PRÉFACE
Human Rights Watch a suivi avec beaucoup
d'attention la situation de déplacés internes depuis l'éclatement
de la violence "ethnique" de 1991 qui a provoqué le déplacement
d'environ 300.000 personnes. En 1993, Human Rights Watch/Afrique publiait
un volumineux rapport intitulé Divide
and Rule: State-Sponsored Ethnic Violence in Kenya, consacré
au sort des personnes déplacées suite aux violences et au
rôle d'instigateur de la violence joué par le gouvernement
kényan. En 1994 et 1995, Human Rights Watch/Afrique publiait plusieurs
documents complémentaires mettant en évidence le fait que
la politique gouvernementale de harcèlement, d'intimidation et de
violence à l'encontre des personnes déplacées se poursuivait.
En juillet et en août 1996, Human
Rights Watch/Afrique organisait une nouvelle mission au Kenya dans le but
de rencontrer, entre autres, des personnes déplacées. Les
membres de la mission se rendirent dans sept districts: Bungoma, Mont Elgon,
Kisumu, Nakuru, Nandi, Trans Nzoia et Uasin Gishu. Fut aussi visité
le camp de Maela, où le gouvernement intervint il y a un peu plus
de deux ans et provoqua le déplacement forcé des réfugiés
qui, étant restés sur place où étant revenus
se réfugier à Maela, s'y trouvaient à l'époque.
Certaines des personnes rencontrées par l'équipe de Human
Rights Watch avaient en fait été forcées de quitter
leur région cinq années auparavant, lorsque les violences
avaient éclaté. Human Rights Watch/Afrique eut aussi la possibilité
d'interviewer des personnes déplacées qui étaient
rentrées chez elles ou s'étaient fixées dans une autre
région du pays.
Le présent rapport nous offre la
possibilité de fournir des éléments d'information
actualisés quant à la situation des déplacés
au Kenya, mais se veut surtout une analyse des efforts que réalise
la communauté internationale afin de respecter ses obligations vis-à-vis
des personnes déplacées à l'intérieur de leur
pays, obligations qui lui incombent en vertu de la Charte des Nations Unies.
Ce rapport démontre qu'il est nécessaire de donner aux droits
de l'Homme et à la notion de protection une place centrale dans
tous les programmes relatifs aux personnes déplacées à
l'intérieur de leur pays, et ce dès le début desdits
programmes. Nous avons choisi d'analyser un programme en particulier, mis
en oeuvre au Kenya entre 1993 et 1995 par la branche "développement"
des Nations Unies, le Programme des Nations Unies pour le Développement
(P.N.U.D.). Bien que ce programme ait pris fin en septembre 1995, le présent
document souhaite être pour les Nations Unies, en général,
et le P.N.U.D. en particulier, un outil permettant de tirer les leçons
de l'expérience kényane et, ainsi, de renforcer les programmes
susceptibles d'être mis en oeuvre à l'avenir. Nous espérons
que ce travail permettra d'améliorer les initiatives internationales
d'assistance et de protection ayant pour cible les personnes déplacées
à l'intérieur de leur pays. Avant que ne soit publié
le rapport, Human Rights Watch/Afrique a souhaité communiquer au
P.N.U.D. certaines sections d'une première version du texte, afin
de permettre à ses responsables de réagir au contenu du rapport.
Le 26 mars 1997, des représentants de Human Rights Watch/Afrique
rencontraient Messieurs William Paton, Spécialiste en Migration
et Réinstallation, et Edmund Cain, Directeur de la Emergency Response
Division et leur a remis plusieurs sections de la première version
du texte. Le 28 avril 1997, Monsieur James Gustave Speth, administrateur
du P.N.U.D., contactait Human Rights Watch/Afrique et se déclarait
désireux de poursuivre plus avant la discussion. Le P.N.U.D. remettait
également à Human Rights Watch/Afrique huit pages de commentaires
dans le but de "rectifier la plupart des affirmations que nous considérons
erronées." Human Rights Watch/Afrique a accueilli avec intérêt
les remarques du P.N.U.D. et, dans la mesure du possible, les a intégrées
à la version finale du rapport. Ces commentaires, disponibles en
annexe, incluent des renvois vers des numéros de page qui, étant
donné les modifications apportées au texte à la suite
du dialogue entre Human Rights Watch/Afrique et le P.N.U.D., ne correspondent
plus aux numéros de page du présent document.
L'auteur de ce rapport est Binaifer Nowrojee,
Avocate à Human Rights Watch/Afrique. Le travail de relecture et
de correction a été réalisé par Peter Takirambudde,
Directeur de Human Rights Watch/Afrique; Joanna Weschler, Représentante
de Human Rights Watch auprès des Nations Unies; Dinah PoKempner,
Conseillère Générale Adjointe de Human Rights Watch
et Jeri Laber, Conseiller Spécial auprès de Human Rights
Watch. Ariana Pearlroth et Juliet Wilson, Associés de Human Rights
Watch/Afrique, nous ont apporté une aide précieuse dans le
domaine de la production. La traduction français du rapport a été
réalisée par Olivier Ervyn.
|