Rapports de Human Rights Watch

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“Les guerres de religion”

La religion a fait partie intégrante des conflits sanglants qui ont embrasé des dizaines de pays au cours des quinze dernières années. En Irlande, à Chypre, dans les Balkans, au Rwanda, en Birmanie, au Sri Lanka, au Nigeria, au Soudan, en Israël/Palestine, aux Philippines (Mindanao) et en Indonésie, des individus agissant au nom de la religion ont joué un rôle important dans la cristallisation de la haine et de la violence à l'égard de certains groupes.29

Human Rights Watch souligne que dans des conflits de ce genre, la religion doit en réalité être considérée davantage comme un outil utilisé par ceux qui sont en quête de pouvoir que comme une “cause profonde”30 et les analystes ont mis en évidence le fait que “bien que la religion soit toujours perçue comme un facteur de complication dans les différends, elle dispose également d'outils pouvant se révéler nécessaires pour briser le cycle du conflit.”31 D'autres prétendent, au contraire, que dans certaines confrontations particulièrement insolubles, “c'est le facteur religieux, et non le conflit d'intérêts, qui empêche d'arriver à un règlement du problème,” entraînant la poursuite du cycle de la violence et des atteintes aux droits humains.

La religion a également été emportée par le tourbillon du terrorisme dans le contexte tant national qu'international, que ce soit dans le cadre d'attaques contre les cliniques pratiquant des avortements aux Etats-Unis ou dans celui des attentats suicides justifiés par la religion en Israël.32 Surtout depuis le 11 septembre, ferveur politique “fondamentaliste” et terreur semblent aller de pair partout sur la planète et elles évoquent immédiatement des images d'attentats suicides, de prises d'otages et de décapitations.

Même si ces moyens violents ou extrêmes d'expression des convictions religieuses ne créent pas en soi de dilemmes particuliers—les groupes religieux dominants unissent généralement leurs voix à celles des groupements de défense des droits pour dénoncer les attaques contre les civils et les qualifier de crimes contre l'humanité—, ils peuvent exacerber les tensions entre ces groupes, comme ce fut le cas lors du débat sur l'avortement aux Etats-Unis, suite aux attentats suicides en Israël et entre certains groupes de défense des droits et diverses organisations islamiques après le 11 septembre.

           



[29] Malise Ruthven, Fundamentalism: The Search for Meaning (Oxford (U.K.): Oxford University Press, 2004), p. 3.

[30] Human Rights Watch, Slaughter Among Neighbors: The Political Origins of Communal Violence, (New Haven: Yale University Press, 1995).

[31] “The Power of Religion,” The Fletcher Forum of World Affairs, Hiver/printemps 1996, Medford, MA, p. vii.

[32] Human Rights Watch, Erased In A Moment: Suicide Bombing Attack Against Israeli Civilians (New York:  Human Rights Watch, 2002).


<<précédente  |  index  |  suivant>>January 2005