Rapports de Human Rights Watch

Conclusion

Le problème de la FESCI ne peut être attribué au seul FPI. Le PDCI a également contribué à en faire ce qu’elle est devenue aujourd’hui. Par conséquent, il s’agit bien d’un problème national qui sort du cadre d’un seul parti ou d’un seul ministère du gouvernement. Les gens doivent reconnaître que la FESCI est devenue un problème et que la faute incombe à tous les partis qui l’ont à la fois utilisée et persécutée. La guerre avec les rebelles était une crise ouverte alors que la FESCI est une guerre clandestine, interne, qui consume lentement. À cause de la guerre et des prochaines élections, certains ne voient pas la pente glissante sur laquelle nous nous trouvons, mais c’est un problème auquel nous devrons faire face dans le futur.264

Au cours des vingt dernières années, aucun gouvernement ivoirien n’est parvenu à trouver le moyen de gérer de façon responsable le militantisme étudiant légitime ni la violence estudiantine déplacée motivée par des considérations politiques et criminelles. Qualifiée de « terroriste » et de bande de « loups » dans les années 1990 par le parti au pouvoir, le PDCI, la FESCI a été interdite d’existence, ses dirigeants ont été emprisonnés et la police a été dépêchée pour effectuer des descentes dans les cités universitaires. Lorsque le FPI a pris le pouvoir en 2000, le gouvernement est passé d’un extrême à l’autre, fermant les yeux sur les activités les plus viles de la FESCI, se faisant parfois même son complice. Alors que la Côte d’Ivoire se rapproche de la paix, d’une relative normalité et des élections présidentielles, il est crucial que la FESCI soit tenue responsable de ses actes en vertu de la loi – et soit traitée conformément à la loi.

En vue de créer « la meilleure école » de démocratie et une culture de respect des droits humains, le gouvernement ivoirien, la société civile et les associations étudiantes doivent oeuvrer ensemble pour trouver un moyen d’octroyer aux groupements estudiantins, pro-gouvernementaux et autres, un espace où ils peuvent jouir du droit à la liberté d’expression et d’association, tout en sanctionnant de manière appropriée tout acte violent ou criminel dans lequel leurs membres sont impliqués.

Certes, l’impunité dont la FESCI est une illustration depuis le début de la crise de 2002 reflète un problème national beaucoup plus vaste. Néanmoins, des mesures visant à combattre l’impunité dans le cadre relativement restreint du système universitaire administré par l’État pourraient dispenser certains enseignements susceptibles d’aider à trouver des solutions dans d’autres domaines à l’échelle nationale. Mettre fin à cette impunité sera déterminant pour garantir une plus grande liberté d’expression, une meilleure tolérance des divergences et une acceptation plus large des groupes rivaux et des intérêts contradictoires sur les campus, autant d’éléments importants non seulement pour l’avenir des universités ivoiriennes, mais également pour la santé à long terme de la démocratie ivoirienne.




264 Entretien de Human Rights Watch avec un dirigeant d’une association de professeurs, 1er octobre 2007.