et on lempêche de voir ses co-détenus lors de sa promenade quotidienne et de la visite familiale. La salle dans laquelle il vit na quune petite fenêtre qui ne souvre pas. La famille dHarouni ne peut désormais le rencontrer quune fois par mois en raison du coût et de la longueur du voyage. Les visiteurs sont séparés de leurs proches par une vitre et doivent utiliser des interphones pour se parler. Les lettres, affirme le père de Karim, Amor Harouni, mettent en moyenne deux semaines à lui parvenir, quand elles lui parviennent.15 Hend estime que son frère a passé les quatre cinquièmes des treize dernières années en isolement, dont cinq ans en « isolement collectif » à la prison El Houareb, située à Kairouan, où il partageait une cellule avec deux autres détenus mais où il navait pas le droit de côtoyer les autres prisonniers. Ses proches navaient pas été informés de son transfert de la prison El Houareb à la prison de Sfax en avril 2003. Ils se sont donc inutilement rendus à Houareb où ils ont appris son transfert. Lorsquils ont su que les affaires de Karim avaient été laissées à Houareb, ils ont dû appeler la prison pour quon les fasse suivre. Dans un premier temps, on leur a conseillé de venir les chercher eux-mêmes à Houareb et de les apporter à Sfax. (Kairouan et Sfax sont à plus de 100 kilomètres de distance.) Mais les autorités pénitentiaires ont tout de même fini par faire suivre ses affaires. Selon Hend, lorsque Karim demande une chose simple aux autorités pénitentiaires, soit il est ignoré soit il nobtient ce quil a demandé quau bout de lénième requête. Karim avait par exemple essayé dobtenir pendant des années un exemplaire du livre intitulé Libération et illumination : interprétations du Coran (Tafsir at-Tahrir wa-t-Tanwir), écrit par le célèbre théologien Tahar Ben Achour (1879-1973), livre qui se trouve très facilement dans les librairies tunisiennes. Son père a envoyé de très nombreuses lettres avec accusé de réception aux responsables du centre de détention demandant que ce livre soit donné à son fils. Finalement, selon son père, le directeur de la prison El Houareb a autorisé que le livre acheté par la famille soit transmis au prisonnier, mais seulement chapitre par chapitre, Karim devant rendre le chapitre précédent avant dobtenir le suivant. Cependant, avant même quil ait pu finir la première partie, ladministration a repris le livre. Quand Karim a été transféré à la prison de Sfax, le livre est resté dans les bureaux de ladministration jusquà ce quau terme de nouvelles requêtes de sa part et de celle de sa famille, il soit de nouveau autorisé à le consulter. Il a aussi droit au Coran, ce qui nest pas le cas de certains autres prisonniers en isolement, a précisé Hend. Karim a commencé une grève de la faim le 18 novembre 2003, pour demander la fin de son isolement cellulaire et lamélioration de ses conditions de détention. Il y a mis fin le 8 janvier 2004 sans que la plupart de ses demandes aient été acceptées. Malgré tout, K. Harouni et certains autres grévistes de la faim ont obtenu le placement de postes de télévision dans leurs cellules. Selon Hend, ces télévisions ne captent que la chaîne officielle Canal 7. Le Canal 21 ou la chaîne italienne Rai Uno que beaucoup de tunisiens regardent ne sont pas disponibles. Harouni a aussi le droit de recevoir le quotidien pro-gouvernemental Le Temps. Harouni et dautres responsables du Nahdha incarcérés à la prison de Sfax ont demandé à pouvoir prier ensemble lors des fêtes musulmanes. Cette requête leur a été refusée. Hend a expliqué quil est difficile pour Karim de raconter en détails à sa famille ses conditions de vie ou son quotidien, les gardiens écoutant ce qui se dit pendant leurs visites. Elle a précisé que, daprès ce quelle sait, personne na jamais dit à son frère pourquoi il devait rester en isolement cellulaire ou pourquoi il était transféré sans cesse dune prison à lautre. Bouraoui Makhlouf sest joint à la grève de la faim à la prison Borj al-Amri le 15 décembre 2003. Il nétait arrivé dans cette prison, située à près de 30 kilomètres de Tunis, quun mois auparavant. Avant cela, Bouraoui avait été incarcéré à Houareb, à Monastir, à Mehdia, à Tunis, à Bizerte et à Grombalia. Il a été condamné à lissue des procès de masse de 1992 à la prison à perpétuité, peine commuée plus tard à trente ans demprisonnement. Lépouse de Bouraoui, Souheila Ben Moustapha, affirme que depuis son transfert elle ne peut lui rendre visite quune semaine sur deux car le trajet entre son domicile à Sousse et la prison est trop long et trop onéreux.16 Selon Souheila, la cellule de son mari à Borj al-Amri na pas de fenêtre. Seule la porte a une petite ouverture aux barreaux de fers. Dans la cellule, il y a un lit, une table et des toilettes. Bouraoui a fait une grève de la faim de quarante-sept jours demandant la fin de son isolement cellulaire, le droit de passer plus de temps à lextérieur de sa cellule et une télévision. Il a obtenu linstallation dune télévision dans sa cellule. Souheila a raconté que la promenade de son mari à lextérieur de sa cellule ne dure quun quart dheure, période durant laquelle il ne voit personne et ne parle à personne. Son mari lui a dit que le trajet le plus long quil effectue est le trajet quil fait, escorté, jusquà la salle où il reçoit la visite de ses proches. Là encore, des gardiens écoutent la conversation mais aucun autre prisonnier ou proche de prisonnier nest présent. Avant darriver à Borj al-Amri et dêtre placé en isolement cellulaire, Bouraoui avait passé plusieurs années en isolement collectif, dans une petite cellule avec deux ou trois autres prisonniers, mais sans contact avec le reste de la population carcérale. Avant cela, a affirmé son épouse, il vivait dans une cellule plus grande avec dautres prisonniers. Sahbi Attig, autre responsable du parti Nahdha incarcéré à Borj al-Amri, vit dans des conditions semblables à celles de Bouraoui Makhlouf. Son épouse, Zeinab Mraihi, affirme que sa cellule fait deux mètres sur deux mètres et demi.17 Elle na pas de fenêtre mais le judas de sa porte fait 30 centimètres carrés. Sahbi passe quarante-cinq minutes par jour en dehors de sa cellule dans un couloir qui fait deux mètres sur dix, daprès Zeinab. Elle ajoute quil essaie den profiter pour y faire un peu de gymnastique qui le stimule car sa cellule nest pas assez grande pour cela. Sahbi a participé à une grève de la faim entamée le 15 décembre. Au terme de celle-ci, un poste de télévision a été installé dans sa cellule. Selon Zeinab, son mari est resté en isolement à la prison de Bizerte pendant un moment avant son transfert à Borj al-Amri. Elle a raconté quil vivait dans une cellule de groupe avant son transfert. La fumée de cigarette le dérangeant, il avait daprès elle demandé à être transféré dans une cellule pour prisonniers politiques. Ladministration a préféré le placer en isolement cellulaire. Selon Zeinab, qui habite à Tunis et vit donc à quarante kilomètres de la prison, les visites se déroulent « correctement », mis à part le fait que deux grilles la séparent de son époux et que des gardes sont toujours présents pour écouter leurs conversations. Les colis de nourriture quelle apporte à son mari tous les quinze jours lui sont transmis. Sahbi est maître de conférences. Il avait fini de rédiger sa thèse de doctorat quand ses études ont été interrompues par son arrestation. Condamné à la réclusion à perpétuité, il a vu sa condamnation commuée en peine demprisonnement de trente ans. Abdelhamid Jelassi, ingénieur et dirigeant du Nahdha, est actuellement maintenu en isolement cellulaire à Borj al-Amri dans des conditions semblables à celles de Sahbi Atig et Bouraoui Makhlouf. Dans sa cellule, il y a un lit, une chaise, des toilettes et, depuis la récente grève de la faim, une télévision. Abdelhamid ne rencontre aucun autre prisonnier durant sa promenade quotidienne ou sur son trajet pour se rendre à la salle de bain ou au parloir. Depuis son arrestation en avril 1991, Abdelhamid a fait un certain nombre de séjours en isolement cellulaire (dans la prison du 9 avril et dans celle de Gafsa) et en cellule de groupe. Selon son épouse, Mounia Brahim, le courrier nétait pas distribué pendant sa grève de la faim. Lorsquelle a pris fin, les lettres accumulées lui ont été transmises.18 Abdelhamid purge une peine de trente ans, qui était à lorigine une réclusion à perpétuité. Selon son épouse, il reçoit de quoi lire et la nourriture quelle apporte. Lotfi Snoussi est aussi un responsable du parti Nahdha qui purge une peine de trente ans, après avoir été initialement condamné à la réclusion à perpétuité. Aujourdhui emprisonné à Borj al-Amri, il a été placé en isolement cellulaire le 25 octobre 2003. Il sest joint aux grévistes de la faim peu après son arrivée pour manifester contre les conditions de sa détention. Le premier mai 2004, il a recommencé sa grève de la faim en même temps que Ridha Saïdi (voir ci-dessous) et trois autres prisonniers à Borj el-Amri, pour exiger la fin de leur isolement. Selon Faouzia, sa sur, Lotfi na jamais été informé des raisons pour lesquelles il est placé en isolement. Leur famille sest plainte de la situation par lettres envoyées par courrier recommandé au Directeur des prisons Ridha Boubaker, mais na jamais reçu de réponse. Depuis 1991, Lotfi a connu la prison du 9 avril, celle de Mehdia et celle de Borj er-Roumi. La plupart du temps, il na pas été détenu en isolement cellulaire. Mais durant les premières années, Snoussi avait fait partie des prisonniers politiques qui, pendant certaines périodes, eurent les pieds enchaînés durant la journée, excepté pendant la promenade ou pour la douche. Faouzia a affirmé que Lofti nest plus maltraité physiquement et que les entrevues avec la famille se déroulent correctement, bien que les gardes aient spécifié à Lotfi de ne pas sattarder sur ses conditions de détention au cours de ses conversations.19 Le courrier est maintenant distribué, alors que souvent par le passé il était suspendu pendant de longues périodes. Il avait par exemple été interrompu un certain temps parce que lune de ses filles lui avait écrit en anglais, selon Faouzia. Aujourdhui, lisolement de Lotfi semble un peu moins strict que celui de la plupart des autres prisonniers politiques. Selon Faouzia, il peut communiquer avec un ami qui se trouve dans une cellule proche de la sienne et, pendant sa sortie quotidienne de quarante cinq minutes, il rencontre dautres prisonniers et peut avoir de brefs échanges avec eux. Lotfi peut acheter régulièrement des journaux pro-gouvernementaux. Mais, nous a précisé Faouzia, sa cellule est tellement peu éclairée que, pour lire, il doit rester debout devant le judas de sa porte afin de capter la lumière. Ziad Douletli est actuellement en isolement à la prison du 9 avril de Tunis depuis trois ou quatre mois, daprès sa fille, Asma Douletli.20 Arrêté en 1990, Ziad a presque fini de purger la peine demprisonnement de quinze ans à laquelle il a été condamné à lissue du procès de masse des membres de Nahdha accusés davoir essayé de renverser le gouvernement. Il a été incarcéré dans les prisons de Sfax, de Sousse, de Monastir et dEl-Kasserine. Il na pas toujours été gardé en isolement. Ziad ne rencontre personne lors de sa promenade quotidienne ou lors de ses entrevues avec sa famille. Il na accès ni à la presse ni à la télévision, affirme Asma. Il a le droit de lire des livres mais pas ceux qui lintéressent, ajoute t-elle. Quand il voit sa famille, ils sont séparés par deux grilles en fer et trois où quatre gardes sont présents en permanence. Lun dentre eux se tient dans lespace entre les deux grilles, un autre reste du côté de la famille et un ou deux autres se tiennent aux côtés de Ziad. La visite dure environ quinze minutes. Asma a affirmé que le courrier circule sans problème entre lui et sa famille. Mounir Ghaïth est en isolement cellulaire à la prison de Borj er-Roumi, près de Bizerte. Il y est arrivé en 2003 après avoir passé deux ans dans dautres prisons. Mounir, père de trois enfants, a été arrêté en 2001. Résidant en Italie depuis dix ans, il faisait un séjour en Tunisie lors de son arrestation. Mounir est lun des rares prisonniers gardés en isolement qui ne soient pas affiliés au parti Nahdha. Un tribunal militaire la condamné à une peine demprisonnement de huit ans en janvier 2002 pour avoir participé selon lacte daccusation à la création du groupe terroriste les Partisans du fondamentalisme et de la tradition du Prophète (Ahl al-Jamaa w'as-Sunnah), lié à Al-Qaïda et opérant à partir de létranger. Les avocats représentants Mounir et ses co-prévenus durant le procès prétendent que le tribunal militaire avait ignoré les allégations selon lesquelles les témoignages auraient été obtenus sous la contrainte, que les dates d'arrestation avaient été falsifiées et que le tribunal n'avait présenté aucune preuve convaincante contre les prévenus. Or la Cour de cassation a tout de même confirmé les peines de prison de Mounir et de ses co-prévenus en avril 2002. Selon certaines informations, au moins lun des co-prévenus, Jaber Trabelsi, se trouverait aussi en isolement cellulaire, purgeant une peine demprisonnement de huit ans. Lépouse de Mounir, Essia Mejidiri, vit à Kairouan, à 225 kilomètres de la prison. Son mari lui avait confié que le personnel pénitentiaire lui avait expliqué quil était placé en isolement dans le but de lempêcher dexercer une mauvaise influence sur les autres prisonniers . Elle a ajouté que son mari ne parle pas beaucoup de ses conditions de détention pendant leurs entrevues car elles ne durent que « cinq minutes, dix au maximum », et quelles sont surveillées par des gardiens.21 Les lettres narrivent pas toujours à leurs destinataires, a-t-elle précisé. Selon elle, Mounir na pas de poste de télévision dans sa cellule. Ridha Saïdi est placé en isolement collectif à la prison de Borj al-Amri. Il partage sa cellule qui fait trois mètres et demi sur deux et demi avec deux autres prisonniers politiques. Selon sa mère, Aziza Melki, ces trois personnes ne disposent sur cette base que de quatre mètres carrés despace libre pour se déplacer.22 Ridha, dirigeant du parti Nahdha, a été condamné à la réclusion à perpétuité en 1992 au terme du procès de masse organisé devant un tribunal militaire, mais cette condamnation a été ultérieurement réduite à trente ans. Avant dêtre transféré à Borj al-Amri lannée dernière, il avait purgé une partie de sa peine dans la prison de Mehdia ainsi que dans celle du 9 avril à Tunis. Il a la plupart du temps vécu en isolement cellulaire total ou en isolement collectif. Selon Aziza, Ridha na jamais reçu dexplication officielle sur les raisons de son isolement. Daprès Aziza, dans la cellule collective de Ridha, il y a deux lits superposés, une petite fenêtre, des toilettes, un lavabo et une lampe qui ne marche pas toujours. Il a entamé une grève de la faim le premier mai, en même temps que Lotfi Snoussi (voir ci-dessus) et trois autres prisonniers de Borj el-Amri, pour demander lamélioration de ses conditions de détention. Lune de ses exigences a été satisfaite: une télévision a été placée dans sa cellule. Mais les cinq grévistes ont continué leur grève de la faim pour essayer dobtenir la fin de leur régime disolement. Ridha et ses deux camarades de cellule passent plus de temps à lextérieur de leur cellule que les détenus en isolement cellulaire, mais eux non plus nont pas le droit de côtoyer dautres prisonniers. Selon sa mère, ils sortent de leur cellule chaque jour de 10h à midi et de 16h à 17h. Environ une fois sur deux, ils peuvent faire du sport. La cour où ils font de la gymnastique fait cinq mètres sur dix, a précisé Aziza. Ridha peut aussi aller à la bibliothèque de la prison mais il se plaint du peu de livres disponibles et de labsence douvrages récents. La famille de Ridha ne lui rend visite quune fois par mois, en raison de la distance qui sépare la prison de leur domicile de Tinja, près de Bizerte. Les visites à Borj al-Amri sont limitées à vingt minutes. À part les trois ou quatre gardes qui sont présents en permanence, Ridha et ses proches ne voient personne durant leur entrevue. La sur de Ridha a ajouté quà la prison du 9 avril les visites ne duraient que dix à quinze minutes. Lisolement carcéral : normes internationales et conséquences sur la santéCe chapitre existe en anglais dans le document original mais na pas été traduit en français. Vous pouvez le consulter à ladresse suivante : http://hrw.org/reports/2004/tunisia0704/ [4] La punition est souvent dure pour les grévistes de la faim. Lancien prisonnier Khemaïs Ksila décrit lisolement, lenchaînement, les repas avalés de force et les passages à tabac des grévistes dans « Les prisons tunisiennes, vues de lintérieur » [sur le web], www.euromedrights.net/francais/download_fr/ksila-rap_2000.doc (au 9 juin 2004). Ksila, vice-président de la LTDH, a été incarcéré dans la Prison du 9 avril de 1997 à 1999. [5] Associated Press, « Les prisons tunisiennes peuvent être visitées par des organisations internationales, selon un ministre, » 21 avril 2004 ; voir aussi Mongi Gharbi, « Promouvoir les droits de lHomme dans toutes ses facettes, » La Presse (Tunis), 21 avril 2004 et « Pomme de discorde entre le ministère et le Bâtonnat, » Le Temps (Tunis), 21 avril 2004 [sur le web], http://www.letemps.com.tn (au 9 juin 2004). [6] « La L.T.D.H. témoigne », La Presse, 20 juillet 1991. Aussi repris dans La Presse du 19 juillet 1991. [7] La loi sur les associations prévoit des peines demprisonnement et des amendes pour les personnes qui apportent leur soutien à la tenue dune réunion, ou participent ou organisent des réunions dune organisation qui ne possède pas de statut légal. [8] Middle East Watch (désormais Human Rights Watch) et International Human Rights Law Group, « Tunisia: Military Courts That Sentenced Islamist Leaders Violated Basic Fair-Trial Norms, » A Human Rights Watch Report, vol. 4, no. 9, October 1992 [online], www.hrw.org/reports/pdfs/T/TUNISIA/TUNISIA.92O/tunisia920full.pdf (au 9 juin 2004); Amnesty International, « Tunisia: Heavy Sentences after Unfair Trials, » septembre 1992, MDE 30/23/92; Fédération internationale des droits de lhomme, « Missions dobservation judiciaire devant le Tribunal militaire de Tunis », No. 160, octobre 1992; Lawyers Committee for Human Rights, « The Mass Trial of Islamists before Military Courts in Tunisia », 21 août 1992. [9] LArticle 123 prévoit une peine de dix ans demprisonnement ainsi que dautres peines pour « Tout tunisien [qui] se met, en temps de paix, au service d'une armée étrangère ou d'une organisation terroriste opérant à l'étranger ». Voir Amnesty International, « Un tribunal militaire condamne des civils à de lourdes peines de réclusion », 31 janvier 2002, MDE 30/003/2002. [10] Article 22 de la loi portant organisation des prisons (Loi 2001-52 du 14 mai 2001), publié dans le Journal officiel de la République Tunisienne du 18 mai 2001, No. 40, pp. 1312-1314. La même limite de 10 jours était mentionnée dans le décret sur les prisons qui sappliquait avant la promulgation de la loi actuelle. (Décret 88-1876 du 4 novembre 1988, relatif au règlement spécial des prisons, article 16). [11] Entretien téléphonique réalisé par Human Rights Watch, France, 31 mars 2004. [12] Nouri, qui a aussi fait six mois de prison pour avoir écrit larticle « diffamatoire », et sept mois supplémentaires pendant que lenquête était menée sur dautres chefs daccusation, est maintenant Président de lAISPP et continue à subir un harcèlement judiciaire orchestré par les autorités. Voir ci-dessus. [13] Entretien téléphonique réalisé par Human Rights Watch, Tunisie, 1er avril 2004. [14] Entretien téléphonique réalisé par Human Rights Watch, Tunisie, 26 mars 2004. [15] Description faite par écrit des conditions de détention de Karim, préparée et communiquée par sa famille à Human Rights Watch. [16] Entretien téléphonique réalisé par Human Rights Watch, Tunisie, 26 mars 2004. [17] Entretien téléphonique réalisé par Human Rights Watch, Tunisie, 26 mars 2004. [18] Entretien téléphonique réalisé par Human Rights Watch, Tunisie, 26 mars 2004. [19] Entretien téléphonique réalisé par Human Rights Watch, Tunisie, 16 avril 2004. [20] Entretien téléphonique réalisé par Human Rights Watch, Tunisie, 14 avril 2004. [21] Entretien téléphonique réalisé par Human Rights Watch, Tunisie, 30 mars 2004. [22] Entretiens téléphoniques réalisés par Human Rights Watch, Tunisie, 15 avril et 13 mai 2004.
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