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ONU : Le Conseil de sécurité devrait créer un poste de haut niveau chargé des affaires pour les femmes dans les conflits armés

L’absence d’un tel poste entrave le respect des promesses tenues depuis une dizaine d'années

(New York, le 7 août 2009) - Le Conseil de sécurité de l'ONU devrait créer d'urgence un poste de haut niveau pour combler une lacune dans la gestion des affaires concernant les femmes lors des conflits armés, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. La désignation d'un(e) Représentant(e) spécial(e) du Secrétaire général à cette fonction permettrait de mieux protéger les femmes contre les violences sexuelles et de promouvoir leur participation équitable aux pourparlers de paix. Le Conseil de sécurité doit examiner ce matin la question des femmes, de la paix et de la sécurité.

« Cela fait déjà dix ans que le Conseil de sécurité a reconnu que les femmes vivent différemment la guerre par rapport aux hommes et que cette situation suscite de vives préoccupations quant à leur sécurité », a déclaré Marianne Mollmann, directrice de plaidoyer auprès de la Division des droits des femmes à Human Rights Watch. « Mais à tous les niveaux, que ce soit national, intergouvernemental ou à celui des Nations Unies, c'est presque toujours le même constat, à savoir beaucoup de discours et pratiquement aucune mesure concrète », a-t-elle déploré.

À titre d'exemple, dans un récent rapport intitulé « Les soldats violent, les commandants ferment les yeux », Human Rights Watch a conclu que les violences sexuelles subies par les femmes en République démocratique du Congo aux mains de soldats de divers rangs continuent voire s'intensifient, malgré la condamnation de ces actes par le Conseil de Sécurité.

Bien que le Conseil de Sécurité ait reconnu que leur participation aux processus et au maintien de la paix est un facteur essentiel pour mieux faire face à ces abus, les femmes continuent d'être fortement sous-représentées dans les pourparlers et les processus de maintien de la paix. Selon le site Internet du département des Opérations de maintien de la paix de l'ONU, seules quatre responsables des missions de maintien de la paix sur 23 sont des femmes. De même, selon une étude récemment publiée par UNIFEM, le Fonds de développement des Nations Unies pour la femme, il n'y a eu pratiquement aucun progrès relatif à la participation des femmes aux pourparlers et aux processus de paix au cours des dix dernières années.

« L'absence d'une autorité chargée de la question des femmes dans les conflits armés a de lourdes conséquences », a averti Mme Mollmann. « Les chances que les solutions négociées tiennent compte des préoccupations de l'ensemble de la société sont accrues lorsque les femmes participent plus directement aux processus de paix », a-t-elle ajouté.

Pour faire face à ce genre de problèmes courants en temps de guerre, les Nations Unies ont intégré un modèle de gestion des sévices subis par les enfants lors des conflits armés dans leurs actions. En 1996, le Secrétaire général avait nommé un Représentant spécial chargé de la question des enfants dans les conflits armés, tandis qu'en 2005 le Conseil de sécurité mettait sur pied un groupe de travail de même qu'un mécanisme de surveillance et de communication sur cette question. Alors qu'à l'origine, ce groupe de travail a essentiellement travaillé sur le problème des enfants soldats, le Conseil de sécurité a élargi cette semaine son mandat pour y intégrer l'objectif de réduire les violences sexuelles perpétrées sur les enfants lors des conflits.

Le Conseil de sécurité devrait revenir en septembre prochain sur l'éventuelle création d'un nouveau mécanisme chargé de gérer les questions des femmes, de la paix et de la sécurité, et examiner également une résolution à ce sujet..

« L'élargissement du mécanisme de l'ONU à la gestion des questions des enfants dans les conflits armés est un très grand pas en avant », a reconnu Mme Mollmann. « En revanche, la protection d'une jeune fille contre le viol, par exemple, ne devrait pas, se terminer lorsqu'elle atteint l'âge de 18 ans. Le Conseil de sécurité doit agir rapidement pour offrir la même protection aux femmes », a-t-elle ajouté.

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